La bateau pirate… - Ville de Beaumont-lès
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La bateau pirate… - Ville de Beaumont-lès
1 Le bateau pirate… Presque sur le sortir des années soixante-dix, pour notre Beaumont en Valentinois, tant il était vrai que l’impact démographique et surtout au regard de l’implication scolaire en l’occupation spontanée…De cette myriade de constructions d’habitations advenues depuis peu et survenant sans cesse et en masse dans notre territorialité banlieusarde…Il était démontré l’urgente et même absolue nécessité, ressentie au premier chef par la municipalité alors aux affaires, à très court terme, de construire une école maternelle répondant par sa prévoyante capacité d’accueil aux besoins potentiels existants et à venir. Alors, non pas dans une hâtive précipitation mais avec une grande lucidité associée à une parfaite réflexion collective, une préliminaire analyse spatiale de la disponibilité foncière…Devait conduire l’équipe municipale à l’acquisition à l’amiable d’un vaste tènement agricole d’une superficie d’environ trois hectares, situé à la frange Nord de l’habitat communal…Etant entendu que la commune ne disposait alors pas de réserve foncière. Il s’agissait du sol sur lequel sont aujourd’hui construits : l’école Charles Perrault mais aussi les habitats du Clos de Moraye et celui situé à l’Ouest de cet ensemble résidentiel. Très attentif aux évidentes et intéressantes perspectives d’avenir que représentaient les économies 2 d’énergies – Telles qu’elles s’avèrent interprétées trente ans après, en termes d’attendus du récent Grenelle de l’Environnement et même en les préfigurant – Le maire d’alors s’investit personnellement et de haute façon très déterminée pour que cette école, se voulant exemplaire au plan architectural et scolaire, accorde un large écho à une pompe à chaleur enrichie d’une série de capteurs solaires. C’est-à-dire, la mise en place d’un dispositif thermique ayant recours aux énergies douces et renouvelables…Ce que précisément, trois décennies après, les pouvoirs publics avec tant d’insistance et d’incitations justifiées préconisent si vivement, pour que soit préservé le vital intérêt de notre planète, au-delà même de la survie de l’inquiète humanité. Ces aspirations formalisées et très avant-gardistes devaient constituer les traits dominants de l’architecture originale et inédite de cette construction scolaire devant révéler un véritable modèle du genre, une référence, un exemple préfigurateur d’une nouvelle réalité sociétale. D’autant que les concepteurs associés et retenus comme lauréats par le jury de concours, avaient tenu compte de toutes les préconisations émises et propres à l’autorité de l’Education Nationale préélémentaire. L’édification de ce genre d’établissement public suscita un engouement prenant une résonance allant bien au-delà des limites de la commune. On parla loin à la ronde, certainement de façon élogieuse et flatteuse, de cette initiative à nulle autre pareille…Elle se montrait volontairement ciblée sur toutes ces techniques modernes se situant en totale rupture avec celles propres aux chauffages traditionnels d’origines fossiles. Enchantées et ravies, les utilisatrices de cette école novatrice : enseignantes et dames d’accompagnement, se montraient enthousiastes, parce que bénéficiant d’un véritable outil répondant primordialement à des critères pédagogiques donnant toute la place souhaitable à des expériences innovantes et prometteuses. Cette école dont le coût de la construction fut, dans une importante proportion, subventionné par des dotations d’état et corollairement financé par des emprunts communaux conclus auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations…Se révélait tel un investissement fondamental s’inscrivant à cette époque dans un contexte général réglementaire particulier. Il considérait opportunément qu’il importait, au titre de l’embellissement à portée culturelle, de le doter de ce qui s’appelait alors communément : « Le 1% culturel ». Alors, Monsieur Venant Martin, maire, proposa à son conseil municipal de doter cette récente réalisation communale donnant toutes satisfactions, d’une note décorative à portée pédagogique. Ce qui fut décidé dans son principe, son financement et sa réalisation immédiate. Ce fut la mise en place d’un module constitué à la fois par des matériaux métalliques mais surtout boiseux lesquels voyaient s’insérer un mât central orné de cordages et d’une sorte de haut plateau de balance comme Roberval, installé sur un axe et tournant au gré du vent dominant. C’était un élément mobile donnant de la vie à cette imagination sculpturale. Cette oeuvre accomplie représentait l’invention d’un sculpteur de grand renom régional, en cette époque du début des années quatre-vingts. Il s’agissait de monsieur Domergue : Un éminent et génial plasticien ayant choisi cette idée, quoique dépouillée mais hautement symbolique et chargée de sens profonds…Ils étaient assimilables à ce que très vite les maîtresses, devenues très intéressées et même comblées par cet apport joliment ludique pour les enfants…Appelaient tout bonnement et avec un sentiment maternel les honorant : « Le bateau pirate » Tellement ses cordages ressemblaient aux haubans d’un navire et la partie boisée, à sa tête de proue. Les attributs de ce navire aventureux, représentaient les éléments d’une petite épopée au quotidien pour ce divertissement surprenant, celui de toutes les longues et joueuses récréations enfantines. Elles voyaient les bambins se familiariser et aimer tellement ce qui ne manquait pas de devenir pour eux, une incitative et si belle invitation au rêve. 3 Seulement, signe de l’évolution de la destinée humaine, le temps passa inexorable…Avec son incidence d’essence tellement républicaine, de nature élective, inscrite dans la récurrence de ces mandatures se montrant déterminante, au fil de l’accession à la gestion des affaires communales d’une nouvelle municipalité, celle de l’année 1983. De façon réactive, elle décida rapidement de changer radicalement le type de chauffage de cette école maternelle ne le trouvant pas à son goût, en installant rapidement un chauffage au gaz de ville. Ce fut une rupture immédiate, forcément intentionnelle, se montrant en franche opposition avec ce qui s’accomplit et s’investit, quelques années plus tôt par une municipalité ayant cédé la place à sa suivante. Dans cet élan modificatif et certainement bouleversant de l’œuvre menée à bien par l’équipe antérieure, une sorte de table rase se fit jour. Laquelle, de façon collatérale, devait ne pas épargner le fragile et frêle bateau pirate ainsi remis en cause dans ses fondements existentiels. On lui trouva rapidement mille inconvénients dont celui majeur et déterminant et qui lui porta un coup fatal. A savoir, qu’il représentait des graves dangers potentiels, quoique non avérés et injustifiés pour autant, à l’égard des enfants dont il était dit qu’il fallait préserver l’indispensable et prioritaire sécurité. Alors, cette structure de petits jeux pour enfants en bas âge, fut sombrement démontée sinon démolie et même, avec un certain plaisir démonteur. On en retrouva aussitôt certaines des pièces constitutives en totale souffrance, ni plus ni moins, à la décharge municipale, destinées à la destruction, au brûlage, à la récupération. Quand bien même cette œuvre de l’esprit, payée par les deniers publics, avait coûté la respectable somme approximative de 20000 francs de l’époque. Ce fut l’accomplissement d’une sorte de petite mort déplorée par tout le personnel de l’école mais aussi par les élus d’alors, redevenus de simples citoyens mais circonspects à tout le moins par ce pitoyable devenir somme toute très vengeur. Ainsi en alla la triste et misérable fin, certainement une meurtrissure, d’un élément décoratif à portée joliment éducative, lequel avait été fièrement agréé et encouragé par l’autorité garante de l’Education Nationale, portant sur cette destruction, cette mutilation, ce saccage, un regard navré…Laquelle autorité s’était montrée remarquablement intéressée par la portée réussie et d’une grande richesse à de multiples égards de cette œuvre artistique, ayant dès lors perdu la vie. Au désespoir de celui qui l’avait conçue et installée. Lequel, artisan du bois de toujours, m’avait alors confié cette allégorique mais hautement significative parole de conclusion tellement résignée, nostalgique et certainement blessée… « C’est un peu comme si l’on avait anéanti le Pinocchio de Gepetto !... ». L’histoire authentique ainsi rapportée que vécut… Le bateau pirate… Jean d’Orfeuille