Clinton a fait un énorme doigt d`honneur à l`aile
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Clinton a fait un énorme doigt d`honneur à l`aile
« Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » Extrait du 7 Lames la Mer http://7lameslamer.net/clinton-a-fait-un-enorme-doigt-d-1889.html USA « Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » - Le monde - Date de mise en ligne : dimanche 24 juillet 2016 Description : Tenant pour rien la percée de Bernie Sanders, Hillary Clinton a choisi pour colistier l'un des plus droitiers des démocrates. Effrayée par l'épouvantail Trump, la gauche démocrate suit. Copyright © 7 Lames la Mer - Tous droits réservés Copyright © 7 Lames la Mer Page 1/7 « Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » Tenant pour rien la percée de Bernie Sanders, Hillary Clinton a choisi pour colistier l'un des plus droitiers des démocrates. Effrayée par l'épouvantail Trump, la gauche démocrate suit. « Night of Chaos », « Disastrous day One » : le commentaire est presque unanime lorsqu'il s'agit de décrire le tumulte de la Convention républicaine de Cleveland, marquée par la défection de Ted Cruz, principal adversaire de Donald Trump lors de la course aux primaires, poids lourd du parti Républicain et porte-parole de son aile la plus religieuse. Constamment ciblé par Donald Trump, qui, entre autres gentillesses, laisse entendre que le père de son rival, un réfugié cubain, fut « impliqué dans l'assassinat de Kennedy », Cruz a subi une nouvelle humiliation en pleine Convention. Face à des délégués déjà échaudés scandant « endorse Trump » et « vote for Trump », l'ex-candidat favori des médias républicains n'a décidément pas appelé à voter pour le vainqueur des primaires. « Votez en conscience », a déclaré le sénateur du Texas, face à un parterre de plus en plus hostile et rejoint, camouflet supplémentaire, par un Donald Trump goguenard qui a immédiatement attiré les caméras et les regards. À lire aussi : « Elizabeth Warren, l'étincelle dans la prairie » C'est sous les insultes (« traître ») que Ted Cruz dut quitter l'estrade pour rejoindre son épouse Heidi, elle-même entourée de militants scandant « Goldman Sachs » — nom de l'ancien employeur de Mme Cruz, honni de l'« antisystème » Trump. En retrait, Chris Christie, autre candidat à l'investiture copieusement injurié par Trump au cours des primaires (« gamin », « catastrophe économique », « trimballeur de casseroles », « il a la tête d'un mec qui vote pour Obama », Copyright © 7 Lames la Mer Page 2/7 « Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » etc), mais néanmoins rallié au panache hirsute du milliardaire, se prenait le visage entre les mains, comme pour retenir le geste, achilléen, de s'arracher les cheveux. L'ambiance risque de ne pas être au beau fixe lors de la convention démocrate de Philadelphie qui débute ce 25 juillet 2016. En terme d'annonce, Hillary Clinton peut d'ores et déjà compter sur le soutien de Bernie Sanders, son rival, « socialiste » déclaré, arrivé second aux primaires et celui d'Elizabeth Warren, figure populaire de l'aile progressiste et inspiratrice d'« Occupy Wall Street ». Source : occupy.com Mais après avoir obtenu le ralliement de ces leaders d'une gauche démocrate en plein réveil depuis la crise de 2007-2008, et après avoir, un temps, laissé espérer la nomination de l'un d'entre eux au poste de vice-président, la vainqueure des primaires a provoqué la fureur des progressistes en choisissant le très droitier Tim Kaine pour composer son ticket. Un coup de barre à droite inspiré, peut-être, par le spectacle de la division dans le camp républicain : sans doute Mme Clinton se sent-elle désormais les coudées franches pour écarter son aile radicale. À lire aussi : « La « primaire Goldman-Sachs », ou le double échec de l'ère Obama » « Nuit terrible » La Convention démocrate sera-t-elle un autre moment de chaos ? « Des dizaines de milliers de manifestants convergent vers Philadelphie », rapporte le magazine « The Hill » dans son édition du 24 juillet. Il s'agit, pour la plupart, de supporters de Sanders. À leurs yeux, Hillary peut encore adjoindre « Bernie » à son « ticket ». La lutte pour la vice-présidence a dans le passé valu au parti démocrate une « nuit terrible » — et déterminante pour l'avenir de la gauche américaine. En juillet 1944, à Chicago, après trois tours marqués par des irrégularités, une fraude massive et la corruption de plusieurs délégués-clef, le vice-président sortant Henry Wallace, « l'homme aux 60 millions d'emplois » que Galbraith Copyright © 7 Lames la Mer Page 3/7 « Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » considérait comme « la seconde figure du New-Deal après Rosevelt » est privé de sa victoire. Henry Wallace et Franklin Delano Roosevelt Soutenu par les grands syndicats américains, crédité de 65 % d'intentions de vote au sein de l'électorat démocrate et vainqueur des deux premiers rounds de la convention, il n'obtient pas, face aux fraudeurs, le soutien qu'il attendait de Roosevelt ; nominé pour un quatrième terme, c'est pourtant ce dernier qui avait demandé au populaire Wallace de rempiler dans la « same old team ». Mais le vieil homme est malade ; alité, il est pressé par les conservateurs du parti de modifier son « ticket ». Peut-être inquiet de la radicalité de son second, qui n'hésite pas à citer la Révolution d'Octobre dans le prolongement des révolutions américaine et française, le vieil homme cède aux puissances de la banque et de l'industrie. À lire aussi : « Chelsea l'Africaine » « Pour que le Nègre se tienne à carreau » Au sein du camp démocrate, celles-ci sont représentées par le pétrolier Pauley, trésorier du parti, et par Jimmy Byrnes, un ségrégationniste pour qui « le lynchage n'est que la conséquence, directe ou indirecte, des viols », et est nécessaire « pour que le Nègre se tienne à carreau en Amérique ». L'archi-favori Wallace avait aussi beaucoup déplu à Winston Churchill : les deux hommes avaient eu un échange tendu au sujet de la « supériorité naturelle et historique des Anglo-saxons et de leur civilisation » chère au premier ministre britannique, à laquelle Wallace opposait un agenda de « décolonisation intégrale »... Un différend qui se décline dans l'opposition contemporaine entre les tenants du militarisme démocrate, peint aux couleurs de la « destinée manifeste », et le pacifisme universaliste de la gauche américaine. Copyright © 7 Lames la Mer Page 4/7 « Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » Hillary Clinton et Tim Kaine Celui-ci est d'ailleurs bien différent du traditionnel isolationnisme nationaliste des Républicains qui, de Robert Taft à Donald Trump, craint avant tout que l'implication des États-Unis dans les affaires du monde ne renforce le « Big Government » fédéral. Partisans de la guerre froide et d'un coup d'arrêt au « New Deal » s'étaient donc entendus pour faire nommer un parfait inconnu, Harry Truman, au poste de vice-président. Une série d'échecs dans le petit business Truman avait dans sa jeunesse tenté de prendre sa carte au Ku-Klux-Klan — il avait été blackboulé du fait de ses sympathies « papistes » — et avait débuté en politique à 50 ans, après une série d'échecs dans le petit business. Son parrain, le baron démocrate Tom Pendergast, assurait l'avoir choisi dans le but de « démontrer qu'avec une machine bien huilée, on pouvait envoyer le dernier des garçons de bureau au Sénat ». Inexpérimenté, il ne s'était entretenu qu'une seule fois avec Roosevelt avant sa mort. Président, il tomba immédiatement sous la coupe de Byrnes et des businessmen démocrates. Copyright © 7 Lames la Mer Page 5/7 « Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » Harry S. Truman Rien n'illustre mieux les logiques autodestructrices du capitalisme que l'ascension de Truman, homme d'affaire raté, au rang de promoteur du « siècle américain », aux dépens de Wallace, businessman de génie dont la firme fut vendue plus de 8 milliards de dollars à Dupont de Nemours à la fin des années 1990, qui rêvait d'inaugurer « le siècle de l'homme de la rue ». À lire aussi : « Après Orlando, Assad est-il toujours l'ennemi principal ? » « Mentalité de loser » Tim Kaine, avocat passé par Harvard, fervent catholique — il fut missionnaire au Honduras auprès des Jésuites — et pro-life, n'a, lui, rien d'un débutant en politique. Élu maire de Richmond, (l'ancienne capitale de la Confédération) en 1998, puis Gouverneur de l'Etat de Virginie de 2006 à 2010, il siège au Sénat depuis 2012. « Passionné par le libre-échange » — ce sont ses propres termes —, il considère que le protectionnisme procède d'une « mentalité de loser ». Il est, au sein du Parti démocrate, l'un des plus fervents partisans des Accords de Partenariat Transpacifique... Une convention que la candidate Clinton a formellement condamnée sous la pression de son aile gauche, sans pour autant convaincre cette dernière. Copyright © 7 Lames la Mer Page 6/7 « Clinton a fait un énorme doigt d'honneur à l'aile progressiste du parti » Bernie Sanders et Hillary Clinton. (Source : Donkey Hotey for Flickr) « La nomination de Kaine (...) serait un gigantesque doigt d'honneur aux 13 millions d'Américains qui ont voté pour Bernie Sanders », avertissait Norman Solomon, directeur du réseau des délégués de Bernie Sanders dès avant l'officialisation du « ticket » dans les colonnes de « Common Dreams ». À lire aussi : « Dîner « obscène » chez les Clooney » L'épouvantail Trump En live sur DNC ce 24 juillet, Sanders refusait de son côté de qualifier Kaine de « progressiste » et réaffirmait sa préférence pour un tandem Clinton-Warren. Néanmoins, alors que son équipe annonce qu'une série de « manifestations non-violentes » seront organisées lors de la Convention, le Sénateur du Vermont s'est abstenu de jeter de l'huile sur le feu. Le premier objectif demeure, selon lui, de battre le candidat républicain. « Quand vous avez en face de vous un mec qui veut devenir Président des États-unis et qui est contre la science, alors il faut faire quelque chose ». À l'heure où s'ouvre la convention démocrate, l'épouvantail Trump reste le meilleur allié d'Hillary Clinton... Geoffroy Géraud Legros Copyright © 7 Lames la Mer Page 7/7