Le Préfet - Les services de l`État dans les Pyrénées

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Le Préfet - Les services de l`État dans les Pyrénées
P RÉFECTURE
DES
P YRÉNÉES -O RIENTALES
Discours prononcé lors de l’assemblée générale de l’Association des Maires
et des Adjoints des Pyrénées-Orientales réunie le 27 octobre 2007 à Tautavel
Le Préfet
Perpignan, le 27 octobre 2007
Mesdames et messieurs les Maires,
Comme je rencontre, pour la première fois, un certain nombre d’entre vous, je voudrais - tout
d’abord - vous dire ma fierté de servir l’État dans votre département et, à titre personnel, la
joie que j’éprouve en découvrant chaque jour davantage la beauté de vos paysages, la richesse
de votre patrimoine et les attraits qu’offrent les rivages Méditerranéens et les vallées
Pyrénéennes, sans oublier cette ouverture privilégiée sur nos voisins andorrans d’un coté, sur
la Catalogne du sud et l’Espagne de l’autre.
Vous dire aussi tout le respect que j’éprouve pour vous, maires, maires-adjoints et conseillers
municipaux, qui vous dévouez pour servir nos concitoyens en prenant sur vos loisirs, sur votre
vie familiale et parfois professionnelle. Sans élus locaux il n’y aurait pas de République
Française.
Je tiens aussi à vous remercier pour l’accueil que vous me réservez lors de nos rencontres,
pour la grande cordialité de nos échanges et le dialogue qui s’est établi entre nous depuis mon
arrivée. Vous me permettez de donner une réalité aux trois axes sous lesquels j’ai placé mon
action dès le jour de ma prise de fonctions : impartialité, proximité de terrain et partenariat
actif avec les forces vives du département.
J’y suis d’autant plus sensible que je me suis éveillé à la vie civique et aux responsabilités
publiques en assumant la charge d’adjoint au maire dans une commune de 22 000 habitants en
Île-de-France. Je n’ai rien oublié de mon mandat électif et je sais donc, par expérience et pour
l’avoir vécu à votre place, quelles sont vos attentes à l’égard de l’État et combien celui-ci
vous paraît parfois lointain, complexe, voire indifférent
Afin de corriger ce qu’il peut demeurer de cette ancienne culture de l’État et de ses
administrations, j’ai demandé à tous les directeurs des services déconcentrés de ne pas se
contenter de prononcer des jugements ou des analyses sur vos projets, sans chercher à en
percevoir les finalités pour votre commune et ses habitants.
Dès lors qu’il n’est pas possible de leur donner suite dans leur version initiale, nous devons
vous accompagner pour trouver les solutions permettant, autant que possible de les réaliser,
dans le respect naturellement des règles en vigueur, ce qui garantit pour tous - pour vous et
pour nous - la sûreté juridique des orientations retenues, qui nous le savons sont de plus
souvent soumises à l’arbitrage des juges.
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Je mesure aussi ce que peut-être la solitude du maire. Sachez que mon bureau vous est ouvert
ainsi que celui de vos Sous-Préfets et celui des directeurs des administrations de l’État pour
évoquer vos projets.
L’État, dans les Pyrénées-Orientales c’est plus de 11 000 agents qui travaillent et vivent au
quotidien la vie du département et de vos communes, c’est un niveau d’engagements
financiers de près de 923 MILLIONS d’€ - dont 560 millions de transferts aux collectivités
Territoriales dans le cadre de la politique de décentralisation - et plus de 360 MILLIONS de
dotations versées en 2006
L’État en département et en région c’est aussi une réforme de structure en cours pour
répondre à la volonté de modernisation exprimée par Président la République, Elle se traduit
actuellement par :
-
la fusion de la Direction générale des impôts (DGI) et de la Direction générale de la
comptabilité publique (DGCP), c’est-à-dire des Centres des impôts et des Trésors
publics,
-
les rapprochements programmés entre les DDAF et les DDE, entre les DRIRE et les
DIREN afin de créer un pôle commun auquel s’adjoindra ultérieurement la DRE.
-
de même les DRG fusionnent avec la DST pour donner un service unique, la Direction
centrale des renseignements intérieurs,
-
enfin de nouveaux rapprochements se profilent entre police et gendarmerie.
Mais l’État est aussi garant de la mise en œuvre de grandes politiques nationales qui doivent
évidemment prendre racine dans nos territoires, compte tenu de leurs spécificités, des projets
qui s’y développent, des ambitions collectives qui s’y affirment et c’est sur ce point que
voudrais maintenant insister en évoquant les grands défis auxquels notre département me
paraît confronté et que l’État ne peut régler seul.
I.
Quels sont ces grands défis qu’il faut relever pour faire en sorte que notre
département anticipe et s’adapte aux évolutions en cours plutôt qu’il ne les
subisse ?
I.1. Tout d’abord il nous faut un consensus partagé sur le devenir de notre
territoire : que constatons-nous aujourd’hui ?
1.1.a Une situation démographique dynamique mais déséquilibrée.
L’INSEE estime la population actuelle des Pyrénées-Orientales à 422 300 habitants, contre
393 000 en 1999, soit une augmentation annuelle de plus de 4 500 habitants, ou encore un
taux de croissance de 1,5 % par an (0,6 % pour la France). Il faut se rappeler qu’en 1962, les
Pyrénées-Orientales comptaient seulement 250 000 habitants.
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Désormais, les projections prévoient une population de 510 000 habitants dans moins de
30 ans, le rythme d’accroissement démographique s’accélérant depuis le début des années
2000.
Mais l’évolution démographique des territoires se fait de façon très déséquilibrée, en lien avec
le contexte économique :
- à l’Est, dans la plaine du Roussillon et sur le littoral, la croissance est la plus forte (parfois
+ 2% par an) ; Perpignan est le véritable pôle d’attraction du département, avec plus d’un
quart de la population totale, et favorise le développement accéléré des communes voisines ;
- à l’Ouest, dans le massif pyrénéen et le plateau cerdan, les densités de population sont
faibles, mais en augmentation ;
- au centre, la grande zone entre Prats-de-Mollo et les Corbières a été particulièrement
touchée par l’exode rural et reste en perte de vitesse.
Ainsi, le territoire est très polarisé autour de Perpignan, dans la plaine du Roussillon et sur le
littoral.
1.1.b La saturation de la plaine du Roussillon et du littoral pose des problèmes
aigus de gestion de l’espace.
C’est une problématique que le président de la communauté d’agglomération et les élus du
littoral connaissent mieux que quiconque.
- conflits dans la répartition de l’espace entre zones résidentielles et d’activités économiques,
agricoles, industrielles, ou commerciales…
Depuis 30 ans, la surface urbanisée a été multipliée par 3. Aujourd’hui, la tâche urbaine
augmente de 3,7 % par an. En 1968, un habitant urbain consommait 260 m2, 420 m2 dans les
années 1990, et 600 m2 estimés en 2015 ;
- problème de la pression foncière qui rejaillit sur celui du logement ;
- saturation des axes routiers due essentiellement aux déplacements pendulaires
domicile/travail, dossier qui préoccupe particulièrement le président du Conseil Général ;
1.1.c
La déprise agricole qui est préoccupante compte tenu de l’importance de
l’agriculture pour notre économie.
Deux évolutions sont à noter dans le domaine agricole :
- Toujours moins d’exploitants notamment en Conflent, dans la plaine du Roussillon, les
Corbières et les Fenouillèdes. Entre 1988 et 2005, le nombre d’exploitations a chuté de 20 %.
- La régression des surfaces agricoles utilisées est faible (5 % entre 2003 et 2005), mais la
tendance s’accélère, l’urbanisation et le développement des voies de communication rognant
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de plus en plus ces espaces en bordure des villes et des villages. Ces hectares se transformant
en friches deviennent pendant l’été des zones potentielles d’incendie.
1.1.d La désertification relative des espaces de montagne
(Conflent/Fenouillèdes/Vallespir).
Le déclin de l’agriculture et la fermeture d’industries de main-d’œuvre dans le Vallespir, ou
minières sur les flancs du Canigou, ont entraîné un exode massif si l’on se réfère aux données
statistiques de 1962. Certaines communes ont ainsi perdu jusqu’aux trois quarts de leurs
habitants, même si le bâti a subsisté grâce à son acquisition par des résidents saisonniers.
I.2. Deuxième défi : Garantir la sécurité des habitants.
1.2.a Contre les risques inondation et incendie.
- Inondations : environ 140 000 personnes du département résident en zone inondable, soit
35 % de la population totale, dont 124 500 dans des zones à risque fort ou très fort,
essentiellement dans la plaine littorale. Il faudrait également ajouter près
de 50 000 touristes qui séjournent l’été dans les campings en zone inondable.
- Risque incendie : Un département méditerranéen fortement boisé, donc sensible au risque de
feux de forêts :
- plus de 60 % du territoire est couvert par des formations boisées, des landes ou des friches des incendies pouvant toucher des surfaces importantes (10 000 ha en 1976 ou en 1978),
même si depuis 20 ans on note une réduction significative des surfaces brûlées.
- l’urbanisation reste limitée en zone forestière, mais une pression croissante s’exerce.
Une politique de défense des forêts contre les incendies est menée, en privilégiant les actions
de prévention. Elle s’appuie en particulier sur les Plan de Prévention des Risques d’Incendie
de Forêt (PPRIF). Ces plans s’appuient sur une démarche de concertation, mais parfois, dans
les communes où les enjeux sont importants, les PPRIF ont été prescrits ou le seront (13 entre
2002 et 2007 ; 2 sont prévus en 2008).
1.2.b Prévenir une possible désertification médicale.
Les Pyrénées-Orientales ont actuellement une densité médicale satisfaisante avec
145 médecins pour 100 000 habitants (112 pour 100 000 en France).
Toutefois, l’inégale répartition géographique des médecins commence à soulever des
difficultés avec la mise en évidence de certaines zones fragiles, notamment les Fenouillèdes.
Ceci conduit à se préoccuper de la permanence des soins dans certains secteurs éloignés et
mal desservis. Dans ce cadre, les projets de regroupement des métiers médicaux sont soutenus
par les pouvoirs publics.
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Mais il nous faudra aussi nous préoccuper des futurs départs à la retraite et avoir une
meilleure connaissance de la démographie médicale pour veiller à assurer – en liaison avec le
Conseil de l’Ordre - les reprises des cabinets médicaux et donc les successions.
I.3. Troisième défi : Assurer la cohésion sociale.
1.3.a En luttant contre la pression foncière.
Sur la zone littorale, le prix au m2 des terrains individuels a augmenté de 93 % entre 2000 et
2004 et de 78 % à Perpignan, ce qui est un handicap mais aussi un signe de vitalité.
Conséquence sur le prix moyen des logements au m2 : + 65 % pour les maisons dans les
communes littorales entre 2000 et 2003, + 65 % pour les appartements à Perpignan. Il en va
de même dans les zones touristiques de montagne.
1.3.b En luttant contre la cabanisation.
Le phénomène trouve une expression particulière dans le département, touché par trois types
de cabanisation :
- la cabanisation dans les campings ;
- la cabanisation le long du littoral ;
- la cabanisation périurbaine et rurale, du fait de la déprise agricole.
Les enjeux :
-
enjeux sociaux avec l’exclusion des populations concernées, notamment des
enfants ;
enjeu de sécurité avec l’augmentation des risques de feux
de forêts ;
enjeu d’hygiène et de salubrité parfois
enjeux touristiques et environnementaux…
La lutte dans ce domaine concerne tous les acteurs publics, et donc en partie l’État. Une
Charte de bonne conduite a été signée le 31 octobre 2006 avec l’Association des maires et
l’ensemble des partenaires, en présence de M. le Procureur. Une réunion se tiendra le
31 octobre prochain afin de tirer le bilan d’une année d’efforts et de respect des engagements
de chaque partenaire de la charte.
1.3.c
En menant une politique volontariste de logement social.
Le taux d’équipement HLM est le plus faible de la région LR. Certaines communes de
l’Agglomération n’ont aucun logement social, l’essentiel étant concentré à Perpignan.
Il manque 5 800 logements locatifs sociaux à rattraper jusqu’en 2020 au regard de la loi SRU.
Les pénalités au titre de l’article 55 de la loi SRU ont été de 2,2 M d’€ entre 2001 et 2006, sur
lesquels le département n’a d’ailleurs récupéré que 0,9 millions d’€.
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Avec la loi DALO, un droit opposable au logement a été créé. Une mobilisation de
l’ensemble des acteurs est nécessaire pour lever les verrous qui ralentissent la production de
logements sociaux.
1.3.d En menant une politique intergénérationnelle.
L’indice de vieillissement de 2004, c’est-à-dire le ratio entre les personnes de plus de 75 ans
et celles de moins de 20 ans, est égal à 48,5%, ce qui place les Pyrénées-Orientales au
19ème rang des départements les plus âgés (au second rang régional derrière la Lozère). Le
vieillissement général de la population française rend nécessaire une politique volontariste
dans ce domaine : Maisons de retraite et structures alternatives d’accompagnement des
personnes dépendantes.
Il ne faut cependant pas noircir le tableau : les arrivées de population dans le département ont
pour effet de réduire le poids des inactifs dans la population totale et d’accroître inversement
le poids des actifs, plus jeunes. Contrairement à une idée très répandue, les arrivées de
population dans les PO ont contribué à réduire le poids des retraités, les deux tiers de
l’excédent migratoire étant imputables aux moins de 60 ans.
Cependant, cette réalité départementale profite surtout aux zones attractives de la plaine du
Roussillon et du littoral.
I.4. Quatrième défi : Une économie à conforter.
1.4.a En soutenant les efforts de restructuration de la filière viticole.
Avec près de 3000 exploitations et presque 30 000 ha de vignes, la filière viticole réalise près
de la moitié de la valeur de la production agricole départementale.
Mais, le nombre d’entreprises professionnelles ainsi que le volume de vins produits ne cessent
de diminuer depuis plus de 10 ans.
La filière est confrontée à des difficultés à la fois conjoncturelles et structurelles, et dans la
majorité des exploitations le chiffre d’affaires ne permet plus d’équilibrer les charges et de
fournir un revenu décent aux vignerons.
Les craintes :
- la déstabilisation du tissu rural encore fondé sur l’agriculture et la viticulture en particulier
pourrait avoir des conséquences sur la cohésion sociale et territoriale, ainsi que sur
l’économie et l’emploi ;
Cependant, des facteurs d’espoir :
- Les restructurations en cours des caves coopératives, qui sont soutenues par les pouvoirs
publics,
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- Les politique de qualité et de diversification des produits viticole, exemple : Le Fruité
Catalan ;
 Le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche présentera d’ici la fin de l’année un plan de
modernisation de la filière vitivinicole française sur 5 ans ;
 Des assises nationales sur l’avenir de l’agriculture seront organisées au niveau national,
puis dans chaque région au début 2008 et nous organiserons des assises départementales avant
la fin de l’année ;
 2007 sera la première année de la mise en œuvre du nouveau Contrat de projet Etat Région
(CPER 2007-2013) et des fonds européens (FEADER 2007-2013). Les projets de la filière
devraient bénéficier de ces aides.
Je rappelle que les aides à l’agriculture dans les Pyrénées-Orientales en 2006 représentent
près de 37 millions d’euros (6,7 M d’€ pour les aides nationales et 30,3 M d’€ pour les aides
européennes).
1.4.b En développant des filières d’excellence.
De juin 2006 à juin 2007, le Languedoc-Roussillon est la région la plus créatrice d’emplois en
France (+ 2,8 %), les PO étant également bien placé (+2,3 %) [France = + 1,6 %].
Cette situation est en grande partie due à l’augmentation de l’emploi salarié dans le secteur de
la construction qui connaît une surchauffe avec + 6,6% prévu en 2007.
En 2006, les permis de construire ont conduit à autoriser la construction de 5 389 logements.
Les flux migratoires positifs dans les PO devraient conduire à la construction de
35 000 résidences principales supplémentaires entre 2000 et 2015, soit plus 21 %.
Sans cette activité dynamique, quid de la croissance ?
Dans ce contexte économique où prédomine le secteur de la construction, il faut cependant
souligner les secteurs en développement qui font les emplois de demain :
- la logistique (marché Saint Charles, transports combinés, port fruitier de Port-Vendres…) ;
- le pôle nautique de Canet ;
- les deux pôles de compétitivité avec en particulier, le pôle Derby, riche de promesse pour ce
qui concerne les énergies renouvelables.
Le département a des atouts naturels à exploiter : les énergies renouvelables sont un gisement
d’emplois industriels importants, tant dans la conception que dans la production.
Savez-vous que le laboratoire du CNRS sur les Procédés et les Matériaux liés à l’énergie
solaire, le laboratoire PROMES dispose dans les Pyrénées-Orientales du plus grand nombre
de chercheurs dans ce domaine en France, avec plus de 90 personnes ?
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Il faut que nous réussissions à prolonger cet atout par l’émergence « d’entreprises du futur »,
exploitants le solaire que nous avons en abondance. Pourquoi notre département ne pourrait-il
pas créer, grâce au solaire et au marché des énergies nouvelles, une silicon-vallée à la
française ?
1.4.c
En vitalisant l’offre touristique.
La fréquentation touristique est en hausse (entre 1 et 2 %) au terme de la haute saison
estivale : Soit un total légèrement supérieur à 2 millions sur un total de 4 millions annuels.
Pour le département, cela représente une manne financière à hauteur de 1,5 milliards à
1,8 milliard d’euros en 2006 et le tourisme a généré 18 000 emplois en 2006.
Il existe encore des marges de progression et des secteurs pourraient attirer davantage de
visiteurs, je pense à nos sites viticoles et fruitiers, à nos musées et lieux culturels, au domaine
des activités sportives de loisirs et de remise en forme…
1.4.d En enrichissant la croissance en emplois : les services à la personnes.
Les services à la personne vont se développer, nous le savons, et offrent un potentiel
d’emplois important : environ 18 000 estimés pour le département.
I.5. Cinquième défi : Un environnement et des paysages à protéger.
Les Pyrénées-Orientales disposent à ce jour d’un réseau Natura 2000 de 25 sites (environ
30 % du territoire) dont la préservation implique la participation de tous les partenaires
publics à travers la contractualisation.
Le département possède également 10 réserves naturelles nationales, dont une marine, et une
régionale.
Le Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes, installé en 2005, s’étend sur un quart du
département (près de 14 000 ha).
Le Conservatoire du littoral a acquis 8 sites côtiers représentant 1 227 ha.
Le département est également concerné par la protection des Zones humides dont la surface
estimée est d’environ 20 000 hectares.
 Information : la Journée du paysage organisée au début du mois de décembre, à
Tautavel même, à destination des élus.
 Le département dispose d’atouts nombreux, des difficultés réelles aussi. Tous ces
défis ne peuvent être relevés que solidairement à l’échelon intercommunal avec l’aide
de l’Assemblée départementale, de la Région et de l’État.
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II.
Les outils nécessaires pour relever ces défis : une politique d’aménagement du
territoire concertée et prospective, s’appuyant sur de véritables
intercommunalités de projets ;
L’arrivée massive d’une population nouvelle dont seulement 10 à 15 % est originaire du
département et la croissance naturelle endogène exigent la mise en place d’outils renouvelés
et performants de planification territoriale.
Les nouveaux arrivants sont originaires principalement de quatre régions: en premier lieu
l’Île-de-France (entre 1990 et 1999, plus de 15 000 Franciliens sont venus s’installer dans les
Pyrénées-Orientales), suivie par la région PACA, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées.
Ces arrivées massives de population et la croissance naturelle de la population exigent la mise
en place d’outils renouvelés et performants de planification territoriale.
Les services de l’Etat doivent prendre leur part de cet effort collectif :
- d’abord dans la réflexion sur les enjeux ;
- puis dans la mise en œuvre de projets dans le cadre d’un véritable partenariat avec
les collectivités concernées.
Nous devons, par ailleurs, en liaison avec l’INSEE affiner les données objectives sur les
évolutions – rapides – du département et en les mutualisant afin que le moment venu les
décideurs publics puissent conduire une réflexion prospective à partir d’un constat partagé.
II.1.Nous devons utiliser des outils de planification à la réelle dimension
des enjeux.
2.1.a C’est, d’une part l’émergence des Schémas de Cohérence Territoriale
(SCOT) qui permettent :
- de planifier les réponses aux besoins d’habitat et d’activité des populations
- de construire une armature urbaine en sauvegardant les coupures d’urbanisation
- de prendre en compte les risques et les contraintes environnementales
Aujourd’hui 2 SCOT existent :
-
SCOT Plaine du Roussillon : 76 communes et 320 000 habitants
-
SCOT Littoral Sud : 19 communes et 80 000 habitants.
Je souhaiterais que les travaux engagés avec détermination par les élus concernés aboutissent
rapidement. C’est la condition d’un développement urbain raisonné, que l’addition des projets
communaux peine à garantir. Ainsi, les PLU en cours d’élaboration ou de révision font
apparaître une augmentation de 50 % de l’urbanisation sur 15 ans.
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Par ailleurs, l’État se propose d’accompagner dans la période à venir les territoires concernés
vers l’élaboration d’un SCOT à l’échelle du territoire Cerdagne/Capcir.
2.1.b. C’est la mise en places des Schémas d’Aménagement et de Gestion de l’Eau
(SAGE).
A l’instar des bassins versants de l’Agly et du Tech, la plaine du Roussillon nécessitait
impérativement une gestion concertée à une échelle appropriée, largement supérieure à celle
des communes ou des groupements intercommunaux existants. C’est aujourd’hui possible
grâce au SAGE.
Trois défis sont en effet à relever :
-
l’alimentation en eau potable à partir de la nappe profonde (pliocène) de la plaine
du Roussillon et du littoral ;
- l’irrigation des cultures à partir de la nappe superficielle dans la plaine.
- soutien de l’étiage dans les parties aval des fleuves côtiers du département.
L’objectif est maintenant de créer le syndicat mixte et la Commission locale de l’Eau avant la
fin de l’année.
II.2.Nous devons nous poser la question du périmètre des intercommunalités :
Que dit la carte ? à ce jour coexistent 14 communautés de communes et une communauté
d’agglomération. Au total, ces établissements à fiscalité propre regroupent 169 communes sur
226 et concernent 93 % de la population.
En ce qui concerne le partage des compétences, l’intercommunalité demeure également trop
limitée. La vision des intérêts locaux ne devrait pas primer sur la dimension supra-communale
des enjeux territoriaux.
Après les élections municipales, je crois indispensable de conduire une réflexion pour rendre
plus cohérente et surtout plus dynamique la carte des intercommunalités. Elles doivent
dessiner des territoires véritablement porteurs de projets et suffisamment étendues pour
représenter réellement les enjeux et les espérances des communes qui les constituent et des
habitants qui les font vivre.
II.3.En troisième lieu, nous pouvons nous fixer comme objectif de développer et
conforter les « Pays »
Je sais toute l’importance que vous leur attachez, monsieur le Président du Conseil Général.
Ils sont destinés à coordonner et fédérer les initiatives locales pour éviter la dispersion et
donner davantage de cohérence aux investissements publics.
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C’est pourquoi, les financeurs (Europe, Etat, Région, Département) privilégient les projets
inscrits dans une démarche organisée sur le mode des « Pays » pour l’octroi de subventions.
Dans le cadre du volet territorial du nouveau contrat de projet, des contrats de pays seront
conclus.
II.4.Enfin, travailler à la bonne échelle, c’est aussi travailler sur les coopérations
transfrontalières.
Je ne développerai pas ce point qui conduirait à évoquer Interreg IV A et la communauté de
travail des Pyrénées, l’Eurorégion « Pyrénées Méditerranée », l’Eurodistrict en cours de
création et toutes les structures, conventions partenariales ou programmes qui nous lient à
l’Espagne ou à la Catalogne, sans omettre naturellement l’Andorre.
La recherche de la mutualisation des moyens et des complémentarités de part et d’autre de
nos frontières est également un outil à explorer plus avant.

Après avoir énuméré les défis, j’ai rappelé quels étaient les outils qui nous permettent
d’avancer sur ces différentes thématiques, mais nous voyons que cela ne suffit pas. Je me
pose souvent cette question et je sais que vous vous la posez aussi : au delà de tout ce qui se
fait déjà, quelles ambitions collectives pouvons-nous nourrir pour notre département ?
Comment relier tous les fils des politiques poursuivies par les uns et les autres, les mettre en
cohérence, pour faire apparaître une vision d’avenir qui soit partagée ?
Prenons l’exemple de nos territoires : la plaine du Roussillon est un ensemble indissociable du
nord au sud, quelles que soient nos fragmentations territoriales . Il en est de même du plateau
cerdan. Et pourtant ces territoires sont fragmentés par des entités administratives qui
dissimulent une réalité : au-delà de la communauté d’agglomération, au delà des
communautés de communes, il existe quelque chose qui les dépasse et les englobe, que
j’appellerai une « communauté de destin ».
Cette communauté est imposée par les réalités géographiques, économiques et humaines.
Rien n’est plus éclairant – à cet égard – qu’un survol en hélicoptère des Pyrénées-Orientales.
Je puis vous assurer que je n’ai vu aucune frontière sur la plaine du Roussillon, ni entre
Cerdagne et Capcir - même si nous nous plaisons à les imaginer - ni entre Prades et
Bourg-Madame, et - vu du ciel - bien des rivalités ou des clivages paraissent dérisoires au
regard des enjeux de développement auxquels nous sommes ou serons confrontés.
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L’ensemble du département est également lié par une « communauté de destin ». Si nous ne
portons pas notre réflexion, notre ambition collective à cette échelle pour tenir compte des
réalités générées par la géographie, qui dessine et impose ses territoires, alors nous laisserons
les promoteurs immobiliers et la « nature économique des choses » conduire, à notre place,
une politique des territoires et décider du devenir des Pyrénées-Orientales et de notre avenir.
Bien sûr vous n’avez pas attendu qu’un préfet vienne vous en convaincre et prétende vous en
faire prendre conscience. Mais ce que je suis venu vous dire, c’est que le temps presse, que le
monde change vite : l’Euro-méditerranée se profile et ne sera pas sans conséquences sur notre
économie, dans quelques années nous serons à 55 minutes de Barcelone et dans sa zone
d’attraction, le Grenelle de l’environnement, de son côté, va profondément changer les
champs d’intervention d’un État qui, par ailleurs, se restructure et dispose de ressources
financières limitées…
En outre, nous ne résoudrons aucun des problèmes majeurs actuels : je pense à l’agriculture, à
l’industrie, au tourisme, à la lutte contre la précarité ou à la santé - pour ne parler que de
thématiques évoquées pendant votre congrès - sans une réflexion conduite par l’ensemble des
décideurs publics et privés prenant en considération l’ensemble du département et ses réalités.
C’est pourquoi je crois utile et pour tout dire indispensable qu’après les prochaines échéances
municipales et cantonales des 9 et 16 mars prochains, les principaux décideurs publics se
réunissent : les parlementaires, le conseil général, l’agglomération, la ville de perpignan, les
intercommunalités, les pays, l’association des maires et l’État, pour voir si nous partageons le
même diagnostic sur les atouts et les faiblesses du département, si nous pouvons – à partir de
là - nous retrouver autour d’ambitions collectives et communes qui généreraient, ensuite, des
politiques de territoires, coordonnées et complémentaires à l’élaboration desquelles seraient
également associées les forces vives du département, afin de n’oublier personne.
Les personnalités qui m’ont précédé à cette tribune ont donné leur accord ce soir à cette
proposition. Je m’en réjouis vivement.
Vous l’avez compris, pendant le temps de ma mission dans votre beau département, je
souhaite ardemment contribuer à accompagner - avec cœur, détermination et efficacité - les
mutations et les évolutions nécessaires : à nous d’en déterminer la nature, le champ et les
enjeux ; et puisque le rugby nous est un langage commun, je voudrais - avec vous - faire en
sorte que les Pyrénées-Orientales marquent le plus vite possible les essais qui font la
différence, creusent les écarts et assurent - grâce à un jeu collectif et offensif - la victoire sur
un avenir incertain.
Merci.
Hugues BOUSIGES
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