Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1229
NOS ENFANTS
7 AU 13 JANVIER 2015
NOS ENFANTS 1h 32min -­‐ ITALIE – sortie 10 décembre 2014 Réalisateur : Ivano DE MATTEO d'après le roman Le Dîner de Herman Koch
Avec Alessandro GASSMANN, Giovanna MEZZOGIORNO, Luigi LO CASCIO Les bonnes critiques:
“Adaptation. Les faux-semblants d’une famille bourgeoise mis à nu.Paolo et Massimo, deux frères,
vivent à Rome. L’un est un pédiatre hospitalier, bien sous tous rapports, drôle, dévoué à son travail
comme à sa famille, barbu et sympathique. L’autre, un avocat qui n’a aucun scrupule à défendre un
flic accro à la gâchette, a tout du carriériste distant, partage son appartement luxueux avec une bimbo.
Ils se voient une fois par mois, se tolèrent à peine. Nos enfants suit le train-train bourgeois de cette
famille un rien toxique, comme partout, qui explose du jour au lendemain. Un soir, de retour d’une
fête, le fils de Paolo et la fille de Massimo, inséparables, agressent une clocharde dans la rue et la
laissent pour morte.
Libre adaptation du roman le Dîner (lui-même tiré d’une histoire vraie) du Néerlandais Herman
Koch, Nos enfants dessine, avec modestie, les faux-semblants des quatre parents, l’effroi avec lequel
ils prennent conscience, via une émission de télé racoleuse, que leurs enfants sont des assassins, les
salves de reproches et de rancœur qu’ils se balancent les uns les autres. Car, évidemment, dans cette
crise, les apôtres de la justice d’hier et de la bonne conscience vont s’avérer pourris et capables de
bassesses, tandis que les autres, détestables a priori, sauront avoir une certaine moralité. Nos enfants
est un ballet délétère où excellent ses comédiens : Alessandro Gassman, incarnation d’un cadre
dynamique au physique obtus, ou Giovanna Mezzogiorno, rare sur les écrans français, impeccable
dans un rôle de bobo transformée en boule de haine.” Clément RHYS – Libération
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Or, ce n’est pas tant le retournement progressif des valeurs de deux frères que tout oppose (bien
amené, mais finalement assez prévisible) à l’aune de la tragédie les réunissant qui confère au film sa
substance, que les accents pugilistiques inattendus émanant de leurs parcours. En effet, passé son
exposition, le film s’emploie progressivement à renouer avec la gifle assenée par son introduction à
travers des protagonistes aliénés par la remise en cause de leur zone de confort respective. Des
espaces qu’Ivano de Matteo délimite dans un premier temps par un art subtil du surcadrage, isolant
chaque personnage ou groupe au sein de cadres ne communiquant plus qu’artificiellement, et que les
nécessités de l’intrigue vont amener à se heurter.
Ainsi, c’est cette collision violente entre individus qui va constituer le véritable sujet du film,
l’émanciper du naturalisme dans lequel il semblait s’inscrire au travers d’une scénographie
malmenant progressivement les repères spatiaux pour confronter les personnages au sein d'une arène.
Le parfum d’apocalypse imminent se dégageant de la dernière scène est à la mesure du constat sans
appel du réalisateur sur une société devenue un zoo à ciel ouvert, et dont la stabilité précaire repose
sur l’étanchéité des cages mitoyennes invisible dans lesquelles les individus vivent retranchés.
Guillaume Meral- Ecran large
Les critiques
Deux frères — l'un est avocat, l'autre pédiatre — ont réussi mais ne s'aiment guère. Leurs femmes et
eux forment des couples de bourgeois installés qui se retrouvent confrontés à un acte immonde,
perpétré par leurs ejetons, des ados arrogants et indifférents. Moins grinçante et satirique que le bestseller (Le Dîner, de Herman Koch) dont elle est adaptée, cette étude de moeurs d'Ivano De Matteo est
aussi conservatrice qu'invraisemblable. A tel point que les acteurs, pourtant très solides (Luigi Lo
Cascio, Giovanna Mezzogiorno...), en viennent à manquer de justesse et de finesse. Jacques MoriceTELERAMA
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Librement adapté d’un best-seller intitulé Le Dîner, le nouveau film d’Ivano De Matteo (commence
et s’achève par un repas familial, rituel mensuel réunissant deux frères et leurs épouses respectives.
Quand arrive la scène finale, on comprend rapidement que l’effet recherché est la symétrie, ou plutôt
l’asymétrie, entre les deux dîners, une sorte de jeu des sept erreurs sur ce qui a pu changer dans
l’ambiance en un mois. L’ennui est qu’une fois cette évidence acquise, la conclusion-choc supposée
terrassante éclate comme un pétard mouillé puisqu’on a pu la voir venir en se remémorant le premier
dîner – tout au plus s’est-on dit « Non, il ne va quand même pas oser ça... eh bien si ! » Seulement,
cet ultime et désolant effet de manche n’est que le point d’arrêt par lequel le film essaie de justifier
les gesticulations où il s’est complu jusqu’alors.
Car où veut en venir Nos enfants, en fin de compte ? Essentiellement à rendre dramatique et bruyant
ce qui est évident dans les premières minutes. À savoir que les deux frères n’ont pas grand-chose en
commun (un infirmier de classe moyenne à l’esprit bobo et un avocat bourgeois chic), que les bellessœurs ne peuvent pas se voir en peinture, que ces personnages ne sont réunis que par une aptitude à
l’hypocrisie ordinaire et une confiance un peu trop forte dans leur propre situation (en particulier
leurs enfants qu’ils croient éduquer pour le mieux), et que tout cela va dégénérer. Tout le film, dès
lors, prend des allures de tour de manège scénaristique pour illustrer par des chemins tortueux les
données lisibles au départ. Cela commence par une scène d’ouverture jetée comme un leurre : un fait
divers qui n’a en apparence rien à voir avec le sujet, mais qui viendra opportunément souligner
l’opposition sociale et éthique entre les frères. Mais comme si cela ne suffisait pas, le drame
directement extrait du roman d’origine vient en renfort : le fils du couple bobo et la fille du couple
chic font ensemble une grosse bêtise, du genre qui peut les envoyer en prison, et les parents tentent de
se concerter sur l’attitude à adopter. Comme prévu, les masques et les postures s’effritent, les
meilleures intentions des uns et des autres s’empoisonnent, l’ambiance se dégrade... et le spectateur
n’a plus qu’à attendre que cela explose dans les cris et la violence. Si ce nouveau tir à boulets rouges
de De Matteo sur « les gens bien » ne convainc pas, c’est bien parce que dès le départ on le sent trop
assuré de faire mouche, trop sûr de sa qualité d’observateur de la bassesse humaine, pas assez sincère
dans sa posture de moraliste, et que dès lors son jeu de massacre apparaît comme une inutile
démonstration de clairvoyance préétablie. Critikat.com
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PASOLINI de Abel FERRARA
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