LA FLORE ET LA VEGETATION
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LA FLORE ET LA VEGETATION
REPUBLIQUE TUNISIENNE ***** MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE **** AGENCE DE PROTECTION ET D’AMENAGEMENT DU LITTORAL Conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon RAPPORT DE DIAGNOSTIC DES SITES Partie relative à LA FLORE ET LA VEGETATION par : Abdelmajid El Hamrouni Expert Phytosociologue Août 2001 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon SSO E RE AIIR MA MM OM Introduction et considérations méthodologiques ………………….. 03 Oued El Abid ………………………………………………………… 05 Dar Chichou ………………………………………………………….. 15 Jbel El Haouaria …………………………………...………………… 19 Lagune de Korba …………………………………..………………… 23 Zembra ……………………………………………..………………… 32 Bibliographie ……………………………………….………………… 33 Annexes …………………………………………….………………… 34 2 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Introduction et considérations méthodologiques. La flore spontanée de la Tunisie compte 2162 espèces réparties en 115 familles et en 742 genres (Nabli 1989). Parmi ces espèces 80% d’entre elles existent sur l’ensemble du territoire national et 929 se rencontrent au Cap Bon. La modestie du relief fait que l’endémisme est peu développé en Tunisie si bien que le nombre total d’espèces endémiques est réduit à 34 dont 16 sont de rang spécifique et 18 de rang infraspécifique(Nabli 1989). Certaines de ces endémiques sont inféodées à la péninsule du Cap Bon. Dans le cadre du projet MEDWETCOAST, la Tunisie par l’intermédiaire de l’APAL, agence d’exécution, entreprend l’étude des sites de la péninsule du Cap Bon, cette presqu’île ayant un intérêt remarquable du point de vue de la biodiversité. Les sites retenus sont les forêts de Dar Chichou, Oued El Abid, Jbel El Haouaria et le chapelet de lagunes et de sebkhas qui s’étend entre Maâmoura et Kélibia. Le présent rapport traite des aspects floristiques, des groupements végétaux et des milieux dans lesquels ils évoluent, constituant par la même occasion une sorte de notice aux cartes qui les accompagnent. Les relevés floristiques ont été effectués selon la méthode de Braun-Blanquet qui consiste à attribuer aux espèces végétales rencontrées selon les strates , des indices.d’abondance-dominance et de sociabilité allant de 1 à 5 de sorte que : ! pour l’abondance-dominance : - ! 5 indique que plus des 3/4 de la surface du relevé sont recouverts par les espèces. 4 : les individus recouvrent la surface du relevé entre la moitié et les 3/4. 3:‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ le 1/4 2: ‘ ‘ ‘ 1/20 de la surface du relevé. 1 : individus à recouvrement faible. + : individus à recouvrement très faible. pour la sociabilité : - 5 : espèce en peuplement presque pur. 4 : espèce en colonies. 3 : espèce en taches. 2 : touffes. 1 : individus isolés Avec la liste floristique sont également notées les principales caractéristiques stationnelles telles que le type de sol, la pente, l’exposition, les différentes strates (arbres, arbustes, herbacées), leur hauteur et leur recouvrement, les actions anthropiques. Les coordonnées de certains relevés ont été obtenues à l’aide d’un GPS. L’appartenance des groupements végétaux aux différentes unités phytosociologiques (association, alliance, ordre et classe) est déterminée à partir de la présence dans les relevés des caractéristiques de chaque unité. 3 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Les résultats des sorties obtenus sur le terrain suivant des transects sont donnés successivement pour Oued El Abid, Jbel El Haouria, Dar Chichou et la lagune de Korba. Conformément aux directives fournies, pour tous les sites le plan suivant a été adopté : 1 - Introduction 2 - Les espèces - 2.1 : endémiques 2.2 : rares 2.3 : remarquables 2.4 : menacées 3 - Communautés de végétation - 3.1 : introduction 3.2 : couverture végétale 3.3 : évaluation qualitative des habitats 4 - Analyse - 4.1 : intérêt écologique du site 4.2 : niveau de sensibilité des différents habitats 4.3 : besoins d’études supplémentaires 4.4 : les objectifs prioritaires de protection 4.5 : mesures de gestion et de conservation proposées 4.6 : usage 4.7 : suivi Annexes : pour l’ensemble des sites les cartes sont en annexes 4 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon OUED EL ABID 1. Introduction. De Port Prince à Sidi Daoud, le littoral Nord de la pénisule du Cap Bon est occupé par une végétation spontanée et une végétation introduite sur substrat sableux. L’introduction de certaines espèces forestières, particulièrement des résineux, des Acacias et des Eucalyptus a été faite dans le but bien précis de fixer les dunes littorales mobiles et de lutter contre l’ensablement des champs de cultures situés en amont. Beaucoup de ces plantations ont atteint leur maturité et sont entrées dans leur phase de production. Les peuplements naturels de leur coté évoluent lentement dans un sens progressif, et certains de leurs sujets, notamment les Genévriers oxycèdres, individualisant leurs troncs, atteignent une hauteur moyenne de 3 à 4 m. 2. Les espèces. 2.1. Endémiques : néant 2.2. Rares ( au site et au Cap Bon) : Espèce Erodium munbyanum Hypericum tomentosum eutomentosum Agrostemum githago Genista ferox Lotus ornithopodioides Astragalus caprinus ssp lanagirus Delphinium peregrinum ssp halteratum var cardiopetalum Salsola soda Ephedra altissima Ceratonia siliqua Myrtus communis Nom tunisien Mocht elghoula Hamra Localisation Dunes Abondance Rare ‚’’ ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ Soda Kharroub Rihène ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ 5 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 2.3. Remarquables: 2.3.1. Plantes médicinales, culinaires et/ou nuisibles ! Allium roseum : consommé et utilisé pour guérir les rhumatismes de la tête. ! Arum italicum : les souches de cette plante sont toxiques. ! Astragalus caprinus : graines fraiches. Consommables. ! Asphodelus microcarpus :utilisé pour soigner les dents, les écoulements d’oreilles, contre la jaunisse et contre les ulcères. ! Ceratonia siliqua :aliment et antidiarrheique. ! Cistus villosus : sert à préparer une décoction sucrée comme le thé. ! Cytinus hypocistis : soin des hémorragies et de la bronchite. ! Juniperus oxycedrus ssp macrocarpa : combustible et extraction de l’huile de cade (contre affections cutanées). ! Juniperus phoenicea : utilisé comme stimulant, contre les douleurs abdominales et contre les maux de tête. ! Lavandula stoechas : utilisée pour aromatiser le thé, pour soigner les rhumes de cerveau et la blennoragie. ! Lycium europaeum : utilisé en ophtalmologie. ! Myrtus communis : l’essence utilisée en parfumerie, les feuilles riches en tannin sont utilisées dans les soins des affections pulmonaires, et l es hémorroides, les fruits comme cosmétique(afs). ! Pancratium maritimum : utilisée dans le traitement de l’asthme. ! Pinus halepensis : graines consommables(zgougou), écorce réduite en poudre pour traitement des plaies. ! Pinus pinea : la graine est très recherchée en pâtisserie. ! Pistacia lentiscus : l’huile extraite des fruits est utilisée dans le traitement de la gale, des rhumatismes et de la diarrhée. ! Prasium majus : plante calmante qui se consomme crue ! Retama raetem var duriaei=Retama bovei : utilisée dans le sud dans les soins en cas de morsures de serpents, ainsi que pour le traitement de la gale des ovins. Cette plante recherchée par les dromadaires et les petits ruminants donne au lait un goût amère et peut être abortive en cas de broutage abusif.. ! Rubus ulmifolius : le fruit est consommable cru ou en sirop avec du miel. ! Tamarix africana : utilisé comme dentifrice et pour combattre les hémorragies. - Autres usages : ! Ampelodesma mauritanica : toitures des chaumières. ! Calicotome villosa : Combustibe et haies défensives. ! Cistus salviifolius : les feuilles sont utilisées pour le tannage des peaux et la teinture des étoffes. ! Joncus maritimus : utilisé pour la fabrication des nattes. ! Chamaerops humilis : bourgeon central consommé (joummar), et exploité pour sa fibre (fabrication du crin végétal). 2.3.2. Espèces introduites non menacées: à valeur économique et écologique (reboisement dans le cadre de la fixation des dunes littorales) ! ! ! ! Pinus pinea Acacia saligna(= Acacia cyanophylla) Acacia cyclopis Eucalyptus gonphocephala 6 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 2.3.3 : Espèces abondantes : ! ! ! ! Quercus coccifera Juniperus oxycedrus macrocarpa Juniperus phoenicea Retama bovei. Juniperus macrocarpa oxycedrus ssp ssp Photos CHIHAOUI 2.4 : Espèces menacées: Espèces Chamaerops humilis Asparagus acutifolius ! ! Famille Palmiers Nom tunisien Localisation Abondance Nkhal faraoun Dunes en place Moyenne Liliacées Sakkoum Dunes en place Moyenne Les feuilles de la première espèce sont arrachées pour en faire des objets de sparterie que l’on vend aux touristes. La seconde espèce est très recherchée par les fleuristes de Tunis pour une meilleure présentation de leurs bouquets de fleurs. . Chamaerops humilis Photos CHIHAOUI 7 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 3. Communautés de végétation. Les relevés floristiques effectués sur les deux rives donnent le nom local, la localisation, l’abodance-dominance et la sociabilité. Ils permettent en même temps de déterminer la syntaxinomie de la formation végétale à laquelle appartiennent les espèces. 3.1 Rive droite : - Sur la plage nue(notée Pn sur la carte) : néant. Sur la dune mobile(Dm) où existent quelques buttes colonisées par des Genévriers oxycèdre un relevé a été effectué autour du point dont les coordonnées repérées au GPS sont(x = 652609 ; y = 4082458). Ce relevé intéresse les espèces suivantes : Espèce Juniperus oxycedrus subsp macrocarpa Ammophila arenaria subsp arundinacea Medicago marina Lagurus ovatus Abon. 3.3 1.1 + + L’ensemble de ces espèces est caractéristique des sables dunaires du littoral A l’exception de la première espèce qui est une transgressive, les autres taxa appartiennent à l’association décrite notamment par Gehu et al. (1984)1986, Chaban(1993), le Medicageni (marinae) Ammophiletum arundinaceae. qui se rattache à l’alliance Ammohilion arenariae, à l’ordre des Ammophiletalea et à la classe des Ammophiletea Photos CHIHAOUI Au premier Plan : Ammophila arenaria subsp arrundinacia En Arrière plan : maquis de chêne Kermesse et Genévriers sur dunes 8 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon ! par un maquis relativement dense, et autour du point (x = 652730, y = 4082204) les espèces suivantes ont été notées : N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Espèce Juniperus phoenicea Quercus coccifera Ceratonia siliqua Chamaerops humilis Calicotome villosa Myrtus communis Phillyrea latifolia Smilax aspera Asparagus acutifolius Prasium majus Rubia perigrina Clematis cirrhosa Ephedra fragilis Abond 3.3 2.3 3.1 1.1 + + + + + 1.1 + + + La présence du Calycotome dans cet ensemble floristique montre un dédut de dégradation de la phytocenose. La formation végétale appartient à l’association Clematidi (cirrhosae) Juniperetum lyciae décrite depuis la cote atlantique du Maroc, jusqu’à Bouficha en Tunisie(Quezel et al.1981, Meziani 1984, Géhu et al.1986,ElHamrouni 1992, Chaban1993) . Cette association se rattache à l’alliance Juniperion lyciae, à l’ordre des PistacioRhamnetalea alaterni et à la classe des Quercetea ilicis. ! Sur dune fixée (Df) et autour du point (x = 652959, y = 4081960) se notent les taxa suivants : N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Espèce Quercus coccifera Juniperus phoenicea Calicotome villosa Olaea europaea Pistacia lentiscus Chamaerops humilis Daphne gnidium Lavandula stoechas Cistus villosus Cistus salvaefolius Rhamnus lycioides Ampelodesma mauritanica Asphodelus microcarpus Arum italicum Convolvulus althaeoides Abond. 2.2 2.1 3.3 + 2.2 + + + + + + + 1.1 1.1 1.1 9 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Photos CHIHAOUI Photos CHIHAOUI Juniperus phoenicea sur dunes Détail Ce groupement constitue un faciès de dégradation du précédent , dégradation indiquée par la forte présence du calycotome, par celle de l’asphodèle et par la taille basse des ligneux. Le voisinage d’une ferme à cette végétation lui fait subir une forte pression anthropique, notamment le pacage. Il importe de signaler à coté de ces formations l’existence d’un reboisement en résineux(pin pignon et pin d’Alep) dont les sujets ont une hauteur moyenne de 8 à 10 m. - Formation à Phragmites communis : cette formation qui appartient à la classe des Phragmetea se localise dans l’oued et dans quelques espaces interdunes humides.. Formation à Juncus appartenant à la classe des Juncetea colonise surtout les berges de l’oued Dans certains espaces interdunaires (x = 652492, y = 4082064 ) on note : N° 1 2 3 4 5 6 Espèce Phragmites communis Rubus ulmifolius Nerium oleander Lyceum europaeum Tamarix africana Juncus maritimus Abond. 4.4 4.5 2.2 2.2 2.1 2.2 10 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Photos CHIHAOUI Maquis dégradé 3.2. Rive gauche : ! Sur les premières dunes stabilisées on note la présence des espèces suivantes aux environs du point (x = 652590, y = 4082731) : N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 ! Espèce Juniperus oxycedrus subsp macrocarpa Pistacea lentiscus Retama monosperma Lycium europaeum Asparagus acutifolius Pancratiom maritimum Eryngium maritimum Ammophila arenarea subsp arundinacea Lotus collinus Asphodelus microcarpus Abond. + 1.2 2.1 + + + 1.1 1.1 1.1 1.1 Sur le même type de dunes,un relevé(x = 652626, y = 4062590) a été effectué dans une plantation d’Acacia cyclopis réalisée dans le but de la fixation des dunes. La liste floristique obtenu a été la suivante : 11 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Espèce Juniperus phoenicea Juniperus oxycedrus subsp macrocarpa Quercus coccifera Phillyrea latifolia Calicotome villosa Pistacea lentiscus Prasium majus Retama monosperma Chamaerops humilis Daphne gnidium Cistus salvaefolius Astragalus caprinus subsp lanagyrus Linarea heterophylla Silene colorata Lagurus ovatus Abond. + + + + + + 1.1 1.1 + + 1.1 + + + 1.1 La faiblesse des coefficients d’abondance-dominance et de sociabilité indique l’état avancé de dégradation des peuplements. Plus on s’éloigne du rivage plus l’état du couvert végétal s’améliore, comme l’attestent les relevés suivants : Point x = 652707, y = 4082731 n° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Espèce Quercus coccifera Juniperus phoenice Calicotome villosa Pistacea lentiscus Retama monosperma Asparagus acutifolius Olaea europaea Chamaerops humilis Daphne gnidium Cistus salvaefolius Abond. 4.4 3.2 2.2 2.2 1.1 1.1 + + + + Point x = 652741, y = 4082500. N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Espèce Juniperus phoenicea Pistacea lentiscus Quercus coccifera Juniperus oxycedrus ssp macro carpa Phillyrea latifolia Chamaerops humilis Clematis flammula Calicotome villosa Retama monosperma Cistus salvaefolius Rubia perigrina Linarea heterophylla Abondance 5.5 4.4 3.3 1.1 1.1 1.2 2.2 + + + + + 12 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Point x = 652781, y = 4082504, dans un reboisement d’Eucalyptus camaldulensis, Acacia cyclopis et Acacia cyanophylla : N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Espèce Juniperus phoenicea Quercus coccifera Juniperus oxycedrus ssp macrocarpa Pistacea lentiscus Phillyrea latifolia Ephedra fragilis Clematis cirrhosa Asparagus acutifolius Lonicera implexa Lagurus ovatus Allium roseum Abondance 4.4 2.2 1.1 1.1 + + + + + + + Sur la berge de l’oued se rencontrent Phragmites communis(5.5), Juncus maritimus(3.3), Inula viscosa(1.1). Comme pour la rive droite, au- delà de ces formations dunaires dont le statut phytosociologique est le même sur les deux rives, s’installent les terrains de cultures portant soit des jachères, soit de la vigne, soit de l’olivier. 4 - Analyse. 4.1 - Intérêt écologique du site • Conservation des espèces forestières autochtones pionnières fixatrices des dunes et adaptées aux conditions littorales et autres espèces forestières protectrices des champs agricoles en amont. • Conservation du paysage particulier de l'embouchure et le long du cours d'eau de l'oued Mornaguia à Port Prince et de l'écosystème en mosaïque de la forêt et l'oued El Abid. 4.2. Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes : Très forte sensibilité au pacage et aux pratiques agricoles( destruction des dunes fixées) 4.3 Besoins d’études supplémentaires : • Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation. • Cartographie de la végétation à grande échelle. 4.4 Les objectifs prioritaires de protection : • Conservation de la biodiversité en espèces et surtout la totalité de l'écosystème. • • • Sauvegarde des espèces rares, menacées ou vulnérables. Maintien des populations des espèces vulnérables et très adaptées à ce milieu. Fixation des dunes et protection des terres agricoles. 13 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 4.5 - Mesures de gestion et de conservation proposées : 4.5.1 - Actions de gestion : • Mise en défens des zones dunaires. • Prendre les mesures nécessaires pour l'alimentation de l'oued en eau et conservation du régime hydraulique actuel afin de ne pas assécher le milieu et perturber le fonctionnement naturel de l'écosystème à la suite de l'installation du barrage. Une diminution du niveau et du débit de l'eau réduira considérablement la richesse spécifique de la flore. • Lutte contre les incendies.. • Lutte contre le déboisement. 4.5.2 - Zonation de l'espace : • Zones réserves : Formations dunaires et embouchure de l'oued. • Zones à accès restreint : Secteur Port prince. L'Eco-tourisme est à envisager dans ce secteur • Zones à accès ouvert : Autour des parties agricoles 4.6 - Usage patrimonial. cf. supra 4.7 - Suivi et proposition de programmes de recherches : • Etude de la productivité des peuplements spontanés et introduits en fonction de la fertilité des stations. • Suivi et recherche des espèces rares ou en voie d'extinction Les deux premiers points ne nécessitent pas un matériel lourd ou important. Des prospections fréquentes dans le sites le long de l'année permettent de réaliser ce travail 14 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon DAR CHICHOU 1.Introduction. La forêt de Dar Chichou prend en écharpe la partie orientale de la péninsule du Cap Bon depuis La cote de Sidi Daoud jusqu’à oued El Gsab prés de Hammam Laghzez. C’est une forêt artificielle dans sa très grande majorité issue des reboisements qui ont débuté avant les années 40 dans le cadre de la protection des champs de cultures contre l’ensablement qui les envahissait. La protection dont a bénéficié cette forêt a permis la conservation aussi bien de la flore originelle que les espèces introduites telles que le pin pignon, le pin maritime, l’Acacia et divers eucalyptus. 2. - Les espèces. 2.1 – Endémiques : Néant. 2.2 - Rares. - Silene villosa : espèce se trouvant surtout au sud du pays et ne se retrouve au CB qu’à Dar Chichou. - Coronilla repanda : espèce des sables n’est signalée au CB qu’à Korbous et à Dar Chichou. - Lathyrus annuus : espèce méditerranéenne signalée par Pottier-Alapetite dans deux stations tunisiennes : Oued Chichou et oued Bezirck, toutes deux au Cap Bon - Lathyrus cicera : rare au Cap Bon. 2.3 - remarquables. 2.3.1 - espèces abondantes. o Calicotome villosa subsp intermedia :taxon des milieux dégradés. 2.3.2 : espèces introduites(à intérêt économique et écologique). o o o o o Pinus pinea : fournit du bois d’industrie et des fruits (pigne pour la pâtisserie) Pinus halepensis : bois d’œuvre et de chauffage, fruits(zgougou pour la pâtisserie) Acacia saligna(= A. cyanophylla) : fourrage , bois de feu, fixatrice des sables.. Acacia cyclopis : bois de feu et fixation des sables. Eucalyptus sp.(E.camaldulensis, E. gomphocephala…) : bois d’œuvre, bois d’industrie, bois de feu. 2.3.3 : espèces menacées : néant 15 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 3. Communautés végétales. 3.1 : introduction. S’agissant d’une forêt artificielle qui a été et qui reste l’objet d’une attention tout à fait particulière pour la bonne réussite des reboisements en vue de jouer efficacement leur rôle dans la lutte contre l’ensablement, la dynamique des peuplements est progressive. 3.2 : Couverture végétale. 3.2.1 : relevés effectués. Afin d’avoir une idée sur la structure de la végétation et sa composition botanique les relevés suivants ont pu être réalisés : Point x = 663469, y = 4093251 Quercus coccifera 2.1 Juniperus phoenicea 3.1 Juniperus oxycedrus ssp macrocarpa 1.1 Retama bovei 2.2 Philtre latifolia 1.1 Pistacia lentiscus 1.1 Calicotome villosa subsp intermedia 1.2 Erica multiflora 1.1 Cistus salvifolius 1.1 Rosmarinus officinalis 1.1 Halimium halimifolium + Daphne gnidium + Linaria heterophylla + Pinus pinea : introduit Acacia cyanophylla ‘’ Eucalyptus gomphocephala ‘’ Point x = 677000, y = 4092090 Pistacia lentiscus 2.2 Phillyrea latifolia 1.1 Olaea eurpaea + Rubus ulmifolius + Chamaerops humilis + Lyceum europaeum + Acacia cyanophylla : Eucalyptus camaldulensis introduction ‘’ 16 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Point x = 671825, y = 4093809 Calicotome villosa 4.4 Erica multiflora 1.1 Corydothymus capitatus 1.1 Genista aspalathoides 1.1 Rosmarinus officinalis + Ebenus pinnata + Cistus salviifolius + Retama bovei + Pinus pinaster : introduction La hauteur de la strate arborée, a cimes jointives issue des reboisements dépasse les 15 m pour les résineux et les Eucalyptus. La strate arbustive constituée par les Acacias, les Genévriers, le kermès…. fait 3 à 4 m. de hauteur moyenne. 3.2.2 : signification phytosociologique. Les deux premiers relevés, sur sol acide, indiqueraient une appartenance de la végétation à l’association Climatidi( cirrhosae)-Juniperotum lyciae, alliance Juniperion lyciae, ordre des Pistacio-Rhamntalea alaterni, classe des Quercetea ilicis Le troisième relevé, sur sol calcaire, montre que la plupart des espèces appartiennent à une groupement qui reste à définir, qui serait la sous-association calicotometosum intermediae du Corydothymo capitati-Lavanduletum multifidae(El Hamrouni 1992) se rattachant à la superclasse des Cisto-Romarinea classe, des Rosmarinetea, ordre des Cisto mauritaniciThymetalea munbyani 3.3 : Evaluation qualitative des habitats. Forêt artificielle, à peuplements mûrs, aménagés dont la majorité est en cours d’exploitation. Elle est caractérisée par une très forte diversité des peuplements du point de vue des espèces introduites (pures ou en mélange), du point de vue de leur âge (selon les programmes annuels de reboisement) et du point de vue de leur densité à l’hectare(800 à 1650 tiges/ha), due à la « fantaisie du reboiseur », mais également à l’hétérogénéité des sols comme l’ont indiqué les relevés floristiques. 4.1 Intérêt écologique du site • Bien qu'artificielle, la forêt joue un rôle important dans la fixation du sol et la lutte contre les ensablements. En plus de son rôle économique certain, cet espace vert étendu et en bon état a un rôle récréatif. • Complémentarité entre les espèces ligneuses spontanées (chênes et genévriers) et les taxons introduits, en particulier les résineux (différents pins et divers Eucalyptus). 4.2 Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes : • Sensibilité au feu (incendies) : très forte 17 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 4.3 Besoins d’études supplémentaires : • Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation. • Etude minutieuse des facteurs abiotiques (édaphiques et climatiques) à diverses stations de la forêt en vue d'introduire ou d'acclimater des espèces animales sauvages autochtones éteintes ou en voie d'extinction. 4.4 Les objectifs prioritaires de protection : • Importance de la productivité primaire. • Lutte contre l'ensablement. • Amélioration de la production forestières (bois et fruits). 4.5 Mesures de gestion et de conservation proposées : 4.5.1. Actions de gestion : • Lutte contre les incendies. • Amélioration de l'état des équipements et de l'infrastructure actuelle de la réserve cynégétique. • Entreprendre d'autres essais d'acclimatation et d'introduction d'autres animaux dans la réserve cynégétique. • Repeuplement de la forêt en espèces sauvages et essai de lâcher, particulièrement, de certains Mammifères. 4.5.2 Zonation de l'espace : • Zones réserves : Quelques stations renferment un peuplement riche en différents types de pins, d'eucalyptus et de sous-bois dense. • Zones à accès restreint : Actuelle zone de la réserve cynégétique.. • Zones à accès ouvert : sentiers écologiques côté ruines, vers la mer et oued El Ksab. I. Suivi et proposition de programmes de recherches : Programme d'étude et de suivi de la migration des oiseaux, complémentaire à celui de Djebel El Haouaria. 18 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon JBEL EL HAOUARIA 1 : Introduction. Ce massif souffre d’une pression anthropique séculaire, représentée particulièrement par le surpâturage et par la collecte du bois, effectués par les habitants de la ville d’El Haouaria. Ces facteurs de dégradation conjugués à la violence des vents auxquels est exposée la pointe du Cap Bon, soumettent le couvert végétal à une évolution malheureusement négative. 2 : Les espèces. 2.1 : Endémiques. Espèce Dianthus rupicola var hermaensis Scabiosa farinosa Calendula monardi Limonium goujetianum Nom tunisien Kronfol ?? ,, ‘’ Localisation Rochers Rochers Littoral Rochers du littoral Abondance moyenne moyenne Rare moyenne La dernière espèce est une endémique tuniso-algérienne et les deux autres sont tunisiennes. 2.2 : Rares. Espèce Nom tunisien Centaurea cineraria var gymnocarpa subvar papposa Anthyllis barba- jovis Lavatera maritima var typica Plantago coronopus subsp purpurescens Silene sedoides Succowia balearica Vicia disperma Orchis longicornis Orchis papilionacea Chouk ?? Localisation Abondance Très rare Rochers gréseux Rochers Rare Rare 2.3 : remarquables. 2.3.1 : abondantes. Espèce Erica multiflora Nom tunisien Bou Halhal Localisation Maquis dégradé Abondance Très abondante 19 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 2.3.2 : introduites. : Espèce Nom tunisien Pinus pinea Bondok Acacia cyanophylla Acacia Localisation Zones de reboisements ‘’’’ Abondance Plantations limitées ‘’ ‘’ 2.3.3 : menacées. Espèce Famille Nom tunisien Localisation Abondance Cistus crispus Quercus coccifera Arbutus unedo Chamaerops humilis Cistacée Fagacée Ericacée Ericacée Mellia Kechrid Lenj Nkhal Faraoun Sémaphore Ravins et rochers Rochers Sommet et ravins Rare Rare Très rare Rare Les trois dernières espèces se trouvent réfugiées dans les endroits rocheux. Toutefois dans le ravin de la grotte des chauves-souris le chêne kermès prend, sur une surface malheureusement limitée, l’allure d’une futaie. Avec la formation de Souania(arrondissement forestier de Tabarka) et au Jbel Hattous(arrondissement forestier de Nabeul, triage de Hammam Jdidi), ce ravin constitue la troisième station tunisienne où Quercus coccifera constitue une strate arborée ; partout ailleurs l’espèce est à l’état de buisson. Ici les arbres ont des cymes jointives, une hauteur moyenne de 10 m et une circonférence de 120 cm à hauteur de poitrine d’homme. Par ailleurs un très beau spécimen de plus de deux mètres de hauteur se développe paisiblement sous la protection maraboutique de Sidi Amer. 3 : Communautés végétales. 3.1 : introduction. Située dans une ambiance climatique sub-humide, la végétation primitive devait être une formation à chêne kermès sinon arborée du moins arbustive, à densité et hauteur respectables et à sous-bois constitué d’Ericacées, de lentisque et d’oléastre. De cela on ne retrouve plus maintenant qu’un maquis bas et ouvert où domine Erica multiflora.. 3.2 : couverture végétale. 3.2.1 : relevés effectués. Grotte des chauves-souris : Quercus coccifera Phillyrea latifolia Olea europaea Pistacia lentiscus Arbutus unedo Myrtus communis Erica arborea Erica multiflora Smilax aspera Chamaerops humilis 5.5 1.1 2.2 2.1 + 1.2 + + + 1.1 20 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Prasium majus + Smilax aspera 1.1 Tamus communis 1.1 Arisarum vulgare + Geranium robertianum 1.1 Ampelodesma mauritanica + Cet individu d’association indique une station sylvatique riche en espèces indicatrices d’un sol relativement humifère. Sur la rive gauche de ce ravin on note les espèces suivantes : Calicotome villosa 1.1 Pistacia lentiscus 1.1 Genista aspalathoides + Erica multiflora 1.1 Rhamnus lycioides + Rosmarinus officinalis 1.1 Lavandula stoechas + Salvia verbenaca + Au sommet à 400 m d’altitude. ; point x = 681976 ; y = 4104283. Pistacia lentiscus 1.1 Chamaerops humilis + Cistus crispus + Calicotome villosa 1.1 Cistus salviifolius 1.1 Erica multiflora 2.1 Olea europaea + Au-dessous de la station de TV en exposition Est, point x = 681939 ; y = 4104334. Erica arborea 3.3 Chamaerops humilis + Phillyrea latifolia + Cistus salviifolius + Kentranthus ruber + Galium mollugo + Lotus cytisoides + Ampelodesma mauritanica + .Geranium robertianum + Dans les infractuosités des rochers apparaissent : Scabiosa farinosa 1.1 Arbutus unedo 2.1 Cistus villosus + En bas de versant abondent les arbrisseaux : Pistacia lentiscus 3.1 21 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Erica multiflora 2.1 Olea europaea + Et sous le phare, sur les rochers maritimes apparaissent : Crithmum maritimum + Asrericus maritimus + Rumex bucephalophorus + L’ensemble de ces relevés indique que la végétation de Jbel El Haouaria est constituée de trois groupements appartenant à deux classes phytosociologiques : - groupement forestier à Quercus coccifera, Olea europaea et Myrtus communis qui pourrait être rattaché à l’association Smilaci mauritaicae-Quercetum cocciferae(ElHamrouni1992),alliance Oleo-Quercion retundifolio suberis, Ordre des Quercetalia ilicis, Classe des Quercetea ilicis. - Groupement à Quercus coccifera et Erica arborea qui serait un premier stade de dégradation du groupement précédent. - Groupement à Pistacia lentiscus et Erica multiflora qui représenterait le deuxième stade de dégradation du premier groupement. - Groupement à Erica multiflora et Rosmarinus officinalis qui appartiendrait à la classe des Rosmarinetea et dont la structure reste à déterminer. - Groupent à Crithmum maritimum et Asteriscus maritimus inféodé aux rochers du littoral qui se rattacherait peut-être au faciès rocheux du Limonio-Lotetum alleonii(PottierAlapetite1954) appartenant au Crithmo-Limonion, ordre des Crithmo-Limonietalia, classe des Crithmo-Limonietea ou à l’Asterisco-Limonietum virgatae(Chaban 1993) Des investigations ultérieures sont nécessaires pour définir avec précision l’association et ses caractéristiques. 3.3 : Evaluation qualitative des habitats. C’est une phytocénose dans son dernier stade de dégradation,. De la cocciféraie originelle sur les versants Ouest et Est on passe à la roche nue sous le phare du Cap Bon. La régénération naturelle est compromise par un surpâturage intempestif , aussi voit-on se manifester l’intervention humaine pour assister à une régénération naturelle défaillante et assurer en même temps une amélioration pastorale. Ces actions sont assurées au moyen de reboisements en pin pignon pour la production forestière et en Acacia cyanophylla pour la production fourragère. Mais l’ampleur de ces plantations reste modeste eu égard à ce qu’il faut entreprendre. 4 : Analyse. 4.1.Intérêt écologique du site • Zone de forêt relictuelle qui représente l'ancienne forêt de chênes similaire à l'actuelle forêt de Kroumirie et Mogod. • Le site recèle des espèces endémiques propres au Cap Bon (Oeillet des rochers), et au Cap Bon et à la Kroumirie(Scabieuse à feuilles farineuses). • C’est la 3ème station connue en Tunisie à chêne kermès arboré. Quelques stations similaires existent aussi au Maroc et en Grèce. • Importance pour l'avifaune, notamment les migrateurs. • Faune sauvage pauvre en espèces à cause des conditions climatiques drastiques mais les espèces présentes sont très adaptées à ces facteurs et représentent par conséquent une biodiversité génétique particulière. 22 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon . 4.2 : Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes : Très forte sensibilité au pâturage intensif associé à l'action des vents violents. Ce surpâturage freine l'évolution normale et aboutit à une évolution régressive et une dégradation irréversible de l'écosystème. 4.3 : Besoins d’études supplémentaires : • Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation. • Etude de la structure phytosociologique de l’ensemble de la végétation du massif. • Mise en place d'un observatoire permanent pour le suivi et l'étude des oiseaux migrateurs. 4.4 : Les objectifs prioritaires de protection : • Sauvegarde de l'ensemble de l'écosystème du Djebel El Haouaria actuellement très menacé de destruction et de disparition totale. • Voie migratrice importante et lieu d'accueil de milliers d'oiseaux ayant besoin de niches écologiques favorables (alimentation, repos, refuge…) 4.5 : Mesures de gestion et de conservation proposées : 4.5.1 :Actions de gestion : • Interdiction du pâturage dans un premier temps jusqu'à l'étude de la capacité biotique du milieu. • Elargissement de l'actuelle réserve (la grotte des chauves souris) par l'annexion des zones limitrophes le long de l'oued jusqu'au plus proche lac collinaire. • Mise en place d'un observatoire pour l'avifaune. 4.5.2 :. Zonation de l'espace : • Zones réserves : la réserve actuelle et le ravin à proximité. • Zones à accès restreint : Djebel El Haouaria. • Zones à accès ouvert : du Sémaphore à la mer. 4.6 : Suivi et proposition de programmes de recherches : • Programme d'étude et de suivi de la migration des oiseaux. • Etude de l'évolution de la végétation après protection. Photos MCH. Maquis dégradé de Djebel El Haouaria 23 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon LAGUNE DE KORBA 1: Introduction. Le paysage du littoral méridional de la péninsule du Cap Bon est marqué par une série de lagunes qui va de Kélibia à Hammamet entrecoupées par des cordons dunaires mobiles et/ou fixés. Les lagunes ou sebkhas abritent une végétation halophiles tandis que les dunes portent selon leur degré de stabilité soit de l’Oyat, soit du Rtème. 2 : Les espèces. 2.1 : endémiques. Néant 2.2 : rares. Elatine hydropiper var pedunculata Tamarix africana Phragmites communis Obione portulacoides Limoniastrum monopetalum Limonium densiflorum Solanum sodomaeum 2.3 : remarquables. 2.3.1 : à valeur économique. Juncus maritimus : utilisé pour la confection des nattes. Phragmites communis : haies vives ou mortes, confection de toitures de cabanes. 2.3.2 : abondantes. Joncus maritimus var typicus Arthrocnemum indicum Salicornia arabica Scirpus maritimus Frankenia pulverulenta Suaeda mollis 2.4 : menacées. Toutes les espèces de cette lagune même les plus abondantes sont menacées de disparition à plus ou moins brève échéance suite à une urbanisation de plus en plus étendue et de l’accumulation des ordures de toutes sortes que ce nouveau dépotoir reçoit continuellement. 3.Communautés végétales. 3.1 : la végétation lagunaire A l’exception d’une roselière et d’une tamariçaie à superficie limitée, la végétation lagunaire est organisée en ceintures périphériques ayant comme espèces dominantes : Joncus maritimus Salicornia arabica Limoniastrum monopetalum Limonium densiflorum Suaeda maritima Beta vulgaris subsp maritimus Plantago crassifolia 24 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Photos MCH. Au premier plan : Roselière Au second plan : tamaricaie Plusieurs de ces espèces appartiennent à la classe des Juncetea maritimi et aux syntaxa qui lui sont subordonnés. L’étude approfondie d’une telle végétation précisera le statut phytosociologique des diverses communautés végétales en place. 3.2 : végétation dunaire. Sur les dunes se trouvent : - Ammophila arenaria subsp arundinacea - Euphorbia paralias - Eryngium maritimum - Retama bovei - Thymelaea hirsuta Ces taxa se retrouvent aussi bien du coté de la lagune Est que Ouest. Toutefois sur les dunes qui séparent cette dernière de la mer apparaissent les traces d’une ancienne formation à Genévriers et à chêne kermès. On y note en particulier - Chamaerops humilis - Asparagus acutifolius - Calicotome villosa - Daphne gnidium Du coté des ruines romaines on trouve - Ephedra major - Lycium europaeum - Asparagus horridus - Corydothymus capitatus - Cistus salviifolius Du coté de Oued Sidi Othman dont les berges portent une formation à Salicornia arabica, on enregistre la présence de quelques pieds de Solanum sodomaeum Ces espèces communes sur le littoral du Cap Bon se rattachent aux associations déjà citées de la classe des Quercetea ilicis. 25 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Photos MCH. formation à Salicornia arabica 3.3 : Evaluation qualitative des habitats. - La dynamique des peuplements végétaux est manifestement régressive aussi bien pour la lagune que pour le cordon dunaire. Sur ce dernier le degré de recouvrement est faible(20 à 40%).. Sur les marges de la lagune la végétation spontanée tend à se faire remplacer par la culture de la tomate. - De ce fait l’artificialisation du milieu est assez forte. - Retama bovei, le seul ligneux dominant sur les dunes, semble se régénérer normalement. 4. Analyse 4.1.Intérêt écologique du site • Hétérogénéité spatiale traduite par une distribution aussi bien de la végétation halophile et psammophile que de la faune herpétologique selon le double gradient salinité et humidité du sol de la lagune vers la mer. • Importance de la végétation locale pour la fixation des dunes et la lutte contre l'ensablement. • Importance pour l'avifaune limicole. 4.2 : Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes : Très forte sensibilité liée à la destruction de l'ancienne forêt et le pâturage, la pollution par les ordures ménagères et l'urbanisation limitrophe à la ville de Korba en plus des pratiques agricoles vers l'embouchure de l'oued Sidi Othman. 4.3 : Besoins d’études supplémentaires : • Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation halophile et psammophile. • Etude de la structure et de l'organisation spatio-temporelle de l'herpétofaune. 26 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 4.4 : Les objectifs prioritaires de protection : • Lutte contre la pollution, l'urbanisation et l'ensablement. • Sauvegarde de la population de l'espèce Chalcides chalcides et du caméléon. • Protection des zones de nidification de plusieurs espèces d'oiseaux. 4.5 : Mesures de gestion et de conservation proposées : 4.5.1 : Actions de gestion : Interdiction de jeter les ordures dans la lagune. Elaboration d’un règlement d’exploitation du Jonc. 4.52 :. Zonation de l'espace : • Zones réserves : Périphérie de la lagune et une partie de la zone dunaire en plus des sites archéologiques. • Zones à accès restreint : zone de nidification des oiseaux et bordure de la lagune. • Zones à accès ouvert : plage et zones agricoles. 4.6 : Suivi et proposition de programmes de recherches : • Etude de la dynamique de la population de Chalcides chalcides. • Etude de la nidification et la reproduction des oiseaux. Remarque : le paragraphe 4 de chaque partie porte sur la flore et l'herpétofaune ; le contenu a été discuté et formulé par S. NOUIRA et A.ELHAMROUNI 27 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon ZEMBRA I : Introduction L’archipel de Zembra a été érigé en parc national terrestre et marin en 1*78. Depuis cette date la végétation et la faune jouissent d’une assez bonne protection, et de ce fait les espèces qui constituent le maquis évoluent dans le sens positif. La flore et la végétation de cet archipel sont affines de celles de la Galite, de la Kroumirie, des Mogods et du Cap-Bon 2 : Les espèces. Il a été dénombré aux îles Zembra 266 espèces et sous-espèces dont certaines sont endémiques, rares ou remarquables - espèces endémiques : o Méditerranéennes ! ! ! ! ! Sanguisorba spinosa Iberis semperflorens Erodium maritimum Lavatera punctata Senecio cineraria Photos El Hamrouni. Sanguisorba spinosa (aspect estival) o Maghrébines ! ! Brassica cretica subsp atlantica Erodium hymenoides o Tunisiennes ! Scabiosa farinosa 28 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon ! ! Dianthus rupicola var hermaensis Melica minuta susp eu-minuta Photos El Hamrouni Photos Ali El HILI Dianthus rupicola var hermaensis : aspect général et fleurs - espèces rares ( pour l’archipel) o Tamarix africana o Anthyllis barba-jovis o Chamaerops humilis o Ampelodesma mauritanica o Bryonia dioica o Lonicera implexa o Calicotome villosa o Pancratium maritimum o Erica arborea o Myrtus communis o Arbutus unedo o Limoniu virgatum o Daphne gnidium o Prasium majus - espèces remarquables: o Periploca angustifolia o Olea europaza o Juniperus phoenicea o Capparis spinosa var inermis o Ioncus acutus - espèces abondantes : o Erica multiflora o Pistacia lentiscus o Phillyrea latifolia o Cistus monspeliensis Photos El Hamrouni Arbutus unedo en fruits 29 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Espèces introduites : o Tamarix articulata o Eucalyptus camaldulensis o Acacia cyanophylla o Pinus halepensis - Espèces fruitières : o Ficus carica o Punica granatum o Phoenix dactylifera Espèces menacées : Toutes les espèces ligneuses du maquis peuvent être considérées très sensibles au feu et au pâturage. Ce dernier subsiste malgré son interdiction. 3: Communautés végétales : Pottier-Alapetite(1954) a étudié les groupements végétaux de la grande île et a individualisé les associations suivantes : - Le Staticeto-Loletum allionii appartenant au Crithmo-Staticion et présentant deux faciès : o Un faciès sur rochers o Un faciès sur sable Après analyse de la réalité sur le terrain et les premières analyses , il n’est pas impossibles que ces deux faciès constituent deux associations différentes. - L’Oleo-lentiscetum qui intéresse le maquis - Un groupement de dégradation des pelouses, rattaché aux Helianthemetalea - Un autre groupement de dégradation rattaché aux Isoetalea. Gammar (inédit) et Le Floc’h(1986) ont chacun de son coté abordé successivement les aspects phyto-écologiques et de cartographie de la végétation en place. 4 : Analyse. 4.1.Intérêt écologique du site • Le site recèle des espèces endémiques propres au Cap Bon (Oeillet des rochers), et au Cap Bon et à la Kroumirie(Scabieuse à feuilles farineuses). • Importance pour l'avifaune, notamment les migrateurs. • Faune sauvage pauvre en espèces mais celles présentes sont très adaptées aux conditions du milieu et représentent par conséquent une biodiversité génétique particulière. 4.2 : Niveau de sensibilité des différents habitats utilisés par les espèces intéressantes : Très forte sensibilité au feu et au pâturage. 4.3 : Besoins d’études supplémentaires : • Etude et suivi permanent de l'évolution de la végétation. • Etude de la structure phytosociologique de l’ensemble de la végétation de l’archipel 30 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon • Mise en place d'un observatoire permanent pour le suivi et l'étude des oiseaux migrateurs commun à l’archipel et à Jbel El Haouaria. 4.4 : Les objectifs prioritaires de protection : • Sauvegarde de l'ensemble des écosystèmes terrestre et marin • Voie migratrice importante et lieu d'accueil de milliers d'oiseaux ayant besoin de niches écologiques favorables (alimentation, repos, refuge…) . 4.5 : Mesures de gestion et de conservation proposées : 4.5.1 :Actions de gestion : • Interdiction du pâturage à l’exception des mouflons à manchettes introduits il y à quarante ans environs dans l’île. • Aménagement du maquis dans un but de développement du tourisme écologique. • Mise en place d'un observatoire pour l'avifaune. • • • 4.5.2 :. Zonation de l'espace : Zones réserves Sommet et Capo Grosso Zones à accès restreint : Maison du Poète et Capo Camelo Zones à accès ouvert : Environs de l’ancien hôtel.. 4.6 : Suivi et proposition de programmes de recherches : • Programme d'étude et de suivi de la migration des oiseaux. • Etude de l'évolution de la végétation. 31 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Conclusion La diversité des sites naturels du Cap Bon se traduit par une richesse et une diversité floristique remarquables. Les dunes de Oued El Abid et de Dar Chichou sont colonisées par une couverture forestière et préforestière à la fois herbacée et ligneuse. Les herbacées dont particulièrement l’oyat (Ammophila arenaria subsp arundinacea) avec le Rtème (Retama bovei) sont les plantes fixatrices que l’on rencontre en premier lieu sur le rivage. Les ligneux, souvent buissonneux, du maquis thermophile à Chêne Kermès et à Genévriers, constituent quelquefois des fourrés de haute taille, conférant à la formation une ambiance sylvatique. Pour ce type de sites on enregistre onze espèces rares et quatre menacées. Ces dernières sont le caroubier, le palmier nain ou Doum, l’Ephèdre et l’Asperge à feuilles en épines. A coté de cette végétation spontanée et pour fixer les dunes, le forestier a procédé à l’introduction d’espèces exotiques. On remarque en effet, à coté des espèces locales comme le pin pignon et le pin d’Alep, la présence d’Eucalyptus et d’Acacia d’origine australienne. Ces reboisements prennent en écharpe la péninsule du Cap Bon depuis la zone de Oued El Abid à celle de Hammam El Ghézaz. Les sites de Jbel El Haouaria et de l’archipel de Zembra, à relief montagneux et à roches escarpées, dont la flore et la végétation sont affines de la Galite et de l’ensemble du littoral septentrional de la Tunisie, portent un maquis à Ericacées bien conservé à Zembra et très dégradé à El Haouaria. Toutefois, le ravin de la grotte des chauves-souris dont le statut foncier relevant du privatif et non du domaine de l’état comme le reste du massif d’El Haouaria ,est couvert par une futaie remarquable de Chêne Kermès très dense , haute de 8 à 10m. Zembra et El Haouaria possèdent des endémiques tunisiennes, maghrébines et méditerranéennes. A El Haouaria on note : • 3 endémiques tunisiennes • 1 endémique maghrébine A Zembra on retrouve • 3 endémiques tunisiennes • 2 endémiques maghrébines • 5 endémiques méditerranéennes. La lagune de Korba et les sites qui lui sont similaires sur tout le littoral méridional de la péninsule porte une végétation halophile accompagnée parfois par des roseaux ou des Tamarix. L’ensemble de ces sites sensibles constitue des biotopes à faune aussi diversifiée que la végétation. Ces habitats appartenant à des écosystèmes fragiles, nécessitent une protection continue, du fait qu’ils sont malheureusement menacés par le pâturage, les incendies et par diverses pollutions. 32 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon Références bibliographiques. - Chaaban A. 1993 :Etude de la végétation du littoral septentrional de la Tunisie :Typologie, syntaxinomie, et éléments d’aménagement. - Colectif. 1986 : Aires spécialement protégées Etude de cas en Tunisie. 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Floret Ch et Soler 1966 : Les unités forestières in notice de la carte phyto-écologique de la Tunisie septentrionale, échelle 1/200.000 ; feuille 1, Cap Bon- La Goulette- Sousse (p.p). vol.39 Annales INRAT. 33 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon ANNEXES CARTES DE LA VEGETATION EN PLACE 34 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 35 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 36 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 37 Projet de conservation des Zones Humides Littorales et des Ecosystèmes côtiers du Cap-Bon 38