appel solennel a la presse francaise

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appel solennel a la presse francaise
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APPEL SOLENNEL A LA PRESSE FRANCAISE
(Liste des signataires et des rédactions destinataires en dernières pages)
La première séquelle d’un «Tchernobyl en Tchernobyls» ne perdure-t-elle pas chez
nous sous la forme d’un «Tchernobyl en Tchern-Outreau» ? À quand l’expertise
publique d’un mythe, qui pourrait bien révéler une vaste manipulation médiatique ?
Une majorité de Français s’accordent aujourd’hui à considérer la catastrophe de
Tchernobyl comme l’un des accidents industriels les plus graves de l’Histoire. Mais,
lorsqu’il s’agit d’apprécier sereinement cette gravité, les avis divergent d’autant plus
radicalement que nos compatriotes ont choisi de confier la démarche à une approche
irrationnelle et partisane ou de s’en remettre à l’expertise de professionnels reconnus
par la communauté scientifique. Ainsi, depuis près de 20 ans, la montée en puissance
d’une guerre civile insolite génère-t-elle, dans ce pays, des affrontements médiatiques
toujours plus farouches, dont l’impact recherché sur l’opinion est en proportion de
l’émergence d’enjeux industriels et sociétaux grandissants.
Chaque camp défie l’autre sur un domaine de compétences et sur un terrain éthique
inconciliables avec ceux de l’adversaire. L’incohérence de l’affrontement favorise,
certes, l’illisibilité des hypothèses du problème et l’inaccessibilité du champ de ses
conclusions au plus grand nombre, mais, force est de constater que pareille dérive du
débat démocratique est davantage le produit d’une des deux tactiques en présence.
Pour les promoteurs de celle-ci, il n’existe, en effet, aucune activité humaine que la
souveraineté du politique ne puisse asservir, ni aucune vérité objective que la conviction,
la foi ou l’idéologie ne puisse influencer, voire contraindre. En vertu de ces préceptes,
toute controverse civique qui ne prendrait pas la forme d’un débat électoral ou d’une
campagne politique est jugée irrecevable et antidémocratique: la nécessité de
convaincre le plus grand nombre l’emporte sur la qualité de l’argument et domine
l’exigence de vérité.
À quelques rares exceptions près, la presse française – acquise par vocation historique à
cette dialectique idéaliste et réfractaire aux choses de la science – a depuis longtemps
choisi son camp en ouvrant massivement ses colonnes et ses plateaux «télé» aux
contempteurs de la radioactivité artificielle.
La défaillance manifeste de son souci d’investigation, de son esprit critique, de sa
déontologie, voire de son éthique professionnelle, amène régulièrement sophismes,
idéologie et sensationnalisme à rivaliser de mauvaise foi devant micros et caméras
comme dans les pages de la presse écrite, contribuant à accréditer les clichés les plus
extravagants. Au point que pas un commentateur, pas un observateur ou chroniqueur de
renom ne néglige désormais l’occasion de se gausser à bon compte du fameux mensonge
d’Etat affirmant que le nuage de Tchernobyl n’a jamais franchi nos frontières. Ni le
grotesque de la galéjade ni le mépris à l’égard de ceux qu’elle met en scène n’ont été à
même d’empêcher que la conscience collective lui accorde le crédit d’une vérité
incontestable.
On se demande laquelle des deux opprobres - avoir favorisé le brouillage concerté d’un
débat national essentiel, au moins sur le plan sanitaire, ou s’être rendue complice du
lynchage médiatique et politique du professeur Pellerin, serviteur intègre de l’Etat -
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entachera-t-elle le plus durablement l’honneur de la corporation? L’Histoire jugera et
ne manquera pas de sanctionner le journalisme français contemporain avec d’autant plus
de sévérité qu’il n’aura pas su se ressaisir et reconsidérer une unanimité d’appréciation
de l’évènement par trop suspecte, pendant qu’il le pouvait. Non seulement il le peut
encore, mais il le devrait plus que jamais, dans l’intérêt de notre démocratie.
La probable focalisation de la chronique nationale sur le vingtième anniversaire de
l’accident ukrainien – rituellement promis à des débordements retentissants – lui fournit
une occasion rêvée de mettre publiquement sur la table, une bonne fois pour toutes, les
éléments objectifs du dossier. Ainsi, un intérêt éducatif supérieur lui commande-t-il de
considérer ces derniers sans passion, avec pertinence et compétence, de ne s’attacher
qu’à la vérité des faits, à l’exactitude et à l’authentification des chiffres, afin de
sensibiliser nos concitoyens à l’impact sanitaire auxquels ces chiffres et des concepts
scientifiques universellement reconnus renvoient.
Pour ces motifs, nous, les soussignés, prions solennellement votre publication ou votre
antenne d’organiser - à une heure de grande écoute ou en bonne place dans vos colonnes
– une opération pédagogique d’intérêt général sur le thème«Les conséquences
françaises de l’accident de Tchernobyl». Nous apprécierions tout particulièrement telle
initiative visant à mettre sur pied une action combinée entre les presses écrite, audiovisuelle et radiodiffusée.
Sous réserve de garanties préalables touchant à l’objectivité de l’exposé introductif des
faits, à la neutralité des animations, à l’équité de traitement des invités ou intervenants,
à la considération pertinente et exhaustive des arguments - requérant une incontestable
compétence journalistique -, les promoteurs éventuels de cette pédagogie médiatique
pourraient compter sur notre collaboration et sur notre participation loyales.
Pour nous, comme pour nos probables contradicteurs, cette collaboration ne saurait
commencer autrement que par une contribution à la constitution du dossier introductif
du thème de l’éditorial ou de l’émission concernés: le point (controversé) 2006 sur les
conséquences françaises de l’accident de Tchernobyl.
À défaut d’y être consensuelle, la présence des trois rubriques suivantes y semble
incontournable:
- La communication officielle durant l’évènement et dans les semaines qui suivirent;
- Le bilan de la contamination radioactive du territoire français et de ses biotopes;
- L’état des connaissances médicales sur l’impact sanitaire des faibles doses, sur la
connaissance des cancers de la thyroïde et sur l’évolution statistique de leur fréquence.
Nous vous en donnons ci-après, sur fond grisé, notre contenu synthétique dûment
argumenté et référencé.
La communication officielle française, pendant et après l’accident de Tchernobyl
Vous trouverez, en pièce jointe, l’enquête de Pierre Schmitt - ancien directeur de la
centrale de Creys-Malville - démontant avec une rigueur implacable le mécanisme de la
saga du mythe du nuage de Tchernobyl arrêté aux frontières. Les références officielles
et journalistiques contenues dans ce document sont inattaquables. Il ne fait d’ailleurs
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guère de doute que celui-ci détaille par le menu les attendus des trois condamnations ciaprès, dont on peut s’étonner qu’elles aient si peu défrayé la chronique:
- Condamnation, le 22 septembre 2004, par la cour de cassation, en confirmation des
condamnations en appel et en première instance, du sieur Jacquemin, ex-trésorier de
l’A.R.C, pour diffamation du professeur Pellerin.
- Sanction en termes, motifs et procédures exactement identiques de Noël Mamère en
2002.
- Condamnation formelle, en 1999, de Michelle Rivasi par Tribunal de Grande Instance
de Paris, pour lequel la diffamation du professeur Pellerin était avérée, mais ne pouvait
donner lieu à sanction par ce tribunal saisi à tort et, par là même, incompétent.
La contamination radioactive du territoire français et de ses écosystèmes
1/ On rappelle que la radio-exposition naturelle et artificielle ambiante délivre une dose
annuelle de 3,52 mSv (milliSievert) se répartissant comme suit:
Naturelle: 2,40 mSv dont 1,6 mSv attribué au Radon provenant du sol (désintégration
d’U238 et de Th232). À titre d’exemples, le débit de dose des sols du Massif Central et
de la Bretagne est compris entre 1,5 et 3 mSv par an; celui du sol du Kérala (Sud de
l’Inde) entre 30 et 100 mSv/an!
Artificielle: 1,12 mSv dont 1 mSv issu des radio-expositions médicales. À titre
d’exemples, une radiographie de la hanche c’est 0,3 mSv, dentaire 0,2 mSv, pulmonaire 1
mSv, du bassin 0,7 mSv, du transit gastroduodénal 3 mSv. Un «scanner» thoracique
c’est 8 mSv, abdominopelvien 10 mSv, corps complet 500 mSv (ou 0,5 Sv)!
D’autre part, la dose collective (Monde) attribuée à Tchernobyl est unanimement
estimée 50 fois plus faible que celle attribuée aux essais nucléaires atmosphériques
perpétrés de 1956 à 1963: 11 kg de Plutonium ont été dispersés dans l’atmosphère par
le premier contre 4100 kg pour les seconds…
La dose létale ou mortelle est de 4000 mSv (4 Sv) reçus en un temps très court.
2/ L’impact radioactif du nuage de Tchernobyl sur la flore: il est aisé de marquer les
esprits avec n’importe quelle valeur mesurée de la radioactivité. Le relevé fait
rapidement appel aux grands nombres car l’unité utilisée, le Becquerel (Bq), est
insignifiante; un peu comme si l’on devait mesurer les longueurs en microns (millionième
de mètre)… Aussi, lorsqu’on brandit des 4000 Bq par kg de salades italiennes, des 8500
Bq par litre de lait allemand (la normale étant environ 100), des 5 Bq par verre de vin,
des 20 Bq par litre d’eau de mer (la normale étant 13) doit-on avoir l’honnêteté de
rappeler la radioactivité naturelle du corps humain… comprise entre 8000 et 10000 Bq.
3/ L’impact radioactif du nuage de Tchernobyl, en termes de doses, sur la population
française est consensuellement de l’ordre de 0,1 mSv, en moyenne, et la controverse
la plus âpre ne revendique jamais plus de 0,2 mSv pour quelques zones régionales très
localisées. Ce qui, au passage, place notre pays loin derrière la Grèce, à 0,6 mSv,
l’Allemagne et l’Italie à 0,4 mSv.
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4 / Conclusion partielle évidente: même si, de guerre lasse, on devait concéder aux
contestataires la réalité de leurs prétentions statistiques extrêmes, les victimes
françaises supposées les plus atteintes par la contamination de l’accident auraient reçu
du nuage de Tchernobyl l’équivalent d’une radiographie dentaire… ou d’un séjour d’un an à
2000 mètres d’altitude…
Cancers de la thyroïde et Faibles doses
A/ Cancers de la thyroïde
Le nombre des cancers thyroïdiens découverts en France augmente régulièrement
d’environ 7% par an. Le Groupe de Recherche sur la Thyroïde de la Société Française
d’Endocrinologie (GRT) précise que de nombreux faits s’opposent à l’idée d’une
quelconque responsabilité de l’accident de Tchernobyl dans ces cancers:
Tout d’abord, cette augmentation a commencé bien avant Tchernobyl (vers 1975), sans
changement de pente depuis l’accident et ne touche que les adultes: le GRT rappelle
que l’irradiation de la thyroïde de l’adulte ne donne pratiquement jamais de cancer. Or,
le nombre des cancers thyroïdiens des enfants, dont la thyroïde est pourtant beaucoup
plus radiosensible que chez l’adulte, est resté stable dans notre pays. Les enquêtes
médicales de Champagne-Ardennes et de Franche-Comté, publiées en 2001, en
attestent.
Ensuite, cette augmentation est sans rapport avec la contamination du territoire
français: par exemple, depuis 1986, le nombre des cancers thyroïdiens a quadruplé dans
le Calvados, peu contaminé, et simplement doublé en Champagne-Ardennes, région
pourtant plus touchée par les retombées radioactives.
Enfin, on trouve une croissance identique du nombre des cancers thyroïdiens dans
beaucoup d’autres pays, en particulier aux Etats-Unis qui n’ont pas été affectés par
l’accident.
Rapport de l’Institut de Veille Sanitaire du 22 mai 2001: «L’incidence des cancers
thyroïdiens augmente dans la population générale en France depuis plus de 20 ans. Pour
la période 1975-1985, il est évidemment impossible que cette augmentation soit liée aux
retombées de l’accident de Tchernobyl survenu en 1986. Pour la période 1986-1991, il
est très improbable que les retombées soient responsables d’un excès de cancers de la
thyroïde en France. En effet, les données épidémiologiques publiées indiquent que le
délai de latence d’un cancer de la thyroïde radio-induit est d’au moins 5 années. Enfin,
pour la période après 1991, les excès de risque calculés dans la présente étude sont
relativement faibles (entre 0,002 et 0,1 cas pour 100 000 habitants et par an sur la
période 1991-2000). L’augmentation de l’incidence des cancers thyroïdiens après 1991 ne
peut donc être directement imputable à l’accident de Tchernobyl.»
B/ Les faibles doses
«On sait aujourd’hui qu’au-dessus d’une certaine dose, on obtient des effets connus et
identiques d’un sujet à un autre: c’est le domaine «déterministe» qui commence, en
gros, au-delà de 200 mSv d’irradiation du corps entier. Au-dessous, se situerait le
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domaine «stochastique» où les effets ne sont détectables que statistiquement et à
long terme, sur des groupes suffisamment importants étudiés par les méthodes de
l’épidémiologie: c’est la zone dite des «faibles doses», objet d’un vaste débat. Celui-ci
oppose les partisans d’une loi linéaire sans seuil (toute radiation peut entraîner un effet
quelle que soit la dose) et ceux de lois comportant des courbes à effet de seuils, en
dessous desquels les effets des radiations sont indétectables ou nuls. Même si les
travaux épidémiologiques se poursuivent à ce propos, on peut considérer que la
radioactivité naturelle, quelquefois élevée, n’a visiblement pas entravé le développement
de l’espèce humaine.» Professeur Grall.
Eu égard au bilan dosimétrique établi plus haut, ces considérations thyroïdiennes et
dosimétriques amènent, sans surprise, notre conclusion générale que voici : «hormis
de sa déplorable exploitation médiatique, le nuage radioactif de Tchernobyl n’est
responsable d’aucun impact sanitaire mesurable sur la totalité du territoire
national.» Si la presse française accédait à notre demande d’une explication
médiatique large et loyale, on peut être persuadé que la contradiction ne pourrait que
favoriser l’enrichissement de notre argumentation et conduire au renforcement de sa
conclusion. Au demeurant, le succès populaire d’une telle pédagogie ne devrait pas
manquer d’inciter à la prolonger par un examen, sur la place publique, du bilan complet de
la catastrophe, auquel nombre d’entre nous sont tout disposés à apporter leur concours.
Madame, Monsieur, si les auteurs de la présente interpellation ne sauraient hiérarchiser
ses destinataires, ils n’en seront pas moins attentifs à l’écho qu’elle recueillera dans le
service public de l’information; écho que leurs réseaux d’internautes ne manqueront pas
de répercuter soigneusement. Un contexte national inquiétant les incite, par ailleurs, à
exhorter lesdits destinataires à prêter désormais plumes, micros et caméras moins
complaisants que par le passé à cette actualité environnementale auréolée d’humanisme
et de générosité universelle, somptueusement planifiée par de très médiatiques
organisations transnationales. Qui ne discerne, en filigrane de leurs mises en scène
hollywoodiennes réputées bénévoles, le déploiement tactique d’une puissante logistique
de conquête des opinions? Personne ne peut plus croire, en effet, que l’écologie ou la
santé publique devancent le marché dans les convoitises à peine dissimulées de ses
stratèges discrets… L’honneur et le devoir d’un journaliste, que la légitimité par trop
évidente d’une cause interpelle, ne résident-ils pas dans ses capacités de circonspection
et de doute?
En tout état de cause, sa communauté professionnelle sortirait réhabilitée, sinon
grandie, de l’opération médiatique appelée de nos vœux, prenant à témoin lecteurs,
auditeurs et téléspectateurs d’une courageuse remise en question corporative. Non
seulement nous lui en saurions infiniment gré, mais nous n’hésiterions pas à lui restituer,
sans réserve, une considération aujourd’hui bien malmenée.
Bien cordialement.
LES SIGNATAIRES
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Fondation Louis de Broglie
Dominique Vignon.
Ingénieur Général Honoraire des Ponts et Chaussées
José Romélé. Vice-Président de WONUC France
Alain De Tonnac.
François Poizat
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92656
[email protected]
[email protected] (déjà contacté: attend le document)
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