Aphasie J. Buttet Sovilla, Dr Phil. Q. : est-ce qu`une lésion

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Aphasie J. Buttet Sovilla, Dr Phil. Q. : est-ce qu`une lésion
Aphasie
J. Buttet Sovilla, Dr Phil.
Q. : est-ce qu’une lésion cérébrale peut empêcher de parler ?
Oui, une lésion du cerveau, la plupart du temps dans l’hémisphère gauche, peut entraîner
une perte du langage qu’on appelle « aphasie ».
Q. : c’est quoi, au juste, l’aphasie ?
Les personnes aphasiques présentent en général des difficultés pour parler, comprendre, lire
et écrire. Ces troubles se manifestent de manière très différente selon la localisation des
lésions cérébrales et elles touchent diversement la conscience de ceux qui en souffrent :
certaines personnes sont très déprimées, alors que d’autres réalisent mal l’importance de
leurs troubles.
Q. : j’ai vu une personne qui ne parlait presque plus et pourtant…
Les aphasiques souffrent souvent d’un phénomène qu’on appelle la dissociation automaticovolontaire. Ainsi, dans des situations particulières, ils vont pouvoir émettre des mots, voire
des phrases parfaitement correctes, sans qu’ils aient un véritable contrôle sur leur
production. C’est particulièrement frappant lorsqu’ils se fâchent ou se trouvent dans des
contextes chargés émotionnellement : des énoncés tout faits peuvent alors être produits
sans peine. Mais si on demande à ces patients de répéter volontairement ces mêmes mots,
ils en seront incapables.
Q. : est-ce que tous les aphasiques souffrent de la même façon et parlent de la même
façon ?
Non, tous les aphasiques n’ont pas un langage réduit à quelques mots prononcés avec une
articulation laborieuse. Certains parlent beaucoup, mais ils disent un mot à la place d’un
autre, ou ils déforment les mots, parfois de manière tellement importante qu’on ne reconnaît
plus rien. Dans ces cas de jargon les patients ne sont souvent pas conscients de leurs
erreurs, ils sont anosognosiques.
Q. : et le raisonnement : est-ce que ces personnes gardent leur intelligence ?
Oui, il ne faudrait pas croire, parce que leur langage est perturbé, que ces patients ont perdu
la capacité d’agir de manière tout à fait adéquate et intelligente, ni qu’ils ne sont plus
capables de retrouver une certaine autonomie. Ainsi, on peut être étonné de voir qu’un
aphasique qui ne parle presque pas et qui a beaucoup de peine à comprendre, est
néanmoins capable de s’orienter dans l’hôpital ou même de se rendre à l’heure à sa séance
de thérapie. Il arrive que certains aphasiques, par exemple avec une paralysie du côté droit
de leur corps, puissent se déplacer avec une voiture adaptée à leurs difficultés.
Q. : et la conscience dans tout ça ?
Les personnes qui ont témoigné de leur aphasie ont montré que la perception de leur trouble
engendre toujours une grande souffrance, qui touche aussi leur entourage. Les réactions
d’inconnus qui méconnaissent ces difficultés sont vécues comme blessantes et humiliantes
parce qu’on croit qu’ils sont fous ou qu’ils sont pris de boisson, par exemple. Les personnes
aphasiques perçoivent la plupart du temps très bien les sentiments d’autrui, ce qui n’est pas
le cas de tous les patients victimes d’une lésion cérébrale.