Le Cigare Libérateur : un havane devenu histoire

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Le Cigare Libérateur : un havane devenu histoire
Le Cigare Libérateur : un havane devenu histoire
Par Irene Izquierdo
Traduit par Alain de Cullant
Numéro 02, 2015
À partir de 2004, chaque mois de janvier, depuis que la Société Culturelle José
Martí - à l'occasion du 5e anniversaire de la création de sa filiale à La Havane –
ait convenu d’établir la remise du Cigare Libérateur, comme sa plus haute
récompense, les mains agiles d'un jeune torcedor (cigarier) ont la mission de le
matérialiser.
Ce sont seulement cinq havanes de haute qualité, réalisés suivant les
conditions similaires de ceux qui, à la fin du XIXe siècle, avaient la mission
d’apporter à Cuba l’Ordre du Soulèvement pour poursuivre la lutte contre le
colonialisme espagnol.
Quelle est l'importance historique de ce produit traditionnel ? Pourquoi l’a-t-on
institué comme reconnaissance à de notables personnalités et organismes qui,
pour leur carrière et leur talent ont réalisé d'importants apports à la culture et à
la sauvegarde de l'identité nationale ?
Barbara Oliva Caraballo, présidente de la filiale havanaise de la Société
Culturelle José Martí, parle de la fondation historique du fait :
« Après la complète récupération du revers de l'expédition de La Fernandina, le
29 janvier 1895, José Julián Martí Pérez, Délégué du Parti Révolutionnaire
Cubain, a envoyé l'Ordre du Soulèvement. L’ordre a été signé conjointement
par le major général José María - Mayía - Rodríguez y Rodríguez, à qui le
généralissime Máximo Gomez Báez avait confié son « autorité et son pouvoir »
et par le commandant Enrique Collazo Tejeda, en représentation des groupes
révolutionnaires de l'île ».
Il fallait que l’Ordre arrive immédiatement aux mains de Juan Gualberto Gómez,
à La Havane, mais avec une plus grande sécurité. Des mesures pertinentes ont
été adoptées afin que Gonzalo de Quesada y Aróstegui puisse partir, comme
porteur du document entièrement caché, de New York en direction de Tampa
pour l’envoyer à la Patrie.
« Deux jours plus tard, précise Barbara, dans la fabrique de cigares
O’Hallorans, de Cayo Hueso, Blas Fernández O'Hallorans a roulé cinq cigares
exactement égaux. L’un d’eux, identifié par deux taches jaunes sur sa cape
supérieure, portait le message de José Martí. Entre les mains de Juan de Dios
Barrios, il est passé à Cayo Hueso et ensuite à La Havane ».
Le destinataire était Juan Gualberto Gómez Ferrer et celui-ci a envoyé des
copies à tous les groupes, à Gullermón Moncada, Bartolomé Masó, Francisco
Carrillo Morales et Salvador Cisneros Betancourt. Ce fut Quintin Banderas qui a
proposé que le Soulèvement ait lieu le 24 février de la même année. « Giros
aceptados ». a été le message codé envoyé par Juan Gualberto à José Martí,
pour la reprise de la lutte libératrice que Carlos Manuel de Céspedes avait
commencé le 10 octobre 1868.
Les spécialistes assurent que « cette façon surprenante et originale pour
déjouer l'intelligence ennemie a commencé à se convertir en une histoire pour
certains et en légende pour d’autres. On a commencé a appelé ce cigare
Libertador (Libérateur), car il apportait en son centre l'étincelle de l'incendie qui
ne s’est éteint jusqu'au 1er janvier 1959.
C'est pour cette raison que chaque mois de janvier, les travailleurs de
l’Empresa de Envases ARCA, appartenant à TABACUBA, réalise avec leurs
fines lamelles d'okoumé – un bois très semblable au cèdre, apporté d'Afrique –
les étuis de ces havanes très spéciaux. D’autre par, le torcedor choisi parmi les
meilleures feuilles de tabac de sa table celles avec lesquelles il va réaliser les
cinq prochains Libertadores - portant à l'intérieur un fac-similé de l'Ordre du
Soulèvement émit en 1895 -, destinés à honorer la carrière de notables
hommes, femmes et institutions se dédiant à perpétuer, avec leur exemple,
l’oeuvre du plus universelle des Cubains, José Martí.
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