Huile d`olive et noix au cœur du régime

Transcription

Huile d`olive et noix au cœur du régime
Huile d’olive et noix au cœur du régime
La bonne réputation du traditionnel régime méditerranéen n’est pas nouvelle. L’épidémiologie
observationnelle ne cesse de montrer les bienfaits de la consommation de fruits, de légumes et légumes
secs, de noix, de poissons, associés à de « bonnes matières grasses » dont l’huile d’olive, à une faible
consommation de viande rouge et de sucres d’ajouts.
Mais jusqu’à présent, en dehors de « l’étude lyonnaise», datant de 1999, et dont les résultats souvent jugés
«trop spectaculaires » n’ont pas été reproduits, aucun essai clinique randomisé n’avait démontré l’efficacité
de ce régime pour réduire l’incidence des maladies cardiovasculaires (CV).
L’étude espagnole PREDIMED représente une véritable avancée puisqu’elle a comparé, chez des
patients à haut risque CV (mais en prévention primaire) l’effet d’un régime méditerranéen (deux
variantes testées) à celui d’un régime pauvre en graisses (« hypolipidique »).
Régime méditerranéen avec ou sans noix
Pour être inclus, les sujets inclus (n = 7 447, âge : 55 à 80 ans, 57 % de femmes) devaient présenter un
diabète de type 2 ou au moins trois des facteurs de risque CV suivants : tabagisme, hypercholestérolémie,
hypertension artérielle, hypoHDLémie, surcharge pondérale, antécédents familiaux coronariens précoces. Ils
ont été tirés au sort pour suivre l’un des trois régimes suivants : régime méditerranéen riche en huile d’olive
(= 4 cuillérées à soupe/j d’une huile riche en polyphénol et délivrée gratuitement), régime méditerranéen
riche en amandes et autres noix (30 g/j délivrés gratuitement), régime pauvre en graisses. Aucun conseil
n’était donné pour réduire l’apport calorique total ni pour la pratique d’activités physiques. Des conseils
diététiques étaient dispensés au cours d’une consultation individuelle initiale puis lors d’ateliers collectifs
tous les trois mois.
Les habitudes nutritionnelles ont été évaluées à l’aide d’un questionnaire de fréquence de consommation
des aliments. L’adhésion au régime prescrit, contrôlée également par la mesure objective de
biomarqueurs, a été considérée comme satisfaisante par les auteurs. La médiane de suivi des sujets a été
de 4,8 années, 7 % d’entre eux ont été perdus de vue, 11,3 % dans le groupe « hypolipidique » et 4,9 %
dans les groupes régime méditerranéen. La réduction du risque cardiovasculaire s’est révélée significative
dans les groupes régime méditerranéen par rapport au groupe témoin : 30 % pour le groupe huile d’olive
et -28 % avec les amandes.
Mille sujets au régime, ce sont trois événements cardiovasculaires majeurs évités
En clair, cette étude montre que le suivi d’un régime méditerranéen par 1 000 sujets à risque pendant un
an permet d’éviter 3 évènements cardiovasculaires majeurs. Ces résultats paraissent robustes puisqu’ils
sont confirmés dans des analyses de sous-groupes, notamment chez les diabétiques. Ce type d’étude est,
bien entendu, fortement sujet au risque de biais, en particulier du fait de sa réalisation « en ouvert ».
Néanmoins les résultats sont rassurants, notamment après les conclusions négatives de l’étude
LOOKAHEAD qui n’a pas réussi à montrer l’intérêt des mesures nutritionnelles pour réduire le risque
cardiovasculaire chez des volontaires diabétiques.
Sur le plan pratique, pour réduire le risque CV, il semble de plus en plus justifié d’insister sur la
qualité des matières grasses plus que sur leur quantité et d’y associer le conseil de manger des
noix en plus des traditionnels cinq fruits et légumes/jour !
Dr Boris Hansel
Estruch R et coll. The PREDIMED Study
Investigators. : Primary Prevention ofCardiovascular Disease with a Mediterranean
Diet. N Engl J Med., 2013 ; publication avancée en ligne le 25 février