1) Chute d`étoiles, Anselm Kiefer ( mai-juillet

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1) Chute d`étoiles, Anselm Kiefer ( mai-juillet
L'homme et la guerre
Thématique : art-état-pouvoir : mémoire collective
Domaine : Arts-visuels
Période : 3eme, le 20ème siècle
Thème abordé au travers de 2 grandes expositions au Grand Palais à Paris dans la Monumenta.
Monumenta : chaque année on demande à un artiste majeur de l'art contemporain de créer une
œuvre spéciale conçue pour la nef du Grand Palais. 1Ère édition en 2007 avec Anselm Kiefer, puis
Richard Serra en 2008 et Christian Boltanski en 2010.
1) Chute d'étoiles, Anselm Kiefer ( mai-juillet 2007)
Illustration 1: Chute d'étoiles, Anselm Kiefer 2007
Maisons de tôles, de plaques de béton et d'autres matériaux de récupération abritent des peintures de
l'artiste en lien avec des poêtes comme Bachmann, et Céline avec Voyage au bout de la nuit.
Images et matières sont associées pour créer une forte émotion sur le visiteur.
Le titre allemand de l'exposition : Sternenfall, titre donné à des tableaux anciens : vie et mort de
l'univers avec toutes ces étoiles qui naissent et meurent comme les êtres humains : une métaphore.
Quand une étoile meurt, elle explose, cette matière se reforme pour former de nouveau une étoile,
un cycle universel comme la condition humaine, la guerre avec ses démolitions et ses
reconstructions, la voûte du Grand Palais servant de firmament.
Des débris du monde jetés dans le néant, un monde à reconstruire par celui même qui l'a
détruit : l'homme et le capitalisme : référence à Rosa Luxembourg dans le texte intitulé Ruines
publié dans la Correspondance social-démocrate n°112 en septembre 1914 que reprendra Kiefer
dans son travail à propos de la seconde guerre mondiale.
L'homme est donc absent des tableaux de Kiefer mais non les avions, les bateaux de guerre,
instruments de la destruction qu'il a construit.
Sa biographie permet de comprendre son travail : Anselm Kiefer est né en 1945 dans une
Allemagne dévastée dans laquelle s'amoncellent les ruines matérielles et morales d'un
système : le nazisme. Ses œuvres sont tournées vers le recommencement après la catastrophe
en référence au Faust de Goethe dont il est un lecteur assidu. La volonté de Kiefer est d'endosser
une histoire qu'il n'a pas vécue, ce qui fait de son œuvre un travail de « mémoire sans souvenir »,
l'histoire est une sorte de « carrière », d'où il peut extraire un matériau à façonner.
La quête de son identité est présente dans l'oeuvre dès le départ : comment après l'Holocauste,
être un artiste qui s'inscrit dans la tradition allemande ?
Pour l'édition d'un livre Occupations lors de son voyage en Europe : des peintures le représentent
en faisant le salut hitlérien, en réponse aux critiques il dira : « je ne voulais pas faire de
provocation...je voulais juste savoir qui je suis, d'où je viens, le nazisme étant mon antériorité la
plus proche »...Aujourd'hui il vit à Paris et est titulaire d'une chaire de création artistique au collège
de France. Fait parti du Néo-expressionnisme ( 1980) : renouveau de la peinture expressionniste.
2) Personnes, Christian Boltanski, Monumenta, 2010
Pour sa 3ème édition, l'exposition se passe en hiver et la grande nef n'est pas chauffée
volontairement car le froid joue un rôle essentiel : expérience physique et psychologique pour le
spectateur placé au cœur de l'oeuvre et non devant.
Le visiteur est accueilli par un mur de ferraille( boites de biscuits, le « coffre-fort du pauvre », sorte
d'urnes funéraires) qui une fois franchi révèle au fond de la nef une montagne de vêtements
amoncelés à la merci d'une pince de grue. Métaphore du doigt de Dieu, elle prend au hasard
certaines pièces et en rejette d'autres tandis que de part et d'autre de la Nef des rectangles de
vêtements sont alignés à même le sol au son d'un battement de cœur. Installation sonore et
visuelle qui rappelle la Shoah : la question du souvenir, de la mémoire collective, du destin et de
l'inéluctabilité de la mort : thèmes au cœur de l'oeuvre de Boltanski.
Les vêtements symbolisant les personnes disparues, des sortes de «cadavres», objets et souvenirs du
sujet disparu : reliques, sortes de corps pétrifiés au milieu desquels le spectateur déambule.
Le grand palais rappelant un hangar ou un hall de gare : bâtiment conçu pour l'exposition
universelle de 1900 à Paris. Le spectateur peut donc contempler l'Enfer, il peut enfin regarder la
Mort en face, la Mémoire ( fictive) de ces disparus au hasard de la vie.
Biographie : Né d'un père juif russe et d'une mère corse chrétienne, Boltanski est resté marqué par
le souvenir de l'holocauste.
Boltanski s'éloigne de la peinture à partir de 1967, il intègre dans ses installations des éléments
issus de sa biographie personnelle réelle ou imaginaire qui deviennent le thème principal de
son œuvre.
Il questionne la frontière entre absence et présence : l'absence est un sujet récurrent de son
travail : la vidéo comme la photo sont des mémoires qui font revivre les absents.
Des vidéos qui expriment la souffrance endurée par les juifs et l'horreur de la guerre.
Le thème de la mémoire est omniprésent, l'inconscient, l'enfance et la mort.
Il recrée des instants de vie avec des objets qui ne lui ont jamais appartenu mais qu'il expose comme
tel. Il imagine une vie, se l'approprie et tous les objets de ses dossiers, livres, collections sont les
dépositaires de souvenirs : ils ont un pouvoir émotionnel fort, car ils font appel à la « petite
mémoire », à la mémoire effective, c'est comme comprendre la « grande histoire » par de
« petites histoires ».
Ses œuvres font référence au souvenir, du souvenir d'enfance au souvenir des défunts.
Il fait parti du Narrative Art, association de la photographie et du texte.
Illustration 2: Réserve du musée des
enfants, 2, 1989, 55 photos en noir
et blanc
55 photos en noir et blanc
Illustration 3: Monument 1986
Ces dispositifs muraux dans une semi-obscurité font penser à une chapelle ardente ou à un
monument. Des photos jaunies de jeunes enfants accentuent la violence et le malaise devant ces
installations. L'éclairage fait à la fois référence aux interrogatoires de la police et à une
chapelle ardente à la mémoire des déportations des familles juives vers les camps de la mort.
La pauvreté des moyens utilisés souligne l'irruption de la tragédie dans une vie banale .
C'est aussi une vanité rappelant à l'homme que son passage sur terre est éphémère,
il questionne le sens de la vie (attention ces photos ne sont pas celles de déportés
mais des photos extraites d'albums de famille récupérés en brocante).
Pour vos recherches : oeuvres ou artistes complémentaires :
- Jean Fautrier : La série des otages 1940-1943 ( il fut arrêté par la Gestapo)
- Kurt Schwitters, Merzbau ( commencée en 1923- détruite en 1937)
- Max Ernst, L'Europe après la pluie 1 et 2 ( 1933-1940-42)
- Salvador Dali, Visage de la guerre ( 1940)
- Salvador Dali, prémonition de la guerre civile (1936)
- Pablo Picasso, Guernica ( 1937)
- Pablo Picasso, Le charnier ( 1944)
- John Heartfield, Adolf le surhomme ( 1932)
- John Heartfield, No pasaran ( 1936)
- la Guerre Otto Dix ( 1929-1932)