Eriksson est demandeur - Lequipe
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Eriksson est demandeur - Lequipe
ARCHIVES CE JOUR-LA : 18 DECEMBRE 2006 FOOTBALL RLD est-il prêt à vendre ? Robert Louis-Dreyfus, le propriétaire de l’OM a reçu une offre de Jack Kachkar, un Canadien PDG d’une société de produits pharmaceutiques. Le Vélodrome abritera-t-il bientôt un OM version canadienne ? Robert Louis-Dreyfus a reçu une offre de rachat qui ne le laisserait pas indifférent, venue d’un homme d’affaires issu de l’industrie pharmaceutique. (Photo Pascal Rondeau) Le candidat repreneur mystère de l’OM porte aujourd’hui un nom : Jack Kachkar, PDG canadien d’une société de produits pharmaceutiques. Dans l’entourage de Robert Louis-Dreyfus, on indique que cette offre (dont on ne connaît pas le montant) est à considérer. Mais Jack Kachkar, inconnu au bataillon des repreneurs, roule-t-il seulement pour lui ou pour d’autres investisseurs pour l’instant dans l’ombre ? ROBERT LOUIS-DREYFUS n’a pas mis l’OM en vente – contrairement à ce qu’a fait Canal + avec le Paris-SG – mais depuis sa condamnation, en mars dernier, à trois ans de prison avec sursis (avant appel) dans l’affaire des comptes de l’OM, il examine toutes les offres de rachat. Il en a reçu plusieurs, ces derniers mois, sans qu’elles n’éveillent son intérêt. En revanche, la plus récente, qui remonte au mois dernier, semble de nature à retenir son attention. Dans l’entourage de RLD, on affirme même que cette offre est « la mieux placée » . Elle émane de Jack Kachkar, médecin canadien d’origine hongroise basé à Miami, PDG d’Inyx Inc., une société de produits pharmaceutiques. Une offre crédibilisée par le nom de l’entraîneur pressenti pour diriger l’OM si la reprise aboutissait : Sven-Göran Eriksson, l’ex- sélectionneur de l’Angleterre (voir ci-dessous). Depuis deux jours, son agent (Athole Still), son conseiller financier (Lars Sternmaker) et son adjoint norvégien (Tord Grip) ont tous confirmé l’intérêt d’Eriksson pour le poste d’entraîneur de l’OM. Si ce dernier est connu, il n’en va pas de même pour Jack Kachkar. Il apparaît ainsi pour la première fois dans le cercle des repreneurs d’un club de football européen. Et sa société (Inyx Inc.) est de taille moyenne (572 employés), avec un chiffre d’affaires annuel de 50 millions d’euros. La connexion avec Eriksson ? Pour Magnus Falkehed, qui suit le dossier pour le quotidien suédois « Aftonbladet », « il faut sans doute chercher du côté d’AstraZenaca, la multinationale anglaise et suédoise de produits pharmaceutiques, qui est en rela- tion d’affaires avec Inyx, la société de Jack Kachkar. » Une Coupe Intertoto en dix ans L’offre de reprise de Kachkar a-t-elle donc été formulée pour son compte personnel ou est-il le mandataire d’un ou de plusieurs repreneurs plus fortunés et pour l’instant discrets ? La présence de Sven-Göran Eriksson dans ce « ticket » de reprise est de nature à fournir d’éventuelles pistes. L’ex-sélectionneur de l’Angleterre compte, parmi ses relations, Pini Zahavi, agent israélien LA QUESTION DU JOUR Robert Louis-Dreyfus doit-il vendre l’Olympique de Marseille ? Pour voter, connectez-vous sur www.lequipe.fr entre 6 heures et 22 heures ou envoyez OUI ou NON par SMS au 61008 (0,34 euro + coût d’un SMS). très introduit dans le business du football anglais. C’est lui qui a facilité l’arrivée de Roman Abramovitch à Chelsea et il a été, à un moment, question qu’Eriksson en devienne le manager. Zahavi et Eriksson ont d’ailleurs tous les deux été impliqués dans la polémique entre Chelsea et Arsenal à propos d’Ashley Cole. Toujours par l’entremise de Zahavi, on a aussi évoqué récemment le nom d’Eriksson dans la reprise de Fulham mais également dans le remplacement, il y a quelques jours, d’Alan Pardew, l’exmanager de West Ham (finalement remplacé par Alan Curbishley). Or, le club de l’est londonien est guigné par Eli Papouchado, magnat hôtelier israélien et ami de Pini Zahavi. On devrait en savoir plus dans les prochains jours sur les intentions de Kachkar, sur ses relations avec le milieu du foot et sur la hauteur de son offre. Sera-t-il celui qui va faire lâcher l’OM à Robert Louis-Dreyfus ? L’actionnaire principal de l’OM a « fêté » récemment ses dix ans au club. Pendant longtemps, il a farouchement réfuté toute envie de vendre l’OM. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Robert LouisDreyfus est, depuis le printemps, patron du groupe Louis-Dreyfus, un empire industriel qui pèse 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Ses ennuis judiciaires, directement liés à l’OM, se multiplient, et il se lasse sans doute d’être celui qui, depuis dix ans, éponge les pertes afin de passer le cap de la DNCG, sans avoir gagné un titre (à part la Coupe Intertoto en 2005). RLD est-il sur le départ ? Cette foisci, l’hypothèse prend de l’ampleur. H Jack KACHKAR G Quarante-deux ans, est médecin, diplômé de la faculté de médecine Semmelweisde Budapest (Hongrie). Il réside à Miami, en Floride (USA). G De 1996 à 2002, ce Canadien a été PDG de Miza Pharmaceuticals, une société basée à Toronto au Canada, avant de devenir PDG d’Inyx Inc., une société de produits pharmaceutiques dont le siège social se trouve à New York et qui possède des filiales à Porto Rico, en Angleterre et au Canada. Inyx est associée avec AstraZeneca, une multinationale anglaise et suédoise de produits pharmaceutiques. DOMINIQUE ROUSSEAU Eriksson est demandeur L’OM peut-il rapporter gros ? Contraint à la démission après cinq ans et demi à la tête de l’équipe d’Angleterre, le Suédois ne croule pas sous les propositions. Économiquement parlant, le club phocéen affiche certains handicaps aux yeux d’investisseurs potentiels. LES LARMES AUX YEUX, la gorge nouée par l’émotion, Sven-Göran Eriksson a quitté l’équipe d’Angleterre par la toute petite porte, le 1er juillet dernier, à Gelsenkirchen, au soir de l’élimination de la Coupe du monde par le Portugal (0-0, 1-3 aux t.a.b.). Une nouvelle fois, sous sa direction, après la Coupe du monde 2002 (1-2 contre le Brésil) et l’Euro 2004 (2-2, 5-6 aux t.a.b., contre le Portugal, déjà), l’Angleterre s’était arrêtée en quarts de finale d’un grand tournoi, mais le sort de son sélectionneur suédois était de toute façon scellé depuis longtemps… Mille reproches ont été depuis adressés à Eriksson : le jeu tiède et contre nature imposé au tempérament britannique ; ses hésitations tactiques, d’un match à l’autre, générant notamment une incapacité à faire cohabiter des joueurs de réputation mondiale, comme le duo LampardGerrard au milieu du terrain ; et sa liste des vingt-trois pour l’Alle- MARSEILLE – magne, où il ne convoqua que quatre attaquants, dont un très jeune (Theo Walcott, dix-sept ans, jusque-là jamais testé en Premier League !), un blessé (Rooney) et un convalescent (Owen), lequel rentra au pays prématurément après une terrible rechute (rupture des ligaments croisés à un genou)… « Tué » par l’affaire du faux cheikh… D’ailleurs, une fois la rupture consommée avec le sélectionneur le mieux rétribué de la planète (environ 600 000 euros mensuel !), les stars anglaises se sont lâchées pour exprimer leur soulagement et, sans doute, se dédouaner de leurs propres insuffisances. Dans leurs autobiographies, publiées à la fin de l’été, Frank Lampard et Steven Gerrard furent les plus sévères à l’égard de leur ancien mentor. Le premier exprima sa « stupéfaction » au sujet de la sélection de Walcott, tandis que le capitaine de Liverpool avoua que jouer pour l’Angleterre d’Eriksson était devenu un simple travail et qu’il n’y prit jamais aucun plaisir ! Mais, en réalité, ce sont moins ses résultats d’entraîneur que sa vie privée qui a condamné Eriksson aux yeux de la vorace presse populaire, et donc de l’opinion anglaise. Pendant cinq ans et demi (il avait été nommé en janvier 2001 à la place de Kevin Keegan), les tabloïds s’acharnèrent à exposer ses conquêtes féminines, réelles ou supposées, avant de le « tuer » avec l’affaire du faux cheikh… Ainsi travesti, un journaliste de News of The World était parvenu à lui extorquer des confidences dérangeantes à l’égard de plusieurs joueurs (Rooney, Beckham, Ferdinand…) et de son réel investissement à la cause nationale. Ce fut l’« exclusivité » de trop pour la Football Association (FA), qui finit par négocier un accord avec Eriksson, maintenu en place jusqu’à la Coupe du monde, sous condition, ensuite, de sa démission… L’arrangement n’a pas mis le Suédois à la rue. Il stipulait en effet que jusqu’à ce qu’il retrouve une équipe, Eriksson continuerait à toucher 80 000 euros par mois de la FA jusqu’à la fin (en juin 2008) du contrat signé au préalable. Or, bien que son nom ait été timidement avancé à Newcastle, West Ham ou Benfica, Sven-Göran Eriksson n’a semble-t-il jamais eu de proposition sérieuse depuis cinq mois. Plusieurs fois, il a manifesté l’intention de « retrouver un grand club », où il pourrait « travailler sereinement », dans ce qui serait le huitième club de sa carrière, après Degerfors (1977-1978), l’IFK Göteborg (1979-1982), Benfica (1982-1984, puis 1989-1992), l’AS Rome (1984-1987), la Fiorentina (1987-1989), la Sampdoria (1992-1997) et la Lazio Rome (1997-2001). L’OM peut-il être celui-ci ? JEAN-MICHEL ROUET de notre correspondante L’OM ET LE PSG ne se séparent jamais très longtemps. La semaine dernière encore, ils se sont retrouvés tous les deux sur le banc des mauvais élèves de la Ligue 1 à l’occasion de la publication du bilan annuel des clubs (L’Équipe du 15 décembre). Les pertes de l’OM s’élèvent aux alentours de 10 millions d’euros pour l’exercice 2005-2006 et sont dans la lignée des déficits précédents. « Ces pertes sont dues à la volonté de l’actionnaire d’investir des sommes ponctuelles, dans l’achat de joueurs surtout, qui représente en masse salariale plus de 50 à 55 % des dépenses. Depuis donc, l’actionnaire, qui s’est engagé à garder un budget équilibré, remet 10 millions d’euros par-ci, 12 par-là. » C’est ce qu’il fait depuis dix ans en toute discrétion puisque le club a toujours été déficitaire. Mais Thierry de La Brosse, directeur général et viceprésident du directoire du club, assure que « ce club peut gagner de l’argent en étant géré comme une entreprise normale, avec des salaires corrects et des prises de risques plus calculés. Là, on finit de payer les contrats s’étalant sur quatre et cinq ans qui ont été signés auparavant mais on essaie de définir une politique plus rationnelle et de repartir sur des bases normales. C’est ce que Pape (Diouf) essaie de mettre en H place depuis deux ans ». Au-delà de ces problèmes conjoncturels, l’OM semble pourtant souffrir, aux yeux d’éventuels investisseurs, de défauts structurels importants. Son principal atout réside dans ses droits télévisuels, de toutes origines, qui représentent environ la moitié de ses recettes dans un budget évalué entre 75 et 80 millions d’euros. L’OM reste en effet le premier club diffusé (15 fois sur 19 sur cette première moitié de Championnat) devant Lyon et le PSG. Vingt-cinq pour cent des recettes sont générées par le pôle marketing, sponsoring et licences (sur les produits dérivés). Vingt-huit mille places échappent au club Le dernier quart enfin découle de la billetterie, toutes compétitions confondues. Mais une partie de cette billetterie échappe au club. Les associations de supporters ont obtenu d’acheter au club les 28 000 places des virages pour 3 millions d’euros. Elles gèrent ensuite leur revente et s’en approprient les bénéfices. « Il est évident que ces places pourraient nous rapporter le double, explique Thierry de La Brosse. Sauf que nous n’aurions pas la même ambiance dans le stade sans ces supporters. Nous faisons cet effort financier sur le potentiel global des places mais les supporters mettent une animation que peu de campagnes publicitaires peuvent offrir. » L’OM est également très handicapé sur le plan des installations. Il n’est propriétaire ni de son stade, structure municipale, ni de son centre d’entraînement, également propriété de la Ville de Marseille avec qui le club a passé un bail emphytéotique (une location de longue durée et à faible coût) de trente ans. Il était question, dans le futur projet d’agrandissement du Stade-Vélodrome, de le concevoir comme un vaste espace commercial. Mais cela suppose que le maire de Marseille accepte de faire entrer d’éventuels investisseurs dans le tour de table requis pour ce réaménagement. Et signer avec le club un bail emphytéotique comme pour la Commanderie. Bref de changer la donne. « C’est un nouveau business-plan vers lequel se dirigent tous les grands clubs, poursuit le viceprésident de l’OM, pour intégrer la capacité d’utiliser toutes les opportunités commerciales du stade en luimême. » Dans ces conditions, il est plutôt difficilement envisageable de faire entrer le club en bourse, possibilité offerte aux clubs français depuis la semaine passée : « Pour l’instant, les conditions ne sont pas réunies, c’est certain. Mais ce n’est pas la volonté de Robert Louis-Dreyfus d’entrer en Bourse. » Un handicap de plus pour séduire des investisseurs ? HÉLÈNE FOXONET