LES ESPACES VERTS DE L`ABBAYE DE FONTFROIDE

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LES ESPACES VERTS DE L`ABBAYE DE FONTFROIDE
LES ESPACES VERTS
DE L’ABBAYE DE FONTFROIDE
La roseraie et les jardins en terrasses de l’Abbaye de Fontfroide font partie de la zone classée
« Monument Historique », qui est délimitée par l’enceinte qui clôt l’abbaye et comprend le
portail d’entrée, les bâtiments et les cours et les jardins en terrasses.
La roseraie
Jusqu’à la Révolution, en lieu et place de l’actuelle roseraie, à savoir au sud de l’église
abbatiale, se trouvait le cimetière des moines et des nobles, que l’on implantait
traditionnellement dans un verger. À l’abandon depuis plus d’un siècle, une roseraie y fut
plantée vers 1910 suite au rachat de l’Abbaye par la famille d’Andoque/Fayet. Entretenue
avec amour pendant des décennies, elle fut victime en 1986 d’un terrible incendie criminel qui
ravagea environ 2.500 hectares du Massif de Fontfroide, détruisant sur son passage les deux
tiers des jardins en terrasses, un cèdre et des dizaines de cyprès centenaires qui ornaient
l’ancienne roseraie. En 1988, Fontfroide présenta au concours « un jardin ou un fruitier dans
un monument historique ouvert au public » un plan de réaménagement de la roseraie et en
reçut le 1er prix, constitué de 1.000 rosiers du rosiériste Delbard. Pour réaliser l’aménagement
prévu, il fallut dessoucher les arbres brûlés, et pour cela démolir le mur d’entrée de la roseraie
afin d’y faire pénétrer une pelle mécanique, nettoyer et aplatir le terrain. On remonta ensuite
le mur, et on dessina les massifs et les allées, remblayés par plus de 10 tonnes de gravier
stérile. Furent plantés au total 2.382 rosiers, des bordures de buis et de santolines, et installé
un arrosage par goutte à goutte.
Les aménagements furent terminés en 1989 et Madame Valéry Giscard d’Estaing, amie
d’enfance de Christiane d’Andoque, épouse du gérant de la SCI Abbaye de Fontfroide en
poste à l’époque, un des petits-fils de Madeleine et Gustave Fayet, acquéreurs de l’abbaye en
1908, vint inaugurer la roseraie le 6 juin 1990. Cette entreprise, menée à bien avec l’aide du
Conseil Régional du Languedoc-Roussillon, couta plus de 300.000 Francs (45.734 Euros)
mais apporta indéniablement un plus aux visiteurs de l’Abbaye.
En 2003, le plan général fut modifié car il était apparu que les massifs étaient trop grands pour
un bon entretien. De petites allées plantées de rosiers tiges furent créées. Les bordures de
vieilles santolines et buis furent également changées.
En 2007, Sophie Dionet, architecte paysagiste rencontrée lors de la 4ème Fête des Plantes et du
Massif fut consultée dans le but de mettre en place un projet de restauration touchant tout à la
fois la roseraie et les jardins en terrasses.
Six nouvelles variétés - soit au total 400 nouveaux rosiers - remplacèrent celles devenues trop
fragiles. Ces rosiers, dans les tons de roses et de blancs caractéristiques de la roseraie de
Fontfroide, furent choisis pour leur capacité d’adaptation au climat méditerranéen et de
résistance aux maladies. Les murs ceignant la roseraie furent garnis de rosiers grimpants, de
chèvrefeuilles et de clématites. Des bordures de pérovskia et de lavandes blanches vinrent
ponctuer le bassin central et chaque petite « placette ». Leur feuillage aromatique était destiné
à attirer les insectes pollinisateurs et à détourner les pucerons des rosiers. Des buis boule
renforcent et animent la structure des carrés bordés de buis. Tous les massifs ont été amendés
manuellement avec du compost végétal et de l’amendement organique biologique (fumiers de
bergeries). En fertilisant le sol et en améliorant sa structure (sol compacté), il a donc été
possible de réduire voire supprimer tout apport d’engrais chimiques tout en ayant des plantes
en bonne santé.
En 2013, pour célébrer les 10 ans d’existence de la Fête des Plantes, l’abbaye a fait créer une
rose par le rosiériste obtenteur de rosiers Guillot. Appelée rose « Abbaye de Fontfroide », elle
provient d’un rosier appartenant à la famille des rosiers GENEROSA, de type remontant, au
parfum classé niveau 2 sur une échelle allant de 1 à 3. Ses fleurs sont de couleur rose
soutenue, avec un cœur jaune orangé. Issue d’une variété hybride et sélectionnée par la
Roseraie Guillot, la création de cette rose a suscité un travail d’une durée de 7 ans. Désormais
présente dans la roseraie de Fontfroide, elle occupe deux massifs.
Dès les beaux jours, la roseraie fait partie du circuit de la visite du monument. Attention, elle
n’est pas inclue dans celle des jardins en terrasses.
Les jardins en terrasses
Les jardins en terrasses de Fontfroide témoignent du riche passé de l’abbaye. Leur histoire
s’étale sur plusieurs siècles et leur beauté et leur originalité est due à de nombreux créateurs.
La première « créatrice » fut certainement Constance de Frégose. Issue d’une riche famille de
Génois, mère du futur abbé commendataire de Fontfroide, elle était venue se réfugier en 1548
au château de Saint-Nazaire (propriété de Fontfroide) pour fuir la révolte contre la Gabelle qui
s’étendait de Bordeaux à Toulouse. Constance était une passionnée de jardins. À Agen où l’un
de ses fils était évêque, elle avait entre autres fait aménager le jardin de Bazens dont les
terrasses descendaient jusqu’à la Garonne avec des allées plantées de cyprès et de lauriers.
Prenant place sur le flan de la colline ouest face aux bâtiments, les jardins en terrasses de
Fontfroide ont été organisés en différents clos et terrasses successives, reprenant une
organisation tracée par les moines au fil des siècles.
La famille Fayet, propriétaire depuis 1908, continua leur aménagement, comme en
témoignent les archives familiales, faisant état de différentes campagnes de plantations et
remaniements. Sont parvenus jusqu’à nous de nombreux témoignages du passé, tels un réseau
de bassin et fontaines - avec l’impressionnant Bassin de Neptune - entre lesquels l’eau
circulait par un ingénieux système de gravitation, des statues et vases de marbres, et enfin un
précieux patrimoine végétal (chênes verts, cyprès, arbousiers, buis, lauriers…).
En 2006, la première terrasse des jardins fut aménagée. Cette année-là, une exposition
consacrée à Gustave Fayet avait lieu au musée d’Elne. En parallèle, l’ancienne chapelle des
étrangers appelée la « Thurne » fut transformée en un musée permanent permettant de
présenter un premier échantillonnage des œuvres de Gustave Fayet : poteries, tableaux,
estampes, tapis.
L’accès à la Thurne se faisant obligatoirement par les jardins, cela relança la nécessité de
programmer la restauration de ces jardins. En effet, situés en dehors des circuits de visites,
elle s’était avérée moins urgente malgré les dégâts causés par l’incendie de 1986.
La restauration des jardins en terrasses débuta donc réellement en 2007-2008.
L’idée de Sophie Dionet fut de jouer sur la correspondance entre le minéral (les bâtiments du
monastère) et le végétal. Les jardins étaient en assez piteux état. Il y avait eu des campagnes
de nettoyage sporadiques quand on avait eu à la fois le temps et la main-d’œuvre, mais la
nature avait repris ses droits. Beaucoup de murets étaient éboulés. Une sérieuse reprise en
main était nécessaire dès le départ.
Conformément au projet retenu, face à l’abbatiale romane se trouvent les jardins du Moyenâge, puis le style architectural des bâtiments et des jardins évoluent en parallèle, passant du
style renaissance au classicisme de la cour d’honneur. Chaque terrasse montre ainsi un art et
une pratique différente du jardin avec des types de plantes correspondant à chaque période :
plantes sauvages apprivoisées et plessis au Moyen-âge ou plantes d’autres continents
découvertes à la Renaissance par exemple. Cela permet de répondre au but recherché de créer
un jardin didactique et pédagogique.
Dès le printemps 2008, les premiers jardins thématiques ont été ouverts à la visite :
 le «sous-bois méditerranéen»
 l' « hortus conclusus » - clos monastique du Moyen Âge, 12-14ème siècles : Au sein
des abbayes, les moines avaient en charge l’entretien de l’hortus conclusus. Il se
structure autour d’une croix formée par deux allées perpendiculaires, avec au centre un
olivier, arbre emblématique de la région qui rappelle l’utilisation exclusive de son
huile lors du carême.
 le «jardin des abeilles» : Ce clos présente l’orientation d’un rucher traditionnel,
permettant aux abeilles de profiter des rayons du soleil levant. Les ruches étaient
posées sur ces murets de pierres destinés à les isoler du sol et les mettre à portée de
main.
La restauration des jardins se poursuit année après année. Depuis 2008, une équipe « espaces
verts » a progressivement été recrutée. Elle comporte à l’heure actuelle trois jardiniers à plein
temps, qui donnent une nouvelle impulsion à l’évolution des jardins. L’Abbaye de Fontfroide
a été récompensée pour ses efforts par la Fondation Pictet qui lui a remis le prix « Jardin
Patrimoine » le 4 juin 2010 et a obtenu en 2012 le label « Jardin Remarquable ».
A l’heure actuelle, deux parcours sont proposés pour une visite libre payante permettant de
découvrir les jardins et leur évolution: le parcours historique et le parcours paysager. Le fil
conducteur est un voyage à travers l’histoire de l’Art des jardins, du Moyen-Âge à nos jours.
Tous deux offrent de magnifiques vues sur les majestueux bâtiments de l’abbaye et du Massif
classé environnant. Les visiteurs déambulent à leur rythme, croisant ici ou là quelques statues,
telles un flûtiste, ou encore l’immense bassin de Neptune, récemment restauré et remis en eau
grâce au sculpteur Alphonse Snoeck.
Les jardins sont accessibles quotidiennement dès le printemps à partir de 10h, pour une visite
payante non guidée. Les groupes, sur réservation, ont la possibilité de suivre une visite
commentée par un des jardiniers de Fontfroide, toujours désireux de faire partager leur
passion et d’expliquer quelles sont les plantes que vous êtes en train d’admirer, comment elles
se cultivent, et la démarche choisie pour entretenir ce si bel espace depuis plusieurs siècles.
Le Massif de Fontfroide
Le Massif de Fontfroide qui entoure l’Abbaye, lui a fourni pierres et bois pour sa
construction. Magnifique massif, à qui, déjà au 11ème siècle, les premiers moines ont voulu
rendre hommage en donnant son nom à leur Abbaye.
La mise en avant du Massif de Fontfroide pendant certaines manifestations culturelles ou
sportives a pour but de sensibiliser le grand public à la richesse de ce patrimoine naturel, mais
aussi à sa fragilité. Situé au sein du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée,
le site naturel classé du Massif de Fontfroide offre la possibilité de faire des balades dans la
garrigue avoisinante composée de centaines d’espèces végétales rares et méconnues.
Constitué de 10.000 hectares de nature intacte, de pinède, de garrigues, de plus de 50 km de
chemins bordés d’essences méditerranéennes, avec des vues inoubliables sur la mer, les
Pyrénées, et la Montagne Noire, cet ensemble naturel exceptionnel reste à découvrir.
Toutes les activités pratiquées sur ce site sont soumises aux respects des règles élémentaires
liées au risque d'incendie et à la préservation de la faune et de la flore.
Pour plus de renseignements :
Abbaye de Fontfroide
RD 613 – 11100 Narbonne
www.fontfroide.com
04 68 45 11 08 – [email protected]

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