L`intérêt d`une analyse patrimoniale en ZPPAUP – AVAP
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L`intérêt d`une analyse patrimoniale en ZPPAUP – AVAP
Colloque « Une nouvelle gouvernance pour la gestion du patrimoine architectural et paysager français : des ZPPAUP aux AVAP du Grenelle II » - Université d’Angers - Faculté de droit (Centre Jean Bodin) - 10 et 11 février 2011- Actes sous la direction d’Arnaud de LAJARTRE, maître de conférences en droit public ([email protected]) L’INTERET D’UNE ANALYSE PATRIMONIALE EN ZPPAUP-AVAP Yves STEFF architecte urbaniste L’AVAP est destinée à définir dans quelles conditions le patrimoine doit être pris en compte dans la politique d’aménagement mise en œuvre sur un territoire. Comment procédons‐nous, Architectes Urbanistes, chargés de l’étude de l’AVAP, pour conduire l’analyse patrimoniale et pour inscrire le champ patrimonial dans la politique d’aménagement communale ? Le préalable consiste nécessairement à définir le patrimoine avant de s’interroger sur le sort qui lui sera réservé. Les collectivités nous confient ces missions de constat puis de propositions, à nous Architectes Urbanistes animant des équipes toujours davantage pluridisciplinaires. Cette pluridisciplinarité conduit nécessairement à élargir le champ patrimonial. Mais sommes‐nous capables de proposer un constat objectif du patrimoine d’un territoire ? Tentons l’expérience à travers le cas de la ZPPAUP de Guérande (Loire‐Atlantique). En effet si ce constat permet de s’appuyer sur des éléments presque objectifs : ‐ ‐ la présentation de l’histoire comme une succession d’évènements politiques, sociaux et artistiques… la décomposition de la production patrimoniale propre à chaque époque (paysages – activités humaines – monuments – formes urbaines – architecture) la définition de typologies paysagères, urbaines et architecturales ‐ ‐ ‐ la reconnaissance systématique des différents patrimoines sur site la définition des sites à enjeux etc. … ‐ Très vite émergent autant d’éléments subjectifs : ‐ comme l’histoire du territoire est‐elle ressentie localement ? ‐ ‐ l’appréciation de la qualité des différents patrimoines renvoie à des références propres à chacun la hiérarchie des différents patrimoines ‐ la capacité locale (Elus et Services) à assumer dans le futur ces patrimoines (bagage culturel et moyens techniques) ‐ ‐ la résistance des acteurs économiques les choix politiques affirmés dans un Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) ou dans un plan de référence etc. … ‐ Donc si l’analyse des éléments les plus objectifs par le chargé d’étude doit être la plus exhaustive et la plus approfondie possible et constituer le préalable nécessaire pour que ne soient pas « oubliés » un certain nombre d’éléments patrimoniaux, très rapidement les éléments subjectifs tels qu’esquissés doivent être à leur tour développés. Cela ne peut se faire qu’avec les différents acteurs qui agissent sur ce territoire et que sont : les Elus, les services et surtout les habitants. 31/01/2011 Colloque « Une nouvelle gouvernance pour la gestion du patrimoine architectural et paysager français : des ZPPAUP aux AVAP du Grenelle II » - Université d’Angers - Faculté de droit (Centre Jean Bodin) - 10 et 11 février 2011- Actes sous la direction d’Arnaud de LAJARTRE, maître de conférences en droit public ([email protected]) Nous ne sommes pas dans une technocratie et la démarche de l’AVAP consiste à définir un contrat social local. C’est en effet avec ces partenaires que pourront être définis : ‐ la politique d’aménagement voulue sur ce territoire ‐ la place que le patrimoine prend dans cette politique (en sera‐ce le socle même ou une série d’obstacles à contourner ?) La règle urbaine et donc patrimoniale est aujourd’hui suspecte dans cette période de dérégulation. Les alternatives de politique urbaines sont aujourd’hui les suivantes : ‐ tout « laisser filer » pour deux raisons qui pourraient sembler antinomiques ne pas entraver l’activité économique : la préservation du patrimoine serait contradictoire avec la création, expression de la modernité que permettent les techniques contemporaines. o favoriser le développement durable : le patrimoine serait énergivore et doit être brutalement adapté à l’aide de prothèses (capteurs solaires – éoliennes – sur‐isolation – etc. …). Ce « laisser filer » suppose l’absence de règles ou leur extrême souplesse. Tout « protéger ». Cette deuxième attitude répond à une demande populaire effrayée par l’évolution trop rapide à notre société. Tout est alors patrimoine et le risque est de tout figer et de conduire à une période de régression. Distinguer les secteurs géographiques patrimoniaux à protéger strictement des secteurs d’évolution urbaine libres de toute contrainte sauf en cas de proximité visuelle d’éléments patrimoniaux où de simples règles de cadrage réglementaire semblent suffisants. o ‐ ‐ L’AVAP ne peut être qu’un acte d’urbanisme, un acte politique qui propose un équilibre entre l’intérêt général et les intérêts privés. Notre expérience, en particulier ici dans la ZPPAUP de Guérande mais aussi dans celle de la Rochelle ou de Brest, nous apprend que le patrimoine, à partir du moment où il a été reconnu après avoir été analysé n’apparaît plus comme un obstacle mais constitue au contraire le socle sur lequel peut se bâtir une politique urbaine réellement partagée et autour duquel peut se souder la société. En effet que serait une politique urbaine ignorante de l’histoire d’un territoire ou méprisante vis‐à‐ vis de cette histoire ? L’exemple de Bucarest montre bien qu’elle conduit à une impasse. Il nous appartient avec tous ces acteurs d’écrire une règle urbaine qui à la fois préserve ce socle et en même temps définit les espaces d’évolution, de mutation ou de création urbaine. L’écriture d’une telle règle n’est pas une fin en soi si elle n’est pas expliquée et partagée. Il est inutile d’empiler des règles s’il n’y a personne pour les mettre en œuvre. Il convient à l’occasion de la mise en place de l’AVAP d’engager une dynamique, une politique opérationnelle permettant d’inscrire dans les faits les principes qui fondent la règle. Il me semble indispensable, comme le font les Petites Cités de caractère, de prévoir des missions d’animation des AVAP, une fois approuvé le document réglementaire, sous le contrôle des Commissions Locales AVAP envisagées par la Loi. Le chargé d’étude de l’AVAP pourrait ainsi voir se prolonger sa mission sous la forme de vacations pendant plusieurs années pour créer, avec l’Architecte des Bâtiments de France et les Services Municipaux, les conditions de cette dynamique. L’AVAP apparaîtrait non pas comme une contrainte mais comme le cadre d’une politique dynamique de valorisation du patrimoine et de développement du territoire communal. 31/01/2011