F Capitaines d`avril

CAPITAINES D’AVRIL
Maria DE MEDEIROS (2000)
meilleur film 2000 à la Mostra de Sao Paulo
meilleur film et meilleur actrice pour les Globo d’oro au Portugal (2001)
Salgueiro Maia : Stefano Accorsi
Antonia : Maria de Medeiros
Gervasio : Joaquim de Almeida
Le film de Maria de Medeiros présente un réel intérêt pour qui s’intéresse au Portugal, à
l’histoire ou à l’Europe – voire aux trois, ce qui n’est pas incompatible. Il raconte la
Révolution des Œillets qui mit fin à la dictature de Salazar, le 25 avril 1974 : en seize
heures et sans violence s’effondra un régime dictatorial qui perdurait depuis quarante
ans. Les événements de cette journée nous sont présentés à travers le point de vue de
trois personnages attachants.
Maria de Medeiros incarne une jeune femme, professeur de lettres et journaliste, dont
le frère est ministre du dictateur. Contrairement à lui, elle est opposée au régime. Son
mari, un militaire dont elle est séparée, prend lui aussi part aux événements. Enfin un
jeune capitaine de leurs amis joue un rôle déterminant dans la révolution.
Les personnages permettent de glisser sans peine dans un déroulement historique
présenté de façon très claire et fluide.
Maria de Medeiros a du talent : la mise en scène est tonique, sans temps morts ni
longueurs. La réalisatrice a apporté un soin particulier à la lumière et chaque scène
baigne dans une atmosphère propre. Les acteurs sont excellents : Stefano Accorsi très
crédible ou Joaquim de Almeida dont le talent a fait l’un des acteurs portugais les plus
célèbres à l’étranger.
Très pédagogique, le film donne quantité d’informations sur la dictature de Salazar, qui
ressemblait beaucoup à celle de Franco. Des militaires sont bien à l’origine de la
Révolution des Œillets, mais le peuple portugais les a massivement suivis, voire parfois
guidés. La réalisatrice met en valeur la spécificité de ce moment d’histoire : le manque
de préparation de soldats putschistes « trop jeunes pour être achetés », soutenus et
portés par l’élan populaire, l’atmosphère de débordement et de liesse du soulèvement.
De fait, la Révolution des Œillets (ainsi appelée car l’un des points de rassemblement
était le marché aux fleurs de Lisbonne, en pleine saison des œillets) ne fera que quatre
morts ; seule la police politique, Polícia Internacional e de Defesa do Estado, opposera
une résistance armée et tirera sur la foule.
Le film existe bien sûr doublé en français, mais ce peut être un plaisir de le voir en
version originale sous-titrée, même sans comprendre le portugais, pour le plaisir des
intonations réelles des acteurs et de cette langue chantante.
Maria de Medeiros est une artiste reconnue, qui a reçu de nombreux prix et
récompenses. On la connaît plus comme comédienne que comme réalisatrice ou
metteuse en scène ; en trente ans de carrière elle n’a d’ailleurs réalisé qu’une petite
dizaine de films et de documentaires. Pour ma part je n’ai vu que Capitaines d’avril
mais je recommande chaleureusement cette émouvante page d’histoire.
Karin LAFONT-MIRANDA – 2004-2015
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