©AFP Général - 8 Septembre 2003 - 08:04

Transcription

©AFP Général - 8 Septembre 2003 - 08:04
©AFP Général - 8 Septembre 2003 - 08:04 - Heure Paris
Environnement-consommation-déchets
La vogue des lingettes: mini-dose, maxi-prix et maxi-déchets (PAPIER
D'ANGLE) par Marie-Pierre FEREY
PARIS, 8 sept (AFP) - Les lingettes sont partout: ces serviettes jetables
imprégnées de produit nettoient aujourd'hui la maison du sol au plafond,
débarbouillent les bébés et même les chiens et les plantes. Elles coûtent
pourtant cher et contribuent à l'inflation d'emballages dans nos poubelles.
La vogue des lingettes nettoyantes date de 1999 en France. 4 foyers français
sur 10 les utilisent régulièrement. Pour les industriels, c'est tout bénéfice,
puisqu'elles ne se substituent pas aux détergents traditionnels mais
représentent essentiellement un chiffre d'affaires "en plus".
Le consommateur paye "un peu plus cher mais c'est tellement pratique",
estime Anna Gallais, chargée de communication chez Procter et Gamble
France. La lingette répond selon elle à "un besoin de nettoyage rapide sans
sortir la grosse artillerie de la serpillère et du balai".
Nettoyer la maison avec des lingettes revient 15 fois plus cher qu'à la
serpillère et au balai (555 euros par an contre 35 euros) et génère 23 kilos
de déchets par an contre 1,1 kg, selon une étude de l'Observatoire de la
consommation durable à Bruxelles.
Un ménage qui n'utiliserait que des lingettes pour la maison, le linge
(lingettes assouplissantes, détachantes etc.) et l'hygiène (démaquillante...)
dépenserait 1.108 euros par an. Il produirait 58 kg supplémentaires de
déchets par an, dont la quasi totalité (55 kg) ne sont pas repris par la
collecte sélective et donc pas recyclés.
Les lingettes, contrairement au flacon vide de détergents que le
consommateur trie, vont dans le "tout venant" des déchets ménagers
incinérés. Or le volume de déchets ne cesse de croître: +1,3% par an.
Chaque français produit plus de 370 kg de déchets par an, contre 345 kg il y
a dix ans et 220 kg dans les années 60.
50% du volume de nos poubellesLes emballages pèsent 30% du poids et
50% du volume de nos poubelles. Les industriels font certes des efforts, avec
les recharges et les produits concentrés par exemple. Mais la tendance
récente est à la mini-dose, responsable d'une prolifération de sachets et
conditionnements.
"L'ensemble de ce qui sort des derniers temps va dans le sens du pire en
matière d'emballage", constate Nadia Boeglin, de la cellule éco-produit à
l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Et de
citer l'essor des doses individuelles dans l'alimentation, qu'il s'agisse de
fromage, café ou goûter des petits, et même les cosmétiques où des mini
doses sont apparues sur le marché allemand. 25 dosettes de café génèrent
dix fois plus d'emballage que le paquet traditionnel de 100 grammes de café.
La nécessité des mini-doses reste à prouver. Les publicités vantent le café
dégusté par l'aventurier dans le désert, une image "nomade" fort éloignée
des réalités quotidiennes, relève Nadia Boeglin. Les mini-doses participent à
une "ère du jetable fortement valorisée", constate le réseau belge Ecoconsommation, qui promeut des comportements plus écologiques. "Le
jetable, c'est le confort, la modernité, le progrès et le contraire du ringard".
Les consommateurs ne perçoivent pas le produit jetable comme
dommageable pour l'environnement. Eco-consommation propose des
alternatives aux lingettes: dans la plupart des cas, il suffit d'une éponge, de
l'eau et du savon.
Le consommateur soucieux d'environnement peut se repérer avec les labels,
comme NF Environnement ou le label européen (une fleur étoilée).