UNIVERSITE DE CORSE-PASCAL PAOLI Thèse
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UNIVERSITE DE CORSE-PASCAL PAOLI Thèse
UNIVERSITE DE CORSE-PASCAL PAOLI ECOLE DOCTORALE ENVIRONNEMENT ET SOCIETE UMR CNRS 6134 (SPE) Thèse présentée pour l’obtention du grade de DOCTEUR EN ASPECTS MOLECULAIRES ET CELLULAIRES DE LA BIOLOGIE Mention : Biochimie et Biologie Moléculaire Soutenue publiquement par Florine Gonord le 28 septembre 2011 __________________________________________________________ Etude des effets des facteurs de l’environnement sur la concentration en caroténoïdes dans la pulpe de clémentines (Citrus clementina Hort. Ex Tan.) __________________________________________________________ Directeurs: Mr Laurent Urban, Professeur, Université d’Avignon Mme Liliane Berti, Professeur, Université de Corse Rapporteurs : Mme Hélène Gautier, Dr-HDR, INRA d’Avignon Mr Pierre Baldet, Dr-HDR, INRA de Bordeaux Jury Mr Laurent Urban, Professeur, Université d’Avignon Mme Liliane Berti, Professeur, Université de Corse Mme Hélène Gautier, Dr-HDR, INRA d’Avignon Mr Pierre Baldet, Dr-HDR, INRA de Bordeaux Mr Félix Tomi, Professeur, Université de Corse Mr Frédéric Bourgaud, Professeur, Université de Nancy REMERCIEMENTS Merci à l’INRA et à la Collectivité Territoriale de Corse d’avoir financé mon travail de thèse. Merci à Mme Dominique Agostini, présidente du centre INRA de San Giuliano et à Mr Olivier Pailly, directeur de l’unité de recherche Génétique et Ecophysiologie de la Qualité des Agrumes de l’INRA de San Giuliano de m’avoir accueillie et permis de réaliser mes travaux de recherches au sein de l’unité. Merci à Mr Laurent Urban, professeur au laboratoire de Physiologie des Fruits et Légumes à l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse de m’avoir confié ce sujet de thèse et de m’avoir encadré au cours de ces 4 années. Merci d’avoir partagé tes idées, tes réflexions, de ton encadrement, de tes relectures et corrections et d’avoir su me remotiver quand cela était nécessaire. Merci à Mme Liliane Berti, professeur et directrice du laboratoire de Biochimie et Biologie Moléculaire du Végétal à l’Université de Corse de m’avoir co-encadré. Merci. Merci à Melle Anne-Laure Fanciullino, chargé de recherche au sein de l’unité GEQA de l’INRA de San Giuliano, pour son encadrement, son aide et ses encouragements infaillibles depuis son arrivée. Merci à Mme Hélène Gautier, chargé de recherche au sein de l’unité Plantes et Systèmes de cultures Horticoles de l’INRA d’Avignon et à Mr Pierre Baldet, chargé de recherche au sein de l’unité à l’UMR 1332, Biologie du Fruit et Pathologie de l’INRA de Bordeaux, d’avoir accepté d’être rapporteur de cette thèse. Merci à Mr Frédéric Bourgaud, directeur du laboratoire Agronomie et Environnement de l’UMR 1121 INRA-Université de Nancy et à Mr Félix Tomi, professeur et directeur du laboratoire de Chimie et Biomasse de l’Université de Corse d’avoir accepté de faire partie de mon jury de thèse également constitué de Mme Liliane Berti, et Mr Laurent Urban. Merci à Mme Félicie Lauri, maitre de conférence au laboratoire Physiologie des Fruits et Légumes à l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse, à Mme Huguette Sallanon, professeur et directrice du laboratoire Physiologie des Fruits et Légumes à l’Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse, à Mme Hélène Gautier, à Mr Frédéric Bourgaud et à Mr Luc Bidel, professeur au laboratoire de biochimie et Physiologie Végétale à l’Université de Montpellier pour leur participation à mon comité de thèse, pour leurs conseils scientifiques, leurs aides sur les méthodes de dosages et leurs soutiens. Merci à Melle Elodie Carcouët, technicienne au sein de l’unité GEQA de l’INRA de San Giuliano pour sa contribution aux analyses biochimiques et, à Mr Jérémie Santini, doctorant au sein de l’unité GEQA de l’INRA de San Giuliano pour sa contribution aux analyses des activités enzymatiques lors de son stage de master, à Mr Jérôme Barbaggio, technicien au sein de l’unité GEQA de l’INRA de San Giuliano et à Mme Isabelle POGGI, ingénieur à la DDTM pour leurs contributions à la mise en place des expérimentations. Merci à l’équipe du domaine, Franck, Emmanuel, Maxime, Jean-Marc, Charles-Hugo, Jean-Jacques, Abel, Matthieu, Stéphane, Philippe 1, René, Philippe 2, Jean-François, Christian, Paul-Eric, Augustin, Victor et Josée pour tous les bons moments passés ensemble autour d’une tasse de thé, d’un gâteau ou d’un barbecue. Merci à l’équipe du labo, Yann, François, Gilles, Albert, Jean, Isabelle, Sajjad, JeanBaptiste, Matthieu, Sabrina et Emmanuel. Une tasse de thé, un gâteau, un ragot, des retours de vacances, … tous est prétexte pour faire une petite pause et oublier le quotidien du travail par quelques bons fous rires. Merci à Jeanine et à Jean-Pierre. On se rappellera de ces discussions autour d’un sirop et de nos soirées jeux de société inoubliables. Pour finir, un merci un peu spécial pour ma petite famille de corse : Sandrine, Jérôme, Mourad et Julien. Tellement de choses se sont passées au cours de ces 4 années, que quelques lignes ne suffiraient pas à exprimer toute ma reconnaissance, mon amitié et plus encore alors que dire de plus que merci. SOMMAIRE PARTIE I : INTRODUCTION ...............................................................................1 I. Les caroténoïdes et la santé humaine ........................................................................ 1 II. Le modèle d’étude : les agrumes................................................................................ 4 II.1. Importance économique ............................................................................................ 4 II.2. Origine des agrumes................................................................................................... 5 II.3. Classification des agrumes ......................................................................................... 6 II.4. Le fruit ........................................................................................................................ 7 II.4.1. Structure du fruit ................................................................................................ 7 II.4.2. Développement du fruit ..................................................................................... 9 II.5. Valeur nutritionnelle des fruits .................................................................................. 9 III. La qualité des fruits ................................................................................................. 12 III.1. Le métabolisme des sucres et des acides organiques ............................................. 12 III.2. Le métabolisme des caroténoïdes ........................................................................... 13 III.2.1. Structure des caroténoïdes .............................................................................. 14 III.2.2. Caractéristiques des caroténoïdes ................................................................... 16 III.2.3. Localisation et stockage des caroténoïdes....................................................... 18 III.2.4. Rôles des caroténoïdes dans la plante ............................................................. 19 III.2.1. La voie de biosynthèse des précurseurs .......................................................... 23 III.2.1.1. La biosynthèse des précurseurs : le diméthyallyle et le pyrophosphate et l’isopentényle pyrophosphate ..................................................................... 24 III.2.1.1.1. La voie du mévalonate ......................................................................... 25 III.2.1.1.2. La voie du méthylérythritol phosphate ................................................ 26 III.2.1.2. La biosynthèse du phytoène ....................................................................... 28 III.2.2. La biosynthèse des caroténoïdes ..................................................................... 28 III.2.2.1. Les réactions de déshydrogénation............................................................. 28 III.2.2.2. Les réactions de cyclisation ......................................................................... 29 III.2.2.3. La formation des xanthophylles .................................................................. 30 III.2.3. La dégradation des caroténoïdes ..................................................................... 30 III.2.3.1. Formation de l’acide abscissique ................................................................ 31 III.2.3.2. Formation des autres apocaroténoïdes ...................................................... 32 III.2.4. La régulation de la voie de biosynthèse ........................................................... 34 III.2.4.1. Régulation transcriptionnelle ...................................................................... 34 III.2.4.1.1. Régulation au niveau de la voie du méthylérythritol phosphate ......... 34 III.2.4.1.2. Les étapes clés de la voie de biosynthèse des caroténoïdes ............... 36 III.2.4.2. Rôle de la lumière ........................................................................................ 37 III.2.4.3. Rôle du statut redox des plastoquinones .................................................... 37 III.2.4.4. Rôle des produits finaux .............................................................................. 38 III.2.4.5. Rôle du stockage des caroténoïdes ............................................................. 39 IV. Influence des facteurs de l’environnement sur la biosynthèse et l’accumulation des caroténoïdes................................................................................................................... 41 IV.1. Les effets de l’environnement sur l’accumulation des caroténoïdes ...................... 41 IV.2. Statut carboné ou stress oxydatif ?.......................................................................... 43 IV.2.1. L’influence du statut carboné sur la concentration en caroténoïdes .............. 43 IV.2.1.1. Liens entre les métabolismes primaire et secondaire ................................ 43 IV.2.1.1.1. Théories déterministes ........................................................................ 45 IV.2.1.1.2. Théories mécanistes............................................................................. 47 IV.2.2. L’influence du stress oxydatif sur la concentration en caroténoïdes .............. 47 IV.2.2.1. Le stress oxydatif et les espèces réactives de l’oxygène ............................ 49 IV.2.2.2. La formation des espèces réactives de l’oxygène ....................................... 52 IV.2.2.2.1. La production d’espèces réactives de l’oxygène au cours la photosynthèse ...................................................................................... 54 IV.2.2.2.2. La production d’espèces réactives de l’oxygène au cours de la photorespiration ................................................................................... 57 IV.2.2.2.3. La production d’espèces réactives de l’oxygène au cours de la respiration ............................................................................................. 58 IV.2.2.3. Le statut redox cellulaire ............................................................................. 59 IV.2.2.4. Rôles des espèces réactives de l’oxygène et des variations de statut redox dans le contrôle de la biosynthèse des caroténoïdes ................................. 61 IV.2.3. V. Les interactions entre l’effet du statut carboné et l’effet du stress oxydatif .. 63 Problématique et objectifs ...................................................................................... 64 PARTIE II : MATERIELS ET METHODES ............................................................66 I. Le matériel végétal .................................................................................................. 67 II. Les dispositifs expérimentaux .................................................................................. 67 II.1. Effet de l’alimentation en sucres sur les critères de qualité des fruits d’agrumes .. 67 II.1.1. Première étude : en fonction du stade de maturité des fruits ........................ 67 II.1.2. Deuxième étude : en fonction des différents stades de développement du fruit ................................................................................................................... 68 II.2. Troisième étude : effet d’un stress photooxydatif imposé au niveau des feuilles sur la concentration en caroténoïdes des fruits proches .............................................. 72 III. Conservation des échantillons ................................................................................. 75 IV. Mesure de l’indice de maturité ................................................................................ 75 V. Les analyses biochimiques ....................................................................................... 76 V.1. Dosage des sucres et des acides organiques ........................................................... 76 V.1.1. Préparation des échantillons............................................................................ 76 V.1.1.1. Extraction des sucres.................................................................................... 76 V.1.1.2. Extraction des acides organiques ................................................................. 76 V.1.2. Analyse des sucres par HPLC ............................................................................ 77 V.1.3. Analyse des acides organiques par HPLC ......................................................... 77 V.1.4. Identification et quantification des sucres et des acides organiques .............. 78 V.2. Dosage des caroténoïdes ......................................................................................... 78 V.2.1. Préparation des standards ............................................................................... 78 V.2.2. Extraction et saponification des caroténoïdes ................................................. 79 V.2.1. Analyse des caroténoïdes par HPLC ................................................................. 81 V.2.2. Identification et quantification des caroténoïdes ............................................ 81 V.3. Dosage du péroxyde d’hydrogène ........................................................................... 82 V.4. Dosage de l’ascorbate .............................................................................................. 83 VI. Les analyses statistiques .......................................................................................... 84 VI.1. Analyse de variance .................................................................................................. 84 VI.2. Représentation Heatmap ......................................................................................... 84 PARTIE III : RESULTATS ET DISCUSSION..........................................................85 I. L’effet de l’alimentation en sucres sur la biosynthèse des caroténoïdes ................... 87 I.1. En fonction des stades de maturité des fruits ......................................................... 87 I.1.1. L’effet de la charge en fruits sur les critères de qualité organoleptiques et nutritionnels ..................................................................................................... 87 I.1.1.1. L’effet de la charge en fruits sur le calibre du fruit et sur les indicateurs de maturité ........................................................................................................ 87 I.1.1.2. I.1.2. L’effet de la charge en fruits sur les caroténoïdes ....................................... 91 L’effet de la charge en fruits, à la date III, sur les concentrations et la composition en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes .................. 95 I.1.3. I.2. Conclusion ........................................................................................................ 98 En fonction de différents stades de développement des fruits ............................... 98 I.2.1. Variations de calibre et d’indice de maturité du fruit .................................... 100 I.2.1. Concentration en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes ............. 102 I.2.2. Variations des concentrations et des proportions en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes pour les deux traitements considérés .......... 106 I.2.3. Conclusion ...................................................................................................... 110 II. L’effet du stress oxydatif et du statut redox sur la biosynthèse des caroténoïdes ....110 II.1. L’effet de fortes intensités lumineuse sur les indicateurs de stress des feuilles ... 112 II.2. Mise en évidence d’un signal entre les feuilles et le fruit ...................................... 115 II.3. L’effet de fortes intensités lumineuses sur les différentes formes d’ascorbate et sur le statut redox ........................................................................................................ 118 II.4. L’effet de fortes intensités lumineuses sur les critères de qualité du fruit ........... 121 II.5. Conclusion .............................................................................................................. 122 PARTIE IV : CONCLUSION ET PERSPECTIVES ................................................. 123 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................ 130 ANNEXES ..................................................................................................... 158 ANNEXE 1 : ARTICLE DE SYNTHESE......................................................................................... 159 ANNEXE 2 : POSTERS .............................................................................................................. 178 TABLE DES FIGURES Partie I : Introduction bibliographique Figure 1: Production d'agrumes ................................................................................................. 3 Figure 2: Origine et dispersion des agrumes.............................................................................. 5 Figure 3: Classification des Aurantioideae. ................................................................................ 6 Figure 4: Structure du fruit d'agrumes ....................................................................................... 7 Figure 5: Croissance et développement du fruit ........................................................................ 8 Figure 6: Métabolisme des sucres et des acides organiques .................................................. 11 Figure 7: Les caroténoïdes........................................................................................................ 14 Figure 8: Structure fine des caroténoïdes d’après Britton (1995). .......................................... 15 Figure 9: Représentation de la transition chloroplaste-chromoplaste)................................... 17 Figure 10: Spectres d'absorption de la chlorophylle a, de la chlorophylle b, des carotènes et des xanthophylles pour les différentes longueurs d’onde. ............................................. 20 Figure 11 : Cycle des xanthophylles (A) et répartition des xanthophylles au cours du cycle (B) .......................................................................................................................................... 22 Figure 12: Biosynthèse des précurseurs .................................................................................. 24 Figure 13: Voie du mévalonate ................................................................................................ 25 Figure 14: Voie du méthylérythritol phosphate ....................................................................... 26 Figure 15: Voie de biosynthèse des caroténoïdes ................................................................... 27 Figure 16: Voie de biosynthèse de l'acide abscissique ............................................................ 31 Figure 17: La régulation de la voie de biosynthèse des précurseurs. ...................................... 33 Figure 18: La régulation de la voie de biosynthèse des caroténoïdes. .................................... 35 Figure 19: Théorie de l’équilibre entre les mécanismes de différenciation et de croissance 44 Figure 20: Réseau de signalisation impliquant les interactions entre les hormones et les espèces réactives de l’oxygène ........................................................................................ 46 Figure 21: Déséquilibre de la balance entre les espèces réactives de l'oxygène (ROS) et les antioxydants ..................................................................................................................... 48 Figure 22: Formation des différentes espèces réactives de l'oxygène ................................... 50 Figure 23 : Formation d'espèces réactives de l'oxygène dans les chloroplastes ..................... 53 Figure 24: Formation de peroxyde d'hydrogène lors de la photorespiration ......................... 56 Figure 25: Production d’anion superoxyde dans la chaine de transport des électrons de la membrane mitochondriale interne.................................................................................. 58 Partie II: Matériels et méthodes Figure 26: Dispositif expérimental utilisé pour étudier l’effet sur les critères de qualité du fruit d’une réduction réversible ou non de l’alimentation en sucres en fonction du stade de développement. .......................................................................................................... 69 Figure 27: Spectre de caractérisation de la transmission de l’énergie lumineuse pour les deux ombrières utilisées ........................................................................................................... 71 Figure 28: Dispositif expérimental utilisé pour étudier l’effet sur les fruits d’un stress photooxydatif appliqué au niveau des feuilles proches. ................................................. 73 Partie III: Résultats et discussion Figure 29: Diamètre (A) et poids frais de fruits de clémentine (B), au cours de la maturation, en fonction de la charge en fruits .................................................................................... 86 Figure 30 : Concentrations en sucres totaux (A), en acide totaux (B) et du rapport matière sèche sur matière fraîche (MS/MF) de fruits de clémentine (C), au cours de la maturation, en fonction de la charge en fruit ................................................................. 88 Figure 31: Concentrations en caroténoïdes totaux de fruits de clémentine, au cours de la maturation, en fonction de la charge en fruits ............................................................... 90 Figure 32: Quantité de caroténoïdes totaux par fruit de, à la date III, pour les traitements avec une charge en fruits ................................................................................................. 90 Figure 33 : Concentrations en sucres (A), en acides organiques (B) et en caroténoïdes (C) dans les fruits de clémentine, à la date III, pour tous les traitements correspondent à une charge en fruits ......................................................................................................... 94 Figure 34: Concentration en caroténoïdes totaux, en fonction de la charge en fruits (élevée et moyenne), du stade de développement auquel la charge été appliquée (précoce, intermédiaire et tardif) et la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) par rapport au témoin ............................................................................................................................ 101 Figure 35: Heatmap représentant les concentrations en métabolites primaires (sucres et acides organiques) et secondaires (caroténoïdes) dans la pulpe en fonction des différents traitements appliqués. .................................................................................. 103 Figure 36: Concentrations en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes, en fonction de la méthode utilisée : défoliation ou ombrage pour une charge en fruits élevée appliquée précocement, après la chute physiologique du fruit par rapport au témoin ............... 105 Figure 37: Evolution du rendement quantique maximal du photosystème II (Fv/Fm) (A), de la fluorescence minimale (Fo) (B) et de la fluorescence maximale (Fm) (C), au cours du stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse ......................................... 111 Figure 38: Variation de l’indice de performance (PI) (A), et de ses composantes : la densité des centres de réactions actifs exprimée en fonction de la chlorophylle (RC/ABS) (B), des réactions lumineuses pour la photochimie primaire (Fv/Fo) (C) et des réactions sombres [(1-Vj)/Vj] (C), après exposition à un stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse ..................................................................................................... 113 Figure 39: Evolution du statut rédox de l’ascorbate dans la pulpe des fruits, au cours du stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse .......................................... 119 Figure 40: Concentrations en sucres (A), en acides organiques (B) et en caroténoïdes (C) dans la pulpe des fruits, à t=99h après l’application du stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse ...................................................................................................... 120 TABLE DES TABLEAUX Partie I : Introduction bibliographique Tableau 1: Composition en caroténoïdes dans la pulpe des fruits d'agrumes exprimée en mg.L-1 ................................................................................................................................ 10 Tableau 2: Effets positifs des facteurs de l’environnement, la lumière, la température, l’approvisionnement en carbone, la sécheresse, la salinité et la fertilisation azotée, sur la concentration en caroténoïdes par rapport à la matière fraîche dans différents fruits .......................................................................................................................................... 40 Tableau 3: Effets négatifs des facteurs de l’environnement, la lumière, la température, l’approvisionnement en carbone, la sécheresse, la salinité et la fertilisation azotée, sur la concentration en caroténoïdes par rapport à la matière fraîche dans différents fruits .......................................................................................................................................... 42 Tableau 4 : Production des espèces réactives de l’oxygène (ROS) dans une cellule végétale. 51 Partie II: Matériels et méthodes Tableau 5: Données climatiques du mois de juillet 2007 au mois de janvier 2008 à San Giuliano. ........................................................................................................................... 68 Tableau 6 : Données climatiques du mois de juillet 2008 au mois de décembre 2008 à San Giuliano. ........................................................................................................................... 70 Tableau 7: Données climatiques du 3 au 13 février 2009 à San Giuliano. ............................... 75 Tableau 8: Préparation des solutions standards. ..................................................................... 78 Partie III: Résultats et discussion Tableau 9: Indice de maturité des fruits de clémentine en fonction des charges en fruits et des dates considérées ...................................................................................................... 89 Tableau 10: Pourcentages des différentes formes de caroténoïdes, de sucres et d’acides organiques, en fonction de la charge en fruits, à la date III............................................. 96 Tableau 11: Diamètre, poids du fruit frais et indice de maturité, en fonction de la charge en fruits (élevée, moyenne), du stade de développement auquel la charge a été appliquée (précoce, intermédiaire et tardif) et la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) par rapport au témoin (charge en fruits faible) ..................................................................... 99 Tableau 12: Concentrations en sucres totaux et en acides organiques totaux, en fonction de la charge en fruits (élevée, moyenne), du stade de développement auquel la charge a été appliquée (précoce, intermédiaire et tardif) et la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) par rapport au témoin (charge en fruits faible). ........................................... 101 Tableau 13: Pourcentages des différentes molécules de caroténoïdes, de sucres et d’acides organiques, respectivement, en fonction de la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) pour une charge en fruits élevée appliquée précocement, après la chute physiologique du fruit. ................................................................................................... 107 Tableau 14: Concentrations en peroxyde d’hydrogène, dans la pulpe des fruits, en fonction de l’intensité du stress photooxydatif ........................................................................... 116 Tableau 15 : Concentrations en ascorbate réduit, en déshydroascorbate, et en ascorbate total, dans la pulpe du fruit, en fonction de l’intensité du stress photooxydatif. ......... 117 ABBREVIATIONS CMK A A Anthéraxanthine AA Ascorbate réduit ABA Acide abscissique 4-(cytidine-5’-diphospho)-2Cméthyl-D-érythritol kinase CMT 2-C-méthyl-D-xylulose-5phosphate synthase Acétyl-CoA Acétyl-Coenzyme A CoA-SH Coenzyme A ADN Acide désoxyribonucléique CRTISO Caroténoïde isomérase ADP Adénosine diphosphate CS Citrate synthase ALD Aldolase CTP 2-C-méthyl-D-xylulose-5- AOX Alternative oxydase APX Ascorbate peroxydase ARNm Acide phosphate synthase D ribonucléique messager D Défoliation AT Acidité titrable DBMIB 2,5-dibromo-6-isopropyle-3- ATP Adénosine triphosphate méthyle-1,4-benzoquinone DCMU diméthylurée B BHT Ter-nutylhydroxytoluène DHA Déshydroascorbate DHAR Déshydroascorbate réductase C C Cytochrome c CAT Catalase CDD Dioxygénase DMAPP clivant les DTT DL-dithioéthréitol DXP 1-désoxy-D-xylulose-5phosphate 4-(cytidine-5’-diphospho)-2Cméthyl-D-érythritol CDP-MEP DXPS diphospho-2C-méthyl-D- 1-désoxy-D-xylulose-5phosphate synthase 2-phospho-4-cytidine-5’- érythritol Diméthylallyle pyrophosphate caroténoïdes CDP-Me 3-(3,4-dichlorophényle)-1,1 DXR 1-désoxy-D-xylulose-5phosphate réductase E E1/E2 ESS NAD(P)H H déshydrogénase HDR 1-hydroxy-2-méthyl-2-(E)- externe butényl-4-phosphate Extrait soluble sec réductase HDS 1-hydroxy-2-méthyl-2-(E)butényl-4-phosphate F synthase FAD Flavine adénine diphosphate Fd Ferrédoxine HK Hexokinase FNR Ferrédoxine NADP-réductase HMBPP 1-hydroxy-2-méthyl-2-(E)- FPP Farnésyle pyrophosphate Fo Fluorescence minimale Fm Fluorescence maximale Fv/Fo : Réactions lumineuses pour la butényl-4-phosphate HMG-CoA CoA HMGR Rendement quantique HMGS 3-hydroxy-3-méthylglutarylCoA synthase maximal du photosystème II HPLC Chromatographie liquide haute performance G GDBH 3-hydroxy-3-méthylglutarylCoA réductase photochimie primaire Fv/Fm 3-hydroxy-3-méthylglutaryl- Théorie de l’équilibre entre la différenciation et I la I1 croissance NADH déshydrogénase interne GO Glycolate oxydase GPP Géranyle pyrophosphate IDH Isocitrate déshydrogénase GGPP Géranyle IM Indice de maturité INV Invertase IPP Isopentényle pyrophosphate IPS Isopentényle géranyle pyrophosphate GGPPS Géranyle géranyle pyrophosphate synthase GR Glutathion réductase GSH Glutathion réduit GSSG Glutathion disulfide isomérase diphosphate L NEM N-éthylmaléimide LOD Limite de détection NO Monoxyde d’azote LOQ Limite de quantification NPQ Non LCY-β Lycopène β cyclase LCY-ε Lycopène ε cyclase quenching NSY Néoxanthine synthase O M MCS photochemical O 2-C-méthyl-D-érythritol-2,4- Ombrage cyclodiphosphate synthase P MDHA Monodéshydroascorbate MDHAR Monodéshydroascorbate PDH Pyruvate déshydrogénase réductase PDS Phytoène désaturase 2-C-méthyl-D-érythritol-2,4- PFK Phosphofructokinase cyclodiphosphate PGP Phosphoglycolate phosphate 2-C-méthyl-D-érythritol-4- Pi Phosphate inorganique phosphate PI Indice de performance MF Matière fraîche PK Pyruvate kinase MnSOD Superoxyde PQ Plastoquinone manganèse PQH2 Plastoquinone réduite MS Matière sèche PTOX Plastoquinone oxydase MTBE Méthyl-tert-butyl éther PSI Photosystème I MVA Mévalonate PSII Photosystème II MVK Mévalonate kinase PSY Phytoène synthase MVP Mévalonate-5-phosphate PMD Mévalonate diphosphate MVPP Mévalonate-5-diphosphate PMK Di-phospho-mévalonate Me-cPP MEP dismutase à kinase N NAD(P) Nicotinamide adénine PPi Pyrophosphate inorganique PVP Polyvinyle pirrolidone dinucléotide (phosphate) NCED Q Dioxygénase clivant les 9-cisapocaroténoïdes Q Pool d’ubiquinone R RC/ABS ROS U Densité des centres UDP Uridine diphosphate réactionnels actifs exprimée UTP Uridine triphosphate en fonction de la chlorophylle UV Ultra-violet Espèces réactives de l’oxygène S SAA V V Violaxanthine VDE Violaxanthine dé-époxydase Acclimatation de systémique acquise SE SM Z Stress d’intensité lumineuse Z Zéaxanthine élevé ZDS ζ-carotène désaturase Stress d’intensité lumineuse ZEP Zéaxanthine époxydase moyen SOD Superoxyde dismutase (1-Vj)/Vj Réactions en phase obscure SS Saccharose synthase 3-PGA Glycéraldéhyde-3-phosphate β-HY β-carotène hydroxylase ε Coefficient T T Témoin TPP Thiamine pyrophosphate TRX Thiorédoxine d’extinction molaire ε-HY ε-carotène hydroxylase AVANT PROPOS Ce travail a été réalisé au sein de l’unité GEQA « Génétique et Ecophysiologie de la Qualité des Agrumes » à l’INRA de Corse. Une partie de ce travail a fait l’objet d’une valorisation sous forme d’articles, de communications orales, et de posters. ARTICLE PUBLIE : Poiroux-Gonord F., Bidel L.P.R., Fanciullino A.L., Gautier H., Lauri-Lopez F., Urban L. 2010. Health benefits of vitamins and secondary metabolites of fruits and vegetables and prospects to increase their concentrations by agronomic approaches. Journal of Agricultural and Food Chemistry 58, 12065-12082. ARTICLE SOUMIS : Poiroux-Gonord F., Fanciullino A.L., Berti L., Urban L. Effect of fruit load on maturity and the concentration in carotenoids of Clementine fruits (Citrus clementina Hort. Ex Tan.). Soumis à Journal of the Science of Food and Agriculture. COMMUNICATION ORALE : Gonord F., Fanciullino A.L., Berti L., Urban L. 2009. It is possible to increase the carotenoid concentrations of Citrus fruits by acting on environment factors. 3 rd International Symposium on Human Health Effects of Fruits and Vegetables. Avignon, France. POSTERS: Gonord F., Berti L., Urban L. 2008. Effet des facteurs de l’environnement sur la teneur en caroténoïdes dans la pulpe de clémentine. Journée de l’école doctorale. Corte, France. Urban L., Gonord F., Berti L., Sallanon H., Lauri F. 2008. Effet de l’agriculture biologique sur la valeur santé des fruits et légumes: réflexions et études en cours sur la clémentine et la tomate. DINABIO. Montpellier, France. Gonord F., Fanciullino A.L., Berti L., Urban L. 2009. Sugars influence the biosynthesis of carotenoids in the pulp of clementine fruits (Citrus clementina). Les réserves végétales et leurs importances agronomiques et sylvicoles. Caen, France. Gonord F., Fanciullino A.L., Berti L., Urban L. 2011. Effet de la charge en fruits sur la maturité et la concentration en caroténoïdes dans les fruits de la clémentine (Citrus clementina Hort. Ex Tan.). Journée de l’école doctorale. Corte, France. Partie I : Introduction Partie I : Introduction bibliographique I. Les caroténoïdes et la santé humaine Les plantes produisent une large diversité de molécules organiques. On appelle métabolites secondaires, celles qui ne sont pas impliquées directement dans les processus majeurs que sont la croissance et le développement. En accord avec la nomenclature adoptée par la Fondation Anglaise de Nutrition, les métabolites secondaires des plantes peuvent être divisés en trois groupes majeurs : les terpénoïdes (environ 25000 composés actuellement recensés), les alcaloïdes (environ 1200 composés) et les composés phénoliques (environ 8000 composés) (Goldberg, 2003). Contrairement aux métabolites primaires, les métabolites secondaires sont souvent inégalement répartis à travers les groupes taxonomiques du règne végétal. Parmi les métabolites secondaires, certains sont essentiels à la vie, les vitamines comme, par exemple les tocophérols. Cependant toutes les vitamines ne sont pas considérées comme des métabolites secondaires. C’est le cas de l’ascorbate, l’antioxydant principal chez les plantes et pour l’Homme. D’autres métabolites secondaires sont des provitamines. Ils sont convertis en vitamines dans l’intestin des animaux. Ainsi, la βcryptoxanthine et le β-carotène, présents chez plusieurs fruits et légumes, sont des précurseurs de la vitamine A (Fraser et Bramley, 2004; Fraser et al., 2007; Krinsky, 1989). Les fruits et légumes représentent la principale source de vitamines, et de métabolites secondaires (Kaur et Kapoor, 2001). Les bénéfices nutritionnels des fruits et des légumes sont partiellement attribuables à leurs fortes teneurs en vitamines et en composés secondaires (UNESCO, 2008). En 2008, l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) a estimé que 63% des décès dans le monde sont dus aux maladies non transmissibles. Parmi ces maladies non transmissibles, 80% des décès sont dus aux maladies cardiovasculaires, aux cancers, aux maladies respiratoires et au diabète. Dans un rapport publié conjointement par l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) et la FAO en 2003, il est recommandé de consommer au moins 400g, de fruits et légumes journellement (FAO, 2003). Bien que les bénéfices nutritionnels des fruits et des légumes frais aient été établis depuis longtemps, leur consommation demeure insuffisante. Dans certains pays, comme la France, malgré le nombre de campagnes d’informations organisées par le ministère de la santé et les associations, les quantités de fruits et légumes frais consommées restent inférieures aux recommandations de la FAO. Dans les pays développés, il peut être intéressant pour les 1 Partie I : Introduction bibliographique filières de proposer des fruits et des légumes avec des quantités augmentées ou garanties en micronutriments pour que les consommateurs n’aient pas besoin d’augmenter leur consommation journalière de fruits et de légumes. De même, les fruits et légumes enrichis en micronutriments permettraient aux populations des pays en voie de développement d’avoir une alimentation de meilleure qualité. Contrairement aux glucides, aux lipides et aux protéines, qui sont hydrolysés en petites molécules assimilables lors de l’ingestion par l’Homme, les caroténoïdes précurseurs de la vitamine A (β-carotène, α-carotène et β-cryptoxanthine) sont convertis dans l’intestin en vitamine A. Les caroténoïdes précurseurs de la vitamine A (β-carotène, α-carotène et βcryptoxanthine) sont des composants essentiels au régime alimentaire humain (Fraser et Bramley, 2004; Fraser et al., 2007; Krinsky, 1989). La vitamine A est impliquée dans la synthèse d’hormones, les réponses immunitaires, la régulation de la croissance et la différenciation cellulaire (Bender, 2003; Combs, 1995). La consommation accrue de fruits et légumes et un apport supplémentaire en caroténoïdes joueraient un rôle important dans la prévention de certaines formes de cancers, des maladies cardiovasculaires et de la dégénérescence maculaire. Par exemple, Miller et al. (2004) ont montré une association inverse entre la consommation de fruits et le risque de cancer du poumon chez les sujets non-fumeurs. Un effet protecteur des fruits et légumes sur les cancers des voies aérodigestives supérieures (pharynx, larynx, œsophage,…) a également été observé par Boeing et al. (2006). De même, les teneurs en lycopène et en caroténoïdes totaux présentes dans le plasma et le risque de cancer de la prostate ont été corrélés négativement (Key et al., 2004). La β-cryptoxanthine et la zéaxanthine seraient impliquées en association avec la vitamine C, le rétinol et l’α-tocophérol, dans la prévention des cancers gastriques et du cancer colorectal (Jenab et al., 2006). Des études récentes ont montré que le lycopène pourrait avoir des effets bénéfiques sur certaines lésions malignes dans la cavité buccale et pourrait donc contribuer à la prévention et au traitement des cancers (Lu et al., 2011). Des études épidémiologiques ont mis en évidence l’existence d’une corrélation négative entre le taux de caroténoïdes et l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires (Gaziano et al., 1995). Une forte concentration en caroténoïdes, et en particulier en zéaxanthine et en lutéine, est corrélée avec un moindre risque de dégénérescence sénile maculaire (Tavani et al., 1996). 2 Figure 1: Production d'agrumes (Source FAO). A : Principales cultures fruitières mondiales ; B : Principales zones de productions des agrumes dans le monde ; C : Principaux pays producteurs d’agrumes dans le Bassin Méditerranéen. 3 Partie I : Introduction bibliographique Du fait de leur concentration et de leur composition en caroténoïdes, les agrumes sont un modèle d’étude idéal. En effet, les agrumes contiennent de forte concentrations en caroténoïdes et une grande diversité de caroténoïdes (Gross et al., 1987), dont la βcryptoxanthine qui est une provitamine A. La β-cryptoxanthine et la violaxanthine sont les principaux caroténoïdes respectivement chez la clémentine et chez l’orange. II. Le modèle d’étude : les agrumes II.1. Importance économique En 2009, la production mondiale a été de 124,4 millions de tonnes (Mt). La production d’agrumes est au 1er rang des productions fruitières devant la banane (95.6 Mt), la pomme (71,7 Mt), et le raisin (66,9 Mt) (Figure 1A). Cette production est composée à 60% d’oranges, à 22% de petits agrumes (clémentines et mandarines), à 12% de citrons et à 4% de pomelos. Le reste de la production correspond à des cultures marginales comme le cédrat et le kumquat. Plus de la moitié de la production mondiale est destinée à la consommation de fruits frais, le reste étant transformé (Source FAO). Les principales zones de production d’agrumes sont la Chine (25 Mt), le Brésil (20,5 Mt), le Bassin Méditerranéen (20 Mt) et les Etats-Unis (10,7 Mt), suivis par le Mexique (7,5 Mt) et l’Inde (7,2 Mt) (Figure 1B). Les productions issues du Brésil et des Etats-Unis sont principalement destinées à la transformation, tandis que les productions issues de la Chine et du Bassin Méditerranéen sont avant tout destinées à la consommation de fruits frais. Au sein du Bassin Méditerranéen, les principaux pays producteurs sont l’Espagne (5,5 Mt), l’Italie (3,6 Mt), la Turquie (2,8 Mt), l’Egypte (2,6 Mt) et le Maroc (1,3 Mt) (Figure 1C) (Source FAO). 4 Partie I : Introduction bibliographique II.2. Origine des agrumes Figure 2: Origine et dispersion des agrumes d'après Ollitrault et al. (2003). Les agrumes ont une origine asiatique. Ils sont issus des régions tropicales et subtropicales du nord-est asiatique, du nord-est de l’Inde, de la péninsule indochinoise et de l’archipel malais (Nicolosi, 2007). La diffusion des agrumes a eu lieu à travers le monde. Les conquêtes grecques et romaines en Asie Mineure et au Moyen-Orient ont permis la dispersion du cédrat. Les croisades et l’expansion de la civilisation islamique, quant à eux, ont permis de propager les agrumes acides, les échanges commerciaux et la découverte des nouveaux mondes ont permis l’introduction des orangers (Figure 2). La seule espèce non originaire d’Asie est le pomelo (Citrus paradisi Macf.) découvert par C. Colomb lorsqu’il est arrivé dans les Caraïbes. De nos jours, les agrumes sont cultivés dans le monde entier entre le 40ème parallèle nord et le 40ème parallèle sud. La première espèce d’agrumes introduite et cultivée dans le Bassin Méditerranéen en 300 av. J.C. est le cédratier (C. medica L.). Le bigaradier (C. aurantium L.) a été introduit par les Arabes en Afrique depuis l’Inde puis diffusé en Méditerranée. La clémentine est une espèce récente, caractérisée au XXème siècle, originaire d’Afrique du Nord et issue d’un 5 Partie I : Introduction bibliographique croisement entre l’oranger doux et le mandarinier. Le bassin méditerranéen est une zone importante de diversification secondaire pour les orangers (C. sinensis (L.) Osbeck), les petits fruits d’agrumes: mandariniers et clémentiniers (C. reticulata Blanco et C. clementina Hort. Ex Tan.), et les citronniers (C. Limon (L.) Burm.). II.3. Classification des agrumes Figure 3: Classification des Aurantioideae d’après Swingle et Reece (1967). Les agrumes appartiennent à la famille des Rutaceae, l’une des 21 familles composant l’ordre des Géréniales. Les Rutaceae comprennent 1600 espèces et 150 groupes regroupés en 7 sous-familles et 12 tribus. Les « agrumes vrais » regroupent 6 genres sexuellement compatibles de la famille des Rutaceae, de la sous-famille des Aurantioideae, et de la tribu des Citreae (Figure 3) (Swingle et Reece, 1967). La majorité des espèces dont les fruits sont consommés appartiennent au genre Citrus. Le genre Fortunella rassemble deux à sept espèces communément appelées kumquat. Le genre Poncirus, mono-spécifique, est utilisé comme porte-greffe du fait de ses résistances aux contraintes biotiques (Praloran, 1971). La classification des agrumes diverge selon les taxonomistes. Swingle et Reece (1967) ont identifié 16 espèces dont 8 comestibles alors que Tanaka (1961) a décrit 162 espèces. 6 Partie I : Introduction bibliographique II.4. Le fruit Le fruit d’agrumes est un type spécial de baie appelé « hespéridium ». C’est un fruit « vrai » né de la croissance et du développement d’un ovaire, composé d’un nombre variable d’unités, arrangées radialement en carpelles. Un petit fruit secondaire, appelé « navel », est présent chez certaines espèces (Spiegel-Roy et Goldschmidt, 1996). II.4.1. Structure du fruit Les fruits d’agrumes sont composés de deux régions morphologiques distinctes, le péricarpe communément appelé la peau, et l’endocarpe, qui est la partie comestible du fruit connue sous le nom de pulpe (Figure 4). Figure 4: Structure du fruit d'agrumes d'après Praloran (1971). La peau est composée de l’épicarpe ou flavedo qui est la couche externe colorée, et du mésocarpe ou albédo qui est la couche interne blanche riche en glandes à huiles essentielles. Durant les premiers stades du développement du fruit, le flavedo est un tissu vert photosynthétique (Spiegel-Roy et Goldschmidt, 1996). Au cours de la maturation, la chlorophylle est dégradée et les chloroplastes sont transformés en chromoplastes riches en caroténoïdes. La pulpe qui est la partie comestible du fruit, est composée de segments qui sont entourés d’une membrane et remplis de sacs à jus (Spiegel-Roy et Goldschmidt, 1996). 7 8 Figure 5: Croissance et développement du fruit d'après Spiegel-Roy et Goldschmidt (1996) et Tadeo et al. (2008). Partie I : Introduction bibliographique II.4.2. Développement du fruit La croissance et le développement des fruits suivent une courbe de croissance sigmoïde typique, divisée en trois phases : la division cellulaire (phase I), le grossissement cellulaire (phase II) et la maturation des fruits (phase III) (Figure 5A) (Bain, 1958). La phase initiale, ou phase I, est caractérisée par la division cellulaire et un faible grossissement cellulaire. Cette phase dure entre cinq et dix semaines après la floraison (Spiegel-Roy et Goldschmidt, 1996). Par la suite, pendant la période de croissance rapide (phase II), les fruits subissent une très forte augmentation de la taille par grossissement cellulaire et accumulent des réserves et de l’eau. Cette période dure de 4 à 6 mois (Mehouachi et al., 1995). La phase III, également définie comme la période de maturation, où la croissance ralentit très fortement. L’accumulation des sucres dans les fruits commence lors de la phase II pour atteindre un maximum au stade de maturité tandis que l’accumulation des acides organiques atteint son maximum au milieu de la phase II (Figure 5B). Ensuite, une diminution de la quantité d’acide est observée. Les fruits mûrs, sont caractérisés par une faible acidité (Iglesias et al., 2007). L’accumulation massive de caroténoïdes est concomitante à la dégradation de la chlorophylle (Figure 5C) (Kato et al., 2004). La quantité de caroténoïdes est faible au début du développement des fruits. Au cours du changement de couleur des fruits (passage de la couleur verte à la couleur orange), on observe une diminution en carotènes (β-, α-, δ-, et ζ-carotènes) et en β,ε-xanthophylles (lutéine) et une augmentation de β,β-xanthophylles (β-cryptoxanthine, zéaxanthine et violaxanthine) (Kato et al., 2004; Rodrigo et al., 2004). A maturité, les petits fruits tels que la mandarine accumulent préférentiellement de la β-cryptoxanthine (Goodner et al., 2001; Ikoma et al., 2001) tandis que les oranges accumulent de la violaxanthine (Lee, 2001). II.5. Valeur nutritionnelle des fruits La pulpe des fruits d’agrumes est composée à 85-90% d’eau (Erickson, 1968). A côté des sucres solubles, des acides organiques dont la vitamine C, des acides aminés, et de la 9 Partie I : Introduction bibliographique pectine, on trouve des composés secondaires (flavonoïdes, anthocyanes, et caroténoïdes) et des minéraux (Spiegel-Roy et Goldschmidt, 1996). Il existe une grande diversité de caroténoïdes chez les agrumes. Leurs concentrations sont spécifiques des espèces (Tableau 1). Tableau 1: Composition en caroténoïdes dans la pulpe des fruits d'agrumes exprimée en mg.L-1 d'après Fanciullino et al. (2006). Citron Euréka lutéine cis-violaxanthine zéaxanthine phytoène β-cryptoxanthine phytofluène ζ-carotène α-carotène β-carotène lycopène caroténoïdes totaux Pomelo Star Ruby 2,130 0,165 0,126 1,711 0,369 2,826 10,072 0,291 17,566 Mandarine Willowleaf 2,389 0,670 0,682 1,126 10,287 1,267 0,465 0,133 1,781 Orange Shamouti 1,155 10,581 0,853 0,758 2,694 0,703 0,957 0,091 0,587 22,481 17,790 Clémentine 0,733 3,261 0,830 0,946 9,087 1,265 1,098 0,147 2,434 24,962 La pulpe des agrumes a une composition complexe en caroténoïdes, elle peut contenir jusqu’à 40 molécules différentes (Rouseff et al., 1996). Les agrumes peuvent être classés en trois groupes. Le groupe des mandarines, clémentines et oranges, est caractérisé par une forte concentration en caroténoïdes totaux et notamment en xanthophylles. La βcryptoxanthine est le composant majeur des clémentines et des mandarines tandis que la cis-violaxanthine s’accumule préférentiellement chez l’orange. Le groupe des citrons et des limes est caractérisé par une faible concentration en caroténoïdes, tandis que le groupe des pomelos est riche en lycopène (Fanciullino et al., 2006). 10 Figure 6: Métabolisme des sucres et des acides organiques d’après Buchanan et Balmer (2005) et Taiz et Zieger (2006). ALD : aldolase ; ATP-PFK: phosphofructokinase dépendante de l’ATP; CoA-SH : coenzyme A ; CS : citrate synthase ; HK : hexokinase ; IDH : isocitrate déshydrogénase ; INV : invertase ; PPi : pyrophosphate ; PPi-PFK: phosphofructokinase dépendante du PPi ; PDH : pyruvate déshydrogénase ; PK : pyruvate kinase ; SS : saccharose synthase. 11 Partie I : Introduction bibliographique III. La qualité des fruits Chez les agrumes, la qualité des fruits est liée à plusieurs propriétés physiques incluant la taille, la forme, la couleur, la texture, le nombre de graines, la facilité d’épluchage,… et à des composés chimiques : sucres, acides, composés aromatiques volatils, vitamine C et caroténoïdes (Iglesias et al., 2007). Même si l'aspect extérieur des fruits n'est pas déterminant dans la qualité du fruit, une belle couleur orange est habituellement exigée sauf chez le pomelo et le citron. Les caroténoïdes, intervenant dans la coloration des fruits, et le rapport sucres/acidité, essentiel pour le goût représentent les plus importants indicateurs de la qualité des agrumes. La teneur de ces composés est variable d’une variété à une autre et selon le stade de développement du fruit (Iglesias et al., 2007). La qualité du fruit est déterminée pour une grande partie par leur croissance et la charge en fruits, mais également par les conditions environnementales, l’intensité lumineuse, la température, l’humidité du sol et les conditions biotiques et abiotiques (Davies et Albrigo, 1994; Iglesias et al., 2008; Spiegel-Roy et Goldschmidt, 1996). Les caractéristiques les plus appréciées des agrumes destinés à la transformation sont liés à la qualité interne du fruit qui est une fonction de la saveur et du goût (Tadeo et al., 2008). La qualité des fruits est propre aux préférences des consommateurs qui varient considérablement selon les pays. III.1. Le métabolisme des sucres et des acides organiques Les sucres et les acides sont les principaux facteurs déterminants du goût des fruits. Ainsi, le rapport sucres/acidité est généralement utilisé pour la détermination du stade optimal de récolte de la plupart des fruits d’agrumes (Loussert, 1989). La variation des concentrations en sucres et en acides organiques dépend de l’équilibre entre la synthèse, la dégradation et le stockage des métabolites (Figure 6) (Ruffner, 1982; Tucker et al., 1993). Le métabolisme des sucres débute par la formation du saccharose. Le saccharose est produit dans les cellules du mésophylle des feuilles et exporté vers le phloème pour être 12 Partie I : Introduction bibliographique transporté dans les organes non photosynthétiques, tels que les sacs à jus présents dans les fruits d’agrumes (Taiz et Zeiger, 2006). Dans le cytoplasme des cellules des sacs à jus, le saccharose est hydrolysé en glucose et fructose via l’action de l’invertase et/ou de la saccharose synthase (une réaction réversible qui permet également la synthèse dans le cytoplasme du saccharose à partir du fructose et du glucose). L’hexokinase phosphoryle le glucose et le fructose en glucose-6phosphate et fructose-6-phosphate. Le fructose-6-phosphate sert de substrat aux phosphofructokinases (ATP et PPi dépendantes) pour former le fructose-1,6-bisphosphate. Ce dernier est converti en dihydroxyacétone phosphate et en glyceraldehyde-3-phosphate, le précurseur du phosphoénolpyruvate et du pyruvate. Au niveau du cytoplasme, le saccharose peut également être re-synthétisé à partir du glucose et du fructose via la saccharose phosphate synthase, la saccharose phosphatase ou la saccharose synthase (Kubo et al., 2001; Richardson et al., 1997). Les acides organiques sont synthétisés directement dans les mitochondries des cellules des sacs à jus (Tucker et al., 1993; Varma et Ramakrishnan, 1956), dans le cycle de Krebs (acide citrique, malique et succinique) ou directement dans le cytoplasme (acide ascorbique) (Bogin et Wallace, 1966; Sinclair, 1984; Tucker et al., 1993). Le pyruvate et le phosphoénolpyruvate servent de précurseurs à la synthèse des acides organiques. L’acétyl-CoA est produit à partir du pyruvate via la pyruvate déshydrogénase. La condensation de l’acétyl-CoA avec l’oxaloacétate permet la formation du citrate. Cette réaction de condensation est catalysée par la citrate synthase. En fonction des besoins énergétique de la cellule, le citrate est soit converti dans la mitochondrie en isocitrate, soit exporté vers le cytoplasme puis, éventuellement vers la vacuole pour y être stocké (Chen et Gadal, 1990). III.2. Le métabolisme des caroténoïdes Les caroténoïdes forment l’une des plus importantes classe de pigments des plantes et jouent un rôle crucial dans la définition des paramètres de la qualité des fruits et des légumes (Van den Berg et al., 2000). 13 Partie I : Introduction bibliographique III.2.1. Structure des caroténoïdes La structure basique des caroténoïdes est un squelette terpénique symétrique formé par la conjugaison de deux unités composées de 20 atomes de carbone (Van den Berg et al., 2000). Figure 7: Les caroténoïdes Tous les caroténoïdes dérivent d’une molécule acyclique, C40H56. Ils contiennent un système de double liaisons qui influence leurs propriétés physiques, biochimiques et chimiques (Van den Berg et al., 2000). Les caroténoïdes sont sous-divisés en deux groupes du fait de leur composition (Figure 7). Les carotènes, tels que le β-carotène, l’α-carotène ou encore le lycopène, sont composés d’atomes de carbone et d’hydrogène. Les xanthophylles, telles que la β-cryptoxanthine, la violaxanthine ou la lutéine contiennent au moins un groupement hydroxyle (Van den Berg et al., 2000). Les doubles liaisons peuvent exister sous 14 Figure 8: Structure fine des caroténoïdes d’après Britton (1995). %III/II : rapport de la hauteur des pics III et II. 15 Partie I : Introduction bibliographique deux configurations, cis ou trans (E/Z). Dans leur état naturel, les caroténoïdes se trouvent sous la forme trans (Van den Berg et al., 2000). Les caroténoïdes avec un système étendu de doubles liaisons en configuration trans sont des molécules linéaires, contrairement aux caroténoïdes en configuration cis qui ne sont pas linéaires, ce qui affecte leur positionnement dans les structures cellulaires (Van den Berg et al., 2000). Les caroténoïdes sont des composés lipophiles. Les carotènes sont solubles dans l’hexane, l’éther de pétrole et le toluène. Les xanthophylles sont solubles dans l’éthanol et le méthanol (Britton, 1995). Les xanthophylles sont souvent estérifiés ce qui les rend plus hydrophobes. III.2.2. Caractéristiques des caroténoïdes Du fait de leurs longues chaines de doubles liaisons polyinsaturés, le spectre d’absorption des caroténoïdes se situe dans le visible et l’UV (Britton, 1995). Ils ont une couleur perceptible (jaune, orange et rouge) lorsqu’ils possèdent au moins sept doubles liaisons conjuguées et qu’ils absorbent dans le visible (Rodriguez-Amaya, 1999). Les caroténoïdes absorbent l’énergie à trois longueurs d’onde différentes et le maximum d’absorption dépend du nombre de doubles liaisons conjuguées. Il se situe entre 290 nm pour le phytoène et 470 nm pour le lycopène. Le spectre des caroténoïdes est caractéristique pour chacun des caroténoïdes et peut être utilisé pour une identification spécifique. La longueur d’onde maximale d’absorption et la structure fine du spectre fournissent des informations structurales sur le chromophore de la molécule (Britton, 1995). La structure fine du spectre est exprimée comme un rapport de la hauteur des pics III et II (%III/II). Le pic III représente la longueur d’onde maximale et le pic II représente l’absorbance maximale (Figure 8). L’intensité de l’absorption est l’indicateur de la structure et de la concentration des caroténoïdes dans l’échantillon (Britton, 1995). Les isomères cis montrent une bande d’absorption additionnelle autour de 320-360 nm. L’intensité de cette bande dépend de la localisation de la liaison cis avec la molécule (Van den Berg et al., 2000). Du fait de la présence de doubles liaisons, les caroténoïdes contiennent un système réactif riche en électrons qui est susceptible de réagir avec des composés électrophiles. En 16 Figure 9: Représentation de la transition chloroplaste-chromoplaste d'après Egea et al. (2010). Le schéma montre la rupture des granules d’amidon (1) et celle des thylakoïdes et des grana (2) ; la synthèse de nouvelles structures membranaires depuis la membrane interne de l’enveloppe (3) menant à la formation de sacs membraneux riches en caroténoïdes (4) ; l’augmentation du nombre et de la taille des plastoglobules (5) ; l’aspect des cristalloïdes contenant des caroténoïdes (6) ; et l’augmentation du nombre de saillies émanant de l’enveloppe des plastes appelées stromule (7). 17 Partie I : Introduction bibliographique présence d’oxygène, les caroténoïdes ont tendance à s’auto-oxyder. La réaction des caroténoïdes avec des agents oxydants ou des radicaux libres dépend de la longueur de la chaine carbonée polyinsaturée et de la nature du groupe terminal (groupement hydroxyle, cycle β, cycle ε,…) (Van den Berg et al., 2000). III.2.3. Localisation et stockage des caroténoïdes Les caroténoïdes s’accumulent dans les plastes, et plus particulièrement dans les plastoglobules. Les plastoglobules sont des structures lipidiques (Ytterberg et al., 2006) contenant des protéines spécifiques (Austin et al., 2006). Bien que tous les plastes contiennent des caroténoïdes, les caroténoïdes se retrouvent principalement dans les chloroplastes et les chromoplastes (Giuliano et al., 2003; Vishnevetsky et al., 1999). Dans les chloroplastes, la plupart des plastoglobules (95%) sont couplés à la membrane des thylakoïdes. Le reste des plastoglobules (5%) est organisé en petits groupes de 2 ou 3 plastoglobules interconnectés. En condition de stress photooxydatif, le nombre de plastoglobules augmente et ils s’organisent en amas plus grands, contenant au moins 7 plastoglobules liés ensemble. Il y a formation d’agrégats linéaires et de structures ramifiées (Austin et al., 2006). Les plastoglobules des chloroplastes contiennent une faible quantité de chlorophylles et de caroténoïdes (Ytterberg et al., 2006). Leurs concentrations augmentent en conditions de stress (Deruere et al., 1994). Dans les tissus verts, en conditions normales, les caroténoïdes se retrouvent principalement dans les membranes photosynthétiques en association avec les antennes collectrices et les complexes réactionnels des photosystèmes I et II (Cunningham et Gantt, 1998). Les xanthophylles sont les caroténoïdes qui dominent dans les antennes collectrices (Croce et al., 2002; Kuhlbrandt, 1994; Lee et Thornber, 1995). Durant le processus impliquant la conversion des chloroplastes en chromoplastes, les membranes des thylakoïdes se désintègrent, la chlorophylle et la plupart des composants de la machinerie photosynthétique disparaissent, et il y a une accumulation massive de plastoglobules et de caroténoïdes (Figure 9) (Egea et al., 2010). 18 Partie I : Introduction bibliographique Dans les chromoplastes, en l’absence de chlorophylles, les caroténoïdes sont responsables des couleurs jaune, orange et rouge, des fleurs et des fruits (Vishnevetsky et al., 1999). Dans les chromoplastes, les caroténoïdes peuvent se situer dans les membranes, dans les plastoglobules ou d’autres structures lipoprotéiques du stroma (Cunningham et Gantt, 1998). Quand les caroténoïdes sont produits en excès, ils s’accumulent et sont stockés dans des structures lipoprotéiques spécifiques (Deruere et al., 1994; Vishnevetsky et al., 1999). Ces structures peuvent être de type fibrillaire, globulaire, réticulo-tubulaire, membranaire ou cristalloïde en fonction des caroténoïdes contenus dans les infrastructures (Deruere et al., 1994). Par exemple, les structures globulaires ou plastoglobules, présentes chez la mangue et le poivron, contiennent des teneurs importantes en cis-β-carotène contrairement aux structures cristalloïdes, présentes chez la tomate et la carotte, qui contiennent de grandes quantités en caroténoïdes sous forme trans (carotènes et lycopène). Plusieurs types de chromoplastes peuvent coexister dans le même organe (Egea et al., 2010). Dans les chromoplastes fibrillaires, la protéine fibrilline est nécessaire pour l’assemblage et le stockage des caroténoïdes (Deruere et al., 1994). Chez les agrumes, lors de la transformation des chloroplastes en chromoplastes, un changement dans le profil des caroténoïdes est observé, avec une augmentation massive de xanthophylles et une accumulation de plastoglobules (Huyskens et al., 1985). III.2.4. Rôles des caroténoïdes dans la plante Dans les chloroplastes, les pigments caroténoïdes sont présents dans tous les organes photosynthétiques où leur couleur est généralement masquée par celle de la chlorophylle (Granado et al., 1992). Les caroténoïdes des plantes, tels que l’α-carotène, le β-carotène, le lycopène, les xanthophylles, sont des pigments solubles de couleur jaune, orange et rouge (Van den Berg et al., 2000). Certains caroténoïdes, comme le lycopène et les β-carotènes, confèrent leur couleur aux fleurs et aux fruits dans lesquels ils s’accumulent (Bartley et Scolnik, 1995). Leur principale fonction au sein des chromoplastes est d’être attractif pour les animaux et ainsi aider à la pollinisation et à la dispersion des graines (Chen et al., 1998). 19 Partie I : Introduction bibliographique Les caroténoïdes sont également des composants essentiels de la membrane photosynthétique (Cunningham et Gantt, 1998). Ils jouent un rôle important dans l’assemblement des photosystèmes, dans la collecte de la lumière et dans la photoprotection des photosystèmes (Havaux, 1998). Dans les antennes collectrices de lumière, ils absorbent la lumière bleue-verte et transfèrent l’énergie aux chlorophylles, étendant ainsi la gamme de longueurs d’onde absorbées et l’efficience photosynthétique (Frank et Cogdell, 1996). Leur maximum d’absorption dépend du nombre de doubles liaisons. Il est compris en 400 et 500 nm (Figure 10) (Van den Berg et al., 2000). Figure 10: Spectres d'absorption de la chlorophylle a, de la chlorophylle b, des carotènes et des xanthophylles pour les différentes longueurs d’onde. La lumière est nécessaire à la photosynthèse mais les plantes ont besoin de protection contre la lumière lorsque cette dernière est en excès. La photosynthèse génère inévitablement des intermédiaires hautement réactifs qui peuvent provoquer des dommages oxydatifs à l’appareil photosynthétique. Si les dommages photooxydatifs ne sont 20 Partie I : Introduction bibliographique pas réparés, une diminution de l’efficacité et/ou du taux maximum de photosynthèse, appelé photo-inhibition est observée (Niyogi, 1999). La première façon d’évacuer l’énergie est de la transférer pour la photosynthèse. Ce processus est appelé « Quenching photochimique ». Quand l’énergie emmagasinée dans les molécules de chlorophylles excitées est rapidement dissipée à travers le transfert de l’excitation, le statut excité est dit atténué (Demmig-Adams et Adams, 1996). Si ce n’est pas le cas, les molécules de chlorophylles excitées peuvent réagir avec des molécules d’oxygène et former une forme excitée de l’oxygène appelée l’oxygène singulet 1 O2 (Demmig-Adams et Adams, 1996). Les caroténoïdes, comme le β-carotène, peuvent exercer une action photo-protective par atténuation des molécules de chlorophylles excitées. Les caroténoïdes excités n’ont pas assez d’énergie pour former de l’oxygène singulet. Ils reviennent à leur état de base en perdant progressivement leur excitation sous forme de chaleur. Les caroténoïdes jouent également un rôle vital de photo-protection de la machinerie photosynthétique par élimination directe de l’oxygène singulet (Collins, 2001; Griffith et al., 1955). Plus récemment, il a été démontré que les xanthophylles atténuent l’état excité de la chlorophylle singulet dans le photosystème II lorsque ce dernier est soumis à des radiations excessives (Muller et al., 2001; Robert et al., 2004). Ce processus appelé « Non Photochemical Quenching » (NPQ), permet aux plantes de s’acclimater à des niveaux variables de lumière tout en empêchant les dommages dus à la lumière (Demmig-Adams et 21 Partie I : Introduction bibliographique Adams, 1996; Horton et al., 1996; Kulheim et al., 2002). L’activation et la régulation du NPQ sont liées à un processus enzymatique rapide et réversible, connu sous le nom de cycle des xanthophylles. Le cycle des xanthophylles est localisé dans les chloroplastes, et plus précisément dans l’espace transmembranaire des thylakoïdes (Hieber et al., 2000). En présence de forte lumière, d’une diminution du pH dans le lumen des thylakoïdes, et en présence d’ascorbate, la violaxanthine dé-époxydase (VDE) est activée (Hieber et al., 2000). La VDE convertit la violaxanthine en anthéraxanthine, et ensuite en zéaxanthine (Kulheim et al., 2002) (Figure 11A). Dans les feuilles de la pervenche (Vinca minor L.), cultivées à la lumière, par rapport à celle de feuilles de plantes cultivées à l’ombre, la concentration en violaxanthine diminue de 77% et les concentrations en anthéraxanthine et zéaxanthine augmentent respectivement de 56% et 22% (Figure 11B) (Demmig-Adams et Adams, 1996). Figure 11 : Cycle des xanthophylles (A) et répartition des xanthophylles au cours du cycle (B) d’après Demmig-Adams et Adams (1996). DHA : déshydroascrobate ; ZEP : zéaxanthine époxydase ; VDE : violaxanthine dé-époxydase ; A : anthéraxanthine ; V : violaxanthine ; Z : zéaxanthine. 22 Partie I : Introduction bibliographique La zéaxanthine permet la dissipation de l’énergie accumulée en excès par les chlorophylles. L’énergie accumulée par la zéaxanthine est ensuite dissipée sous forme de chaleur (DemmigAdams et al., 1996). Quand l’intensité lumineuse diminue, le procédé est inversé. La présence de NADPH, d’oxygène et l’alcalinisation du lumen activent la zéaxanthine époxydase. La zéaxanthine est convertie en violaxanthine via l’anthéraxanthine (Gilmore et al., 1994). Chez les plantes, les xanthophylles sont également les précurseurs de l’acide abscissique, une phytohormone, qui module les processus de développement et la réponse aux stress abiotiques (Chernys et Zeevaart, 2000; Nambara et Marion-Poll, 2005). III.2.1. La voie de biosynthèse des précurseurs La voie de biosynthèse des caroténoïdes peut être divisée en trois phases. La phase I inclut la formation de l’isopentényle pyrophosphate (IPP) et du diméthyallyle pyrophosphate (DMAPP). Chez les plantes, deux voies distinctes sont utilisées pour la synthèse de ces intermédiaires en C5 : la voie cytosolique du mévalonate (MVA) et la voie plastidiale du méthylérythritol phosphate (MEP). Les deux voies métaboliques sont séparées par leur localisation et fournissent de l’IPP et du DMAPP pour la biosynthèse de leurs propres isoprénoïdes. Cependant des échanges d’une faible fraction de ces précurseurs entre les deux voies ont été observées (Laule et al., 2003). Seule la voie plastidiale du MEP permet la biosynthèse des caroténoïdes. La phase II commence avec l’isomérisation de l’IPP en DMAPP. Les deux composés, IPP et DMAPP, serviront de précurseurs pour les réactions de condensation afin de former le géranyle pyrophosphate (GPP, C10), le géranyle-géranyle pyrophosphate (GGPP, C20), puis le phytoène (C40). Dans la phase III, le phytoène subit une série de réactions afin de produire différents caroténoïdes. 23 Partie I : Introduction bibliographique III.2.1.1. La biosynthèse des précurseurs : le diméthyallyle et le pyrophosphate et l’isopentényle pyrophosphate Figure 12: Biosynthèse des précurseurs d'après Cheng et al. (2007), Enfissi et al. (2005), et Rodriguez-Concepcion et Boronat (2002). DMAPP : diméthyallyle pyrophosphate ; DX5P : 1-deoxy-D-xylulose-5-phosphate ; FPP : farnésyle pyrophosphate ; IPP : isopentényle pyrophosphate ; GPP : géranyle pyrophosphate ; GGPP : géranylegéranyle pyrophosphate ; HMG-CoA : 3-hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA ; 3-PGA : glycéraldéhyde-3phosphate. La flèche orange représente une possibilité d’échanges entre les précurseurs des deux voies. La voie cytosolique du mévalonate (MVA) fournit les précurseurs pour la synthèse de certains séquisterpènes, des stérols et pour la chaine latérale de l’ubiquinone (Cheng et al., 2007; Enfissi et al., 2005; Laule et al., 2003) (Figure 12). La voie plastidiale du méthylérythritol phosphate (MEP) est utilisée pour la synthèse des précurseurs de la biosynthèse des isoprènes, des mono-terpènes, de certains séquisterpènes, des di-terpènes, des caroténoïdes, et de la chaine latérale des tocophérols, des phylloquinones et des chlorophylles (Cheng et al., 2007; Lange et Ghassemian, 2003) (Figure 12). 24 Partie I : Introduction bibliographique III.2.1.1.1. La voie du mévalonate La voie du mévalonate a été caractérisée dans les années 1950 (Fraser et Bramley, 2004) (Figure 13). Figure 13: Voie du mévalonate d’après Rodriguez-Conception et Boronat (2002). HMGS : 3-hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA synthase ; HMG-CoA Réductase : 3hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA réductase ; MVK : mévalonate kinase ; PMK : diphospho-mévalonate kinase ; PMD : mévalonate diphosphate. Elle débute par la condensation de deux molécules d’acétyl-CoA pour produire l’acétoacétyl-CoA. Cette réaction est catalysée par la thiolase (Goldstein et Brown, 1990; McGarvey et Croteau, 1995). Un troisième acétyl-CoA est condensé, par l’action de la 3hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA synthase (HMGS) à l’acétoacétyl-CoA pour former le 3hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA (HMG-CoA) (Hunter, 2007). Ce dernier est ensuite convertit par l’enzyme HMG-CoA réductase (HMGR) en mévalonate (Hunter, 2007). Le mévalonate est phosphorylé en mévalonate-5-diphosphate (MVPP) par l’intermédiaire du mévalonate-5phosphate (MVP) (Hunter, 2007). Cette étape est ATP dépendante et requiert deux enzymes : la mévalonate kinase (MVK) et la diphospho-mévalonate kinase (PMK) (Hunter, 2007). Le MVPP est décarboxylé par la mévalonate diphosphate (PMD) pour former un réservoir d’isopentényle pyrophosphate (IPP) (Hunter, 2007). 25 Partie I : Introduction bibliographique III.2.1.1.2. La voie du méthylérythritol phosphate Dans les années 1990, une voie alternative a été décrite (Fraser et Bramley, 2004) : la voie du méthylérithritol phosphate. Cette voie se déroule dans les plastes (RodriguezConcepcion et Boronat, 2002; Rohdich et al., 2001; Rohmer, 1999) (Figure 14). Figure 14: Voie du méthylérythritol phosphate d'après Rodriguez-Conception et Boronat (2002). CMK : 4-(cytidine-5’-diphospho)-2-C-méthyl-D-érythritol kinase ; CMT : 2-C-méthyl-D-érythritol-4phosphate-cytidyl-transférase ; CTP : cytidine triphosphate ; DXPS : 1-désoxy-D-xylulose-5-phosphate synthase ; DXR : 1-désoxy-D-xylulose-5-phosphate réductase ; HDR : 1-hydroxy-2-méthyl-2-(E)butényl-4-phosphate réductase ; HDS : 1-hydroxy-2-méthyl-2-(E)-butényl-4-phosphate synthase ; IDS : isopentényle pyrophosphate isomérase ; MCS : 2-C-méthyl-D-érythritol-2,4-cyclodiphosphate ; TPP : thiamine pyrophosphate ;. Elle débute avec la condensation du pyruvate et du glycéraldéhyde-3-phosphate pour produire le 1-désoxy-D-xylulose-5-phosphate (DX5P) qui est catalysée par la 1-désoxy-Dxylulose-5-phosphate synthase (DXS) en utilisant la thiamine pyrophosphate comme cofacteur (Hunter, 2007). La 1-désoxy-D-xylulose-5-phosphate réductase (DXR) convertit le DX5P en 2-C-méthyl-D-érythritol-4-phosphate (MEP) (Hunter, 2007). Le MEP est converti en IPP et DMAPP via quatre intermédiaires (Hunter, 2007). 26 < Figure 15: Voie de biosynthèse des caroténoïdes 27 Partie I : Introduction bibliographique La conversion du 1-hydroxy-2-méthyl-2-(E)-butényl-4-phosphate (HMBPP) en un mélange 5:1 d’IPP et de DMAPP est catalysée par l’isopentényle-pyrophosphate (IDS), également appelée IPP/DMAPP synthase. L’IPP isomérase catalyse l’isomérisation réversible de l’IPP en DMAPP, son isomère allélique (Cunningham et Gantt, 1998; Fraser et Bramley, 2004). III.2.1.2. La biosynthèse du phytoène La formation de la molécule de géranyle-géranyle pyrophosphate (GGPP ; C20), précurseur intermédiaire de la biosynthèse des caroténoïdes, est obtenue par l’addition linéaire de trois molécules d’IPP à une molécule de DMAPP (Cunningham et Gantt, 1998) par la GGPP synthase (GGPS) (Fraser et Bramley, 2004; McGarvey et Croteau, 1995). La formation du phytoène, molécule symétrique en C40, est la première réaction spécifique de la voie de biosynthèse des caroténoïdes (Cunningham et Gantt, 1998). C’est une réaction qui est catalysée par la phytoène synthase (PSY) (Cunningham et Gantt, 1998). III.2.2. La biosynthèse des caroténoïdes Les caroténoïdes sont synthétisés dans les plastes mais les gènes codant pour les enzymes sont nucléaires (Taylor et Ramsay, 2005). Les enzymes impliquées dans la voie de biosynthèse sont intégrées ou associées à la membrane (Sandmann, 2001). La voie de biosynthèse des caroténoïdes peut être divisée (Figure 15) en trois grands groupes de réactions : la formation du lycopène par des réactions de déshydrogénation, la cyclisation des caroténoïdes et la formation des xanthophylles. III.2.2.1. Les réactions de déshydrogénation Chez les plantes supérieures, le phytoène existe de façon prédominante sous la forme cis (Fraser et Bramley, 2004). Le phytoène subit une série de quatre réactions de désaturation, qui permettent la formation du phytofluène, du ζ-carotène, du neurosporène et du lycopène (Cunningham et Gantt, 1998). Ces réactions de désaturation servent à allonger la série de double liaisons qui constitue le chromophore des caroténoïdes, et qui transforme le phytoène non coloré au lycopène de couleur rouge (Cunningham et Gantt, 1998). Les quatre réactions de désaturation sont catalysées par deux enzymes : la phytoène 28 Partie I : Introduction bibliographique désaturase (PDS) et la ζ-carotène désaturase (ZDS) (Cunningham et Gantt, 1998). La PDS et la ZDS requièrent du FAD (flavine adénine diphosphate) et des plastoquinones oxydées pour transférer les électrons (Fraser et Bramley, 2004; Lopez et al., 2008). Les plastoquinones sont ensuite réoxydées par une plastoquinone oxydase (PTOX), en utilisant une molécule d’oxygène comme accepteur final d’électrons (Barr et al., 2004; Carol et Kuntz, 2001; Josse et al., 2000; Scolnik et al., 1987). Les plastoquinones sont sous forme oxydées pour pouvoir accepter l’électron produit lors de la synthèse du ζ-carotène et du lycopène. La plastoquinone réduite (PQH2) peut être réoxydée par le photosystème I ou la plastoquinone oxydase plastidiale (PTOX) qui est co-exprimée avec la PDS et la ZDS (Joet et al., 2002; Josse et al., 2000). III.2.2.2. Les réactions de cyclisation Le lycopène est majoritairement présent sous la forme trans chez les plantes (Fraser et Bramley, 2004). La formation de cycles terminaux est initiée par l’attaque d’un proton au niveau de la double liaison en position C1-C2 (C1’-C2’) (Fraser et Bramley, 2004). A partir du lycopène, deux voies distinctes conduisent à la formation de carotènes bicycliques : l’une produisant du β-carotène et l’autre l’α-carotène. Dans la première voie, la lycopène β-cyclase (LCY-β) catalyse la formation du β-carotène bi-cyclique à partir du lycopène. L’ajout des deux cycles se réalise en deux étapes, et par l’intermédiaire du γcarotène (Cunningham et Gantt, 1998). Les cycles ε, sont également commun chez les plantes (Cunningham et Gantt, 1998). Dans la seconde voie, l’addition d’un cycle ε à la molécule de lycopène, catalysée par la lycopène ε-cyclase (LCY-ε), forme le δ-carotène. Puis, 29 Partie I : Introduction bibliographique l’addition d’un cycle β forme l’α-carotène. Cette étape est catalysée par la lycopène βcyclase (LCY-β) (Cunningham et Gantt, 1998). III.2.2.3. La formation des xanthophylles Les xanthophylles (caroténoïdes oxygénés) comprennent la plupart des caroténoïdes présents dans la membrane des thylakoïdes (Cunningham et Gantt, 1998). Chez les plantes supérieures, les xanthophylles sont formés par hydroxylation réalisée dans les cycles ε et β en position C3 et C3’, de l’ α-carotène et du β-carotène respectivement (Cunningham et Gantt, 1998; Fraser et Bramley, 2004). Dans la première voie, la lutéine est formée par l’introduction de groupements hydroxyles dans les cycles β et ε au cours de réactions catalysées par la β-carotène hydroxylase (β-HY) et la ε-carotène hydroxylase (ε-HY), respectivement. L’intermédiaire formé est la zéinoxanthine (Fraser et Bramley, 2004). Dans la deuxième voie, l’introduction de groupement hydroxyle dans les cycles β est catalysée par la β-carotène hydroxylase (β-HY). Deux réactions d’hydroxylation sont nécessaires pour former la zéaxanthine avec la β-cryptoxanthine comme intermédiaire (Fraser et Bramley, 2004). La violaxanthine est formée à partir de la zéaxanthine par l’introduction de groupes époxy en position 5,6 dans les cycles β (Fraser et Bramley, 2004). La formation de la violaxanthine, est catalysée par la zéaxanthine époxydase (ZEP) (Hieber et al., 2000), via l’anthéraxanthine. Cette réaction est réversible chez les feuilles (Hirschberg, 2001). La dernière étape de la voie de biosynthèse des caroténoïdes est la formation de la néoxanthine à partir de la violaxanthine. Cette réaction est catalysée par la néoxanthine synthase (NSY) (Fraser et Bramley, 2004). III.2.3. La dégradation des caroténoïdes Les dioxygénases constituent une famille d’enzymes répandues qui permettent le clivage des doubles liaisons pour former des molécules qui possèdent le même squelette carboné que les caroténoïdes (Schwartz et al., 2001). Chez les plantes, ces enzymes 30 Partie I : Introduction bibliographique appartiennent à deux familles, les dioxygénases clivant les 9-cis-époxycaroténoïdes (NCED) et les dioxygénases clivant les caroténoïdes (CDD) (Schwartz et al., 2001). III.2.3.1. Formation de l’acide abscissique L’acide abscissique (ABA) est une phytohormone impliquée dans différents processus physiologiques chez les plantes. Elle joue également un rôle important dans le développement végétatif en réponse à divers stress environnementaux tels que les conditions de sécheresse et de forte salinité (Seo et Koshiba, 2002). Le clivage de la 9-cis-violaxanthine ou de la 9’-cis-néoxanthine, par les NCEDs, se fait au niveau de la double liaison C11-C12 (Rodrigo et al., 2006), pour former un époxyapocaroténale en C25 et la xanthoxine en C15 (Figure 16) (Kato et al., 2006). La xanthoxine est convertie en un aldéhyde d’acide abscissique par une série de trois modifications au niveau du cycle (Liotenberg et al., 1999). Figure 16: Voie de biosynthèse de l'acide abscissique d'après Han et al. (2004). NCED : dioxygénase clivant les 9-cis-époxycaroténoïdes ; NSY : néoxanthine synthase ; ZEP : zéaxanthine époxydase. 31 Partie I : Introduction bibliographique Les NCED ont été identifiées chez de nombreuses espèces, telles que le maïs (Schwartz et al., 1997), le haricot (Qin et Zeevaart, 1999), l’avocat (Chernys et Zeevaart, 2000), Arabidopsis thaliana (Iuchi et al., 2001; Tan et al., 2003), et les agrumes (Kato et al., 2006). III.2.3.2. Formation des autres apocaroténoïdes Chez les plantes, les apocaroténoïdes se situent en grande partie dans la membrane des thylakoïdes (Kloer et Schulz, 2006) et peuvent jouer des fonctions biologiques importantes dans la croissance et le développement des plantes ainsi que dans la couleur, la saveur et les arômes des fruits et légumes et des plantes ornementales (Ohmiya, 2009). Les apocaroténoïdes sont issus du clivage d’une grande variété de carotènes et de xanthophylles par les enzymes appartenant à la famille des CDD. Il existe 4 sous-familles : CDD1, CDD4, CDD7, et CDD8. Les CDD1 clivent de nombreux substrats, tous les carotènes sous forme trans (βcarotène, zéaxanthine et lycopène) (Auldridge et al., 2006; Bouvier et al., 2005a; Giuliano et al., 2003), les apocaroténales (Schmidt et al., 2006; Vogel et al., 2008) et les apolycopénales (Ilg et al., 2009), en position C9-C10 (C9’-C10’) pour former deux cétones (C13) et un dialdéhyde (C14). Les produits formés dépendent du substrat (Schwartz et al., 2001). Les CDD1 peuvent également cliver, en position C5-C6 (C5’-C6’) du lycopène, chez Arabidopsis thaliana, pour former un composé volatile (Vogel et al., 2008), et en position C7-C8, chez le riz, pour former du géraniale (Ilg et al., 2009). L’enzyme CDD4 permet le clivage du β-carotène, chez E. coli en position C9-C10 (C9’C10’), pour former la β-ionone (Huang et al., 2009; Rubio et al., 2008). Elle peut également cliver la zéaxanthine en position C7-C8 (C7’-C8’) chez le crocus (Bouvier et al., 2003), et le lycopène en position C5-C6 (C5’-C6’) chez Bixa orellana (Ohmiya, 2009). Les enzymes CDD7 catalysent le clivage du β-carotène, en position C9-C10, pour produire un aldéhyde (C27), le 10’-apo-β-caroténale et la β-ionone. L’aldéhyde formé est clivé par la CDD8, en position C13-C14 pour donner le 13-apo-β-caroténone (Schwartz et al., 2004). 32 Figure 17: La régulation de la voie de biosynthèse des précurseurs. Les flèches rouges représentent les enzymes flux-déterminantes et flux-limitantes, les flèches jaunes une régulation par la lumière, les flèches vertes le rétrocontrôle négatif et les flèches rouges le rétrocontrôle positif. 33 Partie I : Introduction bibliographique III.2.4. La régulation de la voie de biosynthèse La régulation de la voie de biosynthèse des caroténoïdes est complexe et se produit à différents niveaux (Taylor et Ramsay, 2005) (Figure 17). III.2.4.1. Régulation transcriptionnelle Plusieurs étapes de la voie du méthylérythritol-phosphate (MEP) et de la voie de biosynthèse des caroténoïdes sont connues pour être des étapes régulant l’accumulation des caroténoïdes. III.2.4.1.1. Régulation au niveau de la voie du méthylérythritol phosphate Dans la voie du MEP, deux enzymes permettent la régulation de la synthèse des précurseurs, IPP et DMAPP, nécessaires à la biosynthèse des caroténoïdes : la 1-déoxy-Dxylulose-5-phosphate synthase (DXPS), et la 1-déoxy-D-xylulose-5-phosphate synthase (DXR) (Botella-Pavia et al., 2004; Carretero-Paulet et al., 2006) (Figure 17). La DXPS qui contrôle la première réaction dans la voie de biosynthèse de MEP est une enzyme flux-déterminante, c’est-à-dire qu’elle module plus ou moins le flux de la voie de biosynthèse. L’analyse de l’expression de DXPS, chez plusieurs espèces, lors de l’accumulation des isoprénoïdes terminaux suggère que l’augmentation des niveaux en DXPS est indispensable pour fournir les précurseurs nécessaires (Botella-Pavia et al., 2004; Bouvier et al., 1998; Chahed et al., 2000; Estevez et al., 2001; Lois et al., 2000; Veau et al., 2000). La DXR est une enzyme flux-limitante, c’est-à-dire qu’elle peut stopper le flux de la voie de biosynthèse. Chez Arabidopsis thaliana, l’augmentation de l’expression de la DXR entraîne une augmentation de l’accumulation de chlorophylles et de caroténoïdes (Carretero-Paulet et al., 2006). Par contre, il n’existe pas de corrélation entre les niveaux de DXR et l’accumulation des caroténoïdes dans les chromoplastes lors de la maturation chez la 34 Figure 18: La régulation de la voie de biosynthèse des caroténoïdes. Les flèches rouges représentent les enzymes flux-déterminantes et flux-limitantes, les flèches jaunes une régulation par la lumière, et les flèches vertes un rétrocontrôle négatif. Les enzymes notées en vert indiquent qu’elles requièrent un rapport PQ/PQH2 élevé. 35 Partie I : Introduction bibliographique tomate (Rodriguez-Concepcion et Boronat, 2002). Ces observations suggèrent que la DXR ne serait plus une étape limitante après la transformation des chloroplastes en chromoplastes. Lois et al. (2000) ont montré qu’il existe une corrélation entre l’expression des gènes Psy et Dxps dans les fruits de tomate. L’augmentation des niveaux d’expression de Dxps induit une augmentation de l’expression de la Psy et une augmentation de la quantité de caroténoïdes. III.2.4.1.2. Les étapes clés de la voie de biosynthèse des caroténoïdes Plusieurs étapes de la voie de biosynthèse des caroténoïdes sont connues pour être des étapes régulatrices (Figure 18). La PSY est une enzyme flux-déterminante (Cazzonelli et Pogson, 2010; Romer et al., 2000; Shewmaker et al., 1999; Stalberg et al., 2003) et le principal contrôle de la voie en aval de la GGPP (coefficient de contrôle du flux = 0,36) (Fraser et al., 2002). L’augmentation de l’expression de la Psy chez les bactéries et les plantules transgéniques d’Arabidopsis thaliana a montré une augmentation de la concentration en caroténoïdes (Shewmaker et al., 1999; Stalberg et al., 2003). De plus elle réagit aux facteurs environnementaux (Cazzonelli et Pogson, 2010). De même, de nombreuses études indiquent que les étapes de biosynthèse des caroténoïdes catalysées par la PDS (coefficient de contrôle du flux = 0,1), LCY-β ou HY-β peuvent être des étapes limitantes. L’augmentation de l’expression de Pds, par addition de copie du gène chez E. coli induit une augmentation de l’accumulation de caroténoïdes (Kajiwara et al., 1997). L’augmentation de l’expression de la Lcy-β résulte également en une augmentation des niveaux en caroténoïdes totaux (Ronen et al., 2000; Rosati et al., 2000). L’enzyme HY-β joue également un rôle crucial dans la régulation. Chez Arabidopsis thaliana, trois gènes sont impliqués, Chy1, Chy2 et P450. Un mutant chy1chy2, inhibant l’expression de ces gènes, montre une augmentation en caroténoïdes totaux, en β-carotène, en 36 Partie I : Introduction bibliographique violaxanthine et en phytoène mais une diminution en zéaxanthine (Fiore et al., 2006). De la même façon, l’augmentation de l’expression de la Hy-β chez Arabidopsis thaliana résulte en la conversion de β-carotène en xanthophylles (Du et al., 2010). Chez les tubercules de pomme de terre, l’augmentation de l’expression de la Psy, de la Pds, de la Zds, de la Crtiso et de la Lcy- β ou l’étude des mutants chy1, chy2, lut5 (β-HY) et lcy-β amènent à l’accumulation de β-carotène (Diretto et al., 2010; Diretto et al., 2006). III.2.4.2. Rôle de la lumière La lumière a un rôle régulateur dans la biosynthèse des caroténoïdes chez les plantes (Giuliano et al., 2003; Von Lintig et al., 1997; Welsch et al., 2000; Welsch et al., 2003; Woitsch et Romer, 2003). Alba et al. (2000) ont montré que les phytochromes transmettent le signal lumineux requis pour la pigmentation des fruits lors de la maturation. Chez la tomate, les mutants hp1 et hp2 caractérisés par une augmentation de la concentration en caroténoïdes, sont hypersensibles à la lumière (Peters et al., 1989). De même les niveaux d’ARNm du gène Psy sont plus élevés dans les feuilles de tomate (Giuliano et al., 2003) et d’Arabidopsis thaliana (Von Lintig et al., 1997) lorsqu’elles sont exposées à la lumière. Les résultats obtenus par Liu et al. (2004), sur les fruits de tomate, par l’étude mutant hp1 qui présente une mutation au niveau d’un gène codant pour une protéine impliquée dans la transmission du signal lumineux, suggèrent que la lumière est également impliquée dans la synthèse des caroténoïdes au niveau des chromoplastes. L’expression des gènes de la voie du MEP peut également être régulée par la lumière (Carretero-Paulet et al., 2002; Estevez et al., 2001; Rodriguez-Concepcion et al., 2004). Chez Arabidopsis thaliana, l’étude de mutants hypo-sensibles à la lumière montre que les voies de perception et de transduction du signal lumineux régulent la voie du MEP au niveau de la DXPS et de la DXR (Rodriguez-Concepcion et al., 2004). III.2.4.3. Rôle du statut redox des plastoquinones Le contrôle redox est connu pour être un mécanisme régulateur majeur de la voie de biosynthèse des caroténoïdes (Pfannschmidt et al., 2001). 37 Partie I : Introduction bibliographique La désaturation du phytoène par la phytoène désaturase et celle du ζ-carotène par la ζcarotène désaturase, est une réaction complexe nécessitant des co-facteurs et une étape d’oxydation, durant laquelle un électron est transféré du phytoène à la plastoquinone (Voir réaction p.29). Chez le tabac, lorsque le transport d’électrons photosynthétiques et la réduction de la plastoquinone ont été inhibés par le 3-(3,4-dichlorophényle)-1,1 diméthylurée (DCMU), une augmentation des niveaux de transcrits de la β-carotène hydroxylase et de la zéaxanthine époxydase, est observée ainsi qu’une augmentation de la quantité de pigments photosynthétiques. Les niveaux de transcrits des gènes Hy-β et Zep sont également régulés par le statut redox des plastoquinones (Woitsch et Romer, 2003). En effet ils nécessitent, tout comme PDS et ZDS, un rapport PQ/PQH2 élevé (Steinbrenner et Linden, 2003). III.2.4.4. Rôle des produits finaux L’expression de la Dxs peut être inhibée par des intermédiaires de la voie du MEP tels que le déoxyxylulose, chez la tomate (Lois et al., 2000; Rodriguez-Concepcion et al., 2001). Chez des tomates surexprimant de façon constitutive le gène Pds, une diminution de la quantité de caroténoïdes totaux a été observée (Giuliano et al., 2000). La surexpression de la désaturase d’origine bactérienne, qui transforme le phytoène en lycopène, dans des plants de tomates est responsable de l’obtention de fruits présentant des teneurs accrues en βcarotène mais, avec des concentrations en caroténoïdes totaux 2,5 fois plus faibles par rapport aux fruits des plants non transformés. Ce phénotype est dû à l’augmentation de l’expression de la lycopène β-cyclase, à la diminution de l’expression du gène codant pour la phytoène synthase, et à l’augmentation des teneurs en β-carotène (Botella-Pavia et Rodriguez-Concepcion, 2006). Ces études suggèrent un rétrocontrôle négatif sur l’expression des gènes Psy et Pds par le β-carotène ou l’un de ses métabolites. Cazzonelli et Pogson (2010) soulignent l’existence d’une interaction entre la voie de biosynthèse des caroténoïdes et la voie du méthylérythritol phosphate dans la régulation de DXPS. En effet, la DXPS peut être rétrocontrôlée par une accumulation de caroténoïdes chez la tomate (Lois et al., 2000; Rodriguez-Concepcion et al., 2001). L’augmentation de 38 Partie I : Introduction bibliographique l’expression de la Psy chez un transgène d’Arabidopsis thaliana, induit une augmentation des ARNm de la Dxps, ce qui révèle un mécanisme de rétrocontrôle initié par la PSY qui stimule les substrats de le voie du MEP (Rodriguez-Villalon et al., 2009a, b). III.2.4.5. Rôle du stockage des caroténoïdes La biogenèse des organites, tels que les chloroplastes, est déterminante dans la taille et le nombre des compartiments de stockage des plastes et peut affecter l’accumulation des caroténoïdes (Cazzonelli et Pogson, 2010). Chez le chou-fleur, le mutant or, dont le niveau de transcrit des gènes impliqués dans la biosynthèse des caroténoïdes est identique à celui des plantes témoins, présente une augmentation de la concentration en β-carotène. Cette accumulation de β-carotène dans les chromoplastes révèle que la différenciation des plastes est un mécanisme important dans le contrôle de l’accumulation des caroténoïdes dans les plantes (Li et al., 2001). Chez la tomate, le mutant hp1 montre une augmentation des niveaux en caroténoïdes dus à l’augmentation du nombre et de la taille des plastes (Cookson et al., 2003). Chez la tomate, des mutants hp2dg ont montré une augmentation, au stade mature, des métabolites ayant une activité antioxydante : caroténoïdes, tocophérols et acide ascorbique, en même temps qu’une augmentation du nombre de cellules dans le fruit, une augmentation du nombre de chloroplastes par cellule, et une augmentation du volume des chloroplastes (Bino et al., 2005). Cette étude a été complétée par une étude des gènes impliqués (Kolotilin et al., 2007). L’expression des gènes impliqués dans la voie du méthylérythritol phosphate synthétisant les précurseurs nécessaires à la biosynthèse des caroténoïdes, ceux impliqués dans la biogénèse des chlorophylles, ainsi que ceux impliqués dans la photosynthèse est augmentée (Kolotilin et al., 2007). Il y a apparemment une coordination entre les mécanismes moléculaires dirigeant la biogénèse des plastes et ceux impliqués la biogénèse des métabolites secondaires (Kolotilin et al., 2007). Dans les fruits mûrs de tomate, le mutant hp3 est caractérisé par un déficit de 75% d’acide abscissique, une augmentation de 60% des niveaux de transcrits du gène FtsZ codant pour une protéine de tubuline impliquée dans la division des plastes et une concentration en 39 Tableau 2: Effets positifs des facteurs de l’environnement, la lumière, la température, l’approvisionnement en carbone, la sécheresse, la salinité et la fertilisation azotée, sur la concentration en caroténoïdes par rapport à la matière fraîche dans différents fruits d’après Poiroux-Gonord et al. (2010). Facteurs environnementaux Espèces Composés Effets Références Faible température moyenne journalière Solanum lycopersicum L. β-carotène ++ (Koskitalo et Ormrod, 1972) Forte exposition à la lumière Spectre de lumière (lumière bleue) Forte radiation UV-B Malus domestica Borkh. cv. Gala Solanum lycopersicum L. Malus domestica Borkh. caroténoïdes totaux lycopène et β-carotène β-carotène + + + (Li et Cheng, 2008) (Gautier et al., 2005b) (Rudell et al., 2002) Rapport feuilles sur fruit élevé Mangifera indica L. Citrus unshiu [Mak.] Marc. Fortunella crassifolia Swingle caroténoïdes totaux caroténoïdes totaux β-cryptoxanthine ++ ++ +++ Sécheresse Solanum lycopersicum L. cv. Mini Carol, cv. Cherry Pink, cv. Yellow Carol Spinacia oleracea L. caroténoïdes totaux + (Matsuzoe et al., 1998) β-carotène, lutéine, néoxanthine et violaxanthine + (Leskovar et al., 2007) Salinité élevée Lactuca sativa L. Capsicum annuum L. Solanum lycopersicum L. Solanum lycopersicum L. caroténoïdes totaux lycopène lycopène et β-carotène lycopène et β-carotène Conductance électrique élevée Solanum lycopersicum L. carotènes Teneur en azote élevée Capsicum annuum L. Solanum lycopersicum L. Citrus, Solanum tuberosum lycopersicum L. lycopène et β-carotène lycopène carotènes +, jusqu’à + 30% ; ++, de +30% à +100% ; +++, supérieur à +100% . 40 L., Solanum ++/+++ + ++ +/++ ++ +/++ +/++ + (Joas, 2008) (Iglesias et al., 2001) (Kondo et al., 2005) (Kim et al., 2008) (Navarro et al., 2006) (De Pascale et al., 2001) (Krauss et al., 2006) (Wu et al., 2004) (Flores et al., 2004) (Aziz, 1968) (Mozafar, 1993) Partie I : Introduction bibliographique caroténoïdes plus élevée de 30% (Galpaz et al., 2008). Ces résultats montrent qu’une carence en acide abscissique conduit à une augmentation de la taille des plastes, probablement due à une augmentation de la division des plastes, ce qui entraînerait une biosynthèse accrue des caroténoïdes. IV. Influence des facteurs de l’environnement sur la biosynthèse et l’accumulation des caroténoïdes Les facteurs environnementaux (lumière, température, et disponibilité en eau) qui déterminent la conductance stomatique et la pression partielle en CO2 au niveau des sites de carboxylation. Ils conditionnent donc des gains et des pertes de carbone, et influencent l’allocation des ressources carbonées entre les différents puits. Le statut carboné qui en résulte détermine la synthèse des métabolites primaires et secondaires. IV.1. Les effets de l’environnement sur l’accumulation des caroténoïdes Un certain nombre d’études se sont intéressées aux effets des facteurs climatiques sur la concentration en micronutriments, en vitamines et en composés secondaires des fruits et légumes. Ces études ont montré qu’il est possible d’augmenter substantiellement les concentrations en métabolites secondaires, et notamment en caroténoïdes, chez divers fruits et légumes en fonction des conditions environnementales (Tableau 2) mais également de les diminuer (Tableau 3). La biosynthèse des caroténoïdes est affectée par les faibles températures moyennes journalières. Chez la tomate, la diminution des températures de 17,8/25.6°C à 2,8/13,9°C entraîne une augmentation de la concentration en β-carotène (+68,2%) (Koskitalo et Ormrod, 1972). Généralement une bonne exposition et/ou une forte intensité lumineuse sont des facteurs positifs pour l’accumulation des caroténoïdes chez la pomme (Li et Cheng, 2008). L’utilisation de longueurs d’onde spécifiques (Gautier et al., 2005b) et l’irradiation aux UV-B (Rudell et al., 2002) sont également des techniques favorables à l’augmentation, de la 41 Tableau 3: Effets négatifs des facteurs de l’environnement, la lumière, la température, l’approvisionnement en carbone, la sécheresse, la salinité et la fertilisation azotée, sur la concentration en caroténoïdes par rapport à la matière fraîche dans différents fruits d’après Poiroux-Gonord et al. (2010). Facteurs environnementaux Espèces Composés Augmentation de température du fruit Solanum lycopersicum L. caroténoïdes totaux Spectre de lumière (verre/plastique contre condition de culture en plein champ) Solanum lycopersicum L. lycopène et β-carotène Concentration en concentration élevée Citrus aurantium L. (feuilles) lycopène Rapport feuilles sur fruit élevé Citrus clementina Hort. ex Tan. Sécheresse Effets -/-- Références (Gautier et al., 2005a) (Cabibel et Ferry, 1980) -- (Schwanz et al., 1996) caroténoïdes totaux --- (exprimé en MS) (Gonord et al., 2009) Solanum lycopersicum L. caroténoïdes totaux - (Riggi et al., 2008) Salinité élevée Solanum lycopersicum L. caroténoïdes totaux - (De Pascale et al., 2007) Teneur en azote élevée Citrus unshiu [Mak.] Marc. Color index - (Iglesias et al., 2001) -, jusqu’à - 30% ; --, de -30% à -100% ; ---, supérieur à -100% 42 Partie I : Introduction bibliographique concentration en β-carotène et en lycopène chez la tomate (Gautier et al., 2005b), et en βcarotène chez la pomme (Rudell et al., 2002). L’augmentation du nombre de feuilles par fruit entraîne une augmentation de la concentration en caroténoïdes totaux chez la mangue (Joas, 2008), et la mandarine (Iglesias et al., 2001), et en β-cryptoxanthine (+31,8% ) chez le kumquat (Kondo et al., 2005). Les effets sur la biosynthèse des caroténoïdes de la sécheresse et d’une salinité élevée sont variables. Les effets peuvent être négatifs (De Pascale et al., 2007; Riggi et al., 2008) positifs (De Pascale et al., 2001; Kim et al., 2008; Krauss et al., 2006; Leskovar et al., 2007; Navarro et al., 2006; Wu et al., 2004), ou non significatifs (Krumbein et al., 2006). Ces observations contradictoires sont dues à des interactions de facteurs. Ainsi, une baisse de la conductance stomatique et de la photosynthèse serait favorable en pénalisant la formation des précurseurs tandis que l’exacerbation du stress photooxydatif fournirait un stimulus positif pour la synthèse des caroténoïdes. Cependant, l’effet d’une salinité élevée n’est pas totalement assimilable à un stress hydrique car les plantes sont en plus soumises à un stress lié à un excès en ions sodium et chlorure ce qui pourraient expliquer, partiellement, la diversité des réponses obtenues. L’effet de la privation en azote sur la concentration en caroténoïdes est différent selon les espèces. Un effet négatif a été observé chez le poivron (Flores et al., 2004), les agrumes, la pomme de terre (Mozafar, 1993) et chez la tomate (Aziz, 1968; Mozafar, 1993), et un effet positif chez la mandarine (Iglesias et al., 2001). IV.2. Statut carboné ou stress oxydatif ? IV.2.1. L’influence du statut carboné sur la concentration en caroténoïdes IV.2.1.1. Liens entre les métabolismes primaire et secondaire Les métabolites primaires (chlorophylles, acides aminés, nucléotides, carbohydrates,...) participent à la croissance et au développement de la plante via leurs rôles dans la photosynthèse, la respiration, ou le transport des solutés. Les métabolites secondaires sont impliqués dans la structure des plantes, dans les interactions avec les facteurs biotiques du milieu et en particulier dans la défense contre les agressions. 43 Figure 19: Théorie de l’équilibre entre les mécanismes de différenciation et de croissance. Représentation de l’évolution du taux net d’assimilation, du taux de croissance relatif et du taux de synthèse des métabolites secondaires en fonction de la disponibilité en nutriments d’après Glynn (2007). 44 Partie I : Introduction bibliographique IV.2.1.1.1. Théories déterministes L’idée centrale des théories déterministes est que les plantes doivent optimiser la répartition de leurs ressources entre le métabolisme primaire impliqué dans la croissance et le développement et le métabolisme secondaire orienté vers la défense contre les pathogènes, l’adaptation à l’environnement, la survie et la propagation de l’espèce. Les deux métabolismes, sont en compétition pour les ressources carbonées. La répartition du carbone entre les métabolismes primaire et secondaire est étudiée depuis des dizaines d’années par les écologues. Plusieurs hypothèses complémentaires et parfois contradictoires ont été proposées pour expliquer cette distribution. La théorie de l’équilibre entre les mécanismes de différenciation et de croissance (Growth Differentiation Balance Hypothesis, GDBH), est la plus élaborée des hypothèses de défense des plantes (Stamp, 2003). La théorie de l’équilibre entre les mécanismes de différenciation et de croissance a été formulée initialement par Loomis (1932, 1953) et complétée par la suite par Lorio (1986) et Herms et Mattson (1992) (Figure 19). Elle prédit comment les plantes allouent leurs ressources entre les processus liés à la différenciation et les processus liés à la croissance dans différentes conditions environnementales. Cette théorie prédit que I) les plantes soumises à de faibles disponibilités en ressources présentent une faible croissance et une faible production en métabolites secondaires ; II) l’allocation pour la production de métabolites secondaires est plus faible chez les plantes croissant avec des ressources élevées (Herms et Mattson, 1992) ; III) les plantes soumises à des disponibilités en ressources intermédiaires ont la plus grande concentration en métabolites secondaires tandis que l’accumulation de la biomasse est intermédiaire (Loomis, 1932, 1953; Luxmoore, 1991) (Figure 19). Les concentrations en métabolites secondaires suivent une courbe en cloche et présentent un maximum pour de niveaux de ressources intermédiaires. 45 Figure 20: Réseau de signalisation impliquant les interactions entre les hormones et les espèces réactives de l’oxygène d’après Fujita et al. (2006). 46 Partie I : Introduction bibliographique IV.2.1.1.2. Théories mécanistes Les physiologistes ont émis l’hypothèse que les carbohydrates ont un rôle modulateur sur la biogénèse des métabolites secondaires. Chez les agrumes, le saccharose favorise le changement de couleur d’une manière dépendante de l’éthylène (Iglesias et al., 2001). La limitation en saccharose, due à la répression du gène Psy1, retarde et réduit l’accumulation de lycopène et de phytoène sur les disques de péricarpe (Telef et al., 2006). Ces observations suggèrent que le saccharose agit comme une molécule stimulante qui accroît l'accumulation des caroténoïdes après l'induction de leur synthèse. Dans les feuilles, l’accumulation des sucres solubles régule négativement l’expression des gènes de la photosynthèse et conduit à une perte de chlorophylles (Koch, 1996; Krapp et al., 1991; Rolland et al., 2002; Rolland et al., 2001). En admettant que les synthèses des chlorophylles et des caroténoïdes sont coordonnées, il faut s’attendre à ce que les sucres répriment la synthèse des caroténoïdes. Mortain-Bertrand et al. (2008) ont observé que l’accumulation des sucres dans les feuilles de tomate réprime les gènes codant pour les enzymes de la voie de biosynthèse des caroténoïdes (Psy, Pds, Lcy-β) aussi bien que ceux de la voie du méthylérythritol phosphate (Dxps) (Mortain-Bertrand et al., 2008). En résumé, l’accumulation des sucres stimule la synthèse des caroténoïdes dans les fruits alors que c’est l’effet inverse dans les feuilles. IV.2.2. L’influence du stress oxydatif sur la concentration en caroténoïdes Les végétaux sont exposés à de multiples stress biotiques et abiotiques dans leur environnement naturel. Pour survivre, les plantes possèdent des mécanismes évolués qui impliquent une signalisation par les hormones (acide salicylique, acide jasmonique, éthylène, acide abscissique) et les espèces réactives de l’oxygène (ROS). La perception des signaux extérieurs induit des réponses adaptées telles que l’acclimatation par l’augmentation de la capacité de détoxication des ROS (Foyer et Noctor, 2003; Fujita et al., 2006). Les phytohormones et les espèces réactives de l’oxygène jouent un rôle essentiel dans la signalisation des réponses aux stress biotiques et abiotiques (Figure 20) (Foyer et Noctor, 2003; Fujita et al., 2006). Les voies de réponses des phytohormones et des espèces réactives 47 Figure 21: Déséquilibre de la balance entre les espèces réactives de l'oxygène (ROS) et les antioxydants d'après Scandalios (2005). 48 Partie I : Introduction bibliographique de l’oxygène interagissent pour contrôler à la fois la tolérance aux stress et la résistance aux maladies. Le monoxyde d’azote (NO) jouerait également un rôle dans les réponses aux stress des plantes. En effet, il régulerait les réponses des plantes aux stress abiotiques (sécheresse, températures basses et élevées, salinité, métaux lourds et stress oxydatif) et serait impliqué dans la signalisation des réponses de défense au cours des interactions plantes-pathogènes (Arasimowicz et Floryszak-Wieczorek, 2007). En absence de stress, les ROS sont produits par de nombreuses réactions métaboliques. L’homéostasie des ROS est maintenue grâce à leur détoxication mais ils peuvent toutefois agir comme des molécules de signalisation (Foyer et Noctor, 2005b, 2003). Cependant, lors de stress plus intenses, la production de ROS peut augmenter rapidement et les systèmes antioxydants qu’ils soient enzymatiques (le cycle ascorbate-glutathion, la catalase, les superoxydes dismutases, les péroxydases) ou non-enzymatiques (les caroténoïdes, la vitamine C, …) peuvent alors être dépassés. Il en résulte un stress oxydatif, et donc l’accumulation de ROS (Laloi et al., 2004). Il est probable que le stress oxydatif soit impliqué dans la régulation de la biosynthèse des composés impliqués dans la détoxication des ROS, tels que les caroténoïdes. IV.2.2.1. Le stress oxydatif et les espèces réactives de l’oxygène Le stress oxydatif se définit comme le résultat d’un déséquilibre entre les espèces réactives de l’oxygène et les systèmes de détoxication, conduisant à l’apparition de lésions, de dysfonctionnements physiologiques (dommages au niveau des membranes, réduction de l’efficacité métabolique, mutations, réduction de la fixation du carbone, perte de fonction des organites…) pouvant conduire à la mort cellulaire des plantes (Scandalios, 2005) (Figure 21). Les plantes supérieures, comme les autres organismes aérobies, nécessitent de l’oxygène pour la production efficace d’énergie. Les espèces réactives de l’oxygène sont des dérivés partiellement réduit de l’oxygène moléculaire, O2 (Figure 22). 49 Partie I : Introduction bibliographique Figure 22: Formation des différentes espèces réactives de l'oxygène d’après Apel et Hirt (2004). La formation de l’oxygène singulet (1O2) est induite par l’excitation de molécules d’oxygène tandis que les autres espèces réactives de l’oxygène tels que l’anion superoxyde (O2•-), et les radicaux hydroxyles (OH•) sont formés par transfert d’un ou plusieurs électrons à la molécule d’oxygène (Apel et Hirt, 2004). Le peroxyde d’hydrogène (H2O2) n’est pas une espèce réactive de l’oxygène stricto sensu mais participe à la formation de radicaux libres. L’oxygène singulet (1O2), est très réactif et instable du fait de son état excité. Il réagit facilement avec les molécules voisines en les oxydant (Halliwell et Gutteridge, 2007). Il peut être formé par un excès d’énergie (radiations UV ou photo-inhibition) lors des réactions de transfert des électrons au niveau du photosystème II (Nyathi et Baker, 2006). Il est éliminé par l’α-tocophérol et les caroténoïdes dans la membrane des thylakoïdes à proximité des pigments (Asada, 2006). L’anion superoxyde (O2•-) n’est pas aussi réactif que les autres espèces réactives de l’oxygène car il ne réagit pas avec la plupart des molécules biologiques, contrairement au radical hydroxyle (Halliwell et Gutteridge, 2007). Il est formé au cours de différentes réactions enzymatiques et par l’auto-oxydation de composés tels que les quinones, les ferrédoxines et les thiols. Il est également produit au cours de la réaction de Mehler, qui permet de réguler le flux d’électrons dans la photosynthèse, et au cours de la respiration dans les mitochondries (Baker et al., 2006). Il est impliqué dans la peroxydation des lipides et des brins d’ADN. Il est responsable de l’inactivation de la catalase, de la glutathion peroxydase et de l’oxydation du NADPH (Halliwell et Gutteridge, 2007). 50 Tableau 4 : Production des espèces réactives de l’oxygène (ROS) dans une cellule végétale d’après Ramel (2009). Sites de production Chloroplastes ROS produites 1 O2 •O2 H2O2 • OH Mitochondries •- O2 H2O2 Peroxysomes •- O2 H2O2 H2O2 H2O2 H2O2 Processus 1 Excitation de la chlorophylle Transfert des électrons photosynthétiques Superoxyde dismutase Réaction de Fenton Chl* + O2 Chl + O2 •Fd réduite + O2 Fd oxydé + O2 •PQ réduite + O2 PQ oxydé + O2 •O2 H2O2 2+ 3+ • H2O2 + Fe Fe + OH + OH Transfert des électrons de la respiration Superoxyde dismutase O2 •- H2O2 •- Xanthine oxydase Superoxyde dismutase Photorespiration β-oxydation des acides gras Métabolisme de l’urée Xanthine + O2 •O2 H2O2 2 glycolate + O2 •- NADPH oxydase NADPH + 2 O2 •- Détoxication cellulaire Oxydation, hydroxylation, désamination, déhalogénation, et désaturation Membrane plasmique O2 Réticulum endoplasmique O2 Fd : ferrédoxine ; PQ : plastoquinone. 51 Réactions Acide urique + H2O2 + O2 2 glyoxylate + H2O2 + + •- NADP + H + 2 O2 Partie I : Introduction bibliographique Le radical hydroxyle (OH•) est considéré comme le plus réactif des oxydants dans les cellules végétales. Il peut se combiner avec presque tous les composants cellulaire par échange d’électrons, addition de doubles liaisons ou attachement d’un atome d’hydrogène (Halliwell et Gutteridge, 2007). Il est formé par la réaction de l’anion superoxyde avec le peroxyde d’hydrogène (la réaction de Haber-Weiss), et par la réaction d’ions fer ou cuivre ou de métaux lourds (plomb, cadmium) avec le peroxyde d’hydrogène (la réaction de Fenton) (Baker et al., 2006). Il peut initier des réactions en chaine avec de nombreuses molécules organiques, conduisant à la peroxydation des lipides, à l’inactivation d’enzymes, et à la dégradation des acides nucléiques (Young et al., 2002). Il est éliminé par l’α-tocophérol et l’ascorbate (Asada, 2006). Le peroxyde d’hydrogène (H2O2) est un faible agent oxydant ou réducteur et est généralement peu réactif en l’absence de métaux (Halliwell et Gutteridge, 2007). Il est formé au cours de la photorespiration (Nyathi et Baker, 2006). Il est responsable de l’inhibition des enzymes du cycle de Calvin et de certaines enzymes par oxydation des liaisons S-H (Baker et al., 2006). Il est éliminé par la catalase dans les peroxysomes et par l’ascorbate peroxydase dans les chloroplastes (Asada, 2006). IV.2.2.2. La formation des espèces réactives de l’oxygène Chez les plantes, les espèces réactives de l’oxygène (ROS) sont produites dans les chloroplastes, les mitochondries, les peroxysomes, la membrane plasmique et le réticulum endoplasmique (Tableau 4). Les cellules chlorophylliennes sont particulièrement exposées à la génération de ROS. Le chloroplaste est souvent considéré comme étant la principale source de ROS (peroxyde d’hydrogène, anion superoxyde, oxygène singulet et radicaux hydroxyles) chez les organismes photosynthétiques (Asada, 2006; Edreva, 2005; Foyer et Noctor, 2003). La mitochondrie et la respiration sont une source de production d’anion superoxyde et de peroxyde d’hydrogène lors de la détoxication de ce dernier. Les peroxysomes sont le siège d’une forte activité. 52 Epiderme de la feuille Chloroplaste 1 3 O2 Phloème O2 O2 •- O2 H2O2 4 Fd H2O NADP+ - 1/2O2 + 2e NADP+ 3 Cycle de Calvin ADP ADP Figure 23 : Formation d'espèces réactives de l'oxygène dans les chloroplastes, induite par la fermeture des stomates (1), un blocage de la translocation du saccharose au niveau du phloème (2), déficit en ATP (3), et l'inhibition de la chaine de transport (4). Fd, ferrédoxine ; FNR, ferrédoxineNADP-réductase; PQ, plastoquinone ; PSI, photosystème I ; PSII, photosystème II d’après Grassmann (2002). 53 Partie I : Introduction bibliographique métabolique centrée sur le métabolisme oxydatif (Corpas et al., 2001; Nyathi et Baker, 2006). Ils possèdent de nombreux systèmes antioxydants et prooxydants. Le peroxyde d’hydrogène est formé à la suite de plusieurs réactions dans les peroxysomes, la β-oxydation des acides gras, la photorespiration, le métabolisme de l’urée et lors de la détoxication de l’anion superoxyde par la superoxyde dismutase. L’anion superoxyde est quant à lui formé lors de la réaction de la xanthine avec l’oxygène et dans la chaine de transfert des électrons. Les plantes possèdent plusieurs enzymes ou complexes enzymatiques, telles que les NAPDHoxydases, les peroxydases végétales, les oxalates-oxydases, les amines-oxydases ou les oxydases péroxysomales, qui sont responsables de la production de ROS. La fonction de détoxication des cellules présente dans le réticulum endoplasmique fait intervenir de nombreux processus oxydants, tels que des oxydations, des hydroxylations, des désalkylations, des désaminations, des déshalogénations et des désaturations. Les réactions d’oxydation, catalysées par les cytochromes P450 mono-oxygénases (Coleman et al., 1997), génèrent des ROS et plus particulièrement de l’anion superoxyde. IV.2.2.2.1. La production d’espèces réactives de l’oxygène au cours la photosynthèse Les principales sources de ROS se situent au niveau des photosystèmes I (PSI) et II (PSII) dans les chloroplastes (Asada, 2006; Zhang et al., 2003). En conditions normales, le flux d’électrons provenant du centre réactionnel du PSI est dirigé vers le NADP+, qui une fois réduit, participe à la réduction du CO2 au niveau du cycle de Calvin. Dans les tissus photosynthétiques (Figure 23), la fixation du CO2 est limitée par de nombreux stress abiotiques (Long et al., 1994; Murata et al., 2007). Les faibles et les fortes températures, la sécheresse, ainsi que de fortes salinités, limitent fortement la fixation du CO2. Cette limitation entraîne une diminution du transport des électrons dans la chaine photosynthétique. La limitation du cycle de Calvin diminue l’utilisation du NADPH et conduit à la diminution du NADP+, le principal accepteur d’électron au niveau du PSI. Les photosystèmes I et II sont maintenus dans un état réduit, ce qui se traduit par l’inactivation du PSII par inhibition et donc une diminution de la photolyse de l’eau en O 2 et H+ (Demmigadams et Adams, 1993; Krause, 1988; Murata et al., 2007; Powles, 1984). Mais surtout les 54 Partie I : Introduction bibliographique électrons qui sont transférés vers l’oxygène moléculaire conduisant à la formation d’O2•- puis d’H2O par dismutation (Asada, 1999). Lorsque l’énergie lumineuse est en excès, les plastoquinones sont dans un état réduit. Il y a formation de chlorophylle sous forme triplet, et par transfert d’énergie, formation d’oxygène singulet (1O2) (Hideg et al., 2002). Les fortes intensités lumineuses peuvent donc endommager directement le PSII en produisant des ROS (Nishiyama et al., 2006; Takahashi et Murata, 2008). Une production d’O2•- est également possible au niveau du PSII lors de la réduction de l’oxygène moléculaire par les plastoquinones (Cleland et Grace, 1999; Navari-Izzo et al., 1999; Zhang et al., 2003). En résumé, tout stress provoquant la fermeture des stomates, ou une diminution de la translocation du saccharose, est susceptible d’entrainer une augmentation de la production de ROS. La superoxyde dismutase (SOD) est la première ligne de défense des plantes contre le stress oxydatif. Elle catalyse la dismutation de deux anions superoxydes formés, par exemple lors de la photosynthèse, en dioxygène et en peroxyde d’hydrogène. 2 O2.- + 2H+ O2 + H2O2 Le H2O2 formé est éliminé via le cycle ascorbate-glutathion et la catalase (Asada, 2006; Dat et al., 2000; Scandalios, 2005). AA : ascorbate réduit ; APX : ascorbate peroxydase ; DHA : déshydroascorbate ; DHAR : déshydroascorbate réductase ; GSSG : glutathion disulfide ; GSH : glutathion réduit ; GR : glutathion réductase ; H2O2 : peroxyde d’hydrogène ; MDHAR : monodéshydroascorbate réductase. 55 Figure 24: Formation de peroxyde d'hydrogène lors de la photorespiration d'après Foyer et al. (2009). GO : glycolate oxydase ; PGP : phosphoglycolate phosphatase 56 Partie I : Introduction bibliographique Le cycle de l’ascorbate-glutathion comprend quatre enzymes : l’ascorbate peroxydase (APX), la monodéshydroascorbate réductase (MDHAR), la déshydroascorbate réductase (DHAR) et la glutathion réductase (GR). Il est localisé au niveau des chloroplastes et permet d’éliminer le peroxyde d’hydrogène en excès généré au cours de la photosynthèse. La première enzyme du cycle ascorbate-glutathion est l’ascorbate péroxydase (APX). Elle catalyse la réduction de l’H2O2 en H2O en utilisant l’ascorbate comme donneur d’électrons pour former du monodéshydroascorbate et de l’eau. Dans les chloroplastes, au niveau du PSI, l’association des réactions catalysées par la SOD et l’APX constituent la réaction de Mehler, également connue sous le nom de cycle eau-eau. Le monodéshydroascorbate est réduit en présence de NADH par la monodéshydroascorbate réductase (MDHAR) en ascorbate. Le monodéshydroascorbate peut également être dismuté de manière non enzymatique en ascorbate et déshydroascorbate. Le déshydroascorbate (DHAR) est convertit en ascorbate et en glutathion oxydé (GSSG) par la déshydroascorbate réductase en utilisant le glutathion réduit comme donneur d’électron (GSH). La glutathion réductase (GR) permet de convertir le glutathion oxydé en présence de NADPH en glutathion réduit (Drew et al., 2007). Le peroxyde d’hydrogène produit par la chaine de transfert des électrons, la βoxydation peroxysomale et la photorespiration est éliminée par la catalase. C’est une enzyme majoritairement peroxysomale qui catalyse la dismutation de deux molécules de peroxyde d’hydrogène, en eau et en oxygène (Smirnoff, 1998). 2 H2 O 2 O2 + 2 H2O IV.2.2.2.2. La production d’espèces réactives de l’oxygène au cours de la photorespiration Lors de la photorespiration, la Rubisco, en présence de ribulose-1,5-bisphosphate, peut réagir avec l’O2 présent dans les chloroplastes pour produire du 2-phosphoglycolate. La phosphoglycolate phosphate le transforme en glycolate, qui est ensuite exporté dans le peroxysome (Foyer et al., 2009). La réaction d’oxydation du glycolate conduit à la formation 57 Partie I : Introduction bibliographique de glyoxylate et de péroxyde d’hydrogène (Figure 24) (Foyer et al., 2009; Nyathi et Baker, 2006). Ce dernier est éliminé par la catalase. IV.2.2.2.3. La production d’espèces réactives de l’oxygène au cours de la respiration Dans les cellules photosynthétiques, et en conditions de lumière, la production de ROS d’origine mitochondriale ne représente qu’une faible proportion de la production totale de ROS. Au contraire, à l’obscurité ou dans les tissus non photosynthétiques, les mitochondries peuvent devenir la source la plus importante de ROS (Rhoads et al., 2006). En effet, une partie de l’oxygène consommé par les cellules est convertie en ion superoxyde. Chez les plantes, 1% de l’oxygène absorbé est transformé en ROS et le reste est consommé par la respiration et réduit en eau (Moller, 2001). Figure 25: Production d’anion superoxyde dans la chaine de transport des électrons de la membrane mitochondriale interne d’après Taiz Et Zeiger (2006). AOX : oxydase alternative ; c : cytochrome c ; Complexe I : NADH déshydrogénase ; complexe II : succinate déshydrogénase ; complexe III : cytochrome bc1 ; complexe IV : cytochrome c oxydase ; complexe V : ATPase ; E1 et E2 : NAD(P)H déshydrogénase externe ; I1 : NADH déshydrogénase ; Q : pool d’ubiquinone. La production de ROS dans les mitochondries est causée par la fuite d’électrons inhérente au fonctionnement même de la chaine respiratoire et à la fixation des électrons sur l’oxygène moléculaire, qui conduit à la réduction incomplète de l’O2 et à la formation de ROS (Figure 25) (Brookes, 2005). Cette fuite se fait au niveau de la NADH déshydrogénase 58 Partie I : Introduction bibliographique appartenant au complexe I (Turrens et Boveris, 1980) ainsi qu’au niveau du cytochrome bc1 du complexe III (Rich et Bonner, 1978). Bien que les principales sources de ROS soient les complexes I et III, les flavoprotéines du complexe II pourraient également contribuer à la formation d’ion superoxyde (Young et al., 2002). Cette production de ROS est indissociable du processus respiratoire et fortement modulée par les conditions environnementales (Moller, 2001). La production de ROS augmente chaque fois que le flux d’électrons traité par la cytochrome c oxydase est ralenti, et chaque fois que le flux d’électrons entrant dans la chaine de transport augmente au-delà de la capacité de la voie respiratoire, ce qui conduit à la formation d’un pool d’ubiquinone (Q) réduit (Rhoads et al., 2006). Le superoxyde formé sera ensuite transformé en H2O2 par dismutation spontanée ou par action de la superoxyde dismutase (Boveris et Chance, 1973). IV.2.2.3. Le statut redox cellulaire Le potentiel redox intracellulaire, ou statut redox, est la résultante de l’état redox des couples oxydo-réducteurs présents dans la cellule. Les réactions redox sont des processus métaboliques fondamentaux par lesquels les cellules convertissent et distribuent l’énergie qui est nécessaire au fonctionnement de la cellule (Noctor, 2006). Les cellules des plantes ont acquis des composants sensibles au statut redox qui agissent comme des baromètres sensibles aux changements environnementaux. Elles ont développé des mécanismes qui peuvent déclencher des changements redox pour altérer l’expression des gènes et les fonctions cellulaires (Noctor, 2006). Les conditions redox régnant dans les cellules sont évaluées par le rapport des concentrations sous des formes oxydées et réduites des couples redox (Noctor, 2006). Les couples redox GSH/GSSG et AA/DHA sont prépondérants du fait de leurs concentrations dans les cellules mais d’autres couples tels que NAD(P)/NAD(P)H TRXox/TRXred, Fdox/Fdred ou encore PQ/PQH2 (plastoquinone oxydée/réduite) sont également importants (Foyer et Noctor, 2005b). Beaucoup d’enzymes de la voie de biosynthèse des caroténoïdes sont sensibles au statut redox. En effet, certaines enzymes telles que la 1-deoxy-D-xylulose-5-phosphate réductoisomérase, la phytoène désaturase, la ζ-carotène désaturase et la zéaxanthine 59 Partie I : Introduction bibliographique époxydase nécessitent du NADPH ou des rapports élevés en PQ/PQH2 pour fonctionner (Steinbrenner et Linden, 2003). Il existe une interaction entre les ROS et le statut redox. L’augmentation du niveau de ROS provoque une oxydation partielle ou complète des composants cellulaires induisant de ce fait une modification du statut redox de la cellule (Mittler et al., 2004). Par exemple, le GSH et l’ascorbate sont capables de réduire directement l’O2•- et le H2O2 et servent également de co-substrat aux enzymes antioxydantes ayant pour rôle de détoxifier les ROS. Ainsi, par leur potentiel oxydant et par le biais de leur interaction avec les couples redox majoritaires, les ROS contribuent à l’établissement de potentiels redox intracellulaires. Le potentiel redox cellulaire détermine les proportions relatives des espèces oxydées ou réduites de chaque couple redox. Ces proportions dépendent du potentiel redox de ces couples. Cette fonction du potentiel redox cellulaire est particulièrement importante car l’activité de nombreuses protéines, et, en particulier de nombreux facteurs de transcription, est régulée par leur état redox (Foyer et Noctor, 2005b; Noctor, 2006). En conditions normales, le cytoplasme cellulaire est un milieu très réducteur, ce qui a pour conséquence de maintenir la grande majorité des groupements thiols à l’état réduit (Foyer et Noctor, 2005a). L’état redox cellulaire contribue à la régulation post-traductionnelle de nombreuses protéines et de voies métaboliques. Par exemple, le système ferrédoxine/thioredoxine permet l’activation de plusieurs enzymes, et notamment des enzymes chloroplastiques par réduction des ponts disulfures, ce qui induit un changement de conformation des protéines. La thioredoxine régule des processus impliqués dans la photorespiration, le métabolisme azoté, le transport membranaire, la synthèse des hormones et la réponse aux stress (Buchanan et Balmer, 2005). Par exemple, chez la pomme de terre, le transporteur de saccharose est régulé par le statut redox puisque la présence d’oxydants stimule l’absorption de sucres au niveau du phloème (Kruegel et al., 2008). L’ADP glucose phosphorylase, une enzyme impliquée dans le contrôle de la synthèse d’amidon est également régulée par le statut redox (Hendriks et al., 2003; Tiessen et al., 2002). Des résultats récents ont montré que la modification d’enzymes impliquées dans l’état redox de l’ascorbate pouvait entrainer des modifications dans le métabolisme carboné et notamment sur le métabolisme des sucres. Par exemple, il a été montré que des lignées sous-exprimant l’alternative oxydase, 60 Partie I : Introduction bibliographique qui oxyde l’ascorbate et qui joue sur l’équilibre entre les deux formes d’ascorbate, induiraient des modifications d’activités enzymatiques impliquées dans le métabolisme des sucres (invertase, sucrose phosphate synthase) et une augmentation du transport du saccharose vers les fruits. De même, la monodéshydroascorbate pourrait influer par le statut redox sur le transport et le métabolisme des sucres (Stevens, 2011). IV.2.2.4. Rôles des espèces réactives de l’oxygène et des variations de statut redox dans le contrôle de la biosynthèse des caroténoïdes Le stress oxydatif stimule la synthèse des caroténoïdes dans les feuilles (Simkin et al., 2008). Les ROS stimuleraient la biosynthèse des caroténoïdes durant la différenciation des chloroplastes dans les disques de péricarpe de poivron (Bouvier et al., 1998). En effet Bouvier et al. (1998) ont observé une augmentation de l’expression des gènes codant pour les enzymes clefs de la voie de biosynthèse de la capsanthine par l’utilisation de molécules générant l’anion superoxyde et des molécules pro-oxydantes inhibant l’ascorbate peroxydase, la glutathion peroxydase, ou la catalase, ce qui induit une augmentation de la concentration en H2O2. Le mécanisme impliqué n’est pas connu mais les ROS générées pourraient influencer directement les gènes de la voie de biosynthèse des caroténoïdes, ou indirectement à travers leurs effets sur le statut redox. Les résultats obtenus par Kuntz et al. (1998) sur l’induction de deux gènes impliqués dans la synthèse et l’accumulation des caroténoïdes chez la tomate sont en contradiction avec les résultats précédents et ne sont pas en faveur d’une implication directe des ROS (Kuntz et al., 1998). Les résultats obtenus par Steinbrenner et Linden (2001) sont également en contradiction avec les observations de Bouvier et al. (1998). En effet, l’addition de composés générant des ROS n’influence pas l’expression des gènes codant pour la phytoène désaturase (PSY) et la caroténoïde hydroxylase (HY) chez l’algue verte Haematococus pluvialis (Steinbrenner et Linden, 2001). Kobayashi et al. (1993) ont proposé que l’effet des ROS sur la voie de biosynthèse des caroténoïdes serait post-transcriptionnel, et conduirait au renforcement de l’activité d’une ou plusieurs enzymes de la voie de biosynthèse des caroténoïdes. 61 Partie I : Introduction bibliographique Des études et des observations montrent également que le statut redox pourrait contrôler la voie de biosynthèse des caroténoïdes. La désaturation du phytoène par la phytoène désaturase (PDS), ainsi que la désaturation du ζ-carotène par la ζ-carotène désaturase (ZDS), sont des réactions complexes nécessitant des cofacteurs et une étape d’oxydation (Voir réaction p.29). Au cours de cette étape d’oxydation, le phytoène et le ζcarotène transfèrent un électron, à l’aide de la PDS et de la ZDS, à la plastoquinone (PQ). La plastoquinone est ensuite ré-oxydée par une plastoquinone oxydase, en utilisant une molécule d’oxygène comme accepteur final d’électrons (Barr et al., 2004; Carol et Kuntz, 2001; Josse et al., 2000; Scolnik et al., 1987). La plastoquinone a besoin d’être sous forme oxydée pour être capable d’accepter les électrons produits durant la synthèse du ζ-carotène. PQH2, la forme réduite de la PQ, doit être ré-oxydée par le photosystème I ou la terminale oxydase plastidiale (PTOX) (Joet et al., 2002; Josse et al., 2000). L’augmentation de l’expression du gène codant pour la PTOX a été observée chez les oranges pendant la maturation des fruits. Cette régulation coïncide avec une accumulation d’ARNm de la PTOX, de la PDS, et de la ZDS (Rodrigo et al., 2004). Les facteurs contrôlant la PTOX n’ont pas été identifiés. Cependant, le statut redox des plastoquinones jouerait un rôle essentiel dans le contrôle de la transcription de plusieurs gènes (Pfannschmidt et al., 1999). La PTOX montre des similarités avec l’oxydase alternative (AOX) mitochondriale (Wu et al., 1999) qui est régulée par le statut redox des ubiquinones. Les gènes en aval de la voie de biosynthèse, codant pour la β-carotène hydroxylase (β-HY), qui catalyse la formation de la zéaxanthine depuis le β-carotène, et pour la zéaxanthine époxydase (ZEP), qui catalyse la conversion de la zéaxanthine en violaxanthine, sont également contrôlées par le statut redox des plastoquinones (Woitsch et Romer, 2003). En effet, lorsque la réduction des plastoquinones est inhibée par le DCMU (3-(3,4-dichlorophényle)-1,1-diméthylurée), l’expression des gènes de la β-Hy et de la Zep est augmentée et une accumulation de xanthophylles est observée. Au contraire, quand l’oxydation des plastoquinones par le complexe du cytochrome b6f est inhibée par application du DBMIB (2,5-dibromo-6-isopropyle-3-méthyle-1,4-benzoquinone), les expressions des gènes codant pour la β-HY et de la ZEP sont diminuées. Il a également été observé que l’expression de 4 gènes de la voie de biosynthèse des caroténoïdes, Psy, Pds, lycopène-β-cyclase (Lcy-β) et Chy de l’algue verte Haematococcus pluvialis était corrélée avec le statut redox résultant du transport des électrons photosynthétiques, et plus spécifiquement avec le statut redox du pool des plastoquinones (Steinbrenner et Linden, 62 Partie I : Introduction bibliographique 2003). Steinbrenner et Linden (2003) considèrent que la voie de biosynthèse des caroténoïdes est complètement contrôlée par le statut redox de la chaine photosynthétique. La phytoène synthase, la phytoène désaturase, la ζ-carotène désaturase, la β-hydroxylase et la zéaxanthine époxydase serait contrôlées par le statut des redox des plastoquinones (Cazzonelli et Pogson, 2010; Fraser et al., 2007; Fraser et al., 2002; Woitsch et Romer, 2003). De plus, le statut redox pourrait jouer un rôle clef dans la synthèse des caroténoïdes puisque plusieurs étapes de la voie de biosynthèse nécessitent du NADPH (Bouvier et al., 2005a). La première étape utilisant du NADPH est celle catalysée en amont par la 1-desoxy-D-xylulose5-phosphate réductoisomérase dans la voie de Rohmer, et la seconde est catalysée en aval par la zéaxanthine époxydase en présence d’O2 (Hieber et al., 2000). De plus, le NADPH a la capacité de moduler le statut redox du pool d’ubiquinone (Kobayashi et al., 1993; Ryu et al., 2004). IV.2.3. Les interactions entre l’effet du statut carboné et l’effet du stress oxydatif Il y a cependant des hypothèses alternatives à celle du contrôle de la voie de biosynthèse des caroténoïdes par le statut redox. A l’obscurité, dans certaines conditions, quand l’oxydation du NAD(P)H persiste en l’absence de génération d’ATP, le glucose inhibe l’induction de la synthèse des caroténoïdes chez la cyanobactérie Synechocystis, suggérant ainsi que ni le statut redox du cytosol, ni le pool de plastoquinone de la membrane photosynthétique ne sont impliqués (Ryu et al., 2004). A l’obscurité, le glucose induirait l’expression des gènes impliqués dans la biosynthèse des caroténoïdes par le biais du pH cytosolique (Ryu et al., 2004). Plus spécifiquement, l’alimentation en glucose serait à l‘origine d’une augmentation du pouvoir réducteur sous la forme de NAD(P)H produit par la glycolyse et la voie des pentoses phosphates. Ce pouvoir réducteur serait par la suite réoxydé par le biais de la chaine de transport des électrons de la respiration, ce qui entraînerait l’alcalinisation du cytosol. Le mécanisme par lequel l’augmentation du pH cytosolique agirait sur la régulation des gènes de la voie de biosynthèse des caroténoïdes n’a pas été élucidé. 63 Partie I : Introduction bibliographique Les sucres semblent jouer un double rôle dans la mesure où les ROS sont concernées. Les sucres solubles peuvent alimenter le processus métabolique de production du NADPH tel que la voie oxydative des pentoses phosphates. En effet d’une part, le NADPH est nécessaire dans les processus de détoxication tels que le cycle ascorbate-glutathion (Corpas et al., 1998; Leterrier et al., 2007; Noctor et Foyer, 1998; Noctor et al., 2005; Valderrama et al., 2006) et dans la régulation des voies métaboliques pour la thioredoxine réductase, via la réduction des groupes thiols (Nordman et al., 2002). Et d’autre part, le glucose est le principal précurseur de la synthèse des caroténoïdes et de l’ascorbate (Smirnoff et al., 2001), et les éléments constitutifs du glutathion (Niyogi et al., 1998). V. Problématique et objectifs Les fruits d’agrumes contiennent plusieurs groupes de métabolites secondaires, dont les caroténoïdes. Les fortes concentrations et la diversité des caroténoïdes présents dans les fruits d’agrumes sont des caractéristiques importantes pour la qualité nutritionnelle des fruits. Différentes études ont montré qu’il était possible d’augmenter substantiellement la concentration en caroténoïdes chez la carotte (+120%), l’épinard (30%) et la tomate (50%) (Abushita et al., 2000; Kidmose et al., 2000), à travers des approches purement agronomiques. Le levier environnemental peut être utilisé pour augmenter considérablement la concentration en caroténoïdes d’une large gamme de fruits et de légumes (Poiroux-Gonord et al., 2010). Parmi les approches utilisées, deux facteurs semblent prédominants : le statut carboné et le statut redox. Il est en effet généralement admis que le statut carboné influence la biosynthèse des métabolites secondaires, notamment par la disponibilité des précurseurs essentiels à leur biogénèse. Les théories déterministes, élaborées par les écologues, essayent de prédire comment les plantes allouent les ressources alors que les théories mécanistes élaborées par les physiologistes sont basées sur le rôle modulateur et signal des sucres. De la même façon, tous les stress induisent un stress oxydatif et une production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) qui jouent un rôle dans la régulation de la voie de biosynthèse des caroténoïdes. Par exemple, les caroténoïdes sont de forts antioxydants et sont utilisés à des fins de détoxication. Ils jouent un rôle important dans la dissipation de l’énergie absorbée en excès par les tissus photosynthétiques à travers le cycle des xanthophylles. 64 Partie I : Introduction bibliographique Dans le but de produire des fruits d’agrumes à teneurs augmentées ou garanties en caroténoïdes, ces deux hypothèses ont été étudiées dans le cadre de ce travail de thèse. Le premier objectif a été de déterminer l’impact de l’alimentation en sucres sur les critères de qualité organoleptiques (calibre, maturité, sucres et acides organiques) et sur les critères de qualité nutritionnels (caroténoïdes). Cette étude s’est déroulée en deux étapes successives. Dans un premier temps, nous avons appliqué différentes charges en fruits dans le but de modifier l’alimentation carbonée à un stade de développement unique, juste après la chute physiologique afin d’observer les variations dans les critères de qualité, et notamment dans la concentration en caroténoïdes de la pulpe du fruit à différents stades de maturité. Dans un deuxième temps, nous avons mis en place ces différentes charges en fruits, par défoliation ou ombrage des feuilles de façon à tester l’effet du stade d’application du traitement : après la chute physiologique des fruits, au changement de couleur, et au stade de maturité. Les effets ont été étudiés à une date précise correspondant à la maturité pour les fruits témoins. Cette expérimentation a plusieurs intérêts. Premièrement, elle avait pour but de déterminer à quel stade de développement du fruit, une forte charge en fruit est plus propice à l’amélioration de certains critères de qualité tels que la concentration en caroténoïdes, tout en maintenant le calibre et la cinétique de maturité du fruit. Deuxièmement, cette étude avait pour but de définir si la durée d’application du traitement est un élément déterminant dans l’amélioration de la concentration en caroténoïdes. Le deuxième objectif a été d’étudier un effet éventuel d’un stress photooxydatif appliqué sur des feuilles, à l’aide de différentes ombrières, sur les paramètres photosynthétiques des feuilles. Puis, nous avons observé les effets que ce stress photooxydatif pouvait produire dans la pulpe du fruit et notamment sur le métabolisme antioxydant, d’une part, et sur la concentration en caroténoïdes, d’autre part. 65 Partie II : Matériels et méthodes Partie II : Matériels et méthodes I. Le matériel végétal Les expérimentations ont été réalisées sur des clémentiniers âgés de 18 ans et des orangers ‘Navelate’ âgés de 15 ans. Les arbres sont issus d’un verger expérimental sur le domaine INRA-CIRAD de San Giuliano en Corse (42°18’55’’ N, 9°29’29’’ E ; 51m a.s.l.). Les clémentiniers (Citrus clementina Hort. Ex Tan.) sont greffés sur le porte-greffe CitrangeCarrizo et les orangers (Citrus sinensis (L.) Osbeck) sur le porte-greffe Poncirus trifoliata (L.) Raf. Les arbres ont une hauteur d’environ 2,5 m et sont espacés de 4 m dans un même rang et de 6 m entre les rangs. Les expérimentations ont été réalisées sur des arbres irrigués, indemnes de maladies et soumis aux mêmes conditions culturales (fertilisation et traitements phytosanitaires). II. Les dispositifs expérimentaux II.1. Effet de l’alimentation en sucres sur les critères de qualité des fruits d’agrumes II.1.1. Première étude : en fonction du stade de maturité des fruits 27 rameaux composés de pousses âgées de moins d’un an ont été sélectionnés sur la face est des clémentiniers et à hauteur d’hommes (environ 1,50 m). Les rameaux sont répartis sur 10 arbres, ont un diamètre équivalent (environ 1 cm) et sont exposés de manière similaire. La pleine floraison a été observée à la mi-avril et les rameaux ont été « annelés » après la chute physiologique des fruits, à la mi-juillet. L’annélation a consisté à enlever un morceau de l’écorce large de 10 à 15 mm au milieu de la tige principale de chaque rameau afin d’empêcher tout transport des assimilats depuis les rameaux vers le reste de l’arbre, ou inversement. Seules les connexions phloémiennes ont été supprimées. Les traitements ont été appliqués aléatoirement, à raison de 2 ou 3 rameaux fructifères par arbre. Chaque rameau possède un seul fruit. Pour le témoin, les rameaux ont été annelés à 30 feuilles. Ce traitement correspond à une charge en fruit faible par rapport au nombre de feuilles. Ce rapport élevé (30 feuilles par fruit) ou cette faible charge en fruits, a été choisi en fonction d’études précédentes, et il garantit un approvisionnement en sucres non-limitant 67 Partie II : Matériels et méthodes pour le développement et la croissance du fruit. Pour le second traitement, 15 feuilles par rameaux ont été conservées (charge en fruits moyenne). Et pour le troisième traitement, 5 feuilles par rameaux ont été gardées. Ce dernier traitement correspond à une charge en fruits élevée. Aucune chute de fruits n’a été observée durant l’expérimentation. Durant l’expérimentation, les données climatiques ont été enregistrées : température, pluviométrie et rayonnement global (Tableau 5). Tableau 5: Données climatiques du mois de juillet 2007 au mois de janvier 2008 à San Giuliano. Pluviométrie Radiation globale (mm) (J.cm-2) 23,8 0 2719,4 29,3 23,4 2 2152,4 15,3 25,7 20,1 12,5 1712,4 Octobre 12,5 21,3 16,5 354,3 1108,2 Novembre 8,6 16,6 11,9 49 711,9 Décembre 6,1 15,5 9,6 165 564,8 Janvier 6,2 14,8 9,9 63.2 625,1 T min (°C)* T max (°C)* T moy (°C)* Juillet 17,9 29,6 Août 18,4 Septembre * T min : température mensuelle minimale ; T journalière ; T moy : température mensuelle moyenne. max: température mensuelle maximale 3 fruits par traitement ont été récoltés, pour chacune des trois dates de récolte choisies: 25 octobre 2007 (date I), 22 novembre 2007 (date II), et 9 janvier 2008 (date III). La maturité des fruits a été estimée en utilisant des indicateurs de maturité tels que l’extrait sec soluble (ESS), l’acidité titrable (AT) et l’indice de maturité (ESS/AT). II.1.2. Deuxième étude : en fonction des différents stades de développement du fruit 75 rameaux composés de pousses âgées de moins d’un an ont été sélectionnés sur la face est des clémentiniers et à hauteur d’homme (environ 1,50 m). Les rameaux sont répartis sur 3 arbres, ont un diamètre équivalent (environ 1 cm) et sont exposés de la même manière. L’annélation a été appliquée sur les rameaux possédant 40 feuilles le 23 juillet 2008 après la chute physiologique des fruits. Au moment de l’annélation, tous les fruits 68 Figure 26: Dispositif expérimental utilisé pour étudier l’effet sur les critères de qualité du fruit d’une réduction réversible ou non de l’alimentation en sucres en fonction du stade de développement. Les deux traitements, défoliation et ombrage, ont été appliqués à deux stades de développement du fruit (le 24 juillet et le 15 septembre). Durant la phase de maturation, seule un traitement défoliation a été réalisé (le 17 novembre). Le témoin correspond à la faible charge en fruits (30 feuilles par fruit). 69 Partie II : Matériels et méthodes ont un diamètre compris entre 23 et 27 mm. Aucune chute de fruits n’a été observée durant toute la durée de l’expérimentation. Tous les rameaux fructifères possèdent 40 feuilles au début de l’expérimentation. Avant chaque traitement, tous les rameaux ont été défoliés à 30 feuilles afin qu’ils soient dans les mêmes conditions. Ils ont tous été soumis au stress que peut provoquer une défoliation. La défoliation et l’ombrage des feuilles ont été utilisés pour obtenir trois niveaux de charge en fruits : élevée (5 feuilles par fruit), moyenne (15 feuilles par fruit), et faible (30 feuilles par fruit) (Figure 26). La défoliation (traitement permanent) et l’ombrage (traitement réversible) ont été réalisés sur 15 rameaux (5 rameaux par traitement x 3 niveaux de charge en fruits) le 24 juillet 2008, précocement après la chute physiologique des fruits, et le 15 septembre 2008, à un stade intermédiaire au moment du changement de couleur. Au stade de maturité correspondant à un stade tardif, seule une défoliation a été appliquée (le 17 novembre 2008). L’ombrage des feuilles a été réalisé en utilisant un filet d’ombrage totalement opaque, pour obtenir soit 5 ou 15 feuilles par fruit. Après 15 jours, les ombrages ont été retirés. Durant l’expérimentation, les données climatiques ont été enregistrées : température, pluviométrie et rayonnement global (Tableau 6). Tableau 6 : Données climatiques du mois de juillet 2008 au mois de décembre 2008 à San Giuliano. Pluviométrie Radiation globale (mm) (J.cm-2) 24,2 0 2644,4 30,5 24,5 9 2326,8 15,5 26 20 21,5 1612,5 Octobre 13,2 23,2 17,4 248,5 1125,3 Novembre 9 17,9 12,6 345 639,4 Décembre 5,9 13,9 9,2 222,5 458,6 T min (°C)* T max (°C)* T moy (°C)* Juillet 18,8 29,6 Août 19,4 Septembre * T température mensuelle minimale ; T journalière ; T moy : température mensuelle moyenne. min : max: température mensuelle maximale Tous les fruits ont été récoltés le 1er décembre 2008. La maturité des fruits a été estimée en utilisant les indicateurs de maturité habituels : l’extrait sec soluble (ESS), l’acidité titrable (AT) et l’indice de maturité (ESS/AT). 70 Figure 27: Spectre de caractérisation de la transmission de l’énergie lumineuse pour les deux ombrières utilisées : l’ombrière transmettant 81,78% de la lumière source (A) et celle transmettant 9,15% de la lumière source (B). La lumière source correspondant au soleil est représenté par un trait plein de couleur bleu et la source agrémentée d’un filtre par un trait en pointillée de couleur rose. 71 Partie II : Matériels et méthodes II.2. Troisième étude : effet d’un stress photooxydatif imposé au niveau des feuilles sur la concentration en caroténoïdes des fruits proches Dans cette expérimentation, nous avons choisi de travailler sur des oranges et non sur des clémentines pour différentes raisons techniques. Pour cet essai, il était nécessaire de travailler sur des arbres bien orientés pour recevoir le plus de lumière naturelle possible. Donc nous avons choisi des arbres bien exposés, n’étant ombrés ni par des rangs de bordure ni par des haies brise-vent. De plus, afin de pouvoir réaliser toutes les analyses souhaitées pour notre étude, une plus grande quantité de matière était nécessaire. Les oranges « Navelate » possédaient toutes ses caractéristiques. 48 rameaux composés de pousses âgées de moins d’un an ont été sélectionnés parmi 4 orangers de façon à avoir la même exposition à la lumière, et le même diamètre initial (environ 1 cm). Tous les rameaux ont la même orientation à l’est et sont à la même hauteur (environ 1,5 m du sol). Les rameaux ont été annelés à 40 feuilles avant le début de l’expérimentation le 3 février 2009 durant la phase III du développement du fruit, c’est-àdire lorsque le fruit est en cours de maturation. Les traitements ont été répartis aléatoirement sur les arbres sélectionnés. Nous avons utilisé deux types de filet d’ombrage permettant de diminuer l’énergie de la lumière transmise. Leurs spectres de transmissions ont été comparés à une lumière source, qui est le soleil et ont été caractérisées par spectrométrie Li-Cor-Li-1800. L’énergie (300-1100 nm) transmise par le soleil est de 693,30 W/m² tandis que celle transmise lorsque la lumière du soleil est additionnée d’un filtre est de 564,22 W/m² pour le filet d’ombrage de couleur verte et de 63,46 W/m² pour le filet d’ombrage de couleur noir. Nos deux filets d’ombrages permettent donc la transmission de 9,15% (filet d’ombrage de couleur noir bloquant la transmission de 91,75% de l’énergie lumineuse) et de 81,78% (filet d’ombrage de couleur noir bloquant la transmission de 18,22% de l’énergie lumineuse). La quantité de lumière a été modifiée à l’aide de ces ombrages mais pas la qualité. En effet, aucune longueur d’onde n’a été filtrée spécifiquement (Figure 27). 72 Figure 28: Dispositif expérimental utilisé pour étudier l’effet sur les fruits d’un stress photooxydatif appliqué au niveau des feuilles proches. 73 Partie II : Matériels et méthodes Sur chacun des rameaux, les 10 feuilles les plus proches du fruit, en position terminale, et les plus exposées à la lumière, ont été ombrées individuellement à l’aide du filet d’ombrage 91,75% (Figure 28). Après 6 jours d’adaptation à une faible quantité de lumière, un stress photooxydatif a été testé, le 9 février 2009. 16 rameaux, correspondant au témoin (T), ont conservé leurs filets d’ombrage à 91,75% jusqu’à la fin de l’expérimentation. 16 rameaux, correspondant au traitement d’intensité lumineuse élevé, ont été soumis brutalement à une forte intensité lumineuse par l’élimination des filets d’ombrage des feuilles. Pour finir, 16 rameaux, correspondant au traitement d’intensité lumineuse moyenne, ont reçu une intensité lumineuse intermédiaire : les filets d’ombrage à 91,75% ont été remplacés par des filets d’ombrage à 18,22%. Les feuilles ont reçu ainsi 81,78% de l’intensité lumineuse. Pendant l’expérience, de mesures écophysiologiques ont été réalisées sur une quinzaine de feuilles afin de déterminer si les feuilles ont été exposées à un stress photooxydatif. Les paramètres mesurés sur ces feuilles sont le rendement quantique maximum du photosystème II (Fv/Fm), le rendement minimal de la fluorescence (Fo), le rendement maximal de la fluorescence (Fm), la variation de la fluorescence (Fv), et l’indice de performance (PI) en utilisant le système portable handyPEA (Hansateck, Norfalk, Angleterre). L’indice de performance est composé de trois composantes indépendantes contribuant à la photosynthèse : RC/ABS , Fv/Fo et (1-Vj)/Vj. Les trois composantes représentent respectivement la contribution au PI de la densité des centres réactionnels actifs, des réactions lumineuses pour la photochimie primaire et les réactions de la phase sombre. Pour chacun des rameaux fructifères traités, quatre récoltes ont été effectuées : I) le 9 février, 3 heures après l’application du stress ; II) le 10 février, 27 heures après ; III) le 11 février, 51 heures après ; et IV) le 13 février, 99 heures après. Les récoltes ont porté sur 4 fruits par traitement. 74 Partie II : Matériels et méthodes Stress Acclimatation Tableau 7: Données climatiques du 3 au 13 février 2009 à San Giuliano. Tmoyenne Précipitations Radiation globale (°C)* (mm) (J.cm ) 15 10.2 0 854 6 15.6 10.8 0 991 5 février 6.1 18.4 11.9 1 818 6 février 8.1 18 12.6 0 733 7 février 6.4 15.1 9.7 0.5 1101 8 février 3.1 13.7 8.2 0 1061 9 février 4.2 15.2 8.9 0 1174 10 février 6.5 19.1 12 0 830 11 février 5.3 11.8 9 0.5 482 12 février 3.8 11.5 7.2 0.5 849 13 février 1.7 8.9 4.1 0 713 Tmin (°c)* Tmax (°C)* 3 février 6.3 4 février * T min : température mensuelle minimale ; T journalière ; T moy : température mensuelle moyenne. max: -2 température mensuelle maximale Durant l’expérimentation, les données climatiques ont été enregistrées : température, pluviométrie et rayonnement global (Tableau 7). III. Conservation des échantillons Après la récolte, les fruits ont été pelés et l’échantillon de pulpe du fruit a été broyé en une fine poudre à l’aide d’azote liquide. Cette dernière a été placé dans un contenant en verre ambré sous atmosphère d’azote et conservée au congélateur à -80°C. Une partie de cette poudre a été pesée puis lyophilisée afin d’obtenir la matière sèche et la matière de départ pour le dosage des sucres et des acides organiques. Les feuilles récoltées ont été plongées dans un bain d’azote liquide puis placées directement au congélateur à -80°C. IV. Mesure de l’indice de maturité La mesure de l’acidité titrable a été déterminée par titrage de la soude (0.1 mol.L-1, pH=8.2) grâce à un titrateur automatique Mettler, DL 25 (Mettler-Toledo, France). Elle a 75 Partie II : Matériels et méthodes neutralisé les protons libres à l’aide d’une base forte et a été exprimée en milliéquivalent d’acide citrique/g de matière fraîche (Boland, 1990). Les mesures d’extrait sec soluble (° Bricks) contenu dans la pulpe ont été réalisées à l’aide d’un réfractomètre (modèle Atago, 032%, VWR). Les degrés Brix ont été exprimés en pourcentage (Bassene et al., 2009). L’indice de maturité a été déterminé en utilisant le rapport ESS (Extrait Sec Soluble) / AT (Acidité titrable). Pour les fruits de clémentines mûrs, l’indice de maturité est situé aux alentours de 12. V. Les analyses biochimiques V.1. Dosage des sucres et des acides organiques V.1.1. Préparation des échantillons V.1.1.1. Extraction des sucres Les sucres ont été extraits selon la méthode décrite par Gomez et al. (2002) : 100 mg de poudre lyophilisées de pulpe d’agrumes ont été homogénéisées dans 10 mL d’un mélange méthanol/eau (50:50, v:v, VWR (West Chester, USA)) et 5 mL de chloroforme (VWR). Cette suspension a été agitée pendant 30 min puis centrifugée à 5500 g pendant 15 min. Le surnageant a été séché pendant une nuit à l’aide d’un évaporateur rotatif à température ambiante puis dissous dans un mélange de 3 mL d’eau et de 1 mL de polyvinyle pirrolidone (PVP) à 5% (Sigma-Aldrich, Steinheim, Allemagne). Après agitation, le mélange a été placé 30 min à température ambiante avant de le centrifuger à 5500 g pendant 10 min. Le surnageant a été filtré sur une membrane d’acétate de cellulose de diamètre 25 mm et de porosité 22 µm (VWR) puis placé dans un flacon pour l’analyse par HPLC. V.1.1.2. Extraction des acides organiques Les acides organiques ont été extraits selon la méthode décrite par Albertini et al. (2006). 100 mg de poudre ont été lyophilisés, puis solubilisés dans 5 mL d’eau bi-distillée, et homogénéisées au vortex puis au Dounce pendant 1 min. La suspension a été centrifugée à 76 Partie II : Matériels et méthodes 4000 g pendant 10 min à température ambiante. Le surnageant a été filtré sur une membrane d’acétate de cellulose de diamètre 25 mm et de porosité 22 µm (VWR), puis placé dans un flacon pour l’analyse par HPLC. V.1.2. Analyse des sucres par HPLC Les sucres ont été analysés par HPLC en utilisant un réfractomètre (Perkin-Elmer, série 200, Waltham, USA). Les sucres ont été séparés par une colonne en C16 de silice avec des groupements amines (High Performance Carbohydrates, 250 x 4,6 mm, d. 4 µm (Waters, Mulfort, USA)) selon la méthode décrite par Albertini et al. (2006). Les phases mobiles sont l’acétonitrile (VWR) comme éluant A et l’eau bi-distillée comme éluant B. Le débit a été fixé à 1 mL.min-1, la température de la colonne est à 35°C et le volume d’injection est de 10 µL. L’élution des sucres a été réalisée en mode isocratique en plusieurs étapes : I) l’étape d’équilibrage, 0-15 min, 70%A 30%B ; II) l’étape d’élution, 15-25 min, 70%A 30%B ; III) l’étape de rinçage, 25-27 min, 100% A. V.1.3. Analyse des acides organiques par HPLC Les acides organiques ont été analysés par HPLC en utilisant un détecteur UV (PerkinElmer, série 200, Waltham, USA) selon la méthode décrite par Albertini et al. (2006). Les acides organiques ont été séparés en phase interne par une colonne en C18, échangeuse de cations (Sphéri-5 RP 18, 220 x 4,6 mm, d. 5 µm, Perkin-Elmer). Les phases mobiles sont le tampon phosphate 25 mM à pH 2,4 (VWR) comme éluant A, l’acétonitrile (VWR) comme éluant B, et l’eau comme éluant C. Le débit a été fixé à 1 mL.min -1, la température de la colonne est de 20°C et le volume d’injection est de 20 µL. L’élution des acides organiques a été réalisée en mode isocratique en plusieurs étapes : I) l’étape d’équilibrage, 0-15 min, 100%A ; II) l’étape d’élution, 15-30 min, 100%A ; III) l’étape de rinçage, 30-31 min, 30%B 70%C. Les acides organiques ont été détectés à une longueur d’onde de 210 nm. 77 Partie II : Matériels et méthodes V.1.4. Identification et quantification des sucres et des acides organiques Les sucres ont été identifiés par leur indice de réfraction et leur temps de rétention en comparaison avec l’injection de trois standards : glucose, fructose et saccharose (Sigma Aldrich). Les acides organiques ont été identifiés par leur temps de rétention en comparaison avec l’injection de cinq standards : acide oxalique, acide malique, acide ascorbique, acide citrique et acide succinique (Sigma Aldrich). Les données ont été collectées, stockées et intégrées en utilisant le logiciel TotalChromTM version 6,2 (Perkin-Elmer). Les sucres et les acides organiques ont été quantifiés en utilisant des courbes de calibrage pour les différents composés identifiés. Les concentrations ont été exprimées en mg.g-1 de matière sèche. Les concentrations totales de sucres et d’acides organiques ont été calculées par addition des concentrations de tous les composés identifiés. V.2. Dosage des caroténoïdes V.2.1. Préparation des standards Les concentrations des solutions standard ont été calculées par des mesures au spectrophotomètre en les dissolvant dans un solvant approprié dans un bain à ultrasons, et en utilisant leur coefficient d’extinction molaire (ε) (Tableau 8). Tableau 8: Préparation des solutions standards. Solvant de dissolution Coefficient d’extinction (L.mol-1.cm-1) lutéine Ethanol 144 800 zéaxanthine Ethanol 140 900 β-cryptoxanthine Dichlorométhane 135 700 β-carotène Dichlorométhane 138 900 lycopène Dichlorométhane 184 900 Standard 78 Partie II : Matériels et méthodes La solution de lycopène servant de standard interne a été diluée afin d’obtenir une concentration finale de 120 mg.L-1. V.2.2. Extraction et saponification des caroténoïdes Les caroténoïdes ont été extraits selon la méthode décrite par Fanciullino et al. (2006). Les caroténoïdes étant des molécules sensibles à la lumière et à l’oxygène, toutes les étapes ont été conduites en lumière inactinique et les extraits transférés dans des flacons de verre ambré sous atmosphère d’azote. Les caroténoïdes de la pulpe des agrumes ont été extraits à partir de 2,5 g de matière fraîche broyée en une fine poudre à laquelle ont été ajoutés 120 mg d’hydroxyde de carbonate de magnésium (MgCO3, Sigma-Aldrich) et 35 mL du mélange d’extraction (éthanol/hexane (VWR), 4:3, v:v, contenant 0,1% de ter-butylhydroxytoluène (BHT, SigmaAldrich)). 300 µL, équivalents à 30 µg d’une solution de lycopène ont été ajoutés comme standard interne. Le mélange a été agité pendant 5 min. Les résidus ont été séparés de la phase liquide par filtration avec un entonnoir filtrant de porosité n°2, puis ré-extraits avec 35 mL d’éthanol/hexane (4:3, v:v). Les résidus ont ensuite été rincés avec successivement 30 mL d’éthanol et 30 mL d’hexane jusqu’à leur décoloration. Les phases organiques ont été transférées dans une ampoule à décanter et lavées successivement avec 2 X 50 mL de chlorure de sodium à 10% (NaCl, VWR) et 3 X 50 mL d’eau bi-distillée. La phase aqueuse a été éliminée. La phase hexanique a été séchée à l’aide du sulfate de sodium anhydre (NaSO4, VWR), filtrée et évaporée à 40°C dans un évaporateur rotatif. L’extrait sec a ensuite été dissout dans 20 mL d’hexane puis placé dans un flacon ambré dans lequel 10 mL d’hydroxyde de potassium 20% (KOH, VWR) méthanolique ont été ajoutés. La saponification a été effectuée durant toute une nuit à température ambiante sous agitation et sous atmosphère d’azote. L’échantillon a ensuite été transféré dans une ampoule à décanter pour séparer la phase hexanique de la phase méthanolique. La phase hexanique a été lavée à l’eau bi-distillée jusqu’à la neutralité. Les caroténoïdes présents dans la phase méthanolique ont été extraits par ajout de 3 X 10 mL de dichlorométhane (VWR). Ces extraits ont également été lavés à l’eau distillée jusqu’à neutralité. Les extraits issus des deux phases ont été regroupés, séchés à l’aide de NaSO4, filtrés et évaporés à 40°C au 79 Tableau 9: Caractéristiques spectrales des caroténoïdes présent dans la pulpe des agrumes N° Temps de rétention (min) Identification 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 22.06 23.77 25.30 26.62 29.02 29.45 30.84 31.72 34.51 39.00 40.14 50.98 60.74 Cis-violaxanthine a Lutéine a Zéaxanthine Cis-anthéraxanthine 15-cis-β-cryptoxanthine Zéinoxanthine Phytoène a β-cryptoxanthine Phytofluène a β-carotène ζ-carotène Cis-lycopène a Lycopène a λ max (nm) observée Cis328 Cis330 Cis335 Cis360 λ max (nm) dans la littérature Pic I Pic II Pic III % III/II 413 419 426 421 421 421 276 428 332 436 444 449 442 441 444 286 452 348 452 401 466 473 465 470 473 469 470 474 297 478 367 479 427 496 502 86 33.3 6 55.5 381 440 447 Cis328 Cis330 Cis338 25 84 13 52.7 62.5 Cis355 Pic I Pic II Pic III % III/II 412 422 426 417 420 421 276 427 331 436 444 450 440 444 445 286 450 348 452 400 466 472 464 472 476 468 470 472 298 477 368 477 420 490 502 81 48 17 47 379 441 446 20 68 12 90 45 71 Identifiés en utilisant les standards authentiques, par comparaison avec leur temps de rétention et le spectre UV-visible. Nous avons tenté d’identifier les autres pigments en utilisant les caractéristiques des spectres rapportés dans la littérature. Les solvants et le programme d’élution en gradient sont les mêmes que dans la littérature (Fanciullino et al., 2008). 80 Partie II : Matériels et méthodes moyen d’un évaporateur rotatif. Les résidus ont été dissous dans 500 µL d’un mélange méthyl-tert-butyl-éther (MTBE,Sigma-Aldrich)/méthanol (VWR) (80:20, v:v). Les échantillons ont ensuite été placés dans un flacon ambré pour l’analyse par HPLC. V.2.1. Analyse des caroténoïdes par HPLC Les caroténoïdes ont été analysés par HPLC en utilisant un détecteur à barrettes de diodes (L-2455 Hitashi, Tokyo, Japon) selon la méthode décrite par Fanciullino et al. (2006). Les caroténoïdes ont été séparés par une colonne en C30 (250 x 4,6 mm, d. 5 µm, YMC (EUROP GmbH)). Les phases mobiles sont l’eau bi-distillée comme éluant A, le méthanol comme éluant B et le MTBE comme éluant C. Le débit est fixé à 1 mL.min -1, la température de la colonne est de 25°C et le volume d’injection est de 20 µL. L’élution des caroténoïdes est réalisée en mode gradient en plusieurs étapes : I) 0-5 min, 40%A 60%B ; II) 5-10 min, 20%A 80%B ; III) 10-60 min, 4%A 81% B 15%C ; IV) 60-71 min, 4%A 11%B 85%C ; et V) 71-72 min, 100%B. Le détecteur à barrettes de diodes a permis de mesurer l’absorbance à différentes longueurs d’onde : 290, 350, 400, 450, et 470 nm. V.2.2. Identification et quantification des caroténoïdes Les données chromatographiques et les spectres UV-visibles ont été collectés, stockés et intégrés par le logiciel EZChrome version 6,8 (VWR). Les caroténoïdes ont été identifiés en comparant leurs caractéristiques chromatographiques et spectrales à celles des standards disponibles ou aux données détaillées dans la bibliographie et obtenues dans les mêmes conditions chromatographiques et sur le même matériel végétal (Tableau 9). Les composés ont été quantifiés en utilisant une courbe de calibrage du β-carotène. Les concentrations en caroténoïdes ont été exprimées en µg (β-carotène équivalent).g-1 de matière fraîche. Chaque caroténoïde a été quantifié en utilisant les aires collectées à la 81 Partie II : Matériels et méthodes longueur d’onde maximale de son spectre. Le rendement a été déterminé par l’ajout d’un étalon interne, le lycopène, dans chaque échantillon avant l’extraction. Le rendement a été utilisé pour corriger les concentrations obtenues. La concentration en caroténoïdes totaux a été calculée par addition des concentrations de chacun des composés. Les limites de détection (LOD) et de quantification (LOQ) ont été déterminées pour le β-carotène à partir d’une série de dilution d’un standard (concentrations comprises entre 1 et 10 mg.L-1) et de plusieurs injections de chaque point de dilution. Les LOQ et LOD ont été calculées selon les équations suivantes : LOD = 3 X S/a et LOQ = 10 / S/a où « S » est l’écart type de l’ordonnée à l’origine et « a » le coefficient de la droite de calibrage obtenue avec les points de dilution (Melendez-Martinez et al., 2003). V.3. Dosage du péroxyde d’hydrogène Les niveaux en peroxyde d’hydrogène ont été déterminés par la méthode décrite par Murshed (2009) et Velikova et al. (2000). 250 mg de pulpe finement broyée à l’aide d’azote liquide ont été homogénéisés dans un bain de glace dans 5 mL d’acide trichloroacétique (TCA, Fisher (Waltham, USA)) à 0,1%. L’homogénat a été centrifugé à 12000 g pendant 5 min à 4°C. A 500 µL de surnageant ont été ajoutés 500 µL de tampon potassium (VWR) à 10 mM à pH 7 et 1 mL d’iodure de potassium à 1M (VWR). Le mélange a été agité brièvement puis incubé à température ambiante à l’abri de la lumière pendant 30 minutes avant la lecture de l’absorbance à 390 nm au spectrophotomètre (Specord 205, Analytic Jena (Wembley, Angleterre)). Une solution de peroxyde d’hydrogène commerciale (VWR) a été utilisée pour générer une courbe de calibrage afin de quantifier la concentration en peroxyde d’hydrogène dans la pulpe des agrumes. Les concentrations ont été exprimées en mM.g-1 de matière fraîche. 82 Partie II : Matériels et méthodes V.4. Dosage de l’ascorbate Les concentrations en ascorbate total (AA et DHA) et en ascorbate réduit (AA) ont été mesurées en accord avec la méthode décrite par Gillepsie et Ainsworth (2007). 150 mg de pulpe finement broyée dans l’azote liquide ont été homogénéisées dans 3 mL d’une solution froide d’acide trichloroacétique (TCA, Fischer) à 6%. L’homogénat a été centrifugé à 13000 g pendant 5 min à 4°C. Le surnageant a été utilisé pour le dosage de l’ascorbate et de l’ascorbate total. Pour mesurer l’ascorbate total, 500 µL d’extrait ont été ajoutés à 100 µL de tampon phosphate 75 mM (pH 7) (VWR), 200 µL de TCA 6% et 100 µL de DL-dithiothréitol (DTT, Sigma-Aldrich). Après une incubation de 10 min à température ambiante, 100 µL de Néthylmaléimide (NEM, Sigma-Aldrich) à 0,5% (v:v) ont été ajoutés. Le mélange a été incubé pendant 30 s à température ambiante afin de supprimer l’excès de DTT. Ensuite 1,5 mL d’un mélange réactionnel contenant 500 µL de TCA 10%, 400 µL d’acide orthophosphorique (H3PO4, VWR) à 43% (v:v), 400 µL de 2,2-bipyridyl (Sigma-Aldrich) à 4% (w:v) dissous dans de l’éthanol 70%, et 200 µL de chlorure de fer (Sigma-Aldrich) à 3% (w:v) ont été ajoutés. Après 1 heure d’incubation à 37°C, l’absorbance a été mesurée à 525 nm au spectrophotomètre (Specord 205, Analytic Jena (Wembley, Angleterre)). Pour la détermination de la concentration en ascorbate réduit, la même réaction a été utilisée mais 200 µL de tampon phosphate ont été utilisés à la place du DTT et du NEM. Une solution de L-acide ascorbique commerciale (VWR) a été utilisée pour générer une courbe de calibrage afin de quantifier la concentration en ascorbate total et en ascorbate réduit dans la pulpe des agrumes. Les concentrations ont été exprimées en mM.g-1 de matière fraîche. La quantité de déshydroascorbate (DHA) a été estimée par la différence entre la concentration en ascorbate totale et celle en ascorbate réduit (AA). 83 Partie II : Matériels et méthodes VI. Les analyses statistiques D’une manière générale, nous avons considéré que les traitements ont été distribués de manière aléatoire dans une population homogène de rameaux fructifères. VI.1. Analyse de variance Tous les résultats ont été exprimés en moyenne ± des erreurs standards (SE). Une analyse de variance, suivie par des comparaisons multiples des moyennes, a été effectuée à l’aide du logiciel statistique R (http.R-project.org). Les moyennes ont été comparées en utilisant le test de Kruskal-Wallis (α=0,05). VI.2. Représentation Heatmap La représentation Heatmap a été obtenue en utilisant le logiciel R. La matrice de données est constituée par les concentrations en métabolites (sucres, acides organiques et caroténoïdes) représentée dans les colonnes et les différents traitements représentés dans les lignes. Les concentrations en métabolites dont les valeurs ont été centrées réduites ont servi de base pour la construction des classifications hiérarchiques en utilisant les distances euclidiennes. A ces concentrations ont été associées des couleurs dont l’intensité varie en fonction de la valeur. Les valeurs augmentent de la couleur verte vers les couleurs orangerouge. 84 Partie III : Résultats et discussion A 60 c c c c ab a ab Date I Date II Date III c Diamètre (mm) 50 40 30 bc 20 10 0 B Poids frais du fruit (g) 70 d d 60 50 cd 40 30 cd 20 10 cd bc a a Date I Date II ab 0 Date III Figure 29: Diamètre (A) et poids frais de fruits de clémentine (B), au cours de la maturation, en fonction de la charge en fruits : élevée ( ), moyenne ( ) et faible ( ). Les points correspondent aux moyennes et les barres aux erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c) indiquent des différences significatives entre les traitements et entre les dates considérées (α=5%). 86 Partie III : Résultats et discussion I. L’effet de l’alimentation en sucres sur la biosynthèse des caroténoïdes I.1. En fonction des stades de maturité des fruits Différentes études ont montré qu’il est possible d’augmenter substantiellement la concentration en caroténoïdes chez la carotte (+120%), l’épinard (30%) et la tomate (50%) (Abushita et al., 2000; Kidmose et al., 2000), à travers les approches purement agronomiques. Le levier environnemental peut être utilisé pour augmenter considérablement la concentration en caroténoïdes d’une large gamme de fruits et de légumes (Poiroux-Gonord et al., 2010). L’objectif de cette étude est de déterminer l’effet de l’alimentation en sucres sur les critères de qualité des agrumes, cultivés en plein champ, et en particulier sur la concentration en caroténoïdes. Pour cela, nous avons imposé des défoliations contrôlées, juste après la chute physiologique des fruits. Les critères de qualité, et notamment la concentration en caroténoïdes, ont été étudiés à différents stades de développement du fruit. I.1.1. L’effet de la charge en fruits sur les critères de qualité organoleptiques et nutritionnels I.1.1.1. L’effet de la charge en fruits sur le calibre du fruit et sur les indicateurs de maturité Les résultats présentés correspondent aux derniers stades de développement du fruit. Aucune augmentation significative du diamètre ou du poids frais du fruit n’a été observée de la date I à la date III dans aucun des trois traitements considérés (Figures 29A et 29B). Il n’y a aucune différence sur le diamètre des fruits soumis à une charge en fruits moyenne, mais les fruits soumis à une charge en fruits élevée sont environ 23% plus petits que les témoins, et cela aux trois dates de prélèvements. Le poids frais des fruits le plus faible a été observé avec le traitement correspondant à une charge en fruits élevée et cela qu’on le compare avec le témoin (-50%) ou avec le traitement correspondant à une charge 87 A 600 Concentration en sucres (mg.g-1 MS) a a 500 400 ab bc c c d 300 d 200 d 100 0 Date I Date II e e Date III B Concentration en acides totaux (mg.g-1 MS) 400 350 300 250 d 200 150 cd cd bc cd 100 ab a Date II Date III 50 0 Date I C 0,18 MS/MF 0,14 0,12 ab b 0,16 ab ab ab 0,10 a a a a Date II Date III 0,08 0,06 0,04 0,02 0,00 Date I Figure 30 : Concentrations en sucres totaux (A), en acide totaux (B) et du rapport matière sèche sur matière fraîche (MS/MF) des fruits de clémentine (C), au cours de la maturation, en fonction de la charge en fruits : élevée ( ), moyenne ( ) et faible ( ). Les points correspondent aux moyennes et les barres aux erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c) indiquent des différences significatives entre les traitements et entre les dates considérées (α=5%). 88 Partie III : Résultats et discussion en fruits moyenne (-50%). Bien que non significatif, le poids frais des fruits soumis à une charge en fruits moyenne est inférieur de 22% par rapport au témoin. Si l’on considère l’indice de maturité (IM) (Tableau 9), les fruits témoins ont atteint leur maturité à la date II, alors que pour les fruits des deux autres traitements il a fallu un mois et demi en plus pour atteindre la maturité (IM≈13,6). Tableau 9: Indice de maturité des fruits de clémentine en fonction des charges en fruits et des dates considérées. Les données sont des moyennes ± des erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c) indiquent des différences significatives entre les traitements et les dates (α=5%). Charge en fruits Date I Date II Date III Elevée Moyenne Faible (témoin) 6,67±0,67 ab 6,46±0,96 a 13,81±1,97 c 9,41±0,45 b 7,43±0,90 ab 13,97±1,95 c 9,58±1,18 b 15,21±0,90 c 13,02±0,79 c Une augmentation de la charge en fruits se traduit par un retard de la maturité des fruits. Chez le témoin, l’augmentation de l’indice de maturité de la date I à la date II est caractérisée par une augmentation de la concentration en sucres totaux et une diminution concomitante de la concentration en acides organiques totaux (Figures 30A et 30B). Il n’y a eu cependant aucun changement supplémentaire de la concentration en sucres et en acides organiques de la date II à la date III, alors que l’indice de maturité a diminué légèrement pour atteindre la valeur de 13. Pour les traitements ayant des charges en fruits moyenne et élevée, la concentration totale en sucres (Figure 30A) et l’indice de maturité ont continué d’augmenter de la date II à la date III. A la date III, les trois traitements ont un indice de maturité similaire (Tableau 9) (≈ 13,6). De ce fait, nous avons décidé de comparer nos différents traitements à cette date. Le rapport MS/MF ne semble pas être affecté ni par les traitements ni par les dates (Figure 30C). Nous avons conclu de cette observation que toutes les comparaisons de concentrations réalisées sur la base de la matière sèche sont également valables pour une expression en fonction de la matière fraîche. 89 Concentration en caroténoïdes (µg.g-1 MS) 450 d 400 350 300 c 250 200 150 100 d bc ab a a ab Date I Date II c 50 0 Date III Figure 31: Concentrations en caroténoïdes totaux des fruits de clémentine, au cours de la maturation, en fonction de la charge en fruits : élevée ( ), moyenne ( ) et faible (témoin) ( ). Les points correspondent aux moyennes et les barres aux erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c, d) indiquent des différences significatives entre les traitements et entre les dates considérées (α=5%). Caroténoïdes totaux (mg/fruit) 1,60 b 1,40 1,20 1,00 a a 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 Elevée Moyenne Faible Figure 32: Quantité de caroténoïdes totaux par fruit, à la date III, pour les traitements avec une charge en fruits élevée ( ), moyenne ( ) et faible (témoin) ( ). Les données représentées sont des moyennes et les barres correspondent aux erreurs standard. Des lettres différentes (a, b) indiquent des différences significatives entre les traitements (α=5%). 90 Partie III : Résultats et discussion Ces observations sont cohérentes avec les observations réalisées sur la vigne, la pêche, la tomate et la mangue (Gautier et al., 2008; Genard et al., 1998; Lechaudel et al., 2002, 2005; Lescourret et al., 1998). Globalement les acides organiques ont suivi une tendance inverse, leurs concentrations sont les plus basses dans les fruit témoin, ce qui correspond à ce que nous savons de la dynamique des sucres et des acides organiques dans les fruits d’agrumes (Tadeo et al., 2008). Nos résultats ont confirmé que la charge en fruits élevée a un effet négatif sur les critères de qualité organoleptique du fruit. I.1.1.2. L’effet de la charge en fruits sur les caroténoïdes La concentration en caroténoïdes totaux a augmenté globalement de la date I à la date III dans les trois traitements, à l’exception du témoin qui a atteint un plateau à la date III, ce qui est cohérent avec l’hypothèse formulée précédemment, c’est-à-dire qu’à la date II les fruits témoins ont déjà atteint leur maturité (Figure 31). La concentration en caroténoïdes totaux est plus élevée (106 % et 82% respectivement) chez les fruits soumis aux traitements correspondant à des charges en fruits moyenne et élevée par rapport au témoin. Au contraire, il n’y a pas de différence significative entre ces deux traitements à la date III. Ces résultats suggèrent que la limitation de l’alimentation en sucres du fruit pourrait fortement améliorer ses qualités nutritionnelles, si ils sont exprimés en matière sèche. Cependant, ces conclusions sont différentes si ces données sont exprimées en quantité de caroténoïdes par fruit. La quantité de caroténoïdes par fruit la plus élevée a été obtenue avec le traitement correspondant à une charge en fruits moyenne par rapport au témoin (+26,7%) ou par rapport au traitement correspondant à une charge élevée en fruits (+43,8%) (Figure 32). Ce sont les fruits provenant du traitement correspondant à la charge en fruits moyenne qui contiennent la plus grande quantité de caroténoïdes et semblent donc posséder les meilleurs critères de qualité nutritionnels. 91 Partie III : Résultats et discussion Nos résultats sur l’effet de la charge en fruits sur les critères de qualité organoleptique et nutritionnel ne soutiennent pas l’hypothèse selon laquelle les carbohydrates déterminent la synthèse des caroténoïdes dans les fruits. La concentration en caroténoïdes totaux ne semble pas être corrélée avec la concentration totale en sucres (R²=0,04) ni d’ailleurs avec la concentration en sucres et en acides organiques (R²=0,02). Clairement, nos observations ne vont pas dans le sens de l’idée selon laquelle les carbohydrates influenceraient sur la synthèse des caroténoïdes en influençant la disponibilité des précurseurs. L’hypothèse selon laquelle la disponibilité en carbohydrates déterminerait la synthèse des caroténoïdes en influençant la disponibilité des précurseurs a été exprimée à plusieurs reprises dans la littérature (revue de Cunningham (2002)) même si nous ne connaissons que peu de choses sur la manière dont les flux métaboliques sont orchestrés entre les métabolismes primaire et secondaire (Bouvier et al., 2005b). Deux idées majeures sont à l’origine de cette hypothèse. La première est basée sur le fait que les caroténoïdes dérivent des métabolites primaires, et plus précisément du 3phosphoglycérate et du pyruvate dans la voie du méthylérythritol phosphate (Rohmer et al., 1996) et qu’ils sont couteux à synthétiser. La seconde idée vient des écologues qui ont essayé de prédire comment les plantes allouaient leurs ressources entre les processus liés à la différenciation (incluant le métabolisme secondaire) et les processus liés à la croissance (Herms et Mattson, 1992; Lorio, 1986). Certains résultats indiquent que la disponibilité des ressources carbonées ne détermine pas nécessairement la biogénèse des métabolites secondaires dans les fruits. En effet, les caroténoïdes représentent seulement une très faible proportion des carbohydrates. Nos résultats montrent, par exemple, que les sucres sont environ 1000 fois plus concentrés que les caroténoïdes dans la pulpe des fruits de clémentines. De plus, les théories d’interaction ou de compétition entre les métabolismes primaire et secondaire s’appliquent à des plantes entières qui doivent arbitrer continuellement entre les fonctions de croissance et défense, mais elles ne sont probablement pas pertinentes pour des organes de réserve comme les fruits. L’observation faite par Bénard et al. (2009) selon laquelle les composés phénoliques s’accumulent dans les feuilles de tomate comme prévu par les théories écologistes mais pas dans les fruits est 92 Partie III : Résultats et discussion cohérente avec l’idée selon laquelle les feuilles et les fruits ne se comportent pas de la même façon. La vision qui émerge chez les physiologistes est plutôt celle d’un rôle modulateur des carbohydrates sur la biogénèse des métabolites secondaires (Cazzonelli et Pogson, 2010; Fraser et al., 2007; Telef et al., 2006). L’accumulation des sucres solubles dans les feuilles de tomate réprime des gènes codant les enzymes de la voie du méthylérythritol phosphate (Mortain-Bertrand et al., 2008). En effet, il est logique que les sucres solubles répriment la synthèse des caroténoïdes dans les feuilles en considérant que les synthèses des caroténoïdes et de la chlorophylle sont coordonnées et que l’accumulation des sucres solubles régule négativement l’expression des gènes photosynthétiques et mène à une perte de chlorophylle (Koch, 1996; Mortain-Bertrand et al., 2008). Ce raisonnement, cependant ne s’applique pas aux fruits qui perdent leur machinerie photosynthétique au moment où les chloroplastes sont transformés en chromoplastes. Il existe pourtant des observations d’effets positifs de l’approvisionnement en saccharose sur la synthèse des caroténoïdes dans les fruits (Iglesias et al., 2001; Telef et al., 2006). On peut se demander pourquoi nos résultats sur l’effet du statut carboné sur la concentration en caroténoïdes et plus particulièrement l’absence de corrélation entre la concentration en sucres et la concentration en caroténoïdes ne sont pas en accord avec ces observations. Une explication possible est que notre expérimentation a été menée sur des fruits ayant atteint le même stade de maturité alors que dans les données rapportées dans la littérature ont été obtenu durant le processus de maturation (Iglesias et al., 2001). Ces observations ont montré que l’alimentation en saccharose accélère le changement de couleur à travers une voie dépendante de l’éthylène, ce qui suggère que l’effet positif du saccharose sur la synthèse des caroténoïdes est un effet indirect, qui est lié à la stimulation du processus de maturation. 93 B A 250 ab b 500 a 400 b b 300 a 200 b b b a 100 a a Concenrtration en acides organiques (mg.g-1 MS) Concentration en sucres (mg.g-1 MS) 600 b 200 b 150 a b b 100 50 a b c a a a a b b a 0 0 Fructose Glucose Saccharose Acide Acide Acide malique ascorbique citrique Sucres totaux Acide succinique Acides totaux C Concentration en caroténoïdes (µg.g-1 MS) 450 b 400 350 b 300 250 b 200 a b 150 a 100 50 0 b b b a b a bb bb a a b c a aaa bba aaa a a a Figure 33 : Concentrations en sucres (A), en acides organiques (B) et en caroténoïdes (C) dans les fruits de clémentine, à la date III, pour les traitements correspondant à une charge en fruits élevée ( ), moyenne ( ) et faible (témoin) ( ). Les données représentées sont des moyennes et les barres correspondent aux erreurs standard. Des lettres différentes (a, b) indiquent des différences significatives entre les traitements (α=5%). 94 Partie III : Résultats et discussion I.1.2. L’effet de la charge en fruits, à la date III, sur les concentrations et la composition en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes Le traitement correspondant à une charge en fruits élevée est caractérisé par une concentration plus faible en sucres et une concentration plus forte en acides organiques et en caroténoïdes par rapport au témoin (Figure 33). Les valeurs pour le traitement correspondant à une charge en fruits moyenne apparaissent intermédiaires par rapport aux deux autres traitements (Figure 33). La concentration en sucres totaux dans les fruits soumis à un traitement correspondant à une charge en fruits élevée est 12,6% plus basse que dans le témoin. Cette différence apparaît comme la conséquence d’une concentration plus faible à la fois du fructose et du saccharose (-22,3 et -26,9%, respectivement), alors que la concentration en glucose est plus élevée chez le témoin (+58,3%) (Figure 33A). La concentration en acides organiques totaux est plus élevée dans les traitements correspondant à des charges en fruits moyenne et élevée par rapport au témoin (+33,7% et +55,4%, respectivement) (Figure 33B). Ces différences sont dues à une concentration plus forte en acide succinique (+62,2 et +86,5%, respectivement). Les traitements ayant des charges moyenne et élevée en fruits ont des concentrations plus importantes en acide ascorbique et des concentrations plus faibles en acide malique par rapport au témoin. Les concentrations en caroténoïdes totaux sont supérieures dans les traitements correspondant à des charges en fruits moyenne et élevée par rapport au témoin (+69,5% et +93%, respectivement) (Figure 33C). Presque tous les caroténoïdes ont suivi ce modèle, le principal contributeur étant la β-cryptoxanthine, le caroténoïde le plus important dans les fruits de clémentine (85,7%). Les concentrations en phytoène, phytofluène, ζ-carotène, zéaxanthine, cis-β-cryptoxanthine, cis-anthéraxanthine et β-carotène sont de 5,4 à 211% plus élevées dans les traitements correspondant aux charges en fruits moyenne et élevée par rapport au témoin. 95 Partie III : Résultats et discussion La charge en fruits a également nettement influencé la composition en caroténoïdes, en sucres et en acides organiques des fruits (Tableau 10). Tableau 10: Pourcentages des différentes formes de caroténoïdes, de sucres et d’acides organiques, en fonction de la charge en fruits, à la date III. Les données sont des moyennes ± des erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c) indiquent des différences significatives entre les traitements (α=5%). Traitement Charge en fruits Elevée Moyenne Faible (témoin) Caroténoïdes (%) phytoène phytofluène ζ-carotène cis-violaxanthine lutéine zéaxanthine cis-anthéraxanthine cis-β-cryptoxanthine β-cryptoxanthine β-carotène 9,15±0,63 b 9,24±0,47 b 7,54±0,36 b 11,31±0,65 a 0,59±0,08 a 3,49±0,10 a 3,31±0,21 a 1,49±0,20 a 49,10±1,02 a 4,49±0,25 a 5,81±0,31 a 6,67±0,52 a 6,95±0,32 ab 11,65±0,64 a 1,05±0,10 b 3,76±0,21 a 3,55±0,25 a 1,29±0,14 a 52,88±0,76 b 6,39±0,46 b 6,32±0,30 a 5,78±0,23 a 6,35±0±30 a 13,03±0,49 a 0,57±0,18 a 4,18±0,11 a 3,99±0,15 a 1,56±0,13 a 50,40±0,89 a 7,83±0,14 b Sucres (%) fructose glucose saccharose 14,79±0,64 a 28,81±0,44 c 56,41±0,59 a 19,74±0,52 c 16,79±0,48 b 63,47±0,98 b 16,41±0,79 b 15,90±1,30 a 67,68±1,14 c Acides organiques (%) acide malique acide oxalique acide ascorbique acide citrique acide succinique 7,33±0,67 a 2,41±0,60 a 2,21±0,15 b 29,69±1,37 a 58,36±1,80 c 11,39±0,90 b 1,71±0,53 a 3,07±0,22 c 31,65±1,93 a 52,18±1,67 b 19,78±0,78 c 1,66±0,27 a 1,57±0,06 a 33,38±1,44 a 43,61±1,49 a Ainsi, dans le traitement correspondant à une charge élevée en fruits, la proportion de fructose et de saccharose apparaît plus faible et celle du glucose est plus élevée, tandis que la proportion d’acide malique apparaît plus faible et celle d’acide succinique plus élevée par rapport au témoin. Toujours dans le traitement correspondant à une charge en fruits élevée, les caroténoïdes en amont de la voie de biosynthèse, le phytoène, le phytofluène et le ζcarotène se sont accumulés aux dépens du β-carotène. Dans le traitement correspondant à une charge en fruits moyenne, les pourcentages des différentes formes de caroténoïdes, 96 Partie III : Résultats et discussion sucres et acides organiques apparaissent globalement entre les deux traitements extrêmes (charge en fruits élevée et faible). Alors que les caroténoïdes totaux apparaissent plus concentrés en conséquence d’un faible rapport feuilles/fruit, les proportions des différents formes de caroténoïdes d’amont (phytoène, phytofluène et ζ-carotène) et d’aval (β-carotène) de la voie de biosynthèse augmentent et diminuent, respectivement. Cette observation confirme que l’effet des carbohydrates sur le métabolisme des caroténoïdes ne peut pas être réduit à leur seul rôle de substrat. Dans un travail précédent, Dhuique-Mayer et al. (2009), ont déjà observé que les conditions environnementales peuvent influencer le profil des caroténoïdes des agrumes. Les clémentines et les mandarines de la zone méditerranéenne possèdent des proportions de phytoène, de phytofluène et de β-carotène plus élevées que celles des fruits des zones tropicales et subtropicales. Chez la tomate, Gautier et al. (2008) ont observé qu’une augmentation de la température de 21 à 26°C modifie la composition en caroténoïdes en réduisant les carotènes à l’exception du lycopène. Ces observations pourraient être interprétées en fonction du rôle joué par les facteurs environnementaux dans le contrôle des flux de la voie de biosynthèse des caroténoïdes et de la production d’acide abscissique. Plusieurs mécanismes ont été suggérés par différents auteurs. La biosynthèse du phytoène est une étape déterminante dans la biosynthèse des caroténoïdes, et est fortement influencée par les facteurs environnementaux. Les stress influençent positivement l’abondance des ARNm de la PSY chez le riz ou le maïs et qu’elle est positivement corrélée à une augmentation du flux des caroténoïdes et de l’acide abscissique (Li et al., 2008a; Li et al., 2008b; Welsch et al., 2008). Donc l’augmentation relative des caroténoïdes de fin de chaine, pourrait être expliquée par une augmentation concomitante de l’expression de la 9-cisépoxycaroténoïde dioxygénase (NCED) et une régulation à la baisse de la cis-violaxanthine qui est associée à la production d’ABA. Bien sûr, d’autres mécanismes de régulation pourraient être impliqués, par exemple un transfert du rôle de contrôle de la PSY à une autre étape de la voie de biosynthèse des caroténoïdes (Fraser et al., 2002). 97 Partie III : Résultats et discussion I.1.3. Conclusion Nos résultats ne confirment pas l’idée selon laquelle un statut carboné élevé serait favorable à la synthèse des caroténoïdes dans les fruits à travers son influence positive sur la disponibilité des précurseurs. L’effet de l’alimentation en sucres, le cas échéant, au même stade de maturité, pourrait même être négatif, suggérant que les sucres pourraient réprimer les gènes codant pour les enzymes de la voie des caroténoïdes ou de la voie du méthylérythritol phosphate, comme il a été précédemment observé dans les feuilles, mais pas encore chez les fruits. Nos observations plaident en faveur de nouvelles études, sur la manière dont les carbohydrates régulent la biosynthèse des caroténoïdes mais également leur dégradation et leur stockage dans les fruits. I.2. En fonction de différents stades de développement des fruits L’étude précédente a permis de mettre en évidence l’effet d’une charge en fruits élevée sur les critères de qualité de la clémentine. Certains de ces effets sont positifs puisque nous avons pu observer une augmentation de la concentration en caroténoïdes et du nombre de composés présents selon les traitements. Cependant, l’application de charges en fruits élevée ou moyenne (5 et 15 feuilles par fruit) induit également un retard de la maturité, une diminution significative du calibre du fruit et des concentrations en sucres solubles qui restent inférieures par rapport au témoin pour un stade de maturité équivalant. Tout comme dans d’autres études visant à déterminer l’effet des sucres et/ou de l’alimentation carbonée sur la synthèse des caroténoïdes, les traitements ont été appliqués de manière précoce au cours du développement du fruit. Il n’existe à notre connaissance aucune étude de l’interaction entre le stade de développement du fruit et l’alimentation carbonée sur les critères de qualité, et en particulier la concentration en caroténoïdes. L’objectif de cet essai est d’étudier la manière dont l’alimentation en sucres influence le programme qui conduit à l’accumulation de caroténoïdes au cours du développement des fruits de clémentine. 98 Tableau 11: Diamètre, poids du fruit frais et indice de maturité, en fonction de la charge en fruits (élevée, moyenne), du stade de développement auquel la charge a été appliquée (précoce, intermédiaire et tardif) et la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) par rapport au témoin (charge en fruits faible). Les données sont des moyennes ± des erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c, d, e) indiquent des différences significatives entre les traitements (α=5%). Précoce Défoliation Ombrage Intermédiaire Défoliation Ombrage Tardif Défoliation Témoin (Charge en fruits faible) Diamètre (mm) Elevée Moyenne 37,1±1,9 a 37,6±2,3 ab 38,7±2,4 abc 48,6±1,6 d 44,0±1,9 abcd 44,8±1,2 bcd 45,5±1,4 cd 45,1±1,9 cd 47,9±2,3 cd 45,2±2,6 cd 47,0±1,15 d Poids du fruit (g) Elevée Moyenne 18,9±1,2 a 20,2±2,3 ab 20,3±3,4 a 40,4±3,5 c 30,1±3,4 bc 34,2±3,3 bc 33,8±3,9 ab 34,1±2,6 b 40,5±5,9 bc 34,4±6,1 c 35,4±3,6 bc 10,5±0,3 cde 10,9±0,3 de 9,6±0,3 bc 9,9±0,1 cd 10,5±0,3 cde 10,6±0,6 cde 11,5±0,9 c 9,6±0,4 cd 11,0±0±3 de Indice de maturité Elevée 6,3±0,08 ab Moyenne 7,3±0,3 a 99 Partie III : Résultats et discussion Le travail dont les résultats sont présentés ici a pour objectif de déterminer le stade le plus propice pour l’application d’un traitement modulant la disponibilité en carbone et la qualité des fruits. De plus, nous souhaitions définir si la durée d’application de la modification de la charge en fruits est un élément déterminant. Pour cela, nous avons travaillé sur des rameaux fructifères de clémentine sur lesquels nous avons appliqué, à trois stades de développement du fruit, différents niveaux de charge en fruits obtenus par défoliation ou par ombrage des feuilles. La défoliation est un traitement permettant d’appliquer des niveaux de charge en fruits de manière permanente. L’ombrage est un traitement permettant d’appliquer des niveaux de charge en fruits de façon temporaire. De cette façon, l’apport en carbone dans les fruits est non limitant à l’exception de la période durant laquelle on souhaite modifier leur statut carboné. I.2.1. Variations de calibre et d’indice de maturité du fruit Les données présentées dans le tableau 11 montrent que seuls les traitements appliqués précocement, après la chute physiologique des fruits, ont induit une modification du calibre des fruits. En effet, lorsque le traitement a été appliqué précocement, des diminutions significatives du diamètre ont été observées chez les fruits soumis à des charges en fruits élevée et moyenne obtenues par défoliation et chez les fruits soumis à une charge élevée par ombrage. En ce qui concerne les diminutions du poids frais, elles ont été observées chez les fruits soumis à une charge en fruits élevée obtenue par défoliation et chez les fruits soumis à des charges élevée et moyenne obtenues par ombrage. Pour ces traitements, la diminution du diamètre du poids frais est d’environ 19,6% et de 44%, respectivement par rapport au témoin, qui correspond à une charge en fruits faible. Les autres traitements n’ont induit aucune modification. Si l’on considère l’indice de maturité (IM), nous avons observé que les traitements correspondant à une forte charge en fruits, et à une charge moyenne appliquée précocement par défoliation, et le traitement correspondant à une forte charge en fruits appliquée au stade de développement intermédiaire par défoliation, ont induit un retard dans le processus de maturation du fruit. Les indices de maturité obtenus sont 100 Tableau 12: Concentrations en sucres totaux et en acides organiques totaux, en fonction de la charge en fruits (élevée, moyenne), du stade de développement auquel la charge a été appliquée (précoce, intermédiaire et tardif) et la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) par rapport au témoin (charge en fruits faible). Les données sont des moyennes ± des erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c, d) indiquent des différences significatives entre les traitements (α=5%). Précoce Défoliation Ombrage Intermédiaire Défoliation Ombrage Tardif Défoliation Témoin (Charge en fruits faible) -1 Sucres totaux (mg.g MS)) Elevée 345,2±2,9 a Moyenne 298,3±14,8 a 412,7±8,9 bc 423,6±9,6 bc 420,2±24,5 bc 398,6±3,5 b 414,6±7,2 bc 402,4±18,1 bc 422,9±25,7 c 381,2±15,2 b 421,8±6,9 bc 226,7±16,5 cd 189,2±4,9 abcd 186,3±10,4 abc 199,5±8,9 abc 201,9±15,9 abcd 200,2±7,9 abcd 181,2±4,8 abc -1 Concentration en caroténoïdes totaux (µg.g-1 MS) Acides organiques totaux (mg.g MS) Elevée 265,3±2,6 c 232,2±16,9 d Moyenne 163,9±10,8 a 171,6±14,7 ab 700 e 600 d 500 400 bc cd bc bc ab a 300 a bc a 200 100 0 élevée moyenne élevée moyenne élevée moyenne élevée moyenne élevée moyenne Défoliation Ombrage Précoce Défoliation Ombrage Intermédiaire Défoliation faible Témoin Tardif Figure 34: Concentration en caroténoïdes totaux, en fonction de la charge en fruits : élevée ( ), moyenne ( ), du stade de développement auquel la charge été appliquée (précoce, intermédiaire et tardif) et la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) par rapport au témoin ( ). Les données représentées sont des moyennes et les barres correspondent aux erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c, d) indiquent des différences significatives entre les traitements, le stade de développement et la méthodologie (α=5%). . Les données sont des moyennes et les barres correspondent aux erreurs standards. Des lettres 101 Partie III : Résultats et discussion compris entre 7,29 et 9,63 pour les fruits des rameaux correspondant, alors que les fruits témoins ont un indice supérieur (IM=11,02). Notre objectif est d’évaluer les possibilités pour augmenter la concentration en caroténoïdes dans la pulpe des fruits tout en conservant son calibre et son indice de maturité. Les résultats obtenus apparaissent donc intéressants au regard de notre objectif puisque plusieurs traitements correspondant à une charge élevée en fruits n’ont montré ni diminution du calibre du fruit, ni retard dans la maturité. Il n’y a pas de variations observées dans le rapport matière sèche/matière fraîche (MS/MF). Ce dernier ne semble affecté ni par la charge en fruits, ni par la durée d’application du traitement (défoliation ou ombrage), ni par le stade de développement auquel la charge en fruits a été appliquée. De ce fait, toutes les comparaisons effectuées sur la base de la matière sèche sont également valables si on exprime les résultats par rapport à la matière fraîche. I.2.1. Concentration en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes Les fruits soumis à des charges en fruits élevée et moyenne présentent une concentration en sucres totaux inférieure de 18,2% et de 29,3%, respectivement dans le cas où le traitement a été appliqué par défoliation précoce par rapport au témoin (Tableau 12). Au contraire, la concentration en acides organiques est plus élevée de 46,3% et de 28,4% pour les fruits soumis à une charge en fruits élevée appliquée respectivement par défoliation et par ombrage précoce (Tableau 12). Certains traitements ont induit une augmentation de la concentration en caroténoïdes totaux alors que d’autres ont conduit à une diminution par rapport au témoin (Figure 34). La concentration en caroténoïdes augmente de 50,2% et de 17.8%, respectivement dans les traitements correspondant à une charge en fruits élevée lorsqu’elle a été appliquée par défoliation et ombrage précoce. Elle diminue de 29,4% lorsque le traitement par défoliation a été appliqué au stade de changement de couleur et ne varie pas quand le traitement a été appliqué tardivement (Figure 34). 102 Figure 35: Heatmap représentant les concentrations en métabolites primaires (sucres et acides organiques) et secondaires (caroténoïdes) dans la pulpe de clémentine en fonction des différents traitements appliqués. Chaque ligne représente un fruit moyen (n=5) soumis à un traitement rassemblant plusieurs conditions : la charge en fruits (élevée, moyenne et faible), le stade auquel le traitement a été appliqué (précoce, intermédiaire : au changement de couleur et tardif), et le type de traitement (défoliation (D.) ou ombrage (O.)) Chaque colonne représente un composé. Les concentrations en métabolites (données centrées réduites) ont servi de base pour la construction des classifications hiérarchiques en utilisant les distances Euclidiennes. A chaque teneur a été associée une couleur. Les valeurs augmentent du vert au rouge. 103 Partie III : Résultats et discussion Pour analyser l’ensemble des données, nous avons réalisé une cartographie des profils en métabolites primaires et secondaires de la pulpe de la clémentine en fonction des traitements de charge en fruits (Figure 35). Les profils obtenus présentent un effet positif d’une forte charge en fruits sur la concentration en caroténoïdes lorsque ce traitement est appliqué de façon précoce dans le développement du fruit. Cependant, l’intensité de la réponse dépend à la fois du type de traitement (défoliation ou ombrage) qui permet de jouer sur la durée d’application du traitement et du stade de développement auquel la charge en fruits a été appliquée. Tous les résultats obtenus par des traitements d’ombrage, à l’exception de celui appliqué précocement, sont proches de la modalité charge faible qui constitue le témoin (Figure 35). Il apparait également que les concentrations en acides organiques totaux et en caroténoïdes totaux réagissent dans le même sens alors que les sucres totaux varient dans le sens opposé. De plus, nos résultats ont montré que tous les composés appartenant à une même classe, sucres, acides organiques ou caroténoïdes, ont répondu de façon identique et sont situés dans le même groupe. Ces résultats confirment que dans nos conditions expérimentales, il est impossible d’obtenir des fruits ayant une concentration en caroténoïdes plus élevée en maintenant un calibre et un stade de maturité équivalent au témoin. Cependant, ils sont en accord avec nos précédents résultats et confirment qu’une charge en fruits élevée appliquée après la chute physiologique des fruits a un impact sur la biosynthèse des caroténoïdes. De plus, Iglesias et al. (2001) ont observé que, chez les fruits d’agrumes, des modifications dans le statut carboné obtenues par l’ajout de saccharose 35 à 45 jours après l’anthèse, induisent une augmentation de la concentration en caroténoïdes. Par ailleurs, Kondo et al. (2005) ont observé, chez le kumquat, que l’augmentation de la charge en fruits obtenus par défoliation des rameaux 90 jours après la pleine floraison, conduit à une augmentation de la concentration en métabolites secondaires et plus particulièrement en caroténoïdes et en βcryptoxanthine. Chez les fruits d’agrumes, l’augmentation de la charge en fruits exerce apparemment un effet positif sur la biosynthèse des caroténoïdes lorsqu’elle est appliquée de façon précoce au cours du développement du fruit. Nos résultats sont certes en accord avec les études précédentes menées par Kondo et al. (2005) et Iglesias et al. (2001) sur le fait que le statut carboné doit être modifié précocement dans le développement du fruit pour que l’on observe un effet sur la concentration en caroténoïdes. Par contre, ils sont en 104 B A 500 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 b b a b b a a a a a b ab Glucose Fructose Saccharose Concentration en acides organiques (mg.g-1 MS) Concentration en sucres (mg.g-1 MS) 300 c b 250 200 a c b 150 a 100 b a a b 50 b ab a Sucres totaux a a b a a 0 Acide oxalique Acide Acide Acide Acide malique ascorbique citrique succinique Acides totaux C 700 b Concentration en caroténoïdes (µg.g-1 MS) 600 a 500 a 400 300 b ab 200 100 a b a a c b a c b a b a a b a a b ab a b b a b ab a b a a 0 Figure 36: Concentrations en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes, en fonction de la méthode utilisée : défoliation ( ) ou ombrage ( ) pour une charge en fruits élevée appliquée précocement, après la chute physiologique du fruit par rapport au témoin ( ). Les données sont des moyennes et les barres correspondent aux erreurs standards. Des lettres différentes indiquent des différences significatives entre les traitements (α=5%). 105 Partie III : Résultats et discussion désaccord en ce qui concerne l’effet du statut carboné. En effet, chez Kondo et al. (2005) et Iglesias et al. (2001), le statut carboné influence positivement la concentration en caroténoïdes dans les fruits d’agrumes, contrairement à ce qui a été observé dans notre essai. Au vu des résultats précédents, concernant la concentration en caroténoïdes dans les fruits, deux traitements semblent favorables : les charges élevées en fruits et l’application précoce de ce traitement que ce soit par défoliation ou par ombrage. Dans la suite des résultats, nous allons nous focaliser sur ces deux conditions afin d’étudier en détail les effets d’une charge en fruits élevée sur les critères organoleptiques et nutritionnels. I.2.2. Variations des concentrations et des proportions en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes pour les deux traitements considérés Le traitement avec une charge en fruits élevée appliquée après la chute physiologique des fruits a induit une augmentation de la concentration en caroténoïdes totaux et en acides organiques totaux que le traitement soit appliqué par défoliation ou par ombrage. La concentration en sucres totaux présente une tendance différente puisqu’elle diminue lorsque le traitement est appliqué par défoliation par rapport au témoin (Figure 36). La concentration en sucres totaux est plus faible de 18,2% pour le traitement obtenu par défoliation par rapport au témoin (Figure 36A). La diminution de la concentration en saccharose (-23,9%) peut expliquer, en partie, cette diminution. La concentration en acides organiques totaux est plus élevée de 46,3% et de 28,4%, respectivement pour les traitements obtenus par défoliation et ombrage par rapport au témoin (Figure 36B). Ces différences sont attribuables, en partie, à l’augmentation de la concentration en acide succinique (49,6%) dans le traitement obtenu par ombrage. En ce qui concerne, le traitement obtenu par défoliation, ces différences sont attribuables, en partie, à l’augmentation des concentrations en acide oxalique (6,8%), en acide ascorbique (64,6%), en acide citrique (15,5%) et en acide succinique (63%). Quant à la concentration en caroténoïdes (Figure 36C), elle est plus élevée de 50,2% et de 17,8%, respectivement 106 Tableau 13: Pourcentages des différentes molécules de caroténoïdes, de sucres et d’acides organiques, respectivement, en fonction de la méthode utilisée (défoliation ou ombrage) pour une charge en fruits élevée appliquée précocement, après la chute physiologique du fruit. Les données présentées sont des moyennes ± des erreurs standard. Des lettres différentes (a, b, c) indiquent des différences significatives entre les traitements pour un même composé (α=5%). Charge en fruits élevé Témoin (Charge en Défoliation Ombrage fruits faible) Caroténoïdes (%) phytoène phytofluène ζ-carotène lutéine cis-violaxanthine zéaxanthine cis-anthéraxanthine cis-β-cryptoxanthine β-cryptoxanthine β-carotène 8,16±0,25 b 7,01±0,37 b 5,11±0,08 b 2,40±0,11 a 16,33±0,75 a 3,95±0,09 a 5,53±0,21 a 2,63±0,52 a 44,19±0,35 b 4,69±0,36 b 7,55±0,35 ab 4,72±0,55 ab 3,01±0,46 ab 2,48±0,33 a 19,28±0,53 ab 5,34±0,28 b 6,34±0,25 ab 2,16±0,30 a 45,04±0,37 ab 4,06±0,24 a 6,31±0,19 a 3,76±0,23 a 2,68±0,19 a 2,27±0,06 a 20,71±0,36 b 4,78±0,24 ab 6,61±0,17 b 1,78±0,08 a 47,19±0,35 a 3,89±0,12 a Sucres (%) fructose glucose saccharose 14,57±0,01 b 26,11±0,03 b 59,31±0,05 a 13,51±0,10 a 23,52±0,54 a 62,97±0,62 b 13,88±0,15 a 22,54±0,19 a 63,59±0,33 b Acides organiques (%) acide oxalique acide malique acide ascorbique acide citrique acide succinique 0,59±0,25 a 14,17±0,15 b 3,21±0,02 b 26,90±0,28 a 55,14±0,29 b 1,04±0,17 a 9,97±1,06 a 2,13±0,14 a 31,21±1,19 b 55,66±1,99 ab 0,78±0,12 a 13,05±0,79 b 2,88±0,17 b 33,75±2,15 b 49,54±2,50 a 107 Partie III : Résultats et discussion pour le traitement obtenu par défoliation et par ombrage par rapport au témoin. Dans le traitement obtenu par défoliation, tous les caroténoïdes suivent le même profil. Le composant majoritaire est la β-cryptoxanthine, qui est 41,2% plus élevée par rapport au témoin. Les autres caroténoïdes, le phytoène, le phytofluène, le ζ-carotène, la cisviolaxanthine, la zéaxanthine, la cis-anthéraxanthine, la cis-β-cryptoxanthine ont augmentés entre 18,6 et 196,5% selon les composés par rapport au témoin. Dans le traitement obtenu par ombrage deux caroténoïdes à eux seuls, le phytoène et la zéaxanthine expliquent l’augmentation de la concentration en caroténoïdes, avec une concentration plus élevée de 42,3% et de 31% par rapport au témoin, respectivement. Les fortes charges en fruits obtenues par défoliation n’affectent pas uniquement la concentration en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes, mais également leurs proportions respectives (Tableau 13). Il y a proportionnellement plus de fructose (4,9%), plus de glucose (15,8%) et moins de saccharose (-6,7%) dans le fruit soumis à une charge en fruits élevée obtenue par défoliation par rapport au témoin. Alors que la proportion d’acide succinique est plus élevée (11,3%), l’acide citrique est plus faible (-20,3%) par rapport au témoin. Les concentrations relatives en caroténoïdes ont également été affectées. Les caroténoïdes en aval de la voie de biosynthèse, tels que la β-cryptoxanthine, la cis-anthéraxanthine, et la cis-violaxanthine sont en proportions réduites (-6,3%, -16,3% et -21,1%, respectivement), à l’exception du βcarotène (+20,6%), tandis que les caroténoïdes du début de la voie, tels que le phytoène, le phytofluène et le ζ-carotène, sont en plus grandes proportions (29,3%, 86,4% et 90,7%, respectivement). Nos résultats sur la concentration en sucres, en acides organiques et en caroténoïdes montrent, tout comme la première étude, que la charge en fruits, qu’elle soit appliquée par défoliation ou par ombrage après la chute physiologique des fruits, a un impact positif sur les critères de qualité du fruit, et plus particulièrement sur la concentration en caroténoïdes. Deux idées majeurs pourraient être utilisées pour interpréter nos résultats : I) la théorie de l’équilibre entre les mécanismes de différenciation et de croissance (GDBH); et II) 108 Partie III : Résultats et discussion l’hypothèse selon laquelle la capacité de stockage régulerait la biosynthèse des caroténoïdes. La théorie déterministe de l’équilibre entre les mécanismes de différenciation et de croissance (GDBH) prédit qu’en condition de faibles ressources carbonées, les plantes allouent en priorité leurs ressources à la synthèse de métabolites secondaires au dépens de la croissance (Herms et Mattson, 1992; Lorio, 1986). Si l’on prend en considération, les résultats obtenus par l’application d’un traitement précoce dans le développement des fruits, ils sont en accord avec cette hypothèse. Il n’en va pas de même, si l’on prend en considération l’ensemble de nos résultats. En effet, si l’on suit les prédictions de la GDBH, on devrait observer un effet positif sur la concentration en métabolites secondaires et un effet négatif sur le calibre du fruit chez les fruits soumis à une charge en fruits élevée appliquée au mois de septembre, puisque la croissance du fruit de clémentine n’est pas terminée à ce stade (Bain, 1958; Spiegel-Roy et Goldschmidt, 1996). La théorie de la GDBH a été surtout testée par des études sur l’effet de l’alimentation azotée sur la concentration en composés phénoliques. Les résultats obtenus sur la tomate (Hoffland et al., 2000; Stewart et al., 2001; Stout et al., 1998), et sur d’autres cultures (Cartelat et al., 2005; Cipollini et al., 2002; Haukioja et al., 1998) ont montré une corrélation négative entre la concentration en composés phénoliques et la croissance dans des conditions de faibles apports d’azote, dans les feuilles. Ces observations indiquent que les feuilles et les fruits ne se comportent pas de la même façon et que la théorie de la GDBH n’est probablement pas pertinente pour des organes de réserve comme des fruits. Cette idée est corroborée par les travaux de Bénard et al. (2009) qui ont montré, chez la tomate soumise à une privation d’azote, une accumulation des composés phénoliques dans les feuilles conforme aux prévisions de la GDBH, mais pas dans les fruits. L’idée selon laquelle la voie de biosynthèse des caroténoïdes serait régulée à travers la capacité de stockage des plastes est cohérente avec nos résultats. En effet, plusieurs études ont montré que l’augmentation de la concentration en caroténoïdes est liée au nombre et à la taille des plastes présents chez la tomate (Bino et al., 2005; Cookson et al., 2003). Ces études ont été complétées par une analyse des gènes impliqués. Kolotilin et al. (2007) ont observé que l’expression des gènes impliqués dans les voies de biosynthèse des caroténoïdes, de la chlorophylle et de la photosynthèse sont exprimés plus fortement au 109 Partie III : Résultats et discussion même moment que l’expression des gènes dirigeant la biosynthèse des plastes. Chez les agrumes, les plastes, sont capables de se diviser et d’augmenter leur capacité de stockage des caroténoïdes (Kolotilin et al., 2007) lors des étapes de division et de grossissement cellulaire (Tadeo et al., 2008). Ces observations sont en accord avec nos résultats qui montrent une augmentation de la concentration en caroténoïdes lorsque la charge en fruits est augmentée de façon précoce. Il a également été montré que les chloroplastes étaient capables d’un plus grand nombre de division que les chromoplastes (Kuroiwa et al., 1998), ce qui expliquerait l’absence de différences dans les concentrations en caroténoïdes lorsque le statut carboné est modifié au moment de la conversion des chloroplastes en chromoplastes, et après. Cependant, il est indispensable de réaliser des études supplémentaires pour caractériser ces mécanismes chez les agrumes afin de conclure sur le rôle éventuel de la variation de la taille et du nombre de plastes sur la synthèse des caroténoïdes. I.2.3. Conclusion Nos résultats ont montré l’impact négatif d’un faible apport en sucres sur la croissance et son impact positif sur la biosynthèse des métabolites secondaires lorsque la charge en fruits est modifiée précocement au cours du développement du fruit. Des études supplémentaires seront nécessaires pour tester l’hypothèse selon laquelle la concentration en caroténoïdes serait déterminée indirectement par le nombre et la taille des plastes nécessaires au stockage des caroténoïdes. Il serait également intéressant d’étudier la manière dont l’alimentation carbonée influence le nombre de plastes par cellule et leur taille. II. L’effet du stress oxydatif et du statut redox sur la biosynthèse des caroténoïdes Nous avons montré précédemment que le statut carboné peut avoir une influence sur la qualité des fruits en fonction du stade de développement. Un deuxième facteur parait intéressant à étudier dans le but d’accroître et de stimuler la concentration en caroténoïdes dans le fruit : le stress. Ce dernier est d’autant plus intéressant qu’il peut être appliqué par les agriculteurs, même dans des conditions de 110 A a,A 0,9 a,A 0,8 a,AB 0,7 a,A 0,6 0,5 0,4 A 0,3 0,2 0,1 0 A j-5 a,A b,BC a,C Fv/Fm a,A c,A b,A a,B j0 a,B j2 j3 b,A a,C a,B j4 Temps d'exposition (jours) B b,C 600 550 a,BC Fo 500 450 B 400 350 300 b,B a,AB j-5 B a,B a,B a,A a,A a,A a,B a,B a,AB a,AB j2 j3 a,A a,A j0 j4 Temps d'exposition (jours) C b,A b,A b,A a,A a,B Fm 2600 2400 2200 2000 a,A 1800 a,B 1600 C 1400 a,AB 1200 1000 800 j-5 a,A a,A a,A a,B j0 a,A a,A a,A j2 j3 j4 Temps d'exposition (jours) Figure 37: Evolution du rendement quantique maximal du photosystème II (Fv/Fm) (A), de la fluorescence minimale (Fo) (B) et de la fluorescence maximale (Fm) (C), au cours du stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse : élevée ( ), moyenne ( ) par rapport au témoin (intensité lumineuse faible ( ). Les points correspondent aux moyennes et les barres aux erreurs standard. Les lettres a, b, c indiquent des différences significatives entre les traitements d’intensité lumineuse différente pour chacune des dates considérées et les lettres A, B, C indiquent des différences significatives entre les dates (j-5, j0, j2, j3 et j4) pour chacun des traitements (α=5%). Graphique A et C : Les stress d’intensité lumineuse élevée et moyenne montrent à la fois une diminution de Fv/Fm et de Fm par rapport aux mesures réalisées avant l’application du stress (A vs B) et par rapport au témoin (a vs b). Graphique B : les stress d’intensité lumineuse élevée et moyenne ne montrent pas de réelle différence par rapport au témoin à l’exception du jour 2 où Fo est supérieure. 111 Partie III : Résultats et discussion cultures en plein champ. Dans cette étude, nous nous intéresserons plus particulièrement au stress photooxydatif, sachant que tous les stress conduisent à du stress oxydatif. L’objectif est de vérifier l’hypothèse selon laquelle un stress photooxydatif peut influencer le métabolisme antioxydant du fruit et les critères de qualité du fruit (sucres, acides organiques et caroténoïdes.). II.1. L’effet de fortes intensités lumineuse sur les indicateurs de stress des feuilles Différents paramètres utilisant la fluorescence de la chlorophylle a émise par le photosystème II (PSII) ont été utilisés comme des indicateurs du stress photooxydatif. Ce dernier a été appliqué à l’aide d’ombrières sur les feuilles voisines du fruit. Le rendement quantique maximum du photosystème II (Fv/Fm) donne une indication de la fonctionnalité des centres de réactions du PSII. Dans des conditions normales, il se situe aux alentours de 0,8 (Ballottari et al., 2007). Un effet sur le rendement quantique maximum du photosystème II (Fv/Fm) des traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne a été observé 2 et 3 jours après le début de l’expérimentation, respectivement (Figure 37). Au 3ème jour, Fv/Fm est plus faible de 37,7% et de 20,2% par rapport au témoin dans les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne, respectivement. Fv/Fm est également inférieur de 17,3% dans le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée par rapport au traitement correspondant à une intensité lumineuse moyenne. Au jour 4, Fv/Fm diminue de 30% par rapport au témoin pour les deux traitements. Des différences de Fv/Fm peuvent être dues à un niveau plus élevé de la fluorescence minimale (Fo) ou à un niveau plus faible de la fluorescence maximale (Fm). Dans notre essai, la diminution du Fv/Fm est attribuable à une augmentation de Fo (14,4% et 35,5% pour les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne, respectivement) et à une diminution de Fm (44,2% et -30,1%, respectivement), observables à partir du 2ème jour (Figure 37). L’augmentation de Fo est attribuable à la libération de chlorophylles libres, des complexes protéine-pigment alors que la diminution du Fm reflète l’engagement de la zéaxanthine dans la dissipation de l’énergie en excès (Wingler et al., 2004). Nos observations 112 B 4,5 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 1,6 a,C a,A a,C b,A b,A a,AB a,A a,B j0 1,2 b,A a,B a,A j-5 a,B a,AB 1,0 a,C a,B a,A 0,8 a,AB a,AB j2 j3 j4 a,AB a,A 0,4 a,A b,A a,A 0,6 b,A b,A a,AB a,A a,A a,A j3 j4 0,2 0,0 j-5 Temps d'exposition (jours) j0 j2 Temps d'exposition (jours) C D 0,60 6,0 a,C a,C 4,0 3,0 b,A a,A a,B a,A a,B 2,0 1,0 a,A c,A b,A 0,55 b,A a,A a,A a,A a,A j2 j3 j4 (1-Vj)/Vj 5,0 Fv/Fo a,A 1,4 RC/ABS Indice de performance A 0,50 a,B b,B a,A 0,45 0,40 b,B a,AB a,AB a,AB a,A a,A a,A ab,AB a,A a,A 0,35 a,A a,A 0,30 0,0 j-5 j0 Temps d'exposition (jours) j-5 j0 j2 j3 j4 Temps d'exposition (jours) Figure 38: Variation de l’indice de performance (PI) (A), et de ses composantes : la densité des centres de réactions actifs exprimée en fonction de la chlorophylle (RC/ABS) (B), des réactions lumineuses pour la photochimie primaire (Fv/Fo) (C) et des réactions sombres [(1-Vj)/Vj] (C), après exposition à un stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse : élevée ( ), moyenne ( ) par rapport au témoin (intensité lumineuse faible) ( ). Les points correspondent aux moyennes et les barres aux erreurs standard. Les lettres a, b, c indiquent des différences significatives entre les traitements d’intensité lumineuse différente pour chacune des dates considérées et les lettres A, B, C indiquent des différences significatives entre les dates (j-5, j0, j2, j3 et j4) pour chacun des traitements (α=5%). Graphiques A, B et C : Les stress d’intensité lumineuse élevée et moyenne montrent à la fois une diminution du PI et de RC/ABS et de Fv/Fo par rapport aux mesures réalisées avant l’application du stress (A vs B) et par rapport au témoin (a vs b). Graphique D : [(1-Vj)/Vj] est inférieur par rapport au témoin à partir du jour 3 pour le stress d’intensité lumineuse élevée et au jour 4 pour le stress d’intensité lumineuse moyenne. 113 Partie III : Résultats et discussion sont cohérentes avec l’idée que la régulation négative du rendement quantique maximum du photosystème II observée est interprétable en termes de dommages liés à la lumière et non pas seulement en termes de photoprotection. L’amplitude de la diminution du Fv/Fm est en accord avec cette idée. En effet, seules les faibles diminutions du Fv/Fm peuvent être interprétées en termes de photoprotection (Adams et al., 2006). L’indice de performance (PI) (Srivastava et Strasser, 1999), est basé sur l’analyse de la cinétique de la fluorescence de la chlorophylle (OJIP), mesurée de 50 ms à 1 s après illumination des échantillons photosynthétiques (Strasser et al., 2000). Il est considéré comme un indicateur de stress plus sensible et plus discriminant que Fv/Fm (Thach et al., 2007). L’indice de performance (PI) a également été affecté par les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne (Figure 38). A partir du jour 2, le PI diminue pour les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne (-71,9% et -56,6% par rapport au témoin, respectivement). De la même façon, les valeurs de PI, au jour 2, sont inférieures dans les deux traitements par rapport au jour 0, avant le début de l’expérimentation (-64,5% et 54,6% pour les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne, respectivement). Aucune différence significative n’a été observée entre les deux traitements. Les diminutions de l’indice de performance sont attribuables à des variations dans la contribution au PI des réactions lumineuses pour la photochimie primaire (Fv/Fo), de la densité des centres de réactions actifs exprimée en fonction de la chlorophylle (RC/ABS) et des réactions en phase obscure ou la performance due à la conversion de l’énergie d’excitation en flux d’électrons [(1-Vj)/Vj)] (Figure 38). RC/ABS et Fv/Fo ont le même profil que le PI. En effet, à partir du 2ème jour, RC/ABS est inférieur de 38,7% et-33% dans les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne, respectivement par rapport au témoin et de -23% et -22,9% par rapport au jour 0. La diminution de Fv/Fo est de 60,5% et 31,1% par rapport au témoin pour les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne (à partir du 2ème jour) par rapport au témoin et d’environ 47,5% et 38,1%, respectivement par rapport au jour 0. La contribution des réactions en phase obscure dans l’indice de performance a été 114 Partie III : Résultats et discussion beaucoup moins importante que celle de Fv/Fo et de RC/ABS. Pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée, [(1-Vj)/Vj] est plus faible de 14,3% au jour 3. En ce qui concerne le traitement correspondant à une intensité lumineuse moyenne, [(1Vj)/Vj] est plus faible de 18,9% au jour 4. La diminution du PI dans les deux traitements stress est attribuable en grande partie à la diminution de Fv/Fo, secondairement à une diminution de RC/ABS, et pas du tout à la diminution de [(1-Vj)/Vj]. Ces réponses sont cohérentes avec nos connaissances sur la photoinhibition (Critchley et Raghavendra, 1998; Hikosaka, 2004; Lambers et al., 1998; Loreto et al., 2004; Thach et al., 2007). La diminution des paramètres Fv/Fo et RC/ABS représente une réponse adaptative visant à réduire les dommages liés à la lumière tout en préservant la productivité photosynthétique dans les conditions caractérisées par un excès de lumière absorbée par rapport à la quantité de lumière qui peut être utilisée par la photosynthèse. Nos résultats démontrent clairement que les traitements correspondant à une intensité lumineuse élevée et à une intensité moyenne appliqués sur les feuilles d’orangers provoquent une photoinhibition. Bien que les paramètres mesurés ne montrent pas de différences significatives entre les deux traitements, certaines données, telles que le Fv/Fo, indiquent que les conditions de stress ont été plus sévères pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée que pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse moyenne. II.2. Mise en évidence d’un signal entre les feuilles et le fruit Afin de mettre en évidence que le stress photooxydatif appliqué sur les feuilles a été transmis à la pulpe du fruit, les activités des enzymes de détoxication des espèces réactives de l’oxygène ont été mesurées. En effet, l’activation de ces enzymes traduit une réponse rapide et efficace pour limiter les espèces réactives de l’oxygène en excès générées par les stress environnementaux (Sofo et al., 2004). Ces activités ont été réalisées en collaboration avec l’université de Corse, par Jérémie Santini, étudiant de master. 115 Partie III : Résultats et discussion La superoxyde dismutase totale (SODt) et l’ascorbate peroxydase (APX) sont les premières enzymes utilisées pour détoxiquer les espèces réactives de l’oxygène. A t=3h après l’application du stress photooxydatif l’activité de la SODt est augmentée de 57,4% pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée et de 26,2% pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse moyenne par rapport au témoin. Ces résultats sont cohérents si l’on considère que la SODt est activée par divers stress environnementaux chez les plantes et permet la génération de peroxyde d’hydrogène lors de la régénération de l’anion superoxyde (Bowler et al., 1994). Nos résultats ont montré une augmentation de la concentration en peroxyde d’hydrogène dans le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée (+17%), à t=99h par rapport au témoin (Tableau 14). Tableau 14: Concentration en peroxyde d’hydrogène, dans la pulpe des fruits, en fonction de l’intensité du stress photooxydatif. SE : stress d’intensité lumineuse élevée ; SM : stress d’intensité lumineuse moyenne ; T : témoin. Les données sont des moyennes ± des erreurs standard. Les lettres a, b indiquent des différences significatives entre les traitements d’intensité lumineuse différente pour chacune des dates considérées et les lettres A, B, C indiquent des différences significatives entre les dates (j-5, j0, j2, j3 et j4) pour chacun des traitements (α=5%). 3h Peroxyde d’hydrogène (H2O2) SE 5,36±0,22 a,A SM 6,28±0,30 b,A T 5,69±0,29 ab,A 27h 51h 99h 6,81±0,25 a,B 7,10±0,41 a,A 6,43±0,20 a,A 6,61±0,21 a,B 6,24±0,40 a,A 6,46±0,23 a,A 7,58±0,26 b,C 6,48±0,30 a,A 6,48±0,35 a,A Ces résultats sont en accord avec l’hypothèse selon laquelle le stress photooxydatif induirait une production d’espèces réactives de l’oxygène dans la pulpe des fruits et spécialement d’anion superoxyde, avec pour conséquence une activation de la SODt qui est à l’origine d’une partie de l’augmentation de la concentration en peroxyde d’hydrogène. Le peroxyde d’hydrogène est détoxifié par la catalase (CAT) et l’ascorbate peroxydase (APX). Dans nos conditions, seule l’activité de l’APX a été affectée par les traitements correspondants aux intensités lumineuses élevée et moyenne. A t=27h après l’application du stress photooxydatif, l’activité de l’APX est plus élevée de 57,7% pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée et de 26,2% pour le traitement 116 Tableau 15 : Concentration en ascorbate réduit, en déshydroascorbate, et en ascorbate total, dans la pulpe du fruit, en fonction de l’intensité du stress photooxydatif. SE : stress d’intensité lumineuse élevée ; SM : stress d’intensité lumineuse moyenne ; T : témoin. Les données sont des moyennes ± des erreurs standard. Les lettres a, b indiquent des différences significatives entre les traitements d’intensité lumineuse différente pour chacune des dates considérées et les lettres A, B, C indiquent des différences significatives entre les dates (j-5, j0, j2, j3 et j4) pour chacun des traitements (α=5%). Ascorbate réduit (AA) SE SM T 3h 27h 51h 99h 2,43±0,10 a,AB 2,66±0,11 a,BC 2,72±0,06 a,A 2,36±0,11 a,A 2,97±0,10 b,C 2,71±0,08 b,A 2,85±0,15 a,B 2,46±0,12 a,AB 2,51±0,11 a,A 2,63±0,06 b,AB 2,35±0,07 a,A 2,64±0,12 ab,A 0,63±0,10 a,AB 0,78±0,010 a,AB 0,80±0,08 a,A 0,39±0,06 a,A 0,63±0,04 b,A 1,00±0,13 b,A 0,77±0,10 a,B 0,88±0,07 a,B 0,93±0,09 a,A 2,99±0,11 a,A 3,75±0,10 b,C 3,51±0,08 b,A 3,24±0,15 a,AB 3,09±0,12 a,A 3,30±0,11 a,A 3,41±0,06 a,B 3,23±0,07 a,AB 3,57±0,12 a,A Déshydroascorbate (DHA) SE 0,82±0,13 a,B SM 0,76±0,10 a,AB T 0,75±0,09 a,A Ascorbate total SE SM T 117 3,24±0,10 a,AB 3,43±0,11 a,BC 3,47±0,06 a,A Partie III : Résultats et discussion correspondant à une intensité lumineuse moyenne par rapport au témoin. Ces résultats sont en accord avec les études réalisées sur les enzymes de détoxication des ROS qui montrent que l’activité de l’APX augmente généralement en réponse au stress environnementaux (Shigeoka et al., 2002). Nos résultats sont cohérents avec des études réalisées sur la tomate et la fraise impliquant un stress photooxydatif. Torres et al. (2006) ont trouvé des valeurs élevées pour les activités enzymatiques de détoxication des espèces réactives de l’oxygène (superoxyde dismutase, catalase, déshydroascorbate réductase, monodéshydroascorbate réductase, ascorbate peroxydase, glutathion réductase) des fruits immatures de tomate soumis à un stress photooxydatif. Chez la fraise, des éclairages UV ont induit une augmentation des valeurs des activités enzymatiques de détoxication des espèces réactives de l’oxygène (Erkan et al., 2008). Nos résultats nous permettent d’affirmer que le stress photooxydatif appliqué sur des feuilles voisines a été transmis jusque dans la pulpe du fruit du fait de l’activation des enzymes de détoxication des espèces réactives de l’oxygène. II.3. L’effet de fortes intensités lumineuses sur les différentes formes d’ascorbate et sur le statut redox Le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée a induit de faibles effets sur la concentration en ascorbate réduit (AA), en déshydroascorbate (DHA) et en ascorbate total (Tableau 15).Une diminution des concentrations en ascorbate réduit (-12,9%) et en ascorbate total (-14,8%) est observée au temps t=27h par rapport au témoin. Quant à la concentration en déshydroascorbate, elle est plus faible de 61%, au temps t=51h, par rapport au témoin. En plus, de la diminution de la concentration en ascorbate réduit (AA) et en déshydroascorbate (DHA), les résultats sur les activités enzymatiques de détoxication des ROS ont montré une augmentation de l’activité de la monodéshydroascorbate réductase (MDHAR) et dans une moindre mesure de la déshydroascorbate réductase (DHAR) dans des conditions de stress oxydatif élevé. En effet, tout au long du stress photooxydatif, l’activité de la MDHAR est plus élevée de 388% pour le traitement correspondant à une intensité 118 Partie III : Résultats et discussion lumineuse élevée et de 172% pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse moyenne par rapport au témoin. L’activité de la DHAR est plus élevée, à t=3h, de 30% pour le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée. Ces observations sont cohérentes avec l’hypothèse de Jimenez et al. (2002) qui interprète les variations de la concentration en AA et DHA dans les fruits par des variations dans la synthèse de l’AA ou dans la régénération de ce dernier par le DHA, et donc des modifications dans l’activité des enzymes MDHAR et DHAR. Le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée a un effet plus marqué sur le statut redox de l’ascorbate (AA/DHA) (Figure 39). Le statut redox dans le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée, à t=51h, est plus élevé d’environ 42% par rapport au témoin. Tout au long de l’expérimentation, aucune différence significative n’a été observée entre le traitement correspondant à une intensité lumineuse moyenne et le témoin. b, B 16 Rapport AA/DHA 14 12 10 8 6 4 a, A a, B a,A a,B a,A a,AB a,A a, A a,A a,A 2 a,A 0 3h 27h 51h 99h Temps d'exposition (heure) Figure 39: Evolution du statut rédox de l’ascorbate dans la pulpe des fruits, au cours du stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse : élevée ( ), moyenne ( ) par rapport au témoin (intensité lumineuse faible) ( ). Les points correspondent aux moyennes et les barres aux erreurs standard. Les lettres a, b indiquent des différences significatives entre les traitements d’intensité lumineuse différente pour chacune des dates considérées et les lettres A, B, indiquent des différences significatives entre les dates (j-5, j0, j2, j3 et j4) pour chacun des traitements (α=5%). Nos résultats montrent qu’un stress photooxydatif appliqué sur les feuilles induit une modification du statut redox de l’ascorbate dans la pulpe du fruit. 119 B A 18 a 100 a Concentration en acides organiques (mg.g-1 MF) Concentration en sucres (mg.g-1 MF) 120 a 80 60 a 40 b b a b b a b b 20 0 a 16 ab b 14 12 10 a a a 8 a 6 4 2 a a a a a a b b ab b a 0 Glucose Fructose Saccharose Sucres totaux Acide oxalique Acide Acide Acide Acide malique ascorbique citrique succinique Acides totaux C 130 b 120 Concentration en caroténoïdes (µg.g-1 MF) 110 100 ab a 90 80 70 b 60 a 50 a 40 30 20 10 aaa aaa aaa aaa aaa bba b bba bba ab a aaa 0 Figure 40: Concentrations en sucres (A), en acides organiques (B) et en caroténoïdes (C) dans la pulpe des fruits, à t=99h après l’application du stress photooxydatif, en fonction de l’intensité lumineuse : élevée ( ), moyenne ( ) et faible ( ). Les données représentées sont des moyennes et les barres correspondent aux erreurs standard. Les lettres a, b, c indiquent des différences significatives parmi les traitements (α=5%). 120 Partie III : Résultats et discussion II.4. L’effet de fortes intensités lumineuses sur les critères de qualité du fruit A t=99h, alors que la concentration en sucres totaux n’est pas affectée par le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée, les concentrations en acides organiques totaux et en caroténoïdes totaux apparaissent supérieures de 13,2% et de 25,7%, respectivement par rapport au témoin (Figure 40). Même si la concentration en sucres totaux n’est pas touchée, le traitement correspondant à une intensité lumineuse élevée induit une augmentation de la concentration en saccharose (+16,2%) et une diminution des concentrations en glucose (10,5%) et en fructose (-13,2%) par rapport au témoin pour chacun des composés (Figure 40A). De la même façon, par comparaison au témoin, l’augmentation à la concentration en acides organiques totaux est en partie due à l’augmentation de la concentration en acide succinique (+25,6%) (Figure 40B). En ce qui concerne l’augmentation de la concentration en caroténoïdes, elle est en grande partie due à l’augmentation de la cis-violaxanthine (+38%), de la zéaxanthine (28,9%) et de β-cryptoxanthine (24,7%) (Figure 39C). D’autres xanthophylles, telles que la cis-β-cryptoxanthine et la zéinoxanthine suivent le même profil. Puisque le statut redox dans la pulpe des fruits d’orange a été fortement affecté par le stress photooxydatif, l’interprétation de l’effet d’un stress photoinhibiteur appliqué aux feuilles sur les caroténoïdes dans la pulpe des fruits pourrait être réalisée en fonction de nos connaissances sur l’effet des variations du statut redox sur la voie de biosynthèse des caroténoïdes. L’idée dominante est que les enzymes clefs de la voie de biosynthèse des caroténoïdes en entier est sous le contrôle du statut redox (Steinbrenner et Linden, 2003). C’est le cas de la phytoène synthase (PSY) et de la phytoène désaturase (PDS), qui sont les deux enzymes exerçant le plus grand contrôle sur la voie de biosynthèse des caroténoïdes (Fraser et al., 2007; Fraser et al., 2002). Les gènes Psy sont connus pour répondre fortement aux facteurs environnementaux, tels que les fortes intensités lumineuses, la salinité, la sécheresse, la température et la photopériode (Cazzonelli et Pogson, 2010). Il a été suggéré que les plantes s’adapteraient à leur environnement à travers des variations du statut redox (Buchanan et Balmer, 2005). La désaturation du phytoène par la PDS, de même que la désaturation de la ζ-carotène par la ζ-carotène désaturase (ZDS), est une réaction complexe 121 Partie III : Résultats et discussion qui requièrt un rapport PQH2/PQ élevé. (Barr et al., 2004; Carol et Kuntz, 2001; Joet et al., 2002; Josse et al., 2000; Scolnik et al., 1987). PQH2, la forme réduite de PQ, peut être réoxydée par le photosystème I (PSI) ou la plastoquinone terminale oxydase plastidiale (PTOX) (Joet et al., 2002; Josse et al., 2000). Les facteurs contrôlant le gène Ptox n’ont pas été identifiés, mais il est suggéré que le statut redox des plastoquinones jouerait un rôle clef, si l’on considère que l’état redox des plastoquinones est connu pour contrôler la transcription de plusieurs gènes (Pfannschmidt et al., 1999). Par ailleurs, les gènes situés en aval de la voie de biosynthèse, tels que le gène β-carotène hydroxylase (Hy-β), qui catalyse la conversion de la zéaxanthine en β-carotène, et le gène zéaxanthine époxydase qui convertit la zéaxanthine en violaxanthine, sont contrôlés également par le statut redox des plastoquinones (Woitsch et Romer, 2003). L'influence exercée par les feuilles sur les fruits suggère fortement l'existence de signaux hormonaux. L'hypothèse selon laquelle des feuilles soumises à un stress photooxydatif peuvent influencer la synthèse de caroténoïdes dans des fruits à travers un contrôle redox est séduisante sachant qu'il a été montré que certains des systèmes impliqués dans la signalisation redox modulent la réponse des plantes aux hormones (Buchanan et Balmer, 2005) Nous proposons le monoxyde d’azote (NO) comme un candidat potentiel pour nos études futures. En effet, le NO est connu pour être produit après un stress et il a un potentiel pour interagir avec les composés ayant un rôle dans la régulation redox, incluant la MDHAR (Navrot et al., 2011). II.5. Conclusion Nos résultats montrent qu’un stress photooxydatif appliqué sur les feuilles peut engendrer une réponse dans la pulpe des fruits situés à proximité. En effet, le stress photooxydatif a induit une activation des systèmes enzymatiques de recyclage et de détoxication des espèces réactives de l’oxygène, des variations dans le statut redox de l’ascorbate et des critères de qualité organoleptiques (sucres et acides organiques) et des critères de qualité nutritionnels (caroténoïdes). Ces observations suggèrent que des signaux sont transmis des feuilles aux fruits dans des conditions de stress environnementaux tels que de l’exposition de fortes intensités lumineuses. 122 Partie IV : Conclusion et perspectives Partie IV : Conclusion et perspectives Les fruits et légumes représentent une part importante de l’alimentation humaine et une source majeure de substances biologiquement actives telles que les vitamines et les métabolites secondaires. La consommation de fruits et légumes, de nos jours, reste globalement insuffisante, c’est pourquoi elle doit être encouragée, et il serait intéressant de proposer des fruits et légumes avec une concentration augmentée en vitamines et en métabolites secondaires. Il y a deux façons d’atteindre cet objectif : l’approche génétique et la manipulation de l’environnement. Nos observations sur fruits de clémentine et d’orange confirment ce qui a déjà été vu par exemple chez la tomate, l’épinard et la carotte, à savoir qu’il est possible d’agir fortement sur la concentration en caroténoïdes des fruits et légumes par la seule action sur l’alimentation en sucres ou par l’application de conditions stressantes. Effet de l’alimentation carbonée sur la biosynthèse des caroténoïdes Notre premier objectif a été de déterminer l’effet de l’alimentation en sucres sur les critères de qualité des agrumes et notamment la concentration en caroténoïdes. Dans un premier essai, nous avons étudié l’effet de l’alimentation en sucres en testant les conséquences de différentes charges en fruits appliquées après la chute physiologique. Cette première étude nous permet d’affirmer que le statut carboné n’agit probablement pas sur la biosynthèse des caroténoïdes en influençant positivement la biodisponibilité des précurseurs. En effet, dans le traitement correspondant à une alimentation en sucres élevée, les caroténoïdes présents en amont de la voie de biosynthèse (phytoène, phytofluène, ζcarotène) ont augmenté à la fois en termes de concentration absolue et de manière relative (par rapport aux caroténoïdes totaux), alors que la concentration totale en caroténoïdes a diminué. Nos observations n’ont cependant pas permis de déterminer à quel niveau le statut carboné a influencé la voie de biosynthèse des caroténoïdes. Dans un deuxième temps, nous avons testé l’effet de la charge en fruits sur les critères de qualité du fruit récolté à maturité en fonction du stade de développement. Cette deuxième étude nous a permis de déterminer que l’augmentation de la charge en fruits induit une augmentation de la concentration en caroténoïdes dans la pulpe du fruit lorsque celle-ci est appliquée après la chute physiologique. Ce stade de développement serait donc 124 Partie IV : Conclusion et perspectives le plus propice à l’amélioration des critères de qualité nutritionnelle des fruits. De plus, au même stade de développement, la diminution de l’alimentation carbonée sur une courte période de 15 jours a un effet moindre en ce qui concerne l’augmentation de la concentration en caroténoïdes. Les théories déterministes, et spécifiquement la théorie de l’équilibre entre la différenciation et la croissance ne permettent pas d’expliquer nos résultats. Deux hypothèses relatives aux rôles direct ou indirect de l’alimentation carbonée sur la voie de biosynthèse des caroténoïdes mériteraient d’être étudiées de manière plus approfondie. La première de ces hypothèses est fondée sur l’idée que les sucres pourraient jouer un rôle modulateur de la voie de biosynthèse des caroténoïdes (effet direct). Il serait intéressant d’étudier l’effet des sucres sur les facteurs de transcriptions et les gènes impliqués dans la voie du MEP et dans la voie de biosynthèse des caroténoïdes. En effet, il a été montré que les sucres ont occupé une place centrale dans le contrôle du métabolisme des plantes, de leur croissance et de leur développement. Il a été montré de surcroît l’existence d’interactions des sucres avec la lumière, le stress et les hormones (Rolland et al., 2002). La diminution des sucres dans les feuilles augmente l’expression des gènes impliqués dans la photosynthèse, la remobilisation, et l’exportation des sucres tandis qu’elle induit une diminution de l’expression des gènes impliqués dans leur stockage (Koch, 1996). Au niveau des feuilles, la régulation des gènes par les sucres, tels que les gènes impliqués dans la photosynthèse, la réponse au stress ou le métabolisme secondaire, s’exercerait au niveau transcriptionnel (Rolland et al., 2002). Les études menées sur le maïs et les promoteurs des gènes de la photosynthèse suggèrent l’implication de facteurs de transcriptions (Sheen et al., 1999). Toutes les études évoquées concernent la photosynthèse, la remobilisation et l’exportation des sucres dans les feuilles. Fort peu de choses sont connues concernant les organes autres que les feuilles et le métabolisme secondaire. Tout au plus peut-on évoquer les études menées sur pétunia par Tsukaya et al. (Tsukaya et al., 1991). Celles-ci avaient montré qu’une augmentation des sucres entraînait une augmentation de l’expression de la chalcone synthase. 125 Partie IV : Conclusion et perspectives La deuxième hypothèse est que les sucres agiraient de manière indirecte sur la voie de biosynthèse des caroténoïdes, en influençant la division et la croissance des chloroplastes. Ces derniers sont destinés à se transformer en chromoplastes au cours du développement du fruit, et sont les organites de stockage des caroténoïdes. Li et al. (2001) ont montré, par l’étude de mutants, que la différenciation des plastes est un mécanisme fortement impliqué dans le contrôle de l’accumulation des caroténoïdes chez le chou-fleur. De plus, chez la tomate, il a été montré que augmentation de la concentration en caroténoïdes était corrélée à l’augmentation du nombre de cellules dans le fruit, à l’augmentation du nombre de chloroplastes par cellule et à la taille de chloroplastes (Bino et al., 2005). Si quelques études ont montré l’existence d’un lien entre la concentration en caroténoïdes avec le nombre et la taille des plastes, il n’existe en revanche aucune étude de l’effet de l’alimentation en sucres sur la biogénèse ou la division des plastes. En revanche, on sait que les chloroplastes ont une capacité de division supérieure à celle des chromoplastes (Kuroiwa et al., 1998). Or nos essais ont justement montré qu’une augmentation de la concentration en caroténoïdes était observable uniquement lorsque l’alimentation en sucres était diminuée précocement, c’està-dire avant la transformation des chromoplastes en chloroplastes. Il serait donc intéressant d’étudier : I) les liens entre l’alimentation en sucres et la taille et le nombre de plastes et ; II) les liens entre la taille et le nombre de plastes, d’une part, et la concentration en caroténoïdes dans la pulpe du fruit, d’autre part. Pour cela, il serait nécessaire de développer des approches histologiques conjointement à des études de l’expression des gènes impliqués dans la division des plastes et de la biosynthèse des précurseurs des caroténoïdes et de la voie de biosynthèse des caroténoïdes. Effet du stress oxydatif et du statut rédox sur la biosynthèse des caroténoïdes Notre deuxième objectif a été d’étudier l’effet d’un stress photooxydatif appliqué sur les feuilles, à l’aide de différentes ombrières sur les paramètres photosynthétiques des feuilles, sur le métabolisme antioxydant et sur la concentration en caroténoïdes dans la pulpe du fruit. Les premiers résultats obtenus montrent qu’un stress photooxydatif appliqué sur les feuilles peut engendrer une réponse dans la pulpe du fruit. Le stress photooxydatif a stimulé les systèmes enzymatiques de recyclage et de détoxication des espèces réactives de l’oxygène, et plus particulière la superoxyde dismutase, la déshydroascrobate réductase, la 126 Partie IV : Conclusion et perspectives monodéshydroascorbate réductase et l’ascorbate peroxydase. Il a aussi augmenté le statut redox de l’ascorbate (rapport ascorbate réduit/déshydroascrobate), la concentration en peroxyde d’hydrogène, en acides organiques et en caroténoïdes. Enfin, il a été à l’origine d’une diminution de la concentration en sucres des fruits. Ces résultats suggèrent fortement que des signaux peuvent être transmis des feuilles vers le fruit. Ils suggèrent aussi que le stress photooxydatif peut impacter de façon positive la concentration en caroténoïdes dans la pulpe du fruit. Ces résultats ouvrent de nombreuses perspectives scientifiques et appliquées. Nous allons envisager ici quelques pistes de manière ouverte, sans trop nous préoccuper à ce stade des questions de faisabilité. La question de l’implication du stress oxydant et des variations de statut redox qui lui sont associées dans le contrôle de la synthèse des caroténoïdes nous paraît l’une des plus importantes à traiter. L’hypothèse selon laquelle le stress photooxydatif agirait sur la biosynthèse des caroténoïdes par le biais du statut rédox pourrait être vérifiée d’abord en appliquant des molécules exacerbant la production d’espèces réactives de l’oxygène dans le fruit. Les effets sur le statut rédox pourraient être suivis via le dosage des différentes formes d’ascorbate, de glutathion et du NADP, et l’analyse de l’expression des gènes impliqués dans leur métabolisme. Il est rappelé que les réactions catalysées par la ZEP et la LCY-β nécessitent du NADPH (Mialoundama et al., 2010; Yu et al., 2010). Il serait certainement intéressant d’inclure la plastoquinone dans ces études. En effet, la PDS, la ZDS, la ZEP et la HY-β sont contrôlées par le statut rédox des plastoquinones et requièrent un rapport PQ/PQH2 élevé (Barr et al., 2004; Woitsch et Romer, 2003). Les études envisagées devraient impliquer une caractérisation du statut oxydant global, par exemple par des études de résonance spectrométrique paramagnétique (EPR). En ce qui concerne les étapes sensibles, nous pensons qu’il faudrait en premier lieu nous concentrer sur la PSY et la PDS, qui sont les deux enzymes exerçant le plus grand contrôle sur la voie de biosynthèse des caroténoïdes (Steinbrenner et Linden, 2003). La deuxième grande question porte sur la nature de la signalisation mise en évidence et des mécanismes qui lui sont associés. Plusieurs hormones et espèces réactives de l’oxygène ou de l’azote sont de bons candidats pour ce rôle. Les observations réalisées par 127 Partie IV : Conclusion et perspectives Rossel et al. (2007) à propos de l’acclimatation systémique acquise (SAA) suggèrent que ni l’acide abscissique, ni l’acide salicylique, ni le méthyl jasmonate, ni le peroxyde d’hydrogène sont impliqués dans la signalisation. Le monoxyde d’azote (NO) nous semble être le meilleur des candidats pour de futures études. Le monoxyde d’azote est connu pour agir comme une molécule signale modulant les réponses aux stress biotiques et abiotiques des plantes (Wendehenne et al., 2005; Wilson et al., 2008). Plusieurs études ont également suggéré que le NO jouerait un rôle dans la protection des plantes contre le stress oxydatif. Chez le blé, l’application de molécule favorisant la production de NO confère à la plante, dans des conditions de sécheresse, une augmentation de la tolérance en induisant notamment la fermeture des stomates (Garcia-Mata et al., 2001). De même, chez le haricot, l’application de molécule favorisant la production de NO protège les plantes des dommages pouvant être causés par les UV-B probablement par l’intermédiaire de l’activation des enzymes antioxydantes (SODt, APX, CAT) (Shi et al., 2005). Le rôle du NO pourrait être testé en appliquant des molécules générant du NO à des fruits détachés, puis en mesurant à différents pas de temps les activités enzymatiques et l’expression des gènes impliqués dans la détoxication des espèces réactives de l’oxygène (SOD, CAT, MDHAR, DHAR, GR, APX), le statut rédox de l’ascorbate dans les fruits, et les l’expression de la PSY et de la PDS. Il faudrait également étudier l’effet du stress photooxydatif sur la production de NO dans les feuilles et se donner les moyens de suivre NO dans le phloème. Il serait enfin également intéressant de chercher à préciser de quelle manière le signal en provenance des feuilles est perçu par les fruits, ainsi que son influence sur le métabolisme antioxydant et sur la synthèse des caroténoïdes. Si l’on admet que la stimulation du métabolisme antioxydant et celle de la synthèse des caroténoïdes dans le fruit résultent d’une augmentation de la concentration en espèces réactives de l’oxygène ou des variations de statut redox qui lui sont associées, il conviendrait d’étudier comment le signal en provenance des feuilles impacte la production d’espèces réactives de l’oxygène. Il a été observé que NO justement avait la capacité de stimuler la production d’O 2- en favorisant la réduction des cytochromes de la chaine de transport des électrons mitochondriale de cellules animales endothéliales (Palacios-Callender et al., 2004). Il est intéressant de noter que, dans le même essai, il avait été observé que la production d’O2- initiait l’activation du facteur de transcription NF-kB impliqué dans la réponse des cellules animales au stress. 128 Partie IV : Conclusion et perspectives Dans un but plus appliqué, il serait certainement utile de vérifier que l’augmentation de la concentration en caroténoïdes dans la pulpe du fruit induite par un stress photooxydatif sur une courte période se retrouve dans le fruit à maturité. En cas d’effet positif démontré, il faudra déterminer à quel stade de développement du fruit l’application du stress photooxydatif est la plus efficace pour induire une augmentation de la concentration en caroténoïdes dans la pulpe. Une expérimentation a déjà été réalisée dans cette perspective. Deux stades de développement du fruit ont été choisis dans un premier temps : le stade de grossissement cellulaire et la maturation du fruit. Pour ces deux stades, des rameaux ont été sélectionnés, annelés et soumis à un stress photooxydatif. Des fruits one été récoltés selon une cinétique allant de 3h après l’application de stress photooxydatif jusqu’au stade de maturité du fruit. Ces échantillons n’ont toutefois pu être analysés pour le moment. A plus long terme, ces résultats pourraient nous permettre de réaliser des comparaisons avec d’autres stress, tels que la sécheresse, connus pour favoriser l’augmentation de la concentration en caroténoïdes, afin de proposer à la filière des itinéraires culturaux pour produire des fruits ayant une teneur enrichie en caroténoïdes tout en maintenant les autres critères de qualité que sont la teneur en acides, la maturité et le calibre du fruit. 129 Références bibliographiques Références bibliographiques A Abushita AA, Daood HG, Biacs PA. 2000. Change in carotenoids and antioxidant vitamins in tomato as a function of varietal and technological factors. 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Journal of Agricultural and Food Chemistry 159 Annexe 1 : Article de synthèse 160 Annexe 1 : Article de synthèse 25.1 161 Annexe 1 : Article de synthèse 162 Annexe 1 : Article de synthèse 163 Annexe 1 : Article de synthèse 164 Annexe 1 : Article de synthèse 165 Annexe 1 : Article de synthèse 166 Annexe 1 : Article de synthèse 167 Annexe 1 : Article de synthèse 168 Annexe 1 : Article de synthèse 169 Annexe 1 : Article de synthèse 170 Annexe 1 : Article de synthèse 171 Annexe 1 : Article de synthèse 172 Annexe 1 : Article de synthèse 173 Annexe 1 : Article de synthèse 174 Annexe 1 : Article de synthèse 175 Annexe 1 : Article de synthèse 176 Annexe 1 : Article de synthèse 177 Annexe 2 : Posters Annexe 2 : Posters Annexe 2 : Posters (1) INRA, Unité GEQA, 20230 San Giuliano, France (2) UMR 6134, laboratoire de biochimie et biologie moléculaire du végétal, quartier Grossetti BP 52 20250 Corte, France 179 Annexe 2 : Posters Effet de l’agriculture biologique sur la valeur-santé des fruits et des légumes : réflexions et études en cours sur clémentine et tomate L. Urban1, F. Gonord1, L. Berti2, H. Sallanon3, F. Lauri3 1 2 3 INRA, Unité de Recherche GEQA, San Giuliano ([email protected]) Laboratoire de Biochimie et de Biologie Moléculaire Végétales, Université Pascal Paoli, Corte Laboratoire de Physiologie des Fruits et Légumes, Université d’Avignon et de Pays de Vaucluse, Avignon Introduction Il est maintenant avéré que toutes les contraintes, qu’elles soient d’origine biotique ou abiotique, résultent en une augmentation de la production d’espèces actives de l’oxygène (AOS) chez les plantes (1). On sait que les enzymes de détoxication des AOS, les systèmes antioxydants, au 1er rang desquels on trouve la vitamine C, et des métabolites secondaires jouent un rôle crucial dans les dispositifs de protection que les plantes mettent en place lorsqu’elles sont soumises à un stress oxydatif. Il paraît donc raisonnable de faire l’hypothèse que les contraintes, comme celles auxquelles les plantes sont soumises dans les systèmes de production de l’agriculture biologique (AB), stimulent les enzymes de détoxication, les systèmes antioxydants et la synthèse de métabolites secondaires via les AOS. Certains résultats semblent effectivement indiquer que les AOS jouent un rôle important, entre autres, dans le contrôle de la biosynthèse des caroténoïdes et de certains composés phénoliques (2, 3). De plus, les métabolites secondaires sont coûteux à synthétiser. Certaines observations suggèrent que la croissance et la production sont en compétition avec la synthèse des métabolites secondaires (4, 5). Notre objectif est de tester ces hypothèses sur clémentine et tomate, et de développer à terme une vision intégrée de l’effet des stress et du statut carboné sur la concentration en métabolites secondaires et en vitamine C. Matériel et méthodes Nous cherchons actuellement à établir le rôle joué par le stress photooxydatif au niveau des feuilles dans le contrôle des voies de biosynthèse des caroténoïdes chez la clémentine. Dans cette étude, le niveau de lumière est modulé par ombrage pour obtenir une gamme de niveaux de stress et d’états redox. Nous étudions également l’effet du statut carboné en faisant varier le rapport feuilles sur fruit et donc la teneur en sucres de fruits portés par des rameaux dont les connections phloémiennes ont été supprimées. Dans ces deux études, les effets du stress photooxydatif et de la concentration en sucres sont évalués à la fois au niveau moléculaire et au niveau biochimique. Les fruits sont prélevés à différents stades de développement pour tenir compte de l’effet de la maturité sur la biosynthèse des caroténoïdes. Une approche similaire est actuellement développée sur la tomate. Des plants de tomates ont soumis à divers stress abiotiques (déficit hydrique, salinité, …) au cours de la croissance des fruits. Premiers résultats Accumulation d’AOS dans les fruits de tomate accompagnée d’une augmentation de la teneur en vitamine C et de l’activité des enzymes impliqués dans le recyclage de cette vitamine (Tabs. 1 et 2). Les premiers résultats suggèrent l’existence d’un signal foliaire induisant des modifications du métabolisme du fruit. Tableau 2 : Effets de défici ts hydriques appliqués pendant 24h sur la te ne ur en vitamine C de fruits de m icro-tom Tableau 1 : Effets d’un déficit hydrique d’une d u r é e de 1 semaine sur la teneur en vitamine C Concentrations (µmol/g MS) en ascorbate total, en ascorbate (Asc),en déhydroascorbate (DHA) et état redox (Asc/total) dans les fruits de tomates issues de plantes témoins (C), acclimatées au déficit hydrique (DA) et non acclimatées (NA). Les fruits sont prélevés à la fin d’un premier stress hydrique modéré (S1) permettant l’acclimatation, après une période de réhydratation (R) et à la fin d’une deuxième période de stress intense (S2). Les plantes NA n’ont pas subi le stress d’acclimatation S1. Les valeurs correspondent à la moyenne (± SE) des mesures réalisées sur 5 plantes pour chaque traitement (n=5). * indique les différences significatives du traitement par rapport au témoin (ANOVA à 5%). 21 DAA Ψh foliaire Vit C DHA Contrôle -0.34 ± 0.02 0.87 ±0.02 0.46 ±0.03 Déficit hydrique 1 -0.63 ± 0.03 1 ±0.06 0.34 ±0.03 Déficit hydrique 2 -1.37 ± 0.07 1.63 ±0.03 0.14 ±0.02 Pas d’effet significatif 38 DAA 31 DAA Effet significatif de S2 sur NA et non sur DA Discussion Il avait déjà été montré que les contraintes favorisaient l’activité antioxydante des tomates (6, 7). Les résultats obtenus sur tomate suggèrent de surcroît que ce sont les stress subis par les feuilles qui stimulent les systèmes antioxydants dans les fruits. Ils semblent donc confirmer l’hypothèse que les contraintes influencent les systèmes antioxydants et la concentration en vitamine C des fruits à travers le stress photooxydatif subi au niveau des feuilles. Ces résultats devront être complétés, en particulier par une étude de l’effet des contraintes sur le métabolisme secondaire et par la prise en compte du statut carboné. Résumé Il existe des rapports contradictoires concernant l’effet des pratiques de l’agriculture biologique sur la teneur en micronutriments et en vitamine C des fruits et légumes. Nous testons l’hypothèse que les différences observées sont dues aux effets des stress et du statut carboné, et de leurs interactions. Les premières observations sur tomate suggèrent que les stress subis par les feuilles se traduisent par une activation des systèmes antioxydants dans les fruits. Mots clés :[s1] agriculture biologique, caroténoïdes, Vitamine C, sucres, stress Bibliographie 1) Fujita M, Fujita Y, Noutoshi Y, Takahashi F, Narusaka Y, Yamaguchi-Shinozaki K, Shinozaki K. 2006. Crosstalk between abiotic and biotic stress responses : a current view from the points of convergence in the stress signaling networks. Current Opinion in Plant Biology, 9, 436-442. 2) Barr J, White WS, Chen L, Bae H and S Rodermel. 2004. The GHOST terminal oxidase regulates developmental programming in tomato fruit. Plant Cell and Environment, 27, 840-852. 3) Bouvier F, Backhaus RA and B Camara. 1998. Induction and control of chromoplast-specific carotenoid genes by oxidative stress. The Journal of Biological Chemistry, 273, 30651-30659. 4) Rodrigo MJ, Marcos JF and L Zacarías. 2004. Biochemical and molecular analysis of carotenoid biosynthesis in flavedo of orange (Citrus sinensis L.) during fruit development and maturation. Journal of Agricultural and Food Chemistry, 52, 6724-6731. 5) Telef et al. 2006. Sucrose deficiency delays lycopene accumulation in tomato fruit pericarp discs. Plant Mol Biol 62: 453–469. 6) De Pascale S, Angelino G, Graziani G and A Maggio. 2003. Effect of salt stress on water relations and antioxidant activity in tomato. Acta Horticulturae, 613, 39-46. 7) Dumas Y et al. 2003. Effects of environmental factors and agricultural techniques on antioxidant content of tomatoes. J. Sci. Food Agric. 2003, 83: 369-382. 19 & 20 mai, centre Inra de Montpellier 180 Annexe 2 : Posters 181 Annexe 2 : Posters 182 RESUME Les fruits représentent une source majeure de vitamines et de métabolites secondaires. Bien qu’il y ait débat sur les mécanismes d’action des métabolites secondaires sur la santé humaine, il y a un consensus général sur le fait que les avantages santé des fruits sont en partie attribuables à leur forte concentration en vitamines et en métabolites secondaires. Les caroténoïdes, et principalement les caroténoïdes précurseurs de la vitamine A (β-carotène, α-carotène et β-cryptoxanthine) sont des composants essentiels au régime alimentaire de l’Homme. Un certain nombre d’observations suggèrent qu’ils jouent des rôles dans la prévention de certaines maladies. Les agrumes représentent une source majeure de caroténoïdes à la fois par leur concentration et par leur diversité. Dans le but de produire des fruits d’agrumes à teneurs augmentées ou garanties en caroténoïdes, nous avons testé deux hypothèses. La première concernait l’implication de la disponibilité en carbone dans la synthèse et l’accumulation des caroténoïdes et la deuxième le rôle du stress oxydatif ou des variations de statut redox sur cette biosynthèse. L’effet des sucres sur la biosynthèse des caroténoïdes, a été étudié à l’aide de trois niveaux de charge en fruits. Nos premières observations indiquent qu’une charge en fruits élevée impacte fortement les critères de qualité du fruit. On observe ainsi : une diminution du calibre, une diminution de la concentration en sucres, un retard de la maturité, et une augmentation de la concentration en acides organiques et en caroténoïdes. Nos résultats contredisent l’idée selon laquelle un statut carboné élevé est favorable à la synthèse des caroténoïdes dans les fruits par une disponibilité accrue en précurseurs. L’étude de l’effet de la charge en fruits nous a également permis de montrer que la concentration en caroténoïdes des fruits était déterminée précocement au cours du développement du fruit. Nous émettons l’hypothèse que l’alimentation carbonée influence précocement la synthèse des caroténoïdes ou leur accumulation en agissant sur le nombre ou la taille des plastes. L’impact sur la biosynthèse des caroténoïdes du stress oxydatif ou des variations de statut redox qui lui sont associées a été étudié, sur des rameaux isolés par annélation, par l’application de différents niveaux de stress photooxydatif sur des feuilles voisines du fruit. Nos résultats suggèrent, tout d’abord, que le statut redox de l’ascorbate et le métabolisme antioxydant peuvent être influencés dans la pulpe des fruits quand un stress photooxydatif est appliqué sur les feuilles voisines. Ils suggèrent également que le stress photooxydatif pourrait être utilisé pour augmenter la concentration des caroténoïdes dans les fruits. Les données recueillies ont permis d’émettre certaines hypothèses sur le rôle essentiel des sucres et du stress oxydatif sur la synthèse des caroténoïdes, mais des études complémentaires seront nécessaires afin de déterminer les processus impliqués et de pouvoir proposer des itinéraires culturaux favorables à une augmentation la concentration en caroténoïdes dans les fruits d’agrumes. 183 SUMMARY Fruits are a major source of vitamins and secondary metabolites. Although there is a debate about the way secondary metabolites impact human health, there is a general consensus that the much praised health benefits of fruits are, at least partially, attributable to their high concentrations in vitamins and secondary metabolites. Carotenoids, and in particular carotenoids endowed with provitamin A activity (β-carotene, α-carotene and βcryptoxanthine) are vital components of the human diet. Many observations suggest that they have an impact in preventing of diseases. Citrus fruits are a major source of carotenoids by both concentration and diversity. With the objective to produce citrus fruit with increased or guaranteed amounts of carotenoids, we tested two hypotheses. The first is that sugar supply influences biosynthesis and accumulation of carotenoids, and the second, is that oxidative stress or the associated variations in redox status in this biosynthesis. The effect of sugars on the biosynthesis of carotenoids had been studied using three levels of fruit load. Our results showed clearly that high fruit load has a strong impact on criteria of fruit quality. We observed: a decrease in size in total sugars concentration, a delay in maturity and an increase in the concentrations of total organic acids and carotenoids. Our results do not support the common view that a high carbon status is favorable to synthesis of carotenoids in fruits through its positive influence on precursor availability. Our observations also show that the concentration of carotenoids in fruits is determined during early fruit development. We hypothesize that carbon supply influences synthesis of carotenoids or their accumulation by affecting the number or size of plastids. The impact of oxidative stress on the biosynthesis of carotenoids was studied on fruiting branches isolated by girdling, by applying different levels of photo-oxidative stress on leaves close to the fruits. Our results suggest: firstly, that the redox status of ascorbate and antioxidant metabolism of fruits can be affected when photo-oxidative stress is applied to their neighboring leaves. They also suggest that the photo-oxidative stress could be exploited to increase the concentration of carotenoids in fruits. Data collected were used to develop hypotheses on the role of sugars and oxidative stress in synthesis of carotenoids, but further studies are needed to determine the processes involved and to offer viable cultural routes to increase the concentration of carotenoids in citrus fruits. 184