Des graisses plus saines - Test

Transcription

Des graisses plus saines - Test
MATIÈRES GRASSES
Toutes les matières
grasses ne se
valent pas.
Mais y a-t-il
vraiment une
différence entre
une margarine
enrichie en
oméga 3 et une
autre ?
test santé 100 décembre 2010/janvier 2011
Des graisses plus saines ?
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"Source d’oméga 3" ou "Riche en
acides gras insaturés"... Les allégations nutritionnelles foisonnent
sur les emballages des matières
grasses, vantant la plus value des
produits.
Près de 53 % du marché des matières grasses à tartiner reviennent
aux produits faisant référence à
la santé, un concept très porteur,
bien intégré par les fabricants.
Mais peut-on croire ce qu’on lit ?
Nous nous sommes penchés sur
les matières grasses avec allégations, dont principalement celles
enrichies en oméga 3, ainsi que
les margarines à l’huile d’olive et
au soja.
Reconnaître
les bonnes graisses
Avant de se lancer dans l’analyse
des allégations, commençons par
De plus
en plus de
matières
grasses
vantent sur
leur étiquette
leur plusvalue pour
votre santé
comprendre les différentes sortes
de graisses. On en distingue deux
groupes, toujours présentes dans
les matières grasses, mais en proportions variables.
Les acides gras saturés (AGS) augmentent le taux de cholestérol
sanguin et sont donc en partie responsables du développement des
maladies cardiovasculaires.
Les acides gras insaturés (AGI) sont
soit mono-insaturés soit poly-insaturés. Ils sont meilleurs pour la
santé, car ont un effet favorable sur
le taux de cholestérol.
Ils sont donc un excellent allié à
condition qu’ils soient présents
sous leur forme de base appelée
"cis" et non sous la forme "trans"
auquel cas, l’organisme les considère, à peu de chose près, comme
des AGS, avec tous les effets néfastes qu’on leur attribue.
De beaux progrès
Les acides gras trans sont donc
à éviter et leur présence dans la
composition d’un produit doit être
limitée. Selon les recommandations belges, les acides gras trans
ne doivent pas dépasser 1 % de
l’apport calorique journalier.
D’énormes progrès ont été faits à
ce niveau depuis notre dernière
analyse en 2005, puisque tous les
produits que nous avons testés
cette fois-ci sont sous la barre du
pourcent.
Pour en revenir aux allégations,
les matières grasses enrichies en
oméga 3 fournissent bel et bien les
teneurs annoncées. Les produits
se valent plus ou moins. Rien de
très surprenant à cette homogénéité quand on sait que deux fabricants, Vandemoortele et Unilever, couvrent 69 % du marché et
Interview
Stéphanie Bonnewyn
A chacun ses besoins
Pourquoi faut-il choisir la matière grasse selon l’usage ?
On n’utilise pas les mêmes graisses pour beurrer sa tartine que
pour cuire un steak, car toutes
n’ont pas les mêmes propriétés.
Les produits allégés contenant
moins de 40 % de matières grasses ne conviennent pas pour la
cuisson, par exemple.
Mieux vaut utiliser les graisses
liquides spécialement conçues à
cet effet ou de l’huile d’olive. Vu
qu’elles sont sous forme liquide,
elles contiennent moins d’acides
gras trans et saturés que la plupart des margarines.
Quelles matières grasses utiliser si on a des problèmes de
santé ?
Les besoins de l’organisme vont
bien sûr influencer le choix des
graisses.
Une personne souffrant d’une
maladie cardiovasculaire, de
diabète ou de cholestérol, devra
possèdent donc bon nombre des
produits testés.
Un apport en oméga 3 est un
atout, mais pas suffisant. L’enrichissement en oméga 3 n’a de sens
que si les oméga 6 ne sont pas très
élevés… Ce qui n’est pas toujours
le cas. Un bon rapport oméga 6/
de préférence opter pour des
produits d’origine végétale, qu’il
s’agisse de margarine, de minarine ou d’huile pour salade. Ils
contiennent une proportion importante de graisses insaturées
-entre 70 et 80 % contre 37 % pour
le beurre- et ont donc un effet
plus favorable sur le cholestérol
que des aliments d’origine animale, comme le beurre, riches en
graisses saturées environ 63 %.
Et avec des problèmes de
poids ?
Si la personne est en surcharge
pondérale ou qu’elle est désireuse de limiter les calories
ingérées, elle choisira de préférence les beurres allégés, c’està-dire demi-écrémés, ou les
margarines allégées comme les
minarines, car ces produits ne
contiennent que 40 % de matière grasse.
Il faut certes se méfier des calories inutiles sur les tartines, mais
il est malgré tout important de ne
pas bannir entièrement les matières grasses de l’assiette, même
en période de diète. Elles fournissent, en effet, des acides gras essentiels, que le corps ne peut produire, ainsi que des vitamines.
oméga 3, qui devrait être de 4 à
5/1, est aussi important pour le
bon fonctionnement de l’organisme. Or, dans l’alimentation occidentale d’aujourd’hui, ce rapport
tourne autour des 10 à 15/1 en
moyenne. Dans notre test, 12 matières grasses ont un bon équilibre
Stéphanie Bonnewyn, notre diététicienne
Il faut
orienter son
choix afin
d’améliorer
la qualité
des graisses
qu’on ingère
Pas de restriction pour les
personnes en bonne santé ?
Les personnes ne souffrant pas
de problème de santé ou de
poids n’ont aucune raison de se
priver de beurre, à condition de
ne pas en abuser.
Néanmoins, que cela soit pour
cuire ou pour tartiner, la margarine, surtout d’origine entièrement végétale, est préférable
d’un point de vue nutritionnel.
Le beurre et la margarine apportent le même nombre de
calories puisqu’ils contiennent
tous les deux au moins 80 %
de matières grasses, mais le
beurre, exclusivement d’origine
animale, contient plus d’acides
gras saturés.
entre oméga 6 et oméga 3, dont
les produits à l’huile d’olive, qui
ne fournissent pourtant pas beaucoup d’oméga 3.
Nous avons aussi estimé que des
produits d’origine végétale ne devaient pas contenir plus de 25 %
d’acides gras saturés, mais 6 des
test santé 100 décembre 2010/janvier 2011
Il faut choisir le
corps gras adéquat
pour chaque usage
particulier.
>
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MATIÈRES GRASSES
MATIÈRES GRASSES à tartiner et pour cuire
Matière grasse (g/100g)
kcal (100g)
Acides gras saturés
Acides gras trans
Quantité d’oméga 3
pour 100 kcal (2)
Rapport oméga 6/
oméga 3
Prévention des maladies
cardio-vasculaires
Etiquette
Moyen par contenant
Moyen au kg
Prix
Utilisation (1)
Composition
ALPRO SOYA minarine - (0 % cholesterol)
T
40
370
E
A
JJJJ
5
D
D
0,89
3,55
ALPRO SOYA light 15 % MG - + vit.A, D, B6, B9, B12 +
fibres
T
15
142
E
A
J
20
D
C
1,27
5,06
BUTTELLA (ALDI) Soja Minarine végétal
T
40
365
E
A
JJ
14
D
C
0,45
1,8
CARREFOUR Soja cuire et rotir 100 % végétale
C
75
700
E
A
JJ
17
D
D
1,28
2,56
STYLESSE (CARREFOUR) soja - 40 % MG
T
40
380
E
A
JJ
14
D
C
0,69
2,77
BECEL original - avec oméga 3&6
T
38
325
A
A
JJJ
7
B
C
0,9
3,61
BECEL oméga 3 plus - 2 types d’oméga 3
T
38
349
A
A
JJJ
6
B
D
1,77
7,07
BECEL light - avec oméga 3&6
T
25
247
A
A
JJJ
7
B
C
0,96
3,83
BECEL light liquide à cuire - avec oméga 3&6
C
56
500
A
A
JJJ
7
B
C
2,19
4,39
CARREFOUR Oméga 3 tartinable
T
38
342
A
A
JJ
5
B
D
0,49
1,97
Marque et dénomination
MATIÈRES GRASSES ET MINARINES AU SOJA
MATIÈRES GRASSES ET MINARINES AUX OMEGA 3
CORA Oméga 3 tartine et cuisson
CULINO à tartiner oméga 3
T/C
59
516
A
A
JJ
4
B
C
2,39
4,78
T
38
366
A
A
JJJ
4
B
D
0,63
1,27
T
38
338
A
A
JJ
4
B
B
0,79
3,16
T/C
59
545
A
A
JJ
9
B
C
0,9
3,59
SAINT-HUBERT riche en oméga 3 doux
T
54
495
E
A
JJJ
2
D
C
2,06
8,26
SPRING (ALDI) Oméga 3 mat. grasse 38 %
T
38
339
A
A
JJJ
3
B
C
0,32
1,28
VITA D’OR (LIDL) Oméga 3 mat. grasse 38 %
T
38
341
A
A
JJJ
4
B
C
0,33
1,31
VITELMA Light 25 % MG - riche en oméga 3
T
25
229
A
A
JJJJJ
2
B
D
0,94
4,48
VITELMA oméga 3 - riche en oméga 3
C
75
655
A
A
JJJ
3
B
C
1,56
3,12
BERTOLLI à l’huile d’olive
T
38
349
A
A
JJ
3
B
C
1,12
4,48
BELOLIVE à l’huile d’olive
T
38
364
A
A
JJ
4
B
D
1,31
5,23
DELHAIZE oméga 3
MATCH Oméga 3 tartine et cuisson
test santé 100 décembre 2010/janvier 2011
MATIÈRES GRASSES À L’HUILE D’OLIVE
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A trés bon B bon C moyen D médiocre E mauvais
(1) T: tartinable C: cuisson
(2) principalement l’acide alpha-linolénique (ALA), un des oméga 3 les plus courants
J < 0,3g JJ ≥ 0,3g JJJ ≥ 0,6g JJJJ ≥ 0,9g JJJJJ ≥ 1,2g sur base de la législation européenne
ont des taux plus corrects. Pointons d’ailleurs Becel liquide, qui
ne contient que 8 % d’acides gras
saturés, choix intéressant pour la
cuisson.
Les graisses présentes dans la
composition ne sont pas toujours
détaillées. Le pourcentage
contenu et le type de graisses
devraient être mentionnés.
Une étiquette complète
>
Les
margarines
au soja
contiennent
trop d’acides
gras saturés,
nous les
déconseillons
ACIDES GRAS ET CUISSON
UN BURGER CUIT PEUT-IL FOURNIR
DES OMÉGA 3 ?
Les acides gras poly-insaturés sont plus sensibles aux températures élevées que leurs homologues saturés. On peut donc
se demander comment ils réagissent lorsqu’ils sont cuits.
Nos tests permettent de dégager quelques premières tendances intéressantes.
Pas d’arnaque
Nous avons analysé la teneur en oméga 3 des matières grasses
à cuire et d’un burger avant et après la cuisson.
Utiliser des margarines riches en acides gras insaturés pour
cuire présente un réel avantage, car ils sont conservés et «
passent donc», dans une certaine mesure, sur l’aliment cuit.
Nous avons aussi pu constater la valeur ajoutée des graisses
de cuisson enrichies en oméga 3, car on retrouve ces derniers
dans l’aliment cuit. Il y a donc un réel avantage lors de la cuisson du burger, dans notre cas.
De son côté, le consommateur doit veiller aux bonnes pratiques de cuisson : la température ne doit être ni excessive
(évitez la fumée) ni trop longue.
Stéphanie Bonnewyn et Sandrine Bouhy
QUE FAIRE ?
Varier et consommer
avec modération
Choisissez les matières grasses en fonction
de vos besoins et variez les produits.
´
´
´
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Préférez les matières grasses végétales,
sauf l’huile de palme, aux graisses animales.
Limitez l’ajout inutile de matières grasses,
quelles qu’elles soient.
Ne tombez pas dans l’excès de restriction.
Les matières grasses sont nécessaires et fournissent vitamines et acides gras essentiels.
L’utilisation des bonnes graisses doit aussi
s’inscrire dans une alimentation saine.
´
´
Pour augmenter son quota d’oméga 3, les
poissons gras restent la meilleure solution.
test santé 100 décembre 2010/janvier 2011
21 produits testés dépassent les
30 %. Il s’agit de tous les produits
à base de soja et Saint-Hubert, qui
sont donc à éviter surtout dans le
cadre de la prévention des maladies cardiovasculaires. Les autres
Toutes les mentions obligatoires
sont présentes sur l’étiquette de
tous les produits.
Néanmoins, on peut regretter que
trop de produits ne détaillent pas
le type d’huile ou de graisse indiquée dans la liste des ingrédients
et que les informations nutritionnelles par 100g et par portion ne
soient pas toujours mentionnées.
Plus essentiel, la lisibilité de l’étiquette qui fait parfois défaut.
Et si cette dernière n’est pas un critère de sélection, le prix, lui, en est
sans doute un, d’autant qu’il vaut
mieux y jeter un œil : de 1,27 €/kg
pour Culino à 8,26 €/kg pour Saint
Hubert.
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