feuille de route de la coalition ocean et littoral
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feuille de route de la coalition ocean et littoral
FEUILLE DE ROUTE DE LA COALITION OCEAN ET LITTORAL I. Contexte et justification Les milieux maritimes sont au cœur de la régulation climatique, c’est également une source majeure de développement économique, notre garde-manger et la source de nombreux organismes de notre quotidien. Pourtant, leur santé se détériore, notamment sous l’effet de la pollution, d’une pression accrue et mal proportionnée sur ses ressources. Le trait de côte et le littoral, interfaces terre-mer, sont au cœur de ces enjeux, et c’est également là que les solutions se construisent et se mettent en œuvre. Intégrer le littoral et l’océan au cœur du périmètre des négociations et actions pour le climat, dans une approche instanciée et incarnée sur les territoires, apparaît aujourd’hui, pour l’ensemble des acteurs réunis au sein de la Coalition pour l’océan et le littoral, comme une réelle nécessité. Couvrant 71 % de la surface du globe, l’océan mondial est un écosystème complexe qui fournit des services essentiels au maintien de la vie sur la Terre. Plus de 25 % du CO2 émis chaque année par l’Homme dans l’atmosphère est absorbé par l’océan et il est également le premier fournisseur net d’oxygène de la planète, jouant un rôle tout aussi important que les forêts. L’océan constitue donc le principal poumon de la planète et se trouve au cœur de la machine climatique planétaire. Si l’océan continue à limiter le réchauffement climatique global, depuis plusieurs décennies, la pression anthropique, principalement les émissions de CO2, la surexploitation des ressources et les pollutions, ont dégradé les écosystèmes marins. L’océan risque donc de voir son rôle de régulateur du climat perturbé. Il est donc urgent de maintenir la qualité fonctionnelle des écosystèmes marins et de restaurer ceux qui se dégradent. Depuis Lima et la CoP20, la prise en compte des thématiques océan et littoral dans les processus internationaux qui concernent dans la lutte contre le dérèglement climatique se développe, tant sur les sujets liés à la résilience, l’adaptation et l’atténuation, que par des évolutions dans la prise en compte de l’océan et des pôles en tant que tels dans les négociations. Beaucoup reste à organiser, notamment au niveau des territoires et du développement d’initiatives pilotes reproductibles. Les îles et littoraux ont un rôle essentiel à y jouer. La mobilisation non-étatique sur le sujet est présente, tant sur la prise de conscience et le plaidoyer que sur la structuration d’initiatives multi-acteurs. Reste désormais à fertiliser les initiatives existantes, à innover et à démultiplier les projets concrets et l’implication des territoires pour obtenir des avancées significatives à la CoP22. D’un point de vue institutionnel, la mobilisation de la « coalition Océan et Climat » lors de la COP21 ainsi que l’Appel de l’Océan pour le Climat, lancé par la Plateforme Océan et Climat ont permis de rendre visible l’Océan pendant cette COP21 et l’intégration de l’Océan dans l’Accord de Paris et 1 dans l’Agenda de l’Action. Elle a fortement pesé également dans la décision du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de réaliser un rapport spécial relatif au Changement climatique, océans et cryosphère. D’un point de vue opérationnel, l’année 2015 a vu se créer une coalition multi-acteurs regroupant dans 30 pays des associations de territoires, d’entreprises, des ONGs, des financiers et des scientifiques, Climat : objectif OCEAN (http://ocean.cop22.mobi), qui mobilise autour de la mise en œuvre de 20 propositions pour la santé des océans, un climat et une humanité préservés, tant vis-àvis des négociations climat que dans le contexte de l’opérationnalisation des ODD et du développement des territoires. Ces travaux sont structurés selon 4 directions : gestion harmonisée des activités littorales, alimentation et la santé des océans et des hommes, transports et navires du futur, sécurité et surveillance pour un développement durable. 2 II. Objectifs Objectifs principaux 5 objectifs principaux, complémentaires et interdépendants, ont été identifiés : • La gestion harmonisée des activités littorales au cœur de l’agenda des territoires, avec une belle mobilisation sur les territoires. Les mots-clés en sont résilience, adaptation, atténuation. • L’alimentation et la santé des océans et des hommes a vu se développer le passage à l’acte vers une information plus transparente et plus précise sur le contenu de nos assiettes, l’accentuation de la veille scientifique, le développement de la pédagogie. Désormais, des engagements attendus plus forts de l’Europe et des Etats sur l’affichage, la transparence et l’information, ainsi que dans la sensibilisation et la pédagogie. • Les transports et navires du futur ont vu se développer une forte mobilisation des professionnels et des territoires. Néanmoins, l’absence d’avancée sérieuse sur le prix du carbone est particulièrement problématique, et ne donne pas le signal positif attendu pour faire migrer des filières qui sont prêtes à cette transition. En France, la loi Leroy sur l’économie maritime fixe un cadre ambitieux et pose des jalons concrets qui place la France et son pavillon à l’avant-garde. • La sécurité et surveillance pour le développement durable a bénéficié d’une forte mobilisation, internationale, des acteurs non étatiques, notamment des grandes ONG internationales (WWF, Conservation International…), ainsi que d’un intérêt accru des représentants du secteur privés. La réalisation par le GIEC d’un rapport spécial sur l’océan et les avancées sur l’Arctique sont des suites encourageantes de la CoP21 , ainsi que la mobilisation des forums non étatiques et multi-acteurs (Oceania 22, Forum de la Mer d’El Jadida, MEDCOP, Climate Chance, Habitat III + CoP22), • La valorisation de l’expertise scientifique pour porter un plaidoyer sur les enjeux de l’océan, du littoral et du climat auprès des politiques, des décideurs et du grand public, afin d’intégrer l’océan dans les décisions prises dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), et notamment dans l’application de l’Accord de Paris. Objectifs spécifiques 1. Gestion harmonisée des activités littorales 1.1 Renforcer localement la résilience des populations humaines côtières vulnérables, par des mesures complétant localement les plans d’adaptation nationaux. Renforcer localement la résilience des populations humaines côtières vulnérables, par des mesures complétant localement les plans d’adaptation nationaux. 1.2 Mobiliser plus et mieux des compartiments identifiés du Fonds Vert pour l’Environnement Mondial, les mécanismes REDD+ et liés au carbone stocké dans les écosystèmes marins, pour accélérer les réductions d’émissions avant 2020, contribuer à la reconstruction des écosystèmes littoraux et à l’atteinte des objectifs de création d’aires marines protégées. 1.3 Considérer l’espace marin comme espace foncier propice aux activités humaines, dans le respect des écosystèmes marins, pour améliorer les conditions de vie des populations et compléter les écosystèmes terrestres. 1.4 De manière spécifique, mettre en œuvre la transition énergétique et industrielle en soutenant le développement des énergies marines renouvelables (EMR). 3 2. Alimentation et santé de l’océan et des hommes 2.1 Développer la veille scientifique sur les écosystèmes, en analysant spécifiquement l’impact du dérèglement climatique, de la pollution et celui des activités humaines locales. 2.2 Développer la sensibilisation et l’éducation sur la fragilité, l’origine et la saisonnalité des ressources. 3. Transport et navire du futur 3.1 Faciliter et encourager l’adaptation des infrastructures portuaires et marines nécessaires à la mise en œuvre des nouvelles normes sur les émissions (directives souffre et CO2) et le traitement des eaux de ballast. 3.2 Favoriser le développement d’un transport maritime engagé dans la réduction d’émissions de gaz à effet de serre. 3.3 Initier, développer et fertiliser la mise en place de moyens de transport, de plaisance et de pêches maritimes et fluviaux utilisant des moyens innovants, peu impactant sur l’environnement (propulsion des navires, logistiques, concepts de navigation). 4. Connaissance, sécurité et surveillance de l’océan 4.1 Renforcer au niveau international le réseau et les capacités scientifiques pour la production et la diffusion des connaissances sur le climat, l’océan, le littoral et les solutions possibles. Ces travaux vont alimenter les engagements de la coalition, définir les besoins de connaissances scientifiques spécifiques et contribuer au rapport spécial du GIEC relatif au Changement climatique, océans et cryosphère. 4.2 Développer la connaissance précise du fonctionnement de l’Océan dans ses interactions avec le climat et du bon état de l’Océan, en créant une base de données commune et ouverte. 5. Mobilisation citoyenne 5.1 Collecter et identifier les initiatives de la société civile portant sur l’océan, le littoral et le climat, afin d’alimenter la réflexion de la coalition et des décideurs publics sur les solutions, et de partager les bonnes pratiques à l’échelle internationale. 5.2 Mobiliser les citoyens, en particulier la jeunesse, autour de rendez-vous majeurs : la Journée mondiale de l’océan du 8 juin, les Journées de mobilisation sur les enjeux océan et climat (Ocean for climate Days, Global Ocean Forum, etc.) pendant les Conférences des Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. 5. Gouvernance de la coalition 5.1 Co-pilotes de la coalition • La Conférence des régions périphériques maritimes (CRPM) : regroupe plus de 150 régions. Née en 1973, elle est le plus ancien réseau d’autorités régionales d’Europe. La CRPM a acquis une compétence précieuse quant à la dimension territoriale des politiques de l’Union et à la mise en œuvre de ces politiques à l’échelon régional. Les questions maritimes, et leurs liens avec les questions climatiques, sont au cœur de son action. La CRPM pense que la mobilisation de tous les acteurs et niveaux de gouvernance face au changement climatique est cruciale pour aboutir à une solution. Dans ce contexte, la CRPM partage l’objectif d’une meilleure prise en compte de l’océan, ainsi que des territoires, dans les négociations climatiques. 4 • • La Plateforme Océan et Climat : elle est née d’une alliance entre des organisations non gouvernementales et des instituts de recherche, avec l’appui de la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI) de I’UNESCO, le 10 juin 2014. C’est aujourd’hui le Think tank international Océan et Climat. Il regroupe plus de 70 organisations dont l’objectif est de produire des connaissances scientifiques, d’informer les décideurs publics sur les enjeux et les solutions, de promouvoir les solutions durables, et de sensibiliser et mobiliser le grand public. La Plateforme Océan et Climat regroupe aujourd’hui des organismes scientifiques, des universités, des institutions de recherche, des associations à but non lucratif, des fondations, des centres de science, des établissements publics et des associations d’entreprises ; tous sont impliqués pour une meilleure prise en compte de l’océan dans les négociations climatiques. Green Cross : créée en 1993 par Mikhaïl Gorbatchev suite au Sommet de la Terre de Rio, en 1992, dont il modéra avec le Commandant Jacques-Yves Cousteau les négociations des chefs d’Etat, Green Cross travaille à préserver un environnement sain pour un avenir serein. Le 8 juin 2015, plus de 60 têtes de réseau, représentant 30 000 organisations dans 30 pays, se retrouvaient pour créer ParisClimat2015 : Objectif OCEAN, une mobilisation autour de la signature et de la mise en œuvre de 18 propositions pour la santé des océans, un climat et une humanité préservés. Le 3 décembre 2015, ces propositions ont été présentées à la CoP21 lors de la Journée de l’Océan, et sont devenues Climat : Objectif OCEAN. Le 12 décembre 2015, la Déclaration de Paris était signée, positionnant les milieux terrestres et aquatiques au cœur des enjeux climat. Ces propositions et les réalisations associées seront portées à la CoP22 à Marrakech, du 7 au 18 novembre 2016. En 2016, les signataires, au vu des travaux engagés cette année, ont également souhaité compléter leurs engagements par trois initiatives complémentaires : une sur l’élimination des micro-débris, des déchets plastiques et perturbateurs endocriniens, une relative aux migrants, et la dernière mettant en avant les pistes de solutions apportées par la Déclaration Universelle des Droits et Devoirs de l’Humanité. Nos travaux, disponibles sur http://ocean.cop22.mobi, sont référencés par les Nations-Unies au titre de l’ODD 15. Prochaines étapes de concertation • • • • • • 7 au 18 novembre 2016 : CoP22 1er semestre 2017 : Oceania Meetings (présidence : Tonga) 1er semestre 2017 : MEDCOP Tanger Climat mi-2017 : forum ocean / Fidji mi-2017 : consolidation des plans de résiliences des Etats Insulaires A consolider : coordination avec les travaux des CESE, aux niveaux régional / national / européen et international, avec les initiatives étatiques (Because the Ocean notamment), travail en régions (ARE, CRPM…) et mobilisations multi-acteurs (dont Global Ocean Forum). 5 III. Des engagements concrets concernant le littoral, l’océan et le climat La coalition pousse l’adoption de 21 engagements concrets en faveur du littoral et de l’océan : 1. Gestion harmonisée des activités littorales 1.1 Mettre en œuvre les outils de gestion intégrée et de planification spatiale maritime selon les principes directeurs pour un dialogue constructif avec les parties prenantes, les recommandations des Nations-Unies, de l’Union Européenne et des groupements de collectivités locales. 1.2 Développer en partenariat avec les parties prenantes les Aires Marines Protégées qui démontrent la pertinence d’une reconquête des écosystèmes en lien avec le développement économique local. 1.3 Mettre en place, de manière prioritaire, la prévention, la collecte et l'élimination des microdébris, des déchets plastiques et perturbateurs endocriniens, via des actions et à terre, et sur nos rivages et zones littorales, et en haute mer. 1.4 Développer les énergies marines renouvelables (éolien, hydrolien, énergies marémotrices et houlomotrices), tout en préservant la biodiversité marine. 1.5 Soutenir prioritairement les mesures d’adaptation pour les régions les plus vulnérables, en particulier les zones côtières des pays en développement (PED), les territoires et les petits États insulaires. 1.6 Renforcer le transfert de technologies vers les pays et les régions océaniques et côtières les plus vulnérables, notamment pour des projets d’adaptation et de préservation des écosystèmes marins. 1.7 Dédier explicitement une part du Fonds vert aux projets marins et côtiers (protection des mangroves, zones humides et vulnérables dont la capacité de stockage du CO2 est très importante). 2. Alimentation et santé de l’océan et des hommes 2.1 Développer par bassin un dialogue constructif des parties prenantes pour une gestion et une préservation durables des ressources alimentaires issues de la mer, qu’elles soient prélevées ou cultivées. 2.2 Rendre les labels plus inclusifs, encourager leur utilisation par les professionnels comme par les consommateurs. 3. Transport et navire du futur 3.1 Créer des filières de meilleure valorisation des déchets des eaux de ballast, de traitement des résidus pétroliers, d’économie circulaire portuaire. 3.2 S’appuyer sur les exemples existants (européens et nationaux) pour développer l’équipement des ports en terminaux GNL. 3.3 Accompagner la transition énergétique du transport maritime, et développer des solutions technologiques innovantes pour des navires plus sûrs et plus respectueux de l’environnement. 6 4. Connaissance, sécurité et surveillance de l’océan 4.1 Développer les moyens d’acquisition et de traitement des données sur tout type de plateformes, qu’elles soient spatiales, aériennes, marines ou sous-marines, habitées ou non. 4.2 Mettre en synergie les programmes scientifiques nationaux, régionaux et internationaux existants avec les initiatives économiques et associatives. 4.3 Reconnaître et faire partager la déclaration universelle des droits et devoirs de l'humanité, et mettre en avant les pistes de solutions qu'elle propose pour une gestion plus sereine de la haute mer, comme des zones littorales. 4.4 Structurer la veille et le partage d’information et d’expérience sur la prévision des phénomènes climatiques extrêmes, la résilience des territoires et la continuité des activités économiques et humaines 4.5 Mettre en place un processus international pérennisant la préservation de l’Antarctique et son statut international, et assurer une gouvernance durable et apaisée de l’Arctique. 4.6 Produire pour les décideurs un état de la science sur les enjeux et les mesures appropriées concernant les océans et les changements climatiques, notamment en accompagnant la production du Rapport spécial du GIEC relatif au Changement climatique, océans et cryosphère ; 5. Mobilisation citoyenne 5.1 Initiative citoyenne européenne #SPITS (Stop Plastics In The Sea - http://bit.ly/SPITS) pour déplastifier la mer, et mettre en avant économie circulaire et démocratie participative. 5.2 Reconnaître le rôle des écosystèmes marins et côtiers en tant que puits naturels de carbone. 5.3 Mieux articuler la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques avec les accords existants relatifs à l’océan, notamment les "Objectifs du développement durable (ODD)". 7 IV. Des retours d’expériences encourageants 5.1 MEDCOP Tanger Climat : une mobilisation régionale multi-acteurs forme, l’émergence d’une solidarité de destins entre Pacifique et Méditerranée La MEDCOP Climat est une conférence internationale, mobilisant les principales parties prenantes (Etats, territoires, entreprises, associations, citoyens) de la Méditerranée autour de thématiques concrètes pour mettre en place à l’échelle méditerranéenne des pistes de solutions et accélérer l’ambition et la mise en place des actions des conférences climat (les CoP). Après une première édition à Marseille, la seconde édition a eu lieu à Tanger, organisée par la région Tanger – Tétouan – Al Hoceima. Cet événement de dimension mondiale a mobilisé les pays du pourtour de la Méditerranée pour débattre ensemble des moyens à mettre en œuvre pour lutter contre le changement climatique. En synthèse de cet événement, les participants, élus, représentants d’entreprises et de territoires, scientifiques et enseignants, professionnels de la mer et du tourisme, déclarent faire de la reconquête du bon état écologique de la Méditerranée une priorité opérationnelle forte, et partager les solutions avec les autres mers, en particulier le Pacifique. L’aquaculture durable, une pêche responsable et respectueuse des écosystèmes – y compris corrélée avec le développement de nouveaux parcs marins, et la lutte contre les déchets, les débris plastiques et les perturbateurs endocriniens sont les 3 priorités opérationnelles identifiées. Un observatoire régional de la Mer peut être créé rapidement à Tanger dans le cadre d’un partenariat s’ouvrant sur l’espace méditerranéen. Il pourra être mis en réseau avec des structures similaires intégrant science, société et gouvernance. Cet observatoire a vocation à cartographier et fédérer les initiatives et compétences existantes, formalisées ou non, tout en répondant aux exigences de coopération régionale et internationale. Ces travaux vont montrer des avancements concrets qui pourront être présentés à la CoP22, pour laquelle nous souhaitons une journée dédiée mer et littoral. Au vu de l’importance de la Méditerranée à l’échelle de la population mondiale, au vu des liens importants entre humanité et climat préservés en Méditerranée, les travaux doivent être inscrits dans l’agenda des territoires, à l’échelle méditerranéenne, et servir de creuset de partage d’expérience pour la lutte contre le dérèglement climatique à l’échelle globale. Grand témoin de l’atelier, le Ministre de l’Environnement de Nouvelle-Calédonie Anthony Lecren, initiateur des Oceania Meetings, a précisé l’importance d’outils de gestion efficace, concertés, à l’échelle locale, tels que le Comité de Gestion du Parc Marin de la Mer de Corail. Il a précisé que ceci pouvait être fait en concertation avec plusieurs états frontaliers (en l’occurrence, Nouvelle-Calédonie et Vanuatu), avec la possibilité d’une juridiction et de forces d’intervention partagées (y compris pour juger dans un port un bateau contrevenant pris dans un autre pays), mais également l’impact bénéfique pour l’économie d’une gestion sereine de l’espace marin. 8 Il a également insisté sur les synergies entre savoirs traditionnels et coutumiers et connaissances scientifiques pour une gestion rationnelle, l’impact positif d’une bonne gestion pour la pêche et le tourisme, et la nécessité de trouver des solutions adaptées aux territoires insulaires en termes d’accès à l’eau et un assainissement écologiquement responsables à des coûts et avec des technologies éprouvées, la nécessité de trouver des solutions opérationnelles sur l’énergie et l’économie circulaire. Sur l’ensemble de ces secteurs, il a confirmé l’importance d’une solidarité entre Pacifique et Méditerranée, la nécessité de partages d’expériences et d’échanges concrets, la volonté de l’ensemble des opérateurs des Oceania Meetings d’aller dans le sens d’une coopération accrue, et l’importance d’en faire un outil de développement, économique notamment, et de coopération. Il a salué la création de l’observatoire de la Méditerranée à Tanger, et indiquer l’opportunité de partager entre cet observatoire et le Pacifique Sud les savoirs appropriés. Sur le droit de l’environnement, la MEDCOP a mis en avant l’importance d’une approche méditerranéenne, reposant en particulier sur le soutien et l’adoption de la Déclaration des Droits et Devoirs de l’Humanité (www.droitshumanite.fr), et d’une approche concrète, humaniste et écologiquement responsable, à l’échelle des territoires. En ce sens, des droits comme le droit à l’eau, montrent bien la valeur d’une approche fondée sur une gestion sereine, au plus proche de la ressource, dans le respect des besoins et droits humains et en phase avec les possibilités naturelles. Le groupe de travail a notamment salué l’inscription par la France de la Déclaration des Droits et Devoirs de l’Humanité à l’agenda de l’Assemblée Générale 2016 des Nations-Unies, et encouragé la mise en place de vœux dans toutes les régions et métropoles de la Méditerranée proclamant leur adhésion à la Déclaration, suivant en ceci le triple exemple de Strasbourg, Marseille et Paris. 5.2 Utilisation de l’énergie issue de l’océan Contribution en cours de finalisation 5.3 Commerce maritime – une transition impulsée par les acteurs ligériens pour changer d’échelle Climate Chance se tient à Nantes, ville dont la devise est Favet Neptunus Eunti (que Neptune favorise ceux qui osent). Cette maxime s’applique bien au transport maritime. Hugo Grotus (philosophe, juriste et armateur hollandais – 1583-1645) : "L’Océan est une grande voie de commerce réciproque entre les peuples qui leur permet d’échanger leurs productions que la nature a inégalement réparties entre les diverses parties du monde." Cette assertion du XVI ème siècle est toujours d'actualité; il faut développer des modes de productions, de circulations et d’échanges moins gourmands en énergie fossile en valorisant les savoir-faire métiers et les compétences des territoires littoraux. 9 Il s'agit d'une autre vision de la géographie qui réinvestit le domaine maritime comme un espace de coopération de proximité. Entre le niveau local et le niveau continental, il existe une voie durable, résiliente et prospère qui passe par la réhabilitation du cabotage côtier entre ports secondaires par des cargos de petit gabarit propulsés à la voile. Pour nous en Europe, il s'agit de satisfaire la logistique des acteurs de l'économie de Proximité de l'aire maritime de l'Arc Atlantique : changer d’horizon, d’échelle et de modèle de développement. C'est notre démarche coopérative pour négocier et fédérer un projet stratégique reproductible d'emplois et de valeurs humanistes et écologiques entre les 180 ports et bassins versants de cet Arc Atlantique. 5.4 Infographie et enjeux du littoral et de l’océan Extraits de OCEAN : des clés pour AGIR – http://www.desclespouragir.fr – © GCFT 10 5.5 Autres outils et liens 11 12 5.6 Propositions de feuille de route, d’indicateurs et d’engagements institutionnels de la Plateforme OCEAN & Climat D’ici 2018, la plateforme veut développer et porter des engagements communs, et proposer des indicateurs de la tenue de ces engagements, à plusieurs échelles : Auprès de la CCNUCC : • • • • au sein des COP Climat en charge de la mise en œuvre de l’Accord de Paris (en coordination avec Because the Ocean) ; au sein de la Feuille de route pour l’Action globale pour le Changement climatique via les Champion(ne)s du Climat ; auprès des États via les Contributions volontaires déterminées au niveau national lors des évènements de haut niveau des Sommets annuels d’Action pour le Climat pendant les COP Climat (en collaboration avec le Global Ocean Forum, la COIUNESCO, les présidences des COP et autres acteurs impliqués). - Proposition d’indicateurs : • • • • Intégration de l’océan dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris ; Intégration de l’océan dans la révision des Contributions Prévues Déterminées au niveau National (CPDN) (nombre de CPDN, adéquation avec les engagements …) ; Intégration de l’océan dans les rapports des Championnes du climat, des « Summary for policy maker », et dans la stratégie bas carbone à 2050 ; Intégration de l’océan dans les évènements de haut niveau pendant les COP Climat. Auprès des organisations internationales : (Auprès des organisations internationales, il s’agira de porter surtout les engagements concernant les stratégies, le transfert de capacité et le financement). • • • • au sein des Nations unies : Objectifs de Développement Durable ; Convention et protocole additionnels à la Convention des Nations unies sur le Droit de la Mer ou Convention de Montego bay (Protocole sur la haute mer) ; Convention sur la Diversité biologique. au sein des agences des Nations unies (FAO) et de ses programmes (PNUE) et d’agences spécialisées comme l’Organisation maritime internationale ; au sein d’organisation internationales spécialisées comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ; au sein du GIEC : suivi du rapport spécial relatif au Changement climatique, océans et cryosphère. - Proposition d’indicateurs : 13 • • • • Intégration de la problématique océan, littoral et climat dans les ODD, et développement de financement dirigé vers cette thématique ; Intégration des enjeux océan et climat dans les négociations sur les protocoles additionnels de la Conventions des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) et de la Convention sur la diversité biologique (CDB) ; Intégration des enjeux océan et climat au sein de la FAO et du PNUE et autres agences en lien avec le transport maritime, les migrations ; Intégration des engagements de la coalition dans le rapport spécial relatif au Changement climatique, océans et cryosphère du GIEC. Auprès des États et des collectivités : • • au sein des États via les Contributions Prévues Déterminées au niveau National (CPDN) et les politiques régionales (en coordination avec Because the Ocean) ; au sein des collectivités. - Proposition d’indicateurs : - Intégration de l’océan dans les stratégies des États et des régions. 14