conclusion - Shodhganga

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conclusion - Shodhganga
CONCLUSION
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A Ia fin de ce travail, nous pouvons constater que les themes
de 1' opposition, de Ia folie et de 1' alienation laissent place
a ceux de
Ia reconciliation et de Ia reintegration dans l'reuvre de Tremblay.
Bref, no us decelons deux ten dances nettes et paralleles : I' eclatement
et Ia reconciliation ; 1' opposition et Ia reintegration. Les themes de
l'eclatement et de l'opposition etaient lies au premier cycle c'est-adire le cycle des Belles-Sa'urs alors que ceux de Ia reconciliation et
de Ia reintegration s'associent soit aux dernieres ccuvres (Ia saga
Jean-Marc) soil aux Clzroniques du Plateau Mont-Royal. Le corpus a
fa.vorise le cycle des Belles-Sccurs (qui traitent en grunde partie
l'cclatement de Ia famillc ct )'opposition chez lc collplc ou
l'individu). ou les Clzroniques du Plateau Mont-Royal, (qui ont pour
but de tracer Ia jeunesse des personnages du premier cycle).
I LEJEUNE Philippe, Lc paclc autobiocraphi~uc. Paris, Scuil, I<J75. p.46
209
Que ce soit dans les premieres reuvres ou les dernieres, une
chose est claire : Ia famille occupe toute Ia place. Meme les pieces
construites autour de Ia question identitaire mettent en scene des
personnages qui cherchent a sortir de Ia famille, voire du milieu.
Tremblay avoue que les personnages choisissent tous uu
echappatoire, I' un different de I' autre.
«II y a plusieurs portes que les personnages
connaissent... il y a trois portes, en fait. La porte de
Ia folie, Ia porte de Ia conscience et Ia porte du
deguisement. Hosanna se deguise en Elisabeth
Taylor, Carmen se deguise en cowgirl et Edouard
. ... 1».
va a' pans
Les dernieres reuvres expriment moms cette tendance car
Jean-Marc est deja sorti de sa famille, mais le theme de Ia famille est
fort present. En fait il cherche Ia reconciliation en achetant Ia
maison ancestrale. Cette obsession de Ia famille s 'explique par «Ia
quete des origines de I' auteur guidee par une demarche de type
etiologique2». Les dernieres reuvres comprennent d'une part, k.
Creur decouvert et-le Creur eclate (que nous avons inclus dans notre
corpus : chapitre II), et d' autre part les ceuvres purement
I lREMBLA Y dans unc interview accordec a l' auteur de Ia these le 14 mars I <J<JO a
MontreaL Voir Annexc n° I.
2 JOFFRIN Laurence, "Les Vucs animccs de Michel Tremhlay : une autre vision
de !'autobiographic", Etudes fran~aiscs, n°29, vol.l, l9<J3, p.l<J4.
210
autobiographiques. Certes, tout le repertoire de Tremblay contient
des traits autobiographiques, mais nous entendons par "reuvres
0
autobiographiques", celles ou l'auteur est present en tant que Michel
Tremblay.
«C' est Ia merne famille, mais Ia vraie cette fois-la,·
avec les noms de mes freres et de rna mere et mon
pere.[ ... ] Done vous allez voir les meme
personnages, mais tels qu' ils etaient vraiment,
enfin ... avec Ia transposition litterairel».
Les Vues animees, Douze coups de theatre, Un Ange cornu
avec des ailes de tole et Ia Nuit des Princes charmants tombent dans
cette categorie. Dans Ia mesure ou ces reuvres sont exclues de notre
corpus, il est inutile d'en parler davantage. Notre interet se borne
aux reuvres ou justement l'auteur ne pouvait se manifester
ouvertement.
Autrement
autobiographiques se greffent
dit,
Ies
reuvres
ou
les
traits
a Ia fiction.
Pourquoi le Iecteur reconnait-il l'auteur dans le personnage
d' Edouard, de Marcel, ou de Jean Marc ? Est-ce qu'il sent une
presence singuliere qui court tout le long de I'ceuvre ? Le lecteur
s'amuse
a s'egarer
dans le grand puzzle
trembleen jalonne d'une
1 JOFFRIN Laurence, "Anncxc I" dans Les Vue anjmees de Michel Tremblay :
une autre vision de I' autobiographic, memoire de maitrise, Univcrsite de Provence,
1991, p.l28.
2I I
multitude de personnages, chacun ayant un lien de parente avec
1' autre. Cet aspect a inspire Dominique Lafon
a entreprendre
un
<,
projet d' etablir Ia genealogie du monde trembleen I. Mieux encore,
l'image est plut6t celle des cercles concentriques ou il existe un
chevauchement constant et continue} : Tremblay-Edouard,
Tremblay-Marcel, Tremblay-Sandra, Tremblay-Jean Marc et ainsi
de suite. Deux reflexions s 'imposent
a ce
sujet : J'autobiographie
sert de "cartes sur table", de reveler finalement l'identite de }'auteur.
En meme temps, elle se definit comme Ia quete des origines. Cette
recherche du Moi devient alors collective.
De meme que Ia fiction a plus d'attrait que l'autobiographie
tout pure, Ia realite homosexuelle dans I' reuvre de Tremblay est
moins interessante que le concept de l'homosexualite symbolique.
Les premieres reuvres de Tremblay traitent de l'homosexualite
symbolique
~
il fallait dans les annees 70, trouver divers moyens de
faire passer le message : Ia famille qui empeche l'homosexuel de
vivre son homosexualite devient vite un objet de destruction. C' est
ainsi que le travesti se pose non seulement comme symbole pour
exprimer le manque d'identite mais aussi comme image d'un
homosexuel deguise. Maintenant qu'il n'y a plus de gene de traiter de
I'holll{)sexualite, Ia polysemie du texte occupe peu de place2. D'un
cote l'evolution de Ia societe a permis le traitement du theme de
1 LAFON Dominique, "Gencalogic des univcrs dramatiquc et romanesquc", 1&.
Monde de Michel Tremblay, Montreal, Jeu/Lansman, 19<J3. Voir Annexe n°3.
2 Voir a cc propos FERNANDEZ Dominique, Le Rapt de Ganymede, Paris.
Grassel & Fasqucllc, 1989.
212
l'homosexualite mais de l'autre cote, Ia richesse metaphorique a ete
remplacee par Ia platitude du recit anecdotique.
(..
Rappelons ce que dit Edouard dans Des nouvelles d'Edouard :
«A quoi
~a
sert de cooter ta vie si t'en inventes pas des bouts?».
Selon lui, Ia vraie vie est bien "plate". Malgre lui-meme, ce que
Tremblay racconte dans le Creur decouvert ou le Creur eclate est
d'une platitude - les traits autobiographie emportent Ia fiction et
souvent le lecteur se trouve devant une suite d'anecdotes :
«J'ai quitre l'appartement de Ia rue Bloomfield ... je
suis descendu au terminus ... j'ai saute dans le
premier autobus ... j'ai regarde defiler. .. j'ai essaye
de compter le nombre de champs ... j'ai bu un pepsi
diete ... j'ai eu trop chaud ... Arrive a Quebec, j'ai
couru aIa terrasse Dufferin .. .l».
Peut-on dire alors que c' etait I' engagement politique, Ia
conscience sociale et le souci de l'identite culturelle qui ont fait de
Michel Tremblay un auteur de renommee ? II faut accepter que
l'reuvre de Tremblay est (du moins etait) un document sociologique
sur le microcosme de I'est de Montreal sans lui enlever le merite
litteraire. Son reuvre permet de suivre de pres I'evolution de Ia
societe quebecoise surtout vis-a-vis de Ia thematique homosexuelle.
Par contre, les romans qui suivent Ia saga Jean-Marc temoignent de
I Lc Creur eel ate, p.l3.
213
la dimension uni-laterale du texte. L'etroitesse du chemin de la
lecture nous mene de plus en plus vers la vie intime de l'auteur, son
...
autobiographie personnelle.
L'auteur invite le lecteur
a observer
Ia banalite de la VIe
quotidienne des personnages qui sont plus proches que jamais de la
vie. Le lecteur est oblige de se rendre compte que Ia vie de ces
personnages (ici, homosexuels) n'est que la reflection fidele d'une
vie banale, monotone. Mais c'est aussi la fin du mystere (et de
l'exotisme) qui entourait le personnage homosexuel. Si l'exercice du
recit anecdotique vise
a devoiler le mystere, il faudra reconnaitre la
technique de l'auteur. Les reuvres
a venir temoigneront
peut-etre de
ce fait!
Tremblay est loin d' etre un auteur marginal. C' est l 'auteur
du Quebec. II occupe une position bien envie par beaucoup
d'ecrivains quebecois : un editeur fidele qui a publie toute son reuvre
; un metteur en scene fidele qui a signe toutes les mises en scene de
son reuvre theatrale. De plus Tremblay est l'auteur quebecois le plus
traduit. On lui a accorde plusieurs prix notamment le Prix Molson
en 1995. Mais Ia reconnaissance n' est-elle pas Ia premiere etape vers
Ia recuperation ? Peu de surprise alors que le personnage marginal
venant d'un milieu modeste traverse la rampe vers le cote des
parvenus.
214
Le marginal d 'bier n' est pas
necessairement celui
d'aujourd'hui. Les valeurs, Ies revendications et Ies ideologies
changent constamment. Actuellement, dans I' ceu vre de Tremblay, Ie
seul marginal est bien le personnage homosexuel contemporain, qui,
lui aussi reflete cette evolution. Le marginal a connu I' ascension
.
sociale : loin d'etre un "vendeur de suyers" ou un "coiffeur" du
Plateau, c'est un intellectuel aise d'Outremont. Certes I'homosexuel
est mieux accepte que jamais.
De plus Tremblay fait etat d'un probleme qm concerne
l'humanite d'une
fa~on
generale et Ies homosexuels en particulier : le
sida. L' ancien amant de Jean-Marc est atteint du sida dans le Cceur
eclate. II est vrai que cette maladie a provoque un nombre croissant
d'homophobes mais en meme temps l'homosexuel est moins
marginalise qu' avant. Paradoxalement, I' epoque qui est marquee par
une forte conscience d'etre politically correct temoigne egalement
une montee de Ia violence
droite. II reste
Tremblay
a voir
~t
de I' intolerance des jeunes de I' extreme
si ces jeunes
a ecrire sur I'homophobie
!
«
neo-nazis
»
provoquent

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