Frère d`armes. Toujours la même sensation, le cœur

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Frère d`armes. Toujours la même sensation, le cœur
Frère d'armes.
Toujours la même sensation, le cœur qui fait des bonds, la
respiration saccadée, la moiteur du front. Je me jette à terre, les balles
sifflent au dessus de ma tête. Mais aucune ne me touche. Je recharge
mon arme et je tire. L'homme s'écroule, mort, du sang sur la poitrine.
Un obus éclate à quelques mètres de moi, m'aspergeant de terre et du
sang de mes camarades blessés.
Je remets mon casque en place et regarde autour de moi.
J'aperçois certains de mes compagnons de chambrée, morts, se
. faisant écraser par les hommes des renforts venant des lignes arrières.
La nuit tombe, nous stoppons les combats et je cours m'abriter vers le
trou d'obus le plus proche. Je m'allonge pour dormir mais ne trouve
pas le sommeil. Je sors de ma poche une lettre de Madeleine en
esoérant u'elle me remontera le moral. Je la connais par cœur. Je
repense à ce jour où nous courions dans les ciïamps:-ëlTe-e·-n-r~o'-e-----:-beige imprimée de cerises et moi en costume marron, portant le
panier de pique-nique. C'était une belle journée de printemps et nous
devions nous marier peu de temps après. Malheureusement, le
lendemain, la guerre commençait et j'ai dû partir au front.
Je me souviens lui avoir promis de revenir vivant. Je suis monté dans
le train, le cœur lourd, en entendant ses pleurs derrière moi.
Je replis soigneusement la lettre dans ma poche. Les tirs sont
moins nourris, puis cessent petit à petit. C'est la nuit. Les hommes
éreintés, apeurés, s'endorment, le fusil à la main, et je réussis aussi à
m'endormir en rêvant de tous les instants heureux passés avec
Madeleine.
Le lendemain matin, ce sont les bruits pénibles de la guerre qui
me réveillent. Les obus pleuvent et l'horizon est une ceinture de
fumée noire et de feu. La pluie me cingle le visage, la boue colle à
mes semelles. Je débute une course forcenée vers les tranchées les
plus proches. J'entends les balles, chantantes et allègres, me dépasser
et filer devant moi SçUlS me toucher. Au loin, j'aperçois mon petit
frère portant son képi fièrement, son fusil à la main. Soudain, il
tombe en avant, Mon cœur se déchire mais aucune larme ne come.
J'arrive auprès de lui, je le retourne et le prends dans mes bras. Je le
serre fort contre moi et pose mon front sur le sien, Un de mes
camarades arrive et me tire par le bras. Je le repousse ne voulant pas
~b~doMer mon frère sur le ch~p de bataille. Il insiste et je finis par
capituler. Je me relève précipitamment et tire sur un Boche une balle
de fusil dans la tête, Il s'effondre avec \ID cri étranglé, Tirer S1J!' ces
allemands répond à la sauvagerie avec laquelle ils ont tué mon frère.
Je ressens la puissance, la force, la rage en moi comme jamais.

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