Les personnes suivantes ayant participé à la réunion du 18 avril à
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Les personnes suivantes ayant participé à la réunion du 18 avril à
RAPPORT DE MISSION Philippe Derudder DÉFINIR LE PROJET DE SOUTIEN QUE LES ACTEURS DE MONNAIES LOCALES ATTENDENT DU CONSEIL RÉGIONAL EN RÉGION PACA Les personnes suivantes ayant participé à la réunion du 18 avril à Nice, ou ayant été approchées par la suite, sont co-signatiqires de ce rapport (par ordre alphabétique) 1 - Personnes présentes à la réunion : Christine BEYL - Alliance Écologiste Indépendante [email protected] Lina CAPPELLINI - LM Invest [email protected] 0688821777 Philippe CHESNEAU - Groupe des Colibris Toulon [email protected] Françoise DENIS - Groupe des Colibris Toulon [email protected] Philippe DERUDDER – AISES (Association Internationale pour le Soutien aux Économie Sociétales) [email protected] 0608230217 Jean-François DROUET [email protected] 0607415149 Hery DUMONT-MALIVERG – Groupe des Colibris Toulon & Webmaster colibris golf de St tropez [email protected] & [email protected] 0754819245 Jean-Marc GOVERNATORI – Alliance Écologiste Indépendante [email protected] 0611445821 Thomas GUÉRIN – Chargé de mission - CRESS [email protected] 0634324813 Katia HUOT - Conseil de développement du Pays Vallée d'Azur Mercantour - MLC Puget Théniers [email protected] Michel INGRAND - SEVE la Roue à Manosque [email protected] 0608816538 Sylvie LUXEY - Groupe des Colibris Toulon [email protected] Patrice MIRAN - Municipalité de Vence – Délégué ESS - membre de Alliance Écologiste Indépendante [email protected] Rachid MOKRAN - Porte parole de Démocratie 21 [email protected] 0603877496 Bruno MONTEL - SEVE la Roue à Salon de provence [email protected] 0610944590 2 – Personnes approchées par la suite : Marie-Pierre ALLARD – Municipalité de Vence - Projet de MLC sur le région de Vence [email protected] Bernard BARBAROUX – Association l'Écologie pour Vence – Projet de MLC sur le région de Vence [email protected] 0621603374 Bruno BAZIRE – Projet de MLC sur le Canton de Fayence [email protected] 06 88 05 72 09 Céline BONNET – Chargée de mission Ecoscience Provence - Projet de MLC en Provence Verte [email protected] 04 94 69 44 93 Patrick CAMPÉ – MLC Puget Théniers [email protected] Philippe CHEMLA - APESE (Agir pour des Échanges Solidaires et Écologiques). – MLC « Le Centifolia » pour le pays de Grasse [email protected] ou [email protected] 07 81 68 39 68 Jacques DESCAMPS – NEF [email protected] 0492420496 Nicolas GIBBE - MLC Cagnes S/Mer [email protected] Valentin LYANT - Direction du Développement Soutenable et du Climat – CR PACA [email protected] 04-88-10-76-90 Marie-Francoise PREVOST – MLC SEVE la Roue [email protected] Objectif de la réunion Dans le cadre des 27 engagements pris par l'Alliance Écologiste Indépendante pour développer la qualité de vie et l'emploi en région PACA, figure l'action prioritaire de soutien au développement des monnaies locales complémentaires (MLC). Jean-Marc Governatori a pour cela fait appel à Philippe Derudder, co-initiateur du mouvement des MLC en France. Ce dernier a entrepris de contacter et réunir quelques acteurs régionaux représentatifs, impliqués sur le terrain ou directement concernés par le sujet, dans le but de définir avec eux le soutien qu'ils souhaitent obtenir de la part du Conseil Régional. Les conclusions, traduisant la position de tous ces acteurs, font l'objet du présent document. Objectifs à 10 ans des monnaies locales complémentaires en région Paca Sur le plan économique : Les MLC ont une vocation économique - Relocaliser certaines activités perdues pour améliorer la résilience de nos territoires, revitaliser l'économie locale et soutenir l'emploi. - Développer les approvisionnements et la consommation en circuits courts - Favoriser les relations inter entreprises sur le territoire - Promouvoir et favoriser les productions et consommations responsables - Inciter à l'utilisation des banques éthiques - Avoir la reconnaissance et le soutien des collectivités locales, entre autres par l'acceptation des MLC et l'offre de services et prestations sociales en MLC. - Parvenir à l'autonomie financière dans leur fonctionnement, seuls recherche & développement ayant un besoin de soutien - Augmenter la création de richesse locale en accélérant les échanges (les MLC tournent plus vite que l’euro et génèrent donc plus de richesse à quantité monétaire égale) - Globalement et, au-delà de l'ESS avoir permis une réelle évolution en terme de responsabilité sociétale des petits commerçants, producteurs, artisans ainsi que de leur structure de soutien : chambre de métier, UPA (union professionnelle artisans), CCI. (proposition de Philippe Chesneau) Sur le plan environnemental Les MLC ont une vocation de diminution de l’impact environnemental de la consommation En maintenant la richesse sur un territoire donné, les MLC permettent de développer les circuits courts et de limiter ainsi le recours aux transports, l’utilisation de produits de conservation, la consommation de produits hors-saison,… Elles permettent également, via l’introduction de critères environnementaux dans leur développement (bonification de la monnaie en fonction du contenu énergétique du produit,…) d’inciter les utilisateurs à se tourner vers des choix quotidiens plus respectueux. Sur le plan éducatif : Les MLC ont une vocation d'éducation populaire. Les crises que nous connaissons n'ont rien de fortuit. Elles sont la traduction de modes de pensée et de vie inappropriés au regard des réalités climatiques, environnementales, humaines et technologiques de notre temps. Les MLC ne sont pas et ne doivent pas être qu'un simple outil de paiement faisant en petit ce que les devises internationales font en grand. Elles offrent aux populations un espace de choix pour apprendre ensemble à évoluer vers des pratiques plus cohérentes et responsables. En particulier elles doivent conduire : - À se réapproprier la monnaie : - Comprendre la nature de la monnaie, - Prendre conscience que la dématérialisation de la monnaie, maintenant devenue simple unité de compte virtuelle créée par des règles exclusivement humaines contient un fabuleux potentiel d'émancipation que n'offre pas la logique de monnaie rare actuelle administrée comme au temps où elle était appuyée sur l'or - À reconsidérer la richesse : - Réaliser que la monnaie n'est pas richesse en soi, mais symbole de celles offertes par notre planète, la créativité et l'activité humaine. Le profit financier, actuellement finalité première de toute activité, a pour conséquence d'instrumentaliser la vraie richesse. De fin la monnaie doit devenir simple moyen au service de l'expression de la vraie richesse. - À valoriser le sens plus que le prix : - Comprendre que le « pas cher » exclut de nombreux coûts cachés reportés sur la société que nous payons très cher indirectement. Devenir donc capables de choisir nos fournisseurs professionnels en raison de leur engagement responsable plus que par le miroir aux alouettes du « prix imbattable » Sur le plan social : Les MLC ont une vocation sociale. La monnaie, qui par nature devrait être lien entre les gens, est devenue un outil de rupture et d'inégalités sociales profondes. Les MLC veulent rapprocher les gens : - Par le fait qu'elles sont en lien direct avec un territoire au-delà duquel elles n'ont plus cours. - Par le fait qu'elles s'appuient toutes sur des chartes de valeurs que les acteurs s'engagent par leur signature à promouvoir pas à pas au sein de leur communauté - Par la dynamique inclusive de progression vers des pratiques plus respectueuses de l'humain et de son environnement. - Par l'attention qu'elles portent aux personnes les plus fragiles économiquement et socialement Sur le plan démocratique: Les MLC ont une vocation d'amélioration de l'expression de la démocratie Il ne s'agit ni d'un simple moyen de paiement ni d'un produit à consommer mais d'une expérience collective à vivre qui s'adresse à toutes les composantes de la société. - Évoluer dans notre façon de penser le monde, de nous inter-relier, de prendre des décisions dans un rapport gagnant/gagnant sont des défis majeurs que les acteurs de MLC veulent relever. - Les MLC veulent être un moyen d'évolution des lois. Terrain expérimental par excellence, si elles s'intègrent et respectent le cadre législatif national, elles ont l'ambition de faire évoluer la loi pour une meilleure adéquation avec les réalités sociales et environnementale de notre siècle Quel soutien les acteurs attendent-ils de la Région pour favoriser le développement des MLC Promotion et reconnaissance Globalement , nous attendons que l'implication de la Région, directement et au travers des collectivités locales, renforce l'image des MLC et favorise la confiance des citoyens à l'égard de ces monnaies. En effet, faisant référence au rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental Régional Provence Alpes-Côte d’Azur (CESER) à ce sujet, paru le 23/10/2013, il s’agit de : « Promouvoir les MLC comme outil d’une politique plus globale de soutien à l’économie de proximité. » Sans bâtir un système généralisé de monnaie complémentaire, « du fait de la taille et la diversité du territoire, mais aussi parce que la réussite dans ce domaine repose de façon absolue sur la confiance des membres, sur leur cooptation et sur leur engagement. Une initiative réussie ne peut être qu’ascendante. » En particulier : - Soutenir les projets existants et accompagner les nouveaux projets dans leur phase d’amorçage (Rapport CESER) - Dans sa communication, principalement celle dirigée vers les collectivités, les entreprises dont en particulier celles de l'ESS et les associations, la Région fait savoir son engagement à aider au développement des MLC. Elle encourage au travers des MLC les territoires signataires d'un Contrat Local de Développement de l'ESS (CLDESS), de sorte qu'elles participent mieux des politiques publiques infra-régionales (gestion des déchets, mobilités, circuits-courts, lien social...). - Elle marque sa reconnaissance des monnaies locales en incitant les collectivités à accepter les MLC et à rendre accessibles certains services ainsi que le versement de certaines prestations sociales en MLC. Qu'elles proposent également à leurs personnels d'être payés en partie en MLC - Une mesure fortement symbolique : le paiement d’une partie des indemnités des élus régionaux et des membres du Ceser en MLC. - La région invite les acteurs de l'ESS et les associations à utiliser la monnaie ayant cours là où elles sont implantées - Le versement partiel de certaines subventions est négocié avec les bénéficiaires dans la monnaie locale existante sur leur territoire. - La région aide à la création et au maintien d'un site web à vocation d'informations pratiques. Repérage des diverses monnaies sur le territoire et annuaire de tous les prestataires professionnels qui acceptent la MLC de leur lieu d'implantation - Faciliter la présence des représentants des MLC de la région dans le cadre des salons, foires et autres manifestations grand public. - Faciliter la formation - S’appuyer sur les monnaies locales actuellement en circulation, les aider, ne pas les concurrencer par des projets régionaux « hors sol » imposés d’en haut - Mettre en cohérence cet outil avec les autres dispositifs régionaux de développement local (Rapport CESER) Soutien financier Ce soutien est attendu à deux niveaux; un soutien limité dans le temps et un soutien permanent selon la destination des fonds Soutien limité dans le temps : les expériences de monnaies locales visent l'auto suffisance financière en matière de fonctionnement. C'est le montant des adhésions qui doit à terme couvrir les besoins de fonctionnement. Il faut pour cela parvenir à réunir de manière pérenne au sein de l'association plusieurs milliers d'utilisateurs et plusieurs centaines de prestataires professionnels. Si les prestataires comprennent vite l’intérêt qu'ils ont à embarquer dans le projet, les habitants, eux, ont beaucoup plus de mal à le comprendre. D'où la nécessité d'un gros travail de communication et de pédagogie. Le constat que nous pouvons faire à l'heure actuelle est que, si les projets prennent rapidement de l'ampleur dès leur lancement, ils s’essoufflent par le manque d'adhésion des populations au-delà des « convaincus d'avance » ou de ceux qui sont déjà engagés dans des dynamiques alternatives. Par ailleurs ce sont principalement des bénévoles qui portent le mouvement actuellement. Or nous sommes là dans une action qui s'inscrit dans le temps, sans terme. Faire reposer un tel projet sur le seul bénévolat n'est pas réaliste. Si un large volant de bénévoles est nécessaire et souhaité par le fait que le succès de l'expérience repose sur l'implication des citoyens, un noyau de salariés est incontournable pour garantir le suivi et la stabilité des opérations. Le recours à l'emploi aidé, et aux subventions est donc attendu de la part de la Région, pour accompagner les initiatives locales, pendant les 3 premières années, délai minimum requis pour atteindre l'auto-suffisance. Un tel soutien a déjà été expérimenté par le Service Energie Climat Air durant l’année 2015. Six opérations de monnaies locales sont ainsi aidées par la Région : Monnaie en Pays Salonais Systéme d'Echanges pour Vitaliser l'Economie, SOL.E.I.L, Fédération des Commerçants de Cagnes sur Mer, Pays Vallées d'Azur Mercantour, Agir pour des Echanges Solidaires et Ecologiques (APESE). Soutien permanent : - Recherche et développement : Le mouvement des monnaies locales est un laboratoire. N'oublions pas que par nature elles s'inscrivent dans la dynamique de transition visant à faciliter le passage de notre monde actuel en crise profonde, à un monde réconcilié responsable et durable. Nous connaissons ce que nous quittons, mais nous avons à inventer pas à pas ce vers quoi nous allons. L'aspect recherche et développement - pour utiliser une expression connue - est un domaine qu'il faut prendre en compte et soutenir. On peut dès à présent sentir le besoin d'ajouter aux monnaies de papier un complément électronique. Si le papier est préféré pour sa valeur symbolique, pédagogique, sensuelle, on ne peut imaginer, au-delà d'un certain développement des réseaux, faire reposer les règlements uniquement sur des monnaies de papier, ne serait-ce que pour faciliter les transactions des entreprises entre elles. Il existe déjà de nombreux moyens, mais l'accès à un outil facilement disponible et utilisable par toutes les monnaies dans la Région, fiable et sûr est nécessaire. La recherche, la mise au point et la validation d'un système commun entraînera nécessairement des coûts qui ne peuvent être couverts par les acteurs qui, dans cette phase de naissance du mouvement, ne peuvent même pas encore couvrir leurs besoins de base. Un budget alloué par la Région pour mener à bien ce dossier serait le bienvenu. - Harmonisation et dynamisation du réseau : Pour l'heure, les initiatives sont pour la plupart à l'état de projets plus qu'effectives. Notre désir est qu'elle soient soutenues dans leur incarnation. Mais arrivera un temps où la quantité d'expériences en cours peut conduire à une difficulté d'accompagnement. - Un observatoire : Nous souhaitons des maintenant créer un observatoire des initiatives. Cette mission pourrait être confiée à un ou deux acteurs déjà engagés dans le mouvement. Il s'agirait de mener une action de veille pour repérer les projets en émergence et d'aller à la rencontre des porteurs de projet pour leur expliquer ce qui se passe au niveau régional et les inviter à se construire en harmonie avec l'existant. Seve La Roue s’est portée volontaire pour jouer ce rôle sur l’ouest du territoire, où elle est déjà bien implantée. - Une coopérative : Parvenus à un certain niveau de développement, une rationalisation des relations deviendra nécessaire. Nous envisageons de réunir au sein d'une coopérative tous les acteurs de monnaies locales de la région PACA. Cette coopérative sera l'interface entre les acteurs engagés dans leur propre expérience locale et la Région qui trouvera là son interlocuteur privilégié. Ces deux développements n’entraîneront que peu de dépenses, mais un éventuel soutien logistique et financier est à prévoir. - Soutien à des projets locaux à vocation sociale, économique, environnementale et culturelle: L'une des vocations des monnaies locales, est de favoriser de tels projets à condition qu'ils répondent aux valeurs de responsabilité et de respect de la nature, exprimées dans les chartes. Quelques formules, inhérentes au fonctionnement des MLC permettent d'abonder des fonds de soutien à des projets locaux. Il faudrait toutefois donner un effet de levier au processus si on souhaite obtenir un résultat plus rapide et bénéfique. À ce stade nous voyons deux aides possibles. - Une aide directe : par allocation effective de subventions - Une aide indirecte : par cautionnement. Selon la loi, la masse de monnaie locale mise en circulation doit être garantie par une somme équivalente en euros. Bon nombre de monnaies toutefois proposent aux utilisateurs un « bonus » de 5% lors de la conversion euro contre monnaie locale. 100 euros = 105 unités de monnaie locale. Pour respecter l'esprit de la loi, ces 5% sont compensés par le fait que les prestataires professionnels, lorsqu'ils reconvertissent la part de monnaie locale qui dépasse leur capacité d'utilisation ne touchent que 95% du montant reconverti. 100 unités de monnaie locale = 95 euros. Le bonus de 5% permet soit d'améliorer un peu le pouvoir d'achat des utilisateurs de monnaie locale, soit d'abonder un fonds de soutien à des projets locaux. Si la Région pouvait apporter 10 à 15% de plus, (5% pour amélioration du pouvoir d'achat et 10% en abondement des fonds de soutien à projets par exemple) l'effet de levier serait des plus appréciable. Or le faire ne coûterait rien dans la mesure où il ne serait pas nécessaire de geler la somme; la Région n'aurait qu'à cautionner la somme convenue dans le cadre d'un contrat liant les parties. & Remis à jean-Marc Governatori le 19 mai 2016