Interprété par Mickey Rourke Les années 80

Transcription

Interprété par Mickey Rourke Les années 80
100 icônes badass du cinéma
Les années 80
• Sheppard •
STANLEY WHITE
Interprété par Mickey Rourke
• Le film : L’année du dragon (Year of the Dragon, 1985). Réalisé par Michael Cimino •
M
ickey Rourke a la trentaine
lorsqu’on lui propose le rôle de
Stanley White. Supposé être de
quinze ans son aîné, le talent
conjugué du scénariste Oliver
Stone, du réalisateur Michael
Cimino et bien sûr de Mickey
Rourke vont faire de White, un
homme sans âge. Stanley White est un fantôme.
Avec son chapeau mou, son pardessus et son attitude de cow-boy, il est le spectre d’une Amérique
vivant dans le fantasme d’un classique en noir et
blanc où l’on savait encore distinguer le shérif du
bandit, le gentil du méchant, le bien du mal. Il est
le spectre d’une Amérique qui était encore peuplée
d’américains et non d’italiens, de chinois ou d’irlandais.
Vétéran d’une guerre qui paracheva de mettre
en pièces le rêve américain, Stanley White est
aussi le fantôme d’une guerre qu’il a déjà perdu,
mais qu’il continue de mener seul. Une guerre qui
n’est que la vengeance d’un homme fatigué, usé,
largué, paumé dans un monde dont il ne comprend
ni les valeurs, ni le fonctionnement. Une vengeance
mue par les mêmes convictions de justice et de
droit qu’un G.I. Joe parti à la reconquête de son
pays, fantasmée comme un film de cow-boy, mais
qui se heurte systématiquement à la réalité de son
époque et à ses propres contradictions.
Il voudrait être un mari dévoué et fidèle mais
tombe sous le charme d’une journaliste asiatique
(l’ex-mannequin Ariane) portant le visage de son
ennemi. Il voudrait être le justicier blanc sans faille
mais n’hésite pas à sacrifier au passage sa femme
(Caroline Kava) et ses amis. Il voudrait être le
symbole du travailleur américain luttant contre
les triades et une aristocratie étrangère de plus en
plus puissante et corrompue, mais il n’est en fait
que ce paysan polonais bourru, têtu et ignorant.
Il voudrait être le gentil, mais de son propre aveu,
il ne sait pas comment.
Malgré les critiques américaines qui refusèrent
de voir au-delà de la simple expression du bon
vieux flic raciste, L’année du dragon révéla au
monde un acteur magnifique. L’un de ceux, rares,
qui donnent l’impression de jouer sans effort, d’être
sans paraître, tant ils sont habités par une grâce
et un talent presque magique. Ce talent, Rourke
devait le confirmer deux ans plus tard en incarnant
le torturé Harry Angel dans le tout aussi magnifique Angel Heart d’Alan Parker. En ce qui me
concerne, Rourke fut sans nul doute le Marlon
Brando, le James Dean ou le Steve McQueen des
années 1980.
¶
105

Documents pareils