Elus et riverains des aéroports parisiens mécontents

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Elus et riverains des aéroports parisiens mécontents
le magazine de l’environnement sonore
g
Echo Bruit
Avions
n° 104 12.2003
Transports
Elus et riverains des aéroports
parisiens mécontents
Les riverains des aéroports parisiens d’Orly et de
Roissy ont tenté de se faire entendre, dimanche
25 janvier, en organisant une manifestation dans les
rues de la Capitale - du Champ-de-Mars à DenfertRochereau - pour protester contre les nuisances
sonores et pour réclamer la création d’un troisième
aéroport.
A
l’origine lancée par
l’ADVOCNAR, cette manifestation était organisée en
collaboration avec la plupart
des associations d’Ile-de-France
concernées et des élus (de toutes
appartenances) des départements
franciliens.
Leurs revendications étaient les
suivantes :
• Création d’une troisième plate-forme
aéroportuaire internationale hors
de l’Ile-de-France afin d’arrêter les
développements anarchiques de Roissy
et d’Orly. Un nouvel aéroport moderne
prenant en compte son environnement
et ses riverains, comme d’autres
aéroports européens ont su le faire.
• Arrêt des vols de nuit comme c’est le
cas sur tous les aéroports européens
situés à proximité d’une grande
agglomération. L’ADVOCNAR réclame le
couvre-feu à Roissy de 22h30 à 6h00 ;
une nécessité pour le repos et la santé
des populations survolées. L’Italie,
l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont
obtenu l’interdiction des vols de nuit sur
leurs principaux aéroports. L’Angleterre
est en bonne voie. En France, les
riverains d’Orly ont réussi à imposer
le couvre-feu… Roissy ne doit pas faire
exception.
• Transfert du fret à Vatry, afin
de diminuer le nombre de vols
sur Roissy. Les marchandises et
le courrier sont essentiellement
transportés de nuit dans des avions-
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cargos, particulièrement bruyants.
Leur décollage est plus lent que les
avions de ligne et leur impact sonore
au sol affecte une surface trois fois
plus grande. De plus, 70 % du fret
atterrissant à Orly et à Roissy repartent
en province par camions. Ce trafic n’a
aucune justification en Ile-de-France au
sein de sites très urbanisés. L’aéroport
de Vatry (Marne) existe déjà. Il s’agit
d’une plate-forme opérationnelle aux
normes internationales et possédant
une piste de 3.860 mètres (l’une des
plus longues de France) construite dans
le total respect de critères de choix
environnementaux puisqu’il s’agit d’un
acte de décentralisation dans une zone
à faible densité de population.
• Réduction du nombre de mouvements
sur Roissy-Le Bourget et Orly.
• Réglementation stricte et durable des
aéroports parisiens.
Sur les banderoles brandies par les
manifestants, on pouvait lire « Rasle-bol des survols », « Oui au couvrefeu, les riverains d’Orly et de Roissy
solidaires », « Kérosène, décibels,
poisons du ciel », « Non aux vols
de nuit, le fret à Vatry », « Le bruit,
ça suffit », « Ciel propre », « Non
au développement inconsidéré du
transport aérien », ou encore « Touche
pas à mon ciel, non aux avions
bruyants ».
Le cortège comptait des délégations
des riverains des communes situées au
Nord de Paris et de nombreux habitants
des zones situées au sud de la capitale.
Il était encadré par deux camions
équipés de haut-parleurs simulant «en
temps réel» - soit toutes les minutes
et demie - le bruit des décollages qui
se succèdent à cette cadence à Roissy
Charles-de-Gaulle.
Outre le bruit, source de stress et de
maladies, les habitants subissent les
émissions d’hydrocarbures et d’oxydes
d’azote des moteurs, «soit l’équivalent
de deux boulevards périphériques»,
selon les associations de riverains.
La décision du Gouvernement de ne pas
construire un troisième aéroport pour le
grand bassin parisien a profondément
déçu les riverains, persuadés que
la croissance prévisible du trafic se
traduira par l’ouverture de nouvelles
pistes à Roissy et la fin du plafonnement
des mouvements (200 000 atterrissages
et décollages par an) à Orly.
Les riverains et élus appellent de
leurs vœux un troisième aéroport
pour desserrer l’étau sur Roissy et
Orly. Ils qualifient de simples «effets
d’annonce» de la part du Gouvernement
la diminution prévue des vols de nuit
et le transfert du trafic fret sur Vatry
(Marne).
Rappelons que le Gouvernement s’est
engagé à supprimer 2 000 vols de
nuit en 2004, avec la suppression des
vols d’Air France et la diminution de
30 % de ceux de la Poste entre minuit
et 5 heures du matin. Un impact jugé
«minime» par rapport aux 1 500 vols
par jour en moyenne sur Roissy, dont
162 entre 22 h 00 et 6 h 00 du matin.
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