Le dirigeant chrétien face à la décision

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Le dirigeant chrétien face à la décision
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Le dirigeant chrétien face à la décision - ou l'ânesse de Balaam Equipe Notre Dame de Pentecôte
Le dirigeant chrétien face à la décision - ou l'ânesse de Balaam Equipe Notre Dame de Pentecôte
Avril 2015
L?ânesse de Balaam ? Rembrandt (1626)
Musée Cognac-Jay
« J?avance dans la foi comme un âne. »
Cette phrase prononcée dans notre équipe EDC de Notre-Dame de Pentecôt a résonné en nous et
provoqué un échange fructueux pendant plusieurs mois.
La sincérité du propos nous a ouverts au dialogue. D?abord en ce qui concerne notre condition d?homme
et nos difficultés à «avancer dans la foi», cette « misère de l?homme sans dieu », avec en surplomb ce
lourd fardeau de nos doutes, de nos souffrances et de nos blessures intimes, etc. Par ailleurs en
questionnant cette singularité du « dirigeant chrétien » - mais au fond s?agit-il bien d?une singularité -,
cette idée que notre foi nous rend meilleur non pas seulement en tant qu?homme, mais comme dirigeant.
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Et nous avons cheminé une année avec ces questions ; la foi nous rend-elle meilleurs dirigeants, et par «
quelle magie », par quel ressort étrange ? n?est-ce pas bien présomptueux de notre part de nous croire
différents, meilleurs, de mettre notre foi en avant, comme en «étendard» ? Face à cette tentation de la foi
comme force spirituelle a priori, l?image de l?âne est venue s?interposer, se mettre en travers de la route et
des facilités qui nous sont offertes par le pouvoir, l?influence et l?argent.
Notre chemin de foi sur la terre n?est pas un chemin aisé et sans heurts. Chemins de joie, d?espérance
et d?amour ; et aussi chemins de douleurs, de souffrances et de mort ; par notre foi, nous sommes
appelés dans la plus grande confiance à mettre nos pas dans les pas du Seigneur, et par le témoignage de
ses disciples, nous savons que ses pas l?ont mené à la croix. Au bout du chemin, le salut est venu non par
les délices d?un paradis ou les pouvoirs offerts par le royaume terrestre, mais du sang versé sur le bois
de la croix.
À notre tour, fidèles à sa parole, « portant témoignage à la vérité », nous avançons avec peine sur le chemin
de vie, comme des ânes
, tombant et nous relevant. Nous avançons lentement, avec difficulté, sur un chemin
étroit « bordé de murets », souvent gênés ou arrêtés par les obstacles de la vie, comme l?ânesse de
Balaam devant l?ange du Seigneur. Notre thème s?est approfondi à partir du texte de l?Ancien Testament :
et nous, en tant que dirigeants - tout comme Balaam - ne tentons-nous pas d?aller où nous voulons aller,
sans écouter le plan de Dieu ?
Dans le Livre des Nombres (ch 22), Balaq, roi de Moab, effrayé par l?arrivée du peuple d?Israël qui,
sortant du désert, arrive devant Jéricho pour gagner le pays de Canaan, demande à Balaam de maudire
ce peuple? « Cette multitude va dévorer tout ce qui nous entoure, comme le b?uf dévore la verdure des
champs. » Malgré une première interdiction divine «Tu n'iras pas avec eux; tu ne maudiras pas ce peuple,
car il est béni » , Balaam se laisse tenter. Il selle son ânesse et provoque la colère du Seigneur. Celui-ci
envoie son ange, épée en main, sur le chemin creux entre les vignes, « où il y avait une clôture de chaque
côté ». Ployant sous les coups de Balaam, l?ânesse se couche sur le chemin :« Que t?ai-je fait pour que tu
me frappes par trois fois ? » Et le Seigneur dit à Balaam :« Voici, je suis sorti pour te faire obstacle, car, à
mes yeux, le chemin que tu suis te mène à la ruine. »
Ce chapitre met en exergue la place que nous donnons au Seigneur dans les décisions que nous prenons
chaque jour. À notre tour aujourd?hui « nous avançons comme des ânes », sur les mêmes chemins étroits.
Chaque jour au réveil, puis en chemin, survient le choix entre le bien et le mal. Des petits choix, une
somme de choix qui conduisent au terme du voyage d?un côté vers Balaq et son trésor terrestre, de
l?autre vers le Seigneur. La parole de l?ânesse nous interpelle et nous empêche d?avancer « au-delà
du bien et du mal », c?est une parole éveillante qui retarde notre marche quitte à nous contrarier,
c?est une parole qui ouvre notre conscience à la question des fondements de la décision, à
l?importance de chacune de nos décisions. Car nous chrétiens, nous savons qu?il n?y a rien « par-delà
le bien et le mal » ; qu?il n?y a aucune voie à explorer de ce côté-là, qu?il s?agit d?une impasse. L?âness
nous parle et nous rappelle que nous n?avons pas d?autre choix que de faire un choix, car le chemin
est obstrué et les murets nous empêchent de contourner l?obstacle.
Le choix et la décision sont au c?ur de notre vie de dirigeants chrétiens. Chaque jour nous apporte son
fardeau de choix et de décisions. Jour après jour, nous sommes sollicités tout comme Balaam, et nous
prenons des décisions qui répondent à des impératifs qui nous semblent évidents. En vrais dirigeants,
nous avons planifié et évalué la décision prise et nous passons trop rapidement à son l?exécution,
convaincus de sa justesse et de son efficacité pour l?entreprise et ses collaborateurs. Combien parmi
nous ont pu vraiment exécuter ce qui avait été planifié, en prenant le temps de peser les décisions ? La
plupart du temps surgit un écart, une différence avec le plan ; différence qui tourne parfois à la crise
véritable, et qui nous contraint à revoir en totalité ce que nous avions décidé.
Cette crise qui survient, cet « ange armé au milieu du chemin » qui trouble nos plans n?est-il pas un « clin
d??il » de Dieu m?invitant à le placer au centre de mes choix ? Ce signe que je ne vois pas toujours, cette
parole de l?âne que je n?entends pas ? Tout comme l?ange qui empêche la progression de l?âne, ai-je moi
aussi besoin d?un « âne » sur mon chemin pour progresser dans l?amour de Dieu ? L?épreuve est-elle
nécessaire et consubstantielle à l?exercice de la liberté ? Car Dieu agit, il intervient, il empêche Balaam
d?avancer du mauvais côté. Faut-il ces épreuves sur la route pour que le chrétien ouvre les yeux,
change son regard et se convertisse ? Nos c?urs sont-ils donc si fermés ?
Notre réponse a été qu?en effet, le chrétien change de regard dans l?épreuve, malgré ses doutes,
c?est même la condition de sa liberté. Bien entendu il a le choix, il est « libre de sa décision ». Dieu se
sert de l?épreuve comme d?un « révélateur », comme le moyen de faire surgir un bien. Il ouvre nos
c?urs. Pour nous chrétiens, le Christ va même au-delà, il nous associe à sa divinité. Dieu s?est fait Homme
pour que l'homme soit à son image, car l?homme participe à la vie divine.
Des chemins larges et des vastes horizons d?une vie libre et insouciante, nous avançons en responsabilité
Ce qui
sur un chemin étroit avec ses clôtures de chaque côté, les crises à gérer et les décisions à prendre.
fait notre singularité de dirigeants chrétiens, notre force aussi, c?est de savoir que nous ne
sommes pas seuls. Avec nous, où même devant nous, comme un obstacle incontournable, têtu et
salvateur, l?ange du Seigneur vient à notre secours. Il est l?Esprit Saint avant l?heure. Il nous oblige à nous
arrêter dans notre élan, à entendre les gémissements de ceux qui nous entourent, nous supportent et
souffrent, il nous force à écouter nos proches.
Au détour des lectures, nous avons retrouvé l?ânesse dans Dostoïevski, où le personnage trouble de
Smerdiakov vient moderniser cet « obstacle sur la route » qui force les trois frères Karamazov à affronter
non pas leurs actes, leur culpabilité dans le parricide du père - ils sont tous les trois innocents, mais
beaucoup plus profondément leurs intentions, leurs choix non exprimés entre la vie et le meurtre, le
parricide, le mal. Moderne ânesse de Balaam, Smerdiakov nous éclaire à son tour: sur notre chemin de
décideurs, nous avons besoin de ces rencontres qui nous gênent et nous barrent la route ; nous avons
besoin d?écouter les conseils ou les paroles qui viennent éclairer les profondeurs et les fondements de
nos décisions, pour être capables de décider « en conscience » et de façon juste.
L?image de l?ânesse ployant sous le mauvais prophète est tout à la fois éclairante et consolante. Elle est
aussi formidablement actuelle. C?est la colère qui nous saisit quand nous rencontrons des résistances, la
mauvaise colère, celle qui nous déborde et provoque de la souffrance. C?est la tentation de « passer en
force » face aux lenteurs et aux inerties, la tentation de la violence à l?encontre des collaborateurs, de
toutes ces tensions verbales et hiérarchiques qui font notre quotidien en entreprise.
D?un autre côté, nous savons que la colère peut être juste, qu?elle a vocation à rectifier, remettre sur le
droit chemin. Nous savons aussi que dans ces moments de décisions, où nous devons aussi anticiper les
conséquences des décisions, nous sommes souvent seuls. Quelle solitude que celle du dirigeant au c?ur
de contraintes de plus en plus tendues, rapides, anxiogènes et définitives ! Dans ce nouveau monde où
nos décisions, accélérées par la technologie, peuvent provoquer des gains ou des pertes
immenses, et pour les équipes des tensions et des drames, l?image de l?ânesse vient nous
rappeler que, au c?ur de la décision, nous ne sommes pas seuls, que l?ange du Seigneur est avec
nous, qu?à la croisée des chemins il nous guide vers le bon côté, vers la bonne décision. L?âne a changé
nos plans. À la croisée des chemins, le Seigneur nous demande de nous abandonner à sa volonté, il nous
demande simplement de croire en lui et de lui obéir, selon sa volonté et non la nôtre - « Seigneur fait de
nous ce qu?il te plaira ».
Cela passe par notre pleine adhésion de croyant, de chrétien. Dieu, sans l?adhésion de l?homme, sans
la foi, ne peut réaliser ce miracle de la conversion. Il a besoin de notre engagement et de nos doutes, de
notre liberté et de notre capacité à décider ; il nous rend co-auteur et acteur du miracle ? il nous a fait à son
image.
Au c?ur de notre singularité de dirigeant chrétien, afin que nos décisions soient meilleures, il y a
le discernement, l?écoute du c?ur, la compréhension profonde de ce que nous dit le Seigneur par
le souffle de l?Esprit. Il y a le mystère. Celui qui donne la parole à l?ânesse, celui qui nous convertit.
Jésus-Christ nous dit : « Large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a
beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu
qui les trouvent.» (Mt 7, 13-14).
Equipe Notre-Dame de Pentecôte
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