Le « Retour des Catholiques en Politique une Dynamique à

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Le « Retour des Catholiques en Politique une Dynamique à
Le « Retour des Catholiques en Politique une Dynamique à organiser » !
C’est sous ce titre qu’a eu lieu une « soirée débat » à l’initiative de l’Institut Civitas. Sont annoncés
comme participants au débat : Yves-Marie Adeline de l’Alliance Royale (« parti royaliste » (sic !));
Hugues Petit du Front National ; Jacques Tremollet de Villers du Centre de Formation/Ictus de
la rue des Renaudes (nième sous-avatar de la Cité Catholique) (« converti » il y a quelques années
au « royalisme » tendance AF actuelle).
« En toute chose, considérer la fin » disent les philosophes scolastiques. Celle-ci n’apparaît pas
très clairement sur le tract. Alors, à quoi pouvons-nous nous attendre,
De quoi s’agit-il ?
1) De politique :
S’agit-il de « l’organisation de la Cité » ou d’agitation démocrate style élections, pétitions,
actions médiatiques etc. ?
Quelle est la finalité de la politique ? Faire parler de soi ? Briller dans le microcosme tradiroyco-conservateur et sur Radio Courtoisie ? Constituer un lobby ? Faire quelque chose pour
faire quelque chose ? Participer à la reconstruction laborieuse des corps intermédiaires ?
L’action politique est-elle auprès de ces corps intermédiaires (famille, métier, village,
quartier…) ou se réalise-t-elle auprès d’une tête jacobine ? L’autorité de la société est-elle
univoque, détenue par l’Etat seul ou au niveau de chacun des corps intermédiaires ?
2) De cathos :
Cela veut-il dire catholique romain, défenseur de la tradition catholique ou conservatisme
attaché à une certaine « dignité » contre des excès choquant les âmes sensibles ?
Pour eux, Quanta Cura et le Syllabus sont-ils toujours d’actualité ?
- Sont-ils d’accord avec l’abbé Beaumont qui prétend que le magistère étant « muet » depuis 40
ans, la doctrine du Christ-Roi serait à adapter à notre époque ? (Cf. Fideliter n°163)
- Maître Trémollet de Villers est-il est un défenseur du Christ-Roi, lui qui déclare publiquement
au sujet de Mgr Lefebvre « J’apprécie l’évêque de Dakar mais suis contre l’évêque d’Ecône » ? Sa
politique peut-elle être catholique, lui qui défend la réunion d’Assise (cf. émission de Radio
Courtoisie animée par O. Pichon, décembre 2003), lui qui défend la doctrine des papes d’après
Vatican II (cf. toutes ses interventions publiques) ? Cette doctrine n’est-elle pas principalement
axée autour de la fausse liberté religieuse, destructrice de l’état catholique dans son essence ?
Yves-Marie Adeline est-il l’apôtre du Christ-Roi, lui qui présenta une liste pour le moins
hétéroclite aux dernières européennes ? Son royalisme est-il animé par les principes catholiques
ou uniquement un système type « démocratie + » ? Pour ce candidat aux présidentielles 2007, «
Cette ré-instauration d’un roi ne nécessite pas de bouleversements majeurs de nos institutions
politiques. Il suffit de suivre la logique de la Vème République. Remplacer le président par un roi
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ne ferait que parachever l’œuvre institutionnelle du Général de Gaulle » (cf. http://www.allianceroyale.com/article.php3?id_article=234). Evoque-t-il quelque part la royauté sociale de NotreSeigneur ?
Que penser du « président du comité scientifique du F.N. » dont le chef se déclare
ouvertement « démocrate churchillien » ?
Certes, ils sont tous braves et sympathiques, certainement de bonne foi, mais est-ce bien ce
qu’on leur demande ?
3) Du retour :
S’agit-il de la « n+1ème » Conférence-Débat où l’on se gargarisera des Rocco Butiglione,
d’un Marcelo Perra, des Samuel Alito et John Roberts ou pourquoi pas Madiran, Romain-Marie,
de Villiers et autre Hervé Gaymard ou François Bayrou ?
S’agit-il du retour de Dupanloup, de Lammenais, des chrétiens démocrates ? Est-ce pour la
gloire de Dieu ?
Ou s’agit-il du retour des Veuillot, Saint Pie X, P. Le Floch, Mgr Lefebvre, Salazar et autres
défenseurs authentiques de Jésus-Christ et de sa Royauté ?
Vraies questions :
En quoi un Institut se réclamant de la Tradition a-t-il besoin de faire appel à des personnes qui,
par leur vie publique, ont amplement démontrés qu’ils étaient en pratique en contradiction avec
ces principes ? Voire en opposition affichée pour certains, car il ne suffit pas de se dire
catholique, d’en avoir l’étiquette et de faire de longs discours pour agir en catholique !
1) Plutôt que de satisfaire une démangeaison activiste qui détourne les pères de famille de leurs
vrais devoirs politiques, ne ferait-on pas mieux de les leur rappeler à « temps et contretemps » ?
2) Plutôt que de théoriser autour d’une politique envisagée du point de vue moderne (ie
démocratique), pourquoi ne pas rappeler ce qui est premier : étudier la doctrine, se sanctifier en
famille et aider à cela les familles alentour, soutenir voir fonder des écoles catholiques (comme le
fond beaucoup de « conciliaires »), à œuvrer dans son métier, rayonner dans sa résidence, son
quartier ou village (à commencer par son voisin) …autrement dit, de se sanctifier pour sanctifier
la société ?
Il est vrai que cela a moins de panache, paraît inefficace, est ingrat… N’est-il pas plus facile de
luter contre un ennemi désigné (Musulman, gauchiste, complotiste, janséniste, machiste,
unijambiste, caviste, etc.) ?
Mais n’est-ce pas ce l’objet de ce texte critique ? « Quels sont vos états de service » direz-vous
spontanément ?
Sans vouloir justifier une dénonciation qui reste ponctuelle et qui vise surtout à faire réfléchir, je
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pense qu’on touche là le vrai problème : quels était les « états de service » des apôtres, de Priscille
et Aquilla, des premiers chrétiens ? Quels étaient les « états de service » de sainte Clotilde ou
sainte Geneviève ? Quels étaient les « états de service » des vendéens en 1790 ? Quels étaient les «
états de service » de Salazar lorsqu’il fut appelé au gouvernement ? Quels étaient les « états de
service » « politiques » de Pétain lorsqu’il fut appelé à la charge suprême ? Quels étaient les états
de service des parents de Mgr Lefebvre ? Quels étaient les « états de service » de Mgr Lefebvre la
veille du concile ?
Nous pourrions multiplier les exemples : tous ceux qui ont véritablement œuvré à la Chrétienté
politique n’avaient qu’un seul état de service : la soumission et la fidélité aux principes
catholiques. Ils ne brillaient pas aux yeux de leurs contemporains, ils n’organisaient pas de grands
congrès : leur force n’était-elle pas dans leur foi et leur fidélité ?
Ne soyons donc pas des tradis complexés (par notre faible nombre, notre exclusion ou notre
absence de « visibilité médiatique »), continuons notre travail ingrat quotidien et non « visible ».
D’ailleurs, grâce à Dieu, beaucoup de bien se fait déjà. Certes nous pourrions faire mieux, le tout
est de ne pas se laisser troubler. S’ils ne peuvent pas comprendre aujourd’hui (comment le
pourraient-ils ? Quel organe de formation donne de vrais principes politiques ?), laissons les «
agités » se fatiguer et sachons les cueillir pour les relever quand arrivera la déception qui fait suite
à chaque manifestation. Plus la manifestation est importante, plus elle fait illusion… Le « réveil »
est plus long à venir mais il finit par arriver…
Et là, l’alternative est la suivante:
soit l’on cherche à se « convertir », à s’unir plus profondément à Notre Seigneur,
soit on s’enfonce en retombant dans les mêmes travers. Une année on dénoncera un
congrès, l’année suivante on en organisera un qui n’en est qu’une pâle copie avec le même «
œcuménisme pratique » destructeur, véritable praxis marxiste !
A nous de tenter d’éclairer ceux qui le souhaitent…
« Réserver l’action pour l’avenir serait une faute ; réserver la vérité en serait une plus grande
encore. Car si l’on croit devoir surseoir aux principes, écarter les doctrines, les actes seront, une
fois de plus, ce qu’ils ont été et ce que nous les avons vus : de mauvais expédients du quart
d’heure, des évolutions dans la Révolution... » Oeuvres du cardinal Pie, tome 7, p. 110-111.
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