GOUVERNANCE DE LA ZONE EURO - Bureau d`information du
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GOUVERNANCE DE LA ZONE EURO - Bureau d`information du
Parlement européen Bureau d’information en France « GOUVERNANCE DE LA ZONE EURO : UN FÉDÉRALISME INÉVITABLE ? » : COMPTE-RENDU DE L’AUDITION POLITIQUE DE KARIM ZÉRIBI, DÉPUTÉ EUROPÉEN VERTS/ALE ET DE JÉRÔME CHARTRIER, DÉPUTÉ UMP DU VAL D’OISE, LE 11 FÉVRIER 2014 À L’ASSEMBLÉE NATIONALE (PARIS) Dans le cadre de la campagne des élections européennes, Europanova – think-tank fondé en 2003 par Guillaume Klossa – a lancé un cycle d’auditions politiques mensuelles afin de prendre en compte les préoccupations des Français et plus particulièrement des jeunes, s’organisant sur une période relativement courte (d’octobre 2013 à mai 2014), en partenariat avec La Chaîne Parlementaire – Assemblée nationale (LCP), Paris Match, The Huffington Post, Le Bondy Blog, Toute l’Europe et des lycées Jean Renoir de Bondy, Théodore Monod de Noisy-le-Sec et Alfred Nobel de Clichy sous Bois, ainsi que sous le hautpatronage de l’Assemblée nationale et du Parlement européen. Le 11 février dernier, une nouvelle audition politique s’est tenue, dans les locaux de l’Assemblée nationale réunissant Karim Zéribi, député européen Verts/ALE (circonscription Sud-Est) et Jérôme Chartrier, député UMP du Val d’Oise face à un jury de lycéens. La journaliste et chroniqueuse Rokhaya Diallo, a modéré le débat. Cette dernière introduit la discussion en demandant aux deux députés comment est né leur sentiment européen. Pour Jérôme Chartrier, ce fut lorsqu’il a été étudiant à l’ESSEC à travers un programme européen en partenariat avec d’autres universités dans les années 1990. C’est là qu’il a pris conscience de la réalité européenne, notamment dans son quotidien. Pour Karim Zéribi en revanche, ce sentiment est venu plus tard dans son engagement politique, en regard du monde extérieur. Il a pris conscience qu’à l’échelle de la mondialisation, la France ne peut plus faire grand chose et il s’est alors mis à rêver d’une Etats-Unis d’Europe. Rohkaya Diallo interroge par la suite, les deux protagonistes sur l’avenir de l’Euro, faiblesse ou atout de la construction européenne. Pour Karim Zéribi, l’Euro n’a rien à voir dans l’euroscepticisme actuel, il a même été protecteur face à la crise. Plus que la monnaie, il faut donner un nouvel élan pour l’Europe. Si on veut aller faire le fédéralisme européen, il faut aller vers une harmonisation (au niveau social et fiscal) qui n’existe pas à l’heure actuelle. On ne peut pas incriminer l’euro tout le temps, il faut faire en sorte de réduire les écarts et passer à la vitesse supérieure pour une Europe politique. Autrement dit, il faut aller vers une autre direction politique, ce qui ne veut pas dire refuser l’Europe. De son côté, Jérôme Chartrier pointe la monnaie unique comme révélateur des difficultés de l’Europe. A l’origine, l’Euro est un instrument politique, un rêve, née d’une ambition en 1992. Pour certains, lancer l’Euro c’était lancer l’Europe. Mais pour lui, c’était mettre la charrue avant les bœufs dans la mesure où on a pensé qu’on mettrait en place les institutions par la suite. Les choses ont changé avec la situation grecque. Selon, le député du Val d’Oise, l’Euro est le cœur du réacteur européen qui va déterminer la marche à suivre, notamment dans le cadre d’une Europe intégrée (il refuse de mentionner le thème fédéral). Dès lors, il s’interroge : l’Euro sera-t-elle une monnaie unique pour les pays forts de l’Europe ou bien encore une monnaie capable de fédérer le continent européen ? Par conséquent, le parlementaire est favorable à un élargissement de la zone euro (au-delà des pays membres de l’Union Européenne) notamment pour les pays qui ont besoin de ce nouvel instrument monétaire. Selon lui, la monnaie est politique et si on veut donner du poids à l’Europe politique, il faut que l’Euro rivalise avec les autres monnaies mondiales (dollar américain et yuan chinois en tête) Rokhaya Diallo donne ensuite la parole au jury lycéen composé d’élèves du lycée Théodore Monod de Noisy-le-Sec et Alfred Nobel de Clichy sous Bois. Une lycéenne de Noisy-le-Sec interroge les députés à propos de la concurrence entre travailleurs européens, une situation qui crée une discorde entre pays membres de la zone euro. Pour Jérôme Chartrier, la seule solution pour résoudre le problème, c’est l’enrichissement des nations. A moyen terme, selon lui, l’ensemble des pays de l’UE doit trouver le terrain de la croissance, ce qui suppose d’élargir la zone Euro. Toutefois, on est face à une difficulté majeure et il faut rester dans une logique d’accélérateur de croissance, une logique qui a profité à des pays comme la Pologne. Karim Zéribi a le sentiment qu’on n’a pas créé l’euro pour se faire de la concurrence entre États mais pour faire face aux défis actuels. A partir du moment où on est européen, il est tout à fait logique de pouvoir se déplacer sur l’ensemble des Etat-membres. Toutefois, il faut harmoniser les règles notamment en matière sociale. Or, explique-t-il, on s’est mis dans la difficulté sans compter qu’on ne sert pas de la monnaie comme instrument politique, et que, pendant ce temps, l’Europe s’est construite de manière technocratique. L’Europe a créé des distorsions entre Etats-membres. Pour lui, il faut mettre en place un traité de convergence sociale, c’est l’étape suivante. L’accent doit désormais être mis sur le social, si on ne le fait pas, on risque de désespérer les citoyens. Un lycéen de Clichy-sous-Bois pose, par la suite, une question surprenante aux deux parlementaires, leur demandant si, selon eux, l’Europe est-elle condamnée à mort, faisant suite à la lecture d’un « chapeau » sur BFM TV. Pour Jérôme Chartrier, cela n’a aucun sens, c’est juste du sensationnel. Il rappelle que l’Europe a une histoire et pour lui, cela est tout simplement impensable. De son côté, Karim Zéribi voit en ce chapeau, une marque de nostalgie pour celles et ceux qui regrettent une certaine époque. Mais c’est un leurre. Cela n’a aucun sens, c’est juste une posture électoraliste, c’est de la pure démagogie (et cela ne restera que dans le cadre de l’expression). La modératrice en profite alors pour relancer ses deux interlocuteurs en leur rappelant que’on a souvent vu des systèmes politiques s’effondrer dans l’Histoire et pourquoi l’Europe ne ferait-elle pas exception. Pour Jérôme Chartrier, rien n’est effectivement écrit mais cela est différent pour l’Europe. Pour lui, dire que l’Europe est morte, cela reste malgré tout un non-sens par rapport à l’Histoire. Quant à Karim Zéribi, il considère que l’Union européenne s’est bâtie sur le consensus et cette approche de l’Europe est plutôt rassurante. Aujourd’hui, 80% de la législation française est la transposition de directives européennes. Il faut garder le côté positif de l’Europe et notamment dans ses réalisations concrètes. Qui plus est, il faut un changement des mentalités notamment auprès des élus français. Son optimisme réside du fait qu’il s’est rendu compte de la force de frappe qu’a potentiellement l’Europe. Il faudrait dès lors, être plus Européen dans la mentalité et d’aller vers des valeurs communes, c’est l’enjeu des générations futures. Un autre lycéen de Clichy sous Bois s’interroge sur l’importance de l’Euro. Mais comment peut-elle rivaliser face au dollar ou au yuan ? Pour Jérôme Chartrier, la force du dollar ne tient pas uniquement au statut de première puissance mondiale des Etats-Unis mais sur le fait que ce pays s’est imposé dans le domaine de l’énergie et de l’aéronautique (là où le marché est libellé en dollar). La croissance américaine est en partie portée grâce à ces deux secteurs. Partant de ce constat, si l’Euro rivalise avec le dollar, il y aura un appel de la zone Euro et un moyen d’accélérateur de croissance très important. On est au cœur d’une compétition des monnaies et avoir un Euro fort partagé avec tous les pays, serait un moyen considérable pour cette monnaie qui deviendra la monnaie de référence. En développant l’Euro, on assure le poids politique de cette monnaie (et de l’Union européenne) et la croissance d’un continent. De son côté, Karim Zéribi met en avant l’enjeu du commerce international, et plus on partage l’Euro, plus l’Europe pourra rayonner. La conseillère aux affaires économiques de l’ambassade du Royaume-Uni en France interroge alors les deux députés. En tant que Britannique, elle rappelle que certains pays ne sont prêts à joindre l’Euro. Comment, dès lors, gérer cette situation à vingt-huit ? Jérôme Chartier en profite pour rebondir sur l’organisation par le gouvernement conservateur de David Cameron d’un référendum relatif au maintien ou non du RoyaumeUni dans l’Union européenne à l’horizon 2017. Lors d’un forum franco-britannique, il a senti que certains Britanniques gênés aux entournures. Pour lui, le Royaume-Uni n’est pas prêt à entrer dans la zone euro, le pays ayant, de toute façon d’autres préoccupations immédiates comme le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse prévu le 18 septembre prochain. Pour lui, le référendum est toujours un choix risqué surtout quand on n’a pas la méthode et la tradition référendaire, ce qui pose un risque sur les relations entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni et même entre la France et le Royaume-Uni. Il ne souhaite pas qu’il y ait un référendum en 2017 mais rien n’est fait et les travaillistes et certains conservateurs semblent embêtés. Toutefois, il est persuadé qu’on trouvera une solution même en cas de réponse négative du Royaume-Uni. De son côté, Karim Zéribi a rappelé que le Royaume-Uni a toujours eu une relation compliquée à l’Union Européenne. A ce titre, un député conservateur lui avait récemment confié son inquiétude par rapport à la montée du UKIP (le parti europhobe de Nigel Farage, député européen EFD) et, à ce titre, il se définit plutôt comme euro-réaliste. Le débat s’est ensuite conclu par un échange avec la salle, l’occasion pour les deux parlementaires de livrer leur sentiment final vis-à-vis de l’Union européenne. Si pour Karim Zéribi, il convient de changer l’orientation générale de l’Europe (avec notamment une Europe davantage sociale), pour Jérôme Chartier en revanche, il y a peu de chances que l’Europe soit fédérale au sens américain du terme. Il voit plutôt un ensemble intégré, raisonné (il s’inspire de la formule de Valéry Giscard d’Estaing à propos du système politique de la V° République qu’il qualifie de « parlementarisme raisonné ») dans lequel, les États jouent un rôle prépondérant, à l’instar de ce qu’on constate à l’heure actuelle.