Le bois signe une étable respectueuse de l`animal

Transcription

Le bois signe une étable respectueuse de l`animal
Territoires & Bois
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Le bois en milieu rural
L’ ÉTABLE
“ LA
VOIE LACTÉE ” AU HAMEAU DE STOCQUEU
Le bois signe une étable
respectueuse de l’animal
( AYWAILLE ) :
•
En 1991, l’asbl “La Voie Lactée”, malheureusement
disparue depuis, exploitait la première ferme
wallonne privilégiant la relation directe entre
l’agriculteur et le consommateur. Dans la petite
exploitation, les préceptes de l’agriculture bio-dynamique sont appliqués, une méthode
proche de l’agriculture biologique où la relation entre homme et animal est redéfinie.
C’est dans ce contexte si particulier que va naître une étable savamment méditée, où
le bois tient une place prépondérante.
Lorsque l’asbl “La Voie Lactée” contacte l’architecte liégeois
Éric Furnémont, c’est pour qu’il réalise une étable capable
d’accueillir une douzaine de vaches, son fenil, ainsi qu’un
vaste hangar attenant. Le concepteur découvre alors avec
curiosité et enthousiasme l’agriculture bio-dynamique.
Les relations qui lient l’éleveur à ses animaux sont empreintes
d’un respect rarement observé. En élevage “traditionnel”, les
vaches sont parquées l’hiver dans leur étable, en rang et le
plus souvent face à un mur. Pour cet animal grégaire où règne
une dominante, le sortir de l’enfermement est prétexte à des
combats, cherchant à rétablir les hiérarchies perdues, et ponctués de blessures. C’est pour éviter cela que souvent les agriculteurs leur scient les cornes.
En agriculture bio-dynamique, de telles pratiques n’ont pas
cours. Ici, l’étable idéale fut donc rêvée circulaire, afin que les
vaches puissent se voir et que perdure un lien hiérarchique.
Mais une telle organisation se révèle peu rationnelle pour l’éleveur : l’alimentation devrait se faire par le milieu et le circuit
de ramassage du fumier et des déchets serait moins pratique
qu’avec une étable en long.
Le plan de l’étable résulte de la confrontation entre ces deux
géométries : il est ovale. Ainsi, les vaches peuvent se regarder
et le fermier conserve une facilité de passage.
Avec son faîtage horizontal, l’étable s’installe discrètement
dans la pente d’une colline épousant les courbes de niveaux, à
un endroit sombre comme les apprécient les vaches.
Les matériaux de construction mis en œuvre sont le reflet de
deux préoccupations écologiques : écologie matérielle en prohibant les produits chimiques et écologie locale avec le choix
de matériaux de proximité, le bois au premier chef.
Sur un soubassement économique, blocs de béton et briques
de laitier, s’élève une étable réalisée en poteaux-poutres. Cette
structure est en mélèze de pays non traité, le toit en bardeaux
de la même essence, tandis que les murs sont confectionnés
avec des perches d’épicéa, des déchets de la scierie d’à côté.
L’étable est réalisée en grande partie par les membres de l’asbl
et des étudiants en architecture. Le hangar attenant ne verra
quant à lui jamais le jour. ❖
Vue générale sur le projet, en voie d’achèvement - Photo : © Éric Furnémont
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Aspects techniques
L’avantage des bardeaux avec
une toiture à double courbure
Éric Furnémont a imaginé une toiture complexe, ovale vue
d’en haut, rappelant la coque renversée d’un bateau. À partir
d’un faîtage et d’une rive tous deux horizontaux, la pente du
toit ne cesse de varier d’un bout à l’autre. C’est ce que l’on
appelle une toiture à double courbure, ou couverture gironnée.
Pour un tel toit, plus pentu aux extrémités qu’en son milieu, une
couverture en bardeaux de bois est un choix idéal. En effet le
bois est un matériau artisanal, facile à travailler. Il s’adapte avec
aisance à une telle géométrie changeante.
Utilisés en toiture, comme les ardoises, les bardeaux doivent se
recouvrir entre eux. Or la taille de ce recouvrement varie. Face à
une pente très prononcée, le recouvrement sera faible car l’eau
coule naturellement, et inversement. Mais avec une pente de toit
qui varie tout le temps, il va en résulter un pureau variable, le
pureau étant la partie non recouverte et donc visible du bardeau.
Pour répondre simplement à la contrainte du pureau variable, les
bardeaux furent coupés à la tronçonneuse à partir de tas de
planches de 3 m, en biais pour obtenir toutes les tailles possibles
entre 90 et 120 cm. Les ardoises en bois de 120 cm sont utilisées
au milieu, là où il faut le plus de recouvrement ; les plus petites
aux extrémités, où la pente est plus forte ; les autres, entre. En
regardant la toiture, le pureau reste identique partout.
Ci-dessus, le changement de pente du toit est perceptible - Photo: © Éric Furnémont
Année de construction : 1994
Durée des travaux : 6 mois
Surface (SHON) : environ 160 m2 pour l’étable, 160 m2 pour le fenil
Coût de la construction (HTVA) : environ 30 000 €
Maître d’ouvrage :
Asbl “La Voie Lactée”
Maître d’œuvre :
Atelier Chora - Architecte : Éric Furnémont
Tél. : +32 (0)4 222 21 32 - E-mail : [email protected]
Bureau d’études :
Bureau d’études Franz Dupont sprl
Tél. : +32 (0)2 644 32 76 - E-mail : [email protected]
Entreprise de construction :
Auto-construction
Ci-dessous, le bardage en perches d’épicéa - Photo : © La Fibre Comm.
caractéristiques de l’ouvrage
Ci-dessous, on remarque la forme ovale de l’étable - Photo : © La Fibre Comm.
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