Le trafic assourdit les vallées alpines - Alpen
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Le trafic assourdit les vallées alpines - Alpen
Le trafic assourdit les vallées alpines Le bruit est un fléau. Mais un camion ou un train de marchandises nuit davantage à notre ouïe lorsqu’il traverse la vallée uranaise de la Reuss ou la Léventine que quand il circule sur le Plateau. Dans l’arc alpin, la lutte contre le bruit pose des problèmes spécifiques: conditions de propagation du son particulières, vallées étroites offrant peu d’espace et situations fréquentes d’inversion thermique. mobilistes utilisent davantage les rapports de vitesse inférieurs, de sorte que le bruit des moteurs est plus important qu’en plaine. …le trafic ferroviaire aussi Contrairement au trafic routier, le trafic ferroviaire n’a que peu augmenté ces 20 dernières années. Toutefois, jusqu’en 1999, peu de progrès ont été réalisés sur le plan de l’insonorisation, étant donné les freins vétustes utilisés sur les wagons de marchandises. Ici aussi, des améliorations techniques permettent de réduire considérablement le niveau de bruit. Les trains Intercity modernes sont équipés de freins à disque peu bruyants. En revanche, les trains directs plus anciens et, surtout, les trains de marchandises ont encore des freins à sabot en fonte grise. Avec ce type de freins, des particules de fonte se déposent sur la surface de roulement des roues, ce qui crée des aspérités et produit des grincements et des sifflements particulièrement désagréables pour l’oreille humaine. Les essieux munis de freins à disque sont à peu près deux fois moins bruyants que les essieux dotés de freins à sabot en fonte grise. Les bruits de transmission d’un train se limitent à la locomotive Photo: Christof Hirtler Les Alpes sont l’espace de délassement le plus apprécié d’Europe. Pourtant, cela fait longtemps que l’univers montagnard n’est plus un havre de paix et de recueillement. Cinq millions de poids lourds vont et viennent chaque année dans l’arc alpin, troublant la tranquillité de la population et des visiteurs. Le chemin de fer est bruyant lui aussi. D’année en année, le nombre de trajets en transit par les Alpes augmente, et avec lui les nuisances phoniques. Les citadines et citadins ne sont donc pas les seuls à pâtir du bruit du trafic; les habitantes et habitants des Alpes aussi. Le trafic routier fait du bruit … Les deux tiers des marchandises transportées à travers les Alpes le sont par la route, et un tiers seulement par le rail. Les améliorations techniques et l’adoption par l’UE de valeurs limites plus sévères pour les poids lourds ont rendu les véhicules moins bruyants. Mais cette diminution du bruit a été compensée par l’augmentation du nombre de camions et de leur poids maximal autorisé, si bien que les émissions sonores globales sont restées stables ces 15 dernières années. A une vitesse de 80 km/h, les poids lourds sont en moyenne plus bruyants de 8 décibels que les voitures de tourisme; six voitures de tourisme produisent autant de bruit qu’un poids lourd. En montagne, avec les montées et les descentes, les chauffeurs routiers et les auto- Normalement, le bruit diminue à mesure que l’on s’éloigne de la route ou de la voie ferrée. En cas d’inversion thermique, toutefois, il ne diminue plus à partir d’une distance de 50 m. 0 Niveau de pression acoustique, dB re 7,5 m Les Alpes, espace de délassement? Une image trompeuse Propagation du bruit routier/ ferroviaire en cas d’inversion thermique -10 Propagation du bruit routier/ ferroviaire -20 -30 0 50 Distance, m 100 150 200 Diminuer le bruit ferroviaire grâce à de meilleurs freins. Système de freinage Freins à disque: des roues lisses roulent silencieusement Freins à sabot en matériau composite: moins chers que les freins à disque, moins bruyants que les freins à sabot en fonte grise Freins à sabot en fonte grise: des rugosités sur les roues produisent des grincements et des sifflements parfois insupportables ou à l’automotrice. Mais le véhicule tracteur est très court par rapport à la longueur totale d’un train. En revanche, les ventilateurs des refroidisseurs d’huile de la locomotive peuvent rendre celle-ci aussi bruyante que tous les wagons qui y sont attelés. Vallées alpines: propagation du bruit comme dans une grande ville Dans une vallée alpine étroite, le bruit du trafic se propage comme il le ferait dans une rue encaissée d’une grande ville. La mesure la plus simple de lutte contre le bruit serait de respecter une certaine distance entre les voies de communication et les zones habitées; mais les vallées de montagne n’offrent pas la place nécessaire. Depuis un versant de montagne, comme depuis le sommet d’un haut immeuble, la vue porte sur une longue portion de route ou de voie ferrée. Ce vaste espace dégagé n’oppose aucun obstacle au bruit. Dans les villes, les routes et les voies ferrées peuvent être mises en tranchée couverte, c’est-à-dire enterrées, ce qui supprime le bruit. Sur les longs tronçons traversant les vallées alpines à habitat dispersé, une telle mesure n’est guère réalisable. Et la pose de murs antibruit, qui constitue une solution meilleur marché, est moins efficace en montagne qu’en plaine, étant donné la déclivité du terrain. Dans les vallées alpines, la place manque pour une distance suffisante par rapport à la source de bruit – ce serait pourtant la mesure la plus simple pour s’en protéger. Souvent, dans les vallées alpines, les constructions, forêts, collines et autres obstacles amortissent moins efficacement le bruit que ce n’est le cas en région de plaine, car la déclivité permet au son de se propager sur de grandes distances sans rencontrer d’obstacle. Et quand, malgré tout, des obstacles se trouvent sur le chemin de propagation le bruit, ils le réfléchissent, générant des phénomènes d’écho L’unité utilisée pour mesurer le bruit perçu par l’oreille humaine est le niveau de pression acoustique, exprimé en décibels (dB). Une hausse de 1 dB est déjà perceptible, et une hausse de 10 dB est perçue par l’oreille humaine comme un doublement du bruit. Le doublement du nombre de véhicules sur une voie de circulation augmente le niveau de pression acoustique de 3 dB, un décuplement l’augmente de 10 dB. gênants. Selon les conditions atmosphériques, les ondes sonores qui rencontrent un obstacle peuvent être diffractées plusieurs fois dans l’atmosphère, de sorte que le bruit «saute» les obstacles. Les situations d’inversion thermique renforcent le potentiel de propagation du bruit En principe, le son s’atténue à mesure que l’on s’éloigne de sa source. De plus, le sol et l’air amortissent le bruit. Mais, dans les vallées de montagne, certaines conditions atmosphériques peuvent atténuer ce phénomène. C’est tout particulièrement vrai en cas d’inversion thermique, lorsque les rayons du soleil réchauffent les couches d’air supérieures, mais pas le fond de la vallée, à cause de l’ombre des montagnes. Le bruit reste alors «piégé», en quelque sorte, dans les couches plus froides situées à proximité du sol, ne parvenant pas à se propager vers les couches supérieu- Effet de «cloche à fromage» dû aux conditions atmosphériques et à la topographie: le bruit se propage sur de plus grandes distances. res, plus chaudes. Avec ces phénomènes d’inversion de température, fréquents dans les vallées alpestres, le bruit ne diminue presque plus à mesure que l’on s’éloigne de la route ou de la voie ferrée. En raison des inversions et des phénomènes d’écho se produisant sur les versants des montagnes, le niveau sonore à une certaine distance des voies de communication est beaucoup plus élevé dans les vallées alpines que sur le Plateau. Des conditions météorologiques et topographiques particulières rendent la région alpine plus sensible au bruit que les régions de plaine. Tenir compte de la direction principale des vents dans les travaux d’étude Lorsque le vent souffle à sens contraire des ondes sonores, le bruit routier ou ferroviaire est très atténué; lorsqu’il souffle dans le même sens que les ondes sonores, le bruit est propagé sur de grandes distances. En montagne, les vents prennent des directions caractéristiques, généralement orientées dans le même sens que la vallée, de sorte qu’il y a juxtaposition de zones à forte atténuation acoustique et de zones à faible atténuation acoustique. Malheureusement, ce fait n’a été que peu pris en compte jusqu’ici dans l’étude et la réalisation des voies de communication et des zones d’habitation. Les valeurs limites pour le bruit sont surtout dépassées durant la nuit Le bruit, c’est du son indésirable ayant des effets négatifs sur les personnes qui y sont soumises. Les dispositions légales sur la protection contre le bruit tiennent compte du fait que les êtres humains ressentent le bruit ferroviaire comme moins gênant que le bruit routier. La législation sur la protection contre le bruit et son ordonnance prescrivent des valeurs limites différentes pour le jour et la nuit et en fonction de l’affectation des zones. pour mettre en œuvre rapidement l’article constitutionnel sur la protection des Alpes. ● Interdiction de circuler la nuit et le weekend: Les interdictions de circuler la nuit et le week-end sont des mesures de politique des transports efficaces pour combattre le bruit. Il faut donc les maintenir et même les Le bruit produit par un axe de circulation passant à flanc de montagne se propage surtout vers le haut. Les zones situées en dessous sont moins exposées. zones d’ombre phonique zones d’ombre phonique Trafic ferroviaire 10 5 0 Murs antibruit ● Moins de trafic: C’est la réduction du volume global de trafic qui abaisse le plus efficacement l’intensité sonore. ● Les marchandises sur le rail: Là où il n’est pas possible de réduire le trafic, il est impératif de transférer autant que possible le trafic de marchandises sur le rail. Le transfert de trafic recèle un gros potentiel de réduction du bruit – un argument de plus Trafic routier 15 dB Sabots de frein en synthét. sur tous les wagons march. Les mesures ci-après permettent de s’attaquer au bruit à la racine: Efficacité de différentes mesures de réduction du bruit dans le trafic automobile lourd à travers les Alpes. Murs antibruit Du côté du rail, le volume de trafic diurne et le volume de trafic nocturne sont à peu près équivalents dans l’arc alpin. La part du trafic marchandises est cependant nettement plus importante la nuit que le jour, et en raison du caractère plus bruyant des wagons de marchandises, le niveau sonore est plus élevé durant la nuit. Avec des valeurs limites nocturnes de 10 dB inférieures, c’est donc également la nuit qu’interviennent la plupart des dépassements des valeurs limites dans le trafic ferroviaire. Revêtements de chaussée «silencieux» L’interdiction de circuler la nuit est une mesure efficace de protection contre le bruit. étendre sur un plan international. En interdisant le trafic automobile lourd durant la nuit, on diminue fortement les nuisances sonores – alors que, durant la journée, la circulation des poids lourds n’augmente que légèrement le niveau sonore. Considéré sur 24 heures, le niveau sonore diminue, pour un même volume de trafic. Les limitations de vitesse pour les voitures de tourisme ont également des effets perceptibles durant la nuit. ● Revêtement routier «silencieux»: Pour diminuer l’impact des routes sur le niveau de bruit, un nouveau revêtement «silencieux» a été mis au point («drain asphalt»). D’une Interdiction nocturne de circuler leurs limites sont beaucoup plus fréquents la nuit que le jour. L’interdiction de circuler la nuit pour les camions est donc la mesure la plus efficace pour éviter le bruit nocturne, particulièrement gênant, et les dépassements des valeurs limites y relatives. part, il absorbe mieux le bruit de roulement des voitures et camions que l’asphalte conventionnel. D’autre part, l’eau s’écoule plus rapidement à sa surface, ce qui diminue le risque de verglas. Grâce à la combinaison de ces deux effets, l’utilisation de ce nouvel asphalte est particulièrement indiquée sur les routes alpestres. ● Pneus et moteurs silencieux: Les pneus tout terrain à gros profil sur les voitures particulières augmentent considérablement le bruit de roulement et le rendent plus désagréable. Le projet de prescrire via la loi des pneus plus silencieux en est encore à ses débuts. Il serait aussi possible techniquement d’améliorer l’insonorisation du bloc moteur, des organes de transmission et de l’échappement. ● Freins moins bruyants sur les véhicules ferroviaires: Dans les chemins de fer, l’utilisation de sabots de frein en matière synthétique empêche le dépôt de matière de frein sur la surface de roulement des roues, diminuant ainsi fortement la production de bruit. L’Office fédéral des transports prévoit que la totalité du matériel roulant helvétique devra être équipée de cette façon d’ici à 2009. Ceci devrait bien entendu s’appliquer aussi aux trains internationaux de marchandises et de voyageurs dans le transit alpin. De plus, pour pouvoir tirer pleinement bénéfice, sur le plan acoustique, des investissements réalisés en faveur de rails plus lisses, il est indispensable d’améliorer le système antiblocage et le système de freinage des locomotives dans le trafic alpin. La maîtrise des bruits aérodynamiques des trains à grande vitesse est plus difficile. Des profils de pantographes plus silencieux ont été développés pour ces trains. Sabots de frein en synthét. sur les wagons march. CH Le long des grands axes de transit ouverts à la circulation nocturne des poids lourds, le niveau de bruit nocturne est d’environ 6 dB inférieur au niveau diurne. Or, les valeurs limites sont de 10 dB inférieures pour la période nocturne que pour la période diurne, de sorte que les dépassements des va- Ce que demande l’Initiative des Alpes Trafic routier: ● Maintenir l’interdiction de circuler la nuit pour les poids lourds, la faire connaître et l’introduire dans l’UE ● Prescrire en Suisse et dans l’UE des valeurs limites d’émission plus sévères en ce qui concerne le bruit des véhicules routiers (camions, voitures, motos): pneus silencieux, insonorisation des moteurs, des organes de transmission et de l’échappement ● Poser des revêtements de chaussée silencieux («drain asphalt») ● Accélérer la pose de murs antibruit Trafic ferroviaire: ● Accélérer le programme d’installation de freins à disque (ou, du moins, de sabots de frein en matière synthétique) sur tous les wagons et toutes les locomotives des chemins de fer suisses ● Limiter l’accès au réseau suisse: le matériel roulant étranger ne doit pouvoir circuler en Suisse que s’il est peu bruyant (freins à disque ou, du moins, sabots de frein en matière synthétique) ● Accélérer la pose de murs antibruit ● Encourager un entretien rigoureux des rails (meulage) Sur un plan général: ● Réduire le trafic: c’est le moyen le plus efficace de lutter contre le bruit à la source ● Transférer le trafic de marchandises sur le rail, comme le prescrit l’article constitutionnel sur la protection des Alpes ● Tenir compte des spécificités alpines et y accorder plus d’importance dans l’évaluation des nuisances phoniques ● Aditionner le bruit routier et le bruit ferroviaire dans l’évaluation des zones exposées à des nuisances phoniques ● Créer des zones de tranquillité où s’appliquent des normes particulièrement sévères en matière de protection contre le bruit ● Exiger la preuve de la compatibilité des émissions phoniques avec les spécificités alpines dans la construction et le développement des axes de transport ● Mieux choisir l’emplacement des axes de transport et des zones d’habitation en fonction des émissions phoniques dans le cadre de l’aménagement du territoire Pourquoi le trafic génère-t-il plus de bruit dans les Alpes? ● ● ● ● ● ● Exiguïté des vallées: La place manque dans les vallées alpines pour respecter des espaces suffisants entre les voies de communication et les zones habitées. Conditions semblables à celles d’une grande ville: Dans les vallées alpines, le son se propage comme dans une rue encaissée d’une grande ville. Dans les Alpes, toutefois, la mise en tranchée couverte des voies de communication n’est guère réalisable, compte tenu de la grande longueur des tronçons et de la dispersion de l’habitat. Comme dans un amphithéâtre: L’effet atténuateur des bâtiments, de la végétation ou des obstacles topographiques sur le bruit est moins fort dans les vallées alpines qu’en région de plaine, car la déclivité crée de vastes espaces dégagés où le bruit de la route ou de la voie ferrée peut se propager à grande distance. Sensibilité particulière au bruit: Dans les Alpes, des conditions atmosphériques spécifiques – vents et inversions thermiques notamment – font que le bruit se propage davantage que dans des conditions atmosphériques «normales» de plaine. En raison de ses particularités atmosphériques et topographiques, la région alpine est plus sensible au bruit que les régions de plaine. Faible efficacité des murs antibruit: En raison de la déclivité et de fréquentes inversions thermiques, les murs antibruit sont moins efficaces en montagne qu’en plaine. Des moteurs plus bruyants en montagne: Sur les routes alpines de transit, avec des montées et des descentes, les chauffeurs routiers et les automobilistes utilisent des rapports de vitesse inférieurs, de sorte que les moteurs font plus de bruit qu’en terrain plat. Etudier correctement les murs antibruit La construction de murs antibruit le long des routes et des voies ferrées fait partie depuis de nombreuses années des mesures les plus visibles et les plus coûteuses en matière de protection phonique. La liaison directe avec la source sonore est rompue, mais le bruit n’est fortement réduit qu’à proximité. Plus les véhicules, d’une part, et les bâtiments à protéger, d’autre part, sont éloignés du mur, plus l’effet protecteur est faible. Les parois antibruit sont plus efficaces contre le bruit ferroviaire que contre le bruit routier. Les grands axes routiers servant au transit alpin possèdent quatre à six voies de circulation, plus les accotements, audelà desquels le mur antibruit peut être construit. Les distances entre les voies de circulation et le mur sont donc beaucoup plus grandes que les distances entre les voies ferrées et le mur. Ces murs amortissent donc beaucoup mieux les bruits de roulement du trafic ferroviaire que ceux du trafic routier. Le bruit généré par les voies de communication construites à flanc de montagne pourrait être amorti plus efficacement par des murs dont le bord supérieur absorbe le son. Au sein du programme suisse d’assainissement phonique, les murs antibruit occupent une place de choix. Pour de plus amples informations: Le rapport intégral (en allemand seulement) peut être téléchargé à partir de notre site Internet www.initiative-des-alpes.ch. Source: Müller-BBM Schalltechnisches Beratungsbüro / Dr.-Ing. U.J. Kurze: Lärm im Alpenraum durch Strassen- und Schienenverkehr. Planegg bei München, octobre 2001. Etude réalisée sur mandat de l’Initiative des Alpes. Impressum: Editeur: Initiative des Alpes case postale 28, Kapuzinerweg 6, 6460 Altdorf 1 tél. 041 870 97 81, fax 041 870 97 88 e-mail: [email protected] Homepage: www.initiative-des-alpes.ch CCP: 19-6246-9 Swift-Code: POFICHBE Rédaction: Jan Gürke Mise en pages: Christof Hirtler Impression: Spühler Druck, Rüti