RACINES205 - Mars 2010

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RACINES205 - Mars 2010
La savonnerie artisanale Martin de Candre
à Fontevraud-l’Abbaye est l’une des dernières,
en France, à fabriquer en série par saponification.
Par Christine Grandin
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du bien-être
Savons à l'ancienne, compléments alimentaires,
cosmétiques, les entreprises de la région n'ont pas attendu la vague
verte et la mode du “bien-être” pour produire dans ce domaine.
En Anjou
Le savon à raser a la cote !
Q
ui l'eu cru ? On s'arrache à Paris
et ailleurs, dans les salons de
beauté, les spas ou chez les coiffeurs chics, l'inimitable savon à raser
Martin de Candre ! Réalisé à l'ancienne,
on l'utilise avec un blaireau (c'est la
grande mode !). Il fait l'objet d'une
potion cosmétique inédite à la lavande
et à la menthe et nécessite un séchage
à l'air libre de six mois. C'est aujourd'hui
le produit phare de cette savonnerie
familiale de Fontevraud-l'Abbaye, près
de Saumur, où savoir-faire ancestral
rime avec créativité.
Au départ, au début des années
1970, une rencontre, une amitié. “Ma
mère, Rosine Dauge, a repris le savoir-
faire et les recettes données par un
savonnier de Vierzon qui n'avait pas de
successeur et qui s'en désolait”, raconte
aujourd'hui, Marie-Amélie de Courcy,
sa fille, gestionnaire et responsable de
la communication de l'entreprise, qui
travaille de concert avec sa sœur
Hélène. C’est elle, qui, quatre fois par
semaine, mélange soude et huiles végétales pour fabriquer, à l'ancienne, les
pains de savon.
Un esprit familial qui perdure depuis
plus de trente ans, depuis la création
en 1974 d'un petit atelier où l’on travaille sur un pétrin de boulanger. Puis
à l'intérieur de la grange du domaine
de Mestré, la plus grande des proprié-
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tés en fermage de l'abbaye de Fontevraud, rachetée par cette famille d'agriculteurs et de transporteurs de pierre
de taille, après la Révolution.
Une partie de ces magnifiques bâtiments de tuffeau a été restaurée pour
accueillir la boutique-exposition(1), audessous des petits ateliers de fabrication et de conditionnement. Sept salariés
y reproduisent les gestes ancestraux de
séchage, d'emballage, avec, pour certaines tâches, l'aide de la technicité
contemporaine. “Nos sommes parmi
les derniers artisans à travailler en maîtrisant entièrement la saponification de
A à Z, telle qu'on la réalisait autrefois”,
commente Marie-Amélie.
mars 2010
La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine
(Photo : Martin de Candre)
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
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En Vendée
Car ici point de gras de cochon (étiqueté 100 % glycérine sur les savons
de supermarché !), de produits chimiques ou de synthèse pour les parfums, ou de colorants pour la couleur.
Pour fabriquer les savons de toilette ou
le simple savon de ménage, on fait de
l'empâtage à chaud (selon l'antique procédé de Marseille), à partir d'huile
d'olive, de coprah ou de palme. La réaction avec quelque gouttes de soude
donne une pâte en fusion à 110° C, la
saponification. À laquelle on ajoute,
toujours à chaud, les huiles essentielles
(extraits naturels là aussi), pour les parfums. Bruyère, lavande, citron, benjoin,
tolu, miel ou thym-girofle-cannelle, il
suffit d'entrer dans la boutique pour
s'enivrer de senteurs. La pâte de savon
est ensuite mise à refroidir dans des
bacs en bois, découpée, mise à sécher
plusieurs semaines et ensachée selon
sa forme. Des neuf pains réalisés par
semaine sur dix mois, on obtiendra de
100 à 800 savons par bloc, selon leur
taille et leur forme. La savonnerie a également élargi sa gamme aux shampoings, huiles pour le corps, bainmousse ou eaux de toilette.
Et le joli nom de la marque, d'où
vient-il ? De pas très loin. De CandesSaint-Martin, le pittoresque village voisin longeant les bords de Loire, dont le
nom, légèrement poétisé par Rosine
Dauge, fait aujourd'hui la notoriété d'une
bien belle idée !
Les petites pilules de Strapharm
Trois questions à Arnaud de
Yrigoyen, directeur général de
Strapharm à Saint-Hilaire-de-Loulay, fabricant de compléments
alimentaires.
Strapharm a été créée en
1987. Quelles ont été les évolutions de votre entreprise ?
Nous sommes, à ma connaissance
l’entreprise la plus ancienne, en Vendée, dans le secteur des compléments
alimentaires. À ses débuts, l’entreprise
avait exclusivement pour vocation la
fabrication de l’aspartam. Après son
rachat par l’actionnaire actuel (1990),
la production s’est orientée vers le
façonnage des compléments alimentaires. Notre métier de base est de les
formuler, de faire leur “recette”. Nos
clients sont la para-pharmacie, les
laboratoires pharmaceutiques, les
enseignes spécialisées dans le sportif, les acteurs de la vente par correspondance (VPC), notamment sur
internet, qui se développe beaucoup.
Nous créons ou nous complétons pour
eux leurs gammes de compléments
alimentaires. Et depuis cinq ans, le bio
a tendance à monter en puissance.
Savonnerie Martin de Candre, Domaine de
Mestré, à Fontevraud-l'Abbaye. Ouvert de 9 h à
12 h et de 14 h à 19 h tous les jours, sauf
dimanches et jours fériés. Catalogue gratuit sur
demande. Vente par correspondance et par internet. Contact au 02 41 51 75 87, sur www.martinde-candre.com et www.savonaraser.com.
Emballage
raffiné
et produits
de qualité :
une gamme de
toilette élaborée
à partir d'huiles
végétales.
(Photo : Martin de Candre)
(1) L'ancienne grange vient d'être transformée en
musée avec une collection inédite et ancienne
d'affiches et d'objets publicitaires pour le savon
qui se visitera à partir de juin.
Que fabriquez-vous ?
Dans nos 3 000 m2 de locaux,
nous configurons les matières sèches
sous quatre formes : les comprimés,
nus, dragéifiés, effervescents, à avaler, ou à sucer (60 % du chiffre d’affaires) ; depuis 2005, les gélules,
dont l'enveloppe est à base de gélatine de porc, d'extraits végétaux (cellulose pour l'agrément bio) ou marins
(gélatine de poisson) ; la poudre en
sachet, avec des mélanges vitaminés ou hyperprotéinés. Nous
sommes les seuls, en France, à fabriquer des chewing-gums en dragées
dans le cadre des compléments alimentaires (20 % du CA). Ces produits bruts sont conditionnés sur une
chaîne (blister, tube, pilulier, étui
pocket), puis livrés à nos clients, quel-
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“Nous sommes les seuls à fabriquer des chewing-gums en dragées
compléments alimentaires”, explique
Arnaud de Yrigoyen, directeur du site.
quefois avec un présentoir. Vitamines, minéraux, extraits de plantes,
soit en substance de synthèse, soit
naturelle, voire bio, nous sont vendus transformés (extraits) par des
fournisseurs français, du Maine-etLoire, entre autres. Nous sommes
aujourd'hui une vingtaine de salariés, et notre capacité de fabrication
oscille entre 250 et 400 tonnes par
an.
Quel est votre regard sur la
“vague verte” des produits
naturels ?
Le marché des compléments alimentaires s'est beaucoup développé
depuis une petite dizaine d'années
et a vraiment pris de l'ampleur il y a
cinq ans. Aujourd'hui, c'est un peu
moins vrai, il est stationnaire et un
peu essoufflé, surtout avec la crise.
Et puis, il est fortement attaqué par
les lobbies de la pharmacie, qui voudraient bien le récupérer, en le détachant de l'industrie agro-alimentaire.
Ce sont déjà des produits de confort,
voire de luxe pour certains, et cela
va le devenir encore plus si l’on
prend cette orientation para-médicale. L'évolution, je pense, se fera
sur les comprimés ou gélules bio.
Les consommateurs de ce genre de
produits préférant, en règle général, payer un peu plus cher pour
avoir de la qualité et la sécurité alimentaire.
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À Thouars
ivadouce” vous connaissez ? Depuis 1971, cette
marque de produits de
beauté et de santé pour toute la
famille est produite par les lLaboratoires Rivadis, implantés à Thouars
sur quelque 12 000 m 2 . C’est le
“bébé” d’un pharmacien, Michel
Rival, spécialisé au départ dans la
cosmétique pointue pour les maternités. Mais il s’aperçoit alors que le
marché de l’hygiène et du bien-être
était aussi important au sein de la
famille.
Dix ans plus tard, un site unique
sort de terre à Thouars pour réunir le
siège social, un laboratoire de
recherches et l’unité de fabrication.
Puis c’est l’acquisition en 1997 des
Thermes de Saint-Gervais-les-Bains
(Haute-Savoie), avant le développement progressif d’autres marques
comme Michel Rival, Dialim, Milton,
etc. Une gamme qui comprend des
compléments alimentaires, des soins
du visage et du corps, du savon surgras au shampoing à l’huile d’argan…
Pas un hasard si le laboratoire a
été installé à l’entrée de la société. Il
est le symbole fort de cette entreprise
tournée vers l’innovation et la traçabilité des produits. Une vingtaine de
personnes y travaillent. Ici, on met au
point, on développe, on finalise et on
“R
contrôle. Rivadis maîtrise
toute cette chaîne. C’est
désormais 500 références
au catalogue qui sont sorties de ses murs, dont vingt
nouveautés chaque année,
finalisées dans la toute
nouvelle unité de fabrication qui jouxte le labo de
recherches et de développement, avant le passage
par l’entrepôt logistique
informatisé.
“Le prix dans le pro185 salariés travaillent pour l’entreprise
duit est notre leitmotiv.
deux-sévrienne Rivadis qui parie sur l’innovation.
Nous sommes d’abord des
développeurs inventeurs. Notre force, entourage, de bénéficier de comc'est la formulation riche de nos pro- mandes pour eux-mêmes. Le grand
duits”, insiste Frédéric Adam, direc- public peut aussi y avoir accès via
teur des opérations industrielles notre site Internet(1), et nous étudions
mettant ainsi l'accent prioritaire sur la actuellement l'opportunité d'une diffuqualité des composants et le contrôle sion plus large”, explique Frédéric
permanent de la production. Pour sa Adam.
ligne de soins dermatologiques “SaintDominique Michonneau
Gervais-Mont-Blanc”, Rivadis utilise
dans la fabrication 100 % de l’eau
thermale pure de Saint-Gervais-lesLaboratoires Rivadis en chiffres : 500 réféBains, réputée pour ses propriétés rences de produits (3 100 tonnes), 180 000
cicatrisantes, apaisantes et déconges- commandes expédiées par an, plus de 40 miltionnantes (peaux sensibles, sèches et lions d’euros de CA et 185 salariés à Thouars
et Nantes (marketing et commercial).
atopiques).
“Notre cœur de clientèle est dans L'entreprise familiale Rivadis est aujourd’hui
reprise par la famille du fondateur : Véroles collectivités hospitalières, et nous nique et Christian Lainé.
avons la particularité de permettre au
personnel soignant, mais aussi leur (1) Site Internet : www.rivadis.com.
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(Photo : Rivadis)
Laboratoires Rivadis, du bébé aux parents…