l`Alsace est devenue t
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Introduction générale Depuis les traités de Westphalie (1648) et la reddition de Strasbourg (1681), l’Alsace est devenue terre française. Mais, la province « réputée étrangère » de Louis XIV ne s’intègre que peu à peu à l’ensemble français. Jusqu’à la Révolution française, l’allemand est couramment employé dans les tribunaux inférieurs et les administrations, les facultés et les écoles. Il faut attendre la Révolution puis l’Empire pour que l’unification morale puis sociale scelle l’Alsace à la France. Cette unification est favorisée par la participation des Alsaciens aux événements décisifs qui façonnent la France sous la Révolution et l’Empire napoléonien où se distinguent des maréchaux alsaciens comme Kléber, Rapp, Lefebvre ou Kellermann. Cependant, cet engouement pour ce qui est français demeure le privilège d’une élite sociale. Il faut attendre le second Empire pour voir l’école primaire répandre avec un certain succès la langue « nationale » dans les campagnes. Les particularités alsaciennes, la présence d’une forte communauté protestante et surtout le maintien d’un dialecte germanique, sont autant d’arguments qui ont alimenté outre-Rhin des courants à vocation pangermanique et ce dès la chute du Premier Empire. Après la victoire sur l’Autriche à Sadowa en 1866, l’objectif du chancelier Otto von Bismarck est de pousser la France à déclarer la guerre à la Prusse afin d’obtenir le soutien des Etats du Sud de l’Allemagne dans son projet d’unification allemande autour de la Prusse et intégrer à ce futur Etat l’Alsace-Lorraine au nom du nationalisme allemand. La France isolée politiquement tombe dans le piège de la dépêche d’Ems tendu par Bismarck et déclare la guerre. Les hostilités qui débutent le 2 août 1870 sont marquées par une succession de défaites, notamment en Alsace à Wissembourg et Froeschwiller. La capitale alsacienne subit par ailleurs un siège dévastateur de 46 jours. Malgré les protestations des députés alsaciens et lorrains à l’Assemblée nationale de Bordeaux, la paix de Francfort (26 février-10 mai 1871) est signée. L’Alsace et une partie de la Lorraine sont cédées au Reich allemand (1,7 millions d’habitants ; 2,6% du territoire national) et deviennent une terre d’Empire (Reichsland), propriété commune de tous les Etats allemands de l’Empire, c’est-à-dire une terre qui, bien qu’appartenant à l’Empire ne bénéficiera pas de l’autonomie des autres Länder. Jusqu’au 1er octobre 1872, en vertu de l’article 2 du Traité de Francfort, les AlsaciensLorrains désirant conserver la nationalité française peuvent opter pour la France en s’y installant. Ces départs sont compensés par une importante immigration allemande (1/6e de la population en 1910), traduisant une volonté de germanisation (volonté d’imposer la civilisation et le caractère allemands) du Reichsland qui s’appuie par ailleurs sur l’école et l’armée. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les députés alsaciens et lorrains au Reichstag (Assemblée nationale) sont des protestataires dénonçant l’annexion. Avec le développement économique et social du Reichsland, la protestation contre l’annexion laisse progressivement la place à des revendications autonomistes face à Berlin. Cependant, la question reste complexe. L’Alsace est prise entre le marteau et l’enclume. En France se développe un courant réclamant avec passion le retour de l’Alsace dans le giron de la mère patrie tandis que Berlin campe sur une position de méfiance à l’égard des Alsaciens. La liesse qui accompagne la libération de l’Alsace en 1918 se transforme rapidement en un désenchantement face aux maladresses de l’administration française, preuve s’il en faut que cette région n’a pas été comprise par les deux camps.