cas du titane
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ARTEFACTS INDUITS PAR LES MATERIAUX DE RECONSTRUCTION ODONTO-STOMATOLOGIQUES : CAS DU TITANE S. SAVANE (1), A. C. N'DINDIN (2), G. B. N'DINDIN (3), P. A. KOUAME (4), D. DOYON (5) INTRODUCTION Figure 1 : Implants expérimentaux testés Les artéfacts (fausses images) induits par les alliages précieux et non précieux habituellement utilisés en odonto-stomatologie est une réalité (4, 11, 13, 16, 27) parce qu'ils perturbent la lecture des IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) des régions crânio-encéphaliques, du rachis cervical et de la moelle. Cela est à l'origine de nombreuses erreurs de diagnostic (9, 10, 18, 20, 24, 25, 29, 31). Les alliages de Titane sont aujourd'hui incontournables en implantologie pour leur parfaite ostéo-intégration (1, 5) et leurs remarquables propriétés de biocompatibilité (15, 22, 23, 30). De plus, leurs propriétés mécaniques exceptionnelles (19, 26, 30) en font des alliages pleins d'avenir dans de nombreuses applications odonto-stomatologiques (8, 26). Quels types d'artéfacts sont induits par le titane et ses alliages ? Ces artéfacts sont-ils importants au point d'entraîner des conséquences sur les IRM ? C'est à ces questions que nous tenterons d'apporter un début de réponse dans ce travail qui se propose de réaliser un essai d'évaluation in vitro de deux types d'implants expérimentaux en alliage de Titane. MATERIEL ET METHODE Deux types d'implants élaborés par la société SIMPA de Toulouse et offerts par L. GINESTE (14) ont été testés (fig. 1) dans le service de neuroradiologie du C.H.U. de BICETRE. 1- Service de Radiologie (UFR d'Odonto-Stomatologie Abidjan) 2-- Service de Prothèse (UFR d'Odonto-Stomatologie Abidjan) 3- Service d'O. D. F. (UFR d'Odonto-Stomatologie Abidjan) 4- Service d'odontologie chirurgicale (UFR d'Odonto-Stomatologie Abidjan) 5- Service de Neuroradiologie CHU BICETRE Le premier est en alliage de titane Aluminium 6 Vanadium 4 (T16 A14V) correspondant à la norme ISO 5832, utilisé pour la fabrication des implants chirurgicaux. Sa composition chimique et ses propriétés mécaniques (conformes à la norme ISO) figurent dans les tableaux I et Il. Le deuxième implant a la même composition et les mêmes propriétés que le premier mais il a été recouvert d'une couche de phosphate de calcium, l'hydroxyapatite, qui permet d'obtenir une interface os implant stable et hautement biocompatible14. Tableau I : Composition chimique des implants (L. GINESTE) Eléments Limites de la composition % Aluminium 5,5 à 6,75 Vanadium 3,5 à 4,5 Fer 0,3 max. Oxygène 0,2 max. Carbone 0,08 max. Azote 0,05 max. Hydrogène 0,015 max. Titane Balance Odonto-Stomatologie Tropicale 2001 - N°95 Artefacts induits par les matériaux... Tableau II : Propriétés mécaniques des implants (L. GINESTE) Forme de l'alliage Résistance à la traction min. MPA Limite d'élasticité à 0,2 % min. MPA Allongement min. % Coefficient de striction min. % Tôles et feuillards 860 780 8 sans objet Barres 860 780 10 25 Ces implants sont placés sur un gobelet plastique à une hauteur prédéterminée et soigneusement installés dans un bac en plastique contenant de l'eau. Ils ont été ensuite introduits dans un imageur IRM à haut champ général à 1,5 Tesla (CHU de PURPAN, Toulouse), avec une antenne tête, des séquences en spin écho pondérées TI et T2 et des séquences en écho de gradient. Figure 2 : Artéfacts provoqués par les implants expérimentaux A B Au cours des séquences en spin écho T1, les matrices ont été variées. Ainsi, ont été utilisées : C D - des séquences spin écho en pondération T1 - Temps de Répétition (TR) = 500ms - Temps d'Echo (TE) = 12 ms avec une matrice de 256 x 128. - Temps d'Echo (TE) = 14 ms avec une matrice de 256 x 192. - Temps d'Echo (TE) = 17 ms avec une matrice de 256 x 256. E Zones arrondies vides de signal avec des zones d’hypersignaux situés aux pôles supérieur et inférieur. Ces zones augmentent de taille en fonction de la séquence choisie. C - SE pondérée T1 256 x 256 D - SE pondérée T2 256 x 192 E - EG pondérée T1 256 x 192 - des séquences spin écho en pondération T2 - Temps de Répétition (TR) = 2000 ms - Temps d'Echo (TE) = 100 ms avec une matrice de 256 x 192. - des séquences en écho de gradient pondérées T1 - Temps de Répétition (TR) = 500ms - Temps d'Echo (TE) = 11 ms avec une matrice de 256 x 192. Tableau III : Mesure des surfaces Surfaces(mm2) / Séquences RESULTATS Les résultats sont présentés à la figure 2 et au tableau III Le logiciel OPTILAB du laboratoire de Biomatériau de l'UFR d'Odontologie de Toulouse a été utilisé pour déterminer le diamètre et la surface des artefacts, de même que la surface totale de l'image. DISCUSSION Les artéfacts observés se présentent sous forme de zones arrondies vides de signal (hyposignal) avec des zones d'hypersignaux situés aux pôles supérieurs et inférieurs (fig 2). 34 Implants Titane Titane pur hydroxyapatite Surfaces totales % Spin Echo T1 Image 1 256 x 256 44,8 72,8 18,6.10 0,24 - 0,39 Image 2 256 x 192 65,97 76,1 18,3.10 0,36 - 0,41 Image 3 256 x 128 68,82 87,39 71.10 0,40 - 0,51 Spin Echo T2 Image 4 256 x 192 75 106 17,8.10 0,42 - 0,69 Echo de gradient Image 5 256 x 192 234 276 18,3.10 1,27 - 1,50 Odonto-Stomatologie Tropicale 2001 - N°95 Artefacts induits par les matériaux... Une absence de distorsion d'images est constatée à l'analyse macroscopique, ainsi qu'une variation de taille en fonction des séquences et des matrices utilisées. Cette technique se heurte à des difficultés aussi nombreuses que variées qui résultent des caractéristiques même du méta (13, 26). En Spin écho pondérée T1, les surfaces d'artéfact des deux types d'implants, varient de 45 à 87 mm2 soit au maximum 0,5 % de la surface de l'image. Mais il faut reconnaître avec MEYER (26) que de nos jours, les progrès réalisés dans le domaine de la coulée du titane, avec l'expérience accumulée dans un nombre toujours plus grand de laboratoires odonto-techniques et de recherches, indiquent que le passage dans la pratique quotidienne est en train, de se faire. En Spin écho pondérée T2, elles oscillent entre 75 et 106 mm2 représentant 0,69 % de la surface de l'image. En écho de gradient en pondération T1, elles s'étendent de 234 à 276 mm2 soit 1,5 % de la surface. Ainsi, en orthodontie et en chirurgie maxillo-faciale, le titane entre déjà, respectivement dans la composition des arcs et fils et également dans la constitution des plaques d'ostéosynthèse et de fils de contention. Il apparaît donc clairement que la surface artéfactuelle est insignifiante car elle n'occupe que 0,4 à 1,5 % de la surface totale de l'image. Ainsi, les artéfacts induits par le Titane n'affectent presque pas la lecture de l'examen surtout en spin écho. Il y a donc absence de déformation des structures de voisinage du titane et de ses alliages utilisés en odontologie. Cela confirme les travaux précédents réalisés sur les implants orthopédiques en titane (12, 21, 28). Le coût des installations, l'effort nécessaire pour passer d'une technique classique et bien maîtrisée à une technique nouvelle et à certains points plus exigeants sont certes des facteurs qui ralentissent cette transition quoiqu'il semble maintenant acquis que la coulée du titane fera demain partie de l'ensemble de nos ressources odonto-techniques. Aussi n'y a-t-il pratiquement pas de différence du point de vue macroscopique entre les artéfacts causés par les implants en titane pur et les implants recouverts d'hydroxyapatite. Cependant, les études effectuées à l'aide du logiciel OPTILAB, ou directement sur l'imageur, objectivent un agrandissement d'un ou de quelques millimètres en faveur des implants recouverts d'hydroxyapatite. Cependant, si de nombreux auteurs dont L.GINESTE (14) ont mis en évidence l'importance de l'hydroxyapatite dans l'amélioration de l'ostéo-intégration des implants, cette étude a montré que ce type d'implant est un peu plus artéfactant que les implants en titane commercialement pur. Dans tous les cas, ces artefacts ne sont pas significatifs au point de susciter des conséquences majeures dans l'interprétation des images. Cette qualité est certainement due aux propriétés diamagnétiques du titane (7). Mais cette part sera-t-elle prédominante au point de détrôner les alliages précieux ? Les techniciens prothésistes sont-ils prêts à faire les mises de fond nécessaires et les prix des réalisations pourront-ils refléter le coût plus élevé des installations ? C'est à ces questions qu'il faut trouver des réponses précises pour mieux apprécier l'avenir du titane. CONCLUSION Le Titane a acquis une place de premier plan en odontologie pour ses remarquables propriétés de biocompatibilité, et ses domaines d'application s'élargissent constamment (3,26). La nécessité de connaître la nature des artéfacts induits par ce biomatériau est d'autant plus important qu'il est habituellement utilisé sous forme d'implant ostéointégré. Ainsi, une fois inséré chirurgicalement, il reste à demeure et ne peut être enlevé contrairement à tous les autres appareils de contention ou de réhabilitation qui peuvent être déposés avant un examen IRM. Au vu de ces nombreuses qualités, le titane peut être considéré comme une alternative nouvelle à l'emploi des alliages non précieux et même des alliages précieux utilisés pour la reconstruction au niveau de la sphère odonto-stomatologique (3). Toutefois, sa mise en forme par coulée constitue un handicap réel pour réaliser des pièces prothétiques comparables à celles que l'on obtient avec les alliages dentaires traditionnels. Dans cette étude, il a été montré un effet artéfactuel insignifiant du Titane quelle que soit la séquence ou la 35 Odonto-Stomatologie Tropicale 2001 - N°95 Artefacts induits par les matériaux... matrice choisie. Ainsi, les nombreux problèmes posés par les artéfacts d'origine dentaire seraient résolus si tous les appareils de reconstruction dentaire pouvaient être réalisés en Titane. Mais malheureusement pour les praticiens et surtout pour les techniciens de laboratoire, le problème de la coulée de ce biomatériau constitue encore de nos jours une réalité. RESUME L'IRM devient un important outil d'exploration de la tête et du cou. Cependant, un certain nombre d'alliages dentaires sont à l'origine d'artéfacts, caractérisés par une perte de signal avec des bandes périphériques d'hypersignaux curvilignes linéaires et parfois des distorsions. Dans ce travail, nous avons étudié les artéfacts causés par le titane, utilisé en implantologie orale. Deux implants expérimentaux ont été testés dans un imageur à haut champ de 1,5 T, suivant 2 séquences couramment utilisés (SE, EG). L'analyse des images obtenues a montré des surfaces artéfactuelles mineures sans distorsions. Pour minimiser ces "fausses images", le Titane et ses alliages pourraient être une alternative. Mots-clés : IRM - Artéfacts - Titane ABSTRACT MRI is becoming an important tool of examination of the head and neck. However, certain dental alloys cause artifacts characterized by a loss of signal surrounded by bright line and sometimes distortions. In our work, we studied artifacts caused by Titanium, metallic biomaterial used for oral implantology. Therefore, 2 experimental were investigated in a 1,5 T MR unit, with 2 sequences commonly used (SE, GRE). The investigation showed minor artefacts, without distortions. In order to minimize these "ghost images", the Titanium and its alloys should be an alternative. Key words : MRI - Artifacts - Titane BIBLIOGRAPHIE 1 - ADELL R., EKHOLM U., BRANEMARK P.I. A 15 year study of osseointegrated implants in the treatment of the edentulous jaw. Int. J. oral Surg 10 : 387-416, 1981. 2 - ALBREKTSSON T, DAHL E; et COLL Osseointegrated oral implants. A Swedish multicenter study of 8139 consécutively inserted Nobelpharma implants. J. Periodont. 59 : 287-296, 1988. 3 - ATTAL J.P., MOULIN P. Le titane et ses alliages : une alternative aux alliages précieux et non précieux actuel ? Ent. Bichat. Odonto Stomatol. 77-84,1992 4 - BEUF 0., LISSAC M, CREMILLIEUX Y., BRIGUE A., Correlation between Magnetic Resonance Imaging disturbances and the magnetic susceptibility of dental materials. Dental Mater. 1994 ; 10 : 265-268. 5 - BRANEMARK P. I. L'ostéo-intégration en pratique clinique. CA ; P. 352 p ; 1988, PARIS 6 - BRUNSKI. J.B. Biomechanical considerations in dental implant design Int. J. Oral Implant; 5 : 31-34, 1988. 7 - DEGELAS B., ARMAND M., SERAPHIN L, TRICOT R. 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