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GROUPE RENAULT 119, RUE DU POINT DU JOUR - 92109 BOULOGNE TEL : 01.76.84.14.33 / 01.76.84.14.34 - FAX : 01.76.84.14.35 WWW.CGT-RENAULT.COM - E-MAIL : [email protected] INTRANET RENAULT : [email protected] Mutuelle complémentaire et protection sociale : Parlons-en ! L’accord « mutuelle complémentaire santé » signé par la CGT - CFDT - CFE/CGC soulève des questions voire un mécontentement pour un certain nombre de salariés. Alors quelques réflexions au débat. Rappel : C’est l’Accord Interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013 (patronat et certains syndicats), transcrit dans la loi de compétitivité et de sécurisation de l’emploi de juin 2013 qui impose l’obligation aux entreprises de mettre en place une couverture santé complémentaire à tous les salariés avant le 1er janvier 2016. La CGT s’est opposée à ces dispositions, mais à défaut d’une mobilisation suffisamment forte des salariés, la loi s’impose ! Il n’y a pas eu de négociation dans la branche métallurgie et à défaut d’accord chez Renault, la direction n’était tenue que d’une couverture santé à minima par décision unilatérale. Avec un montant mutuelle maxi de 18 € pour une participation de l’entreprise de 50% maximum soit 9 €. Dès l’ouverture des négociations engagées par la direction, la CGT s’y est investie pour obtenir des conditions les moins mauvaises possibles pour les salariés. La CGT Renault a revendiqué : • Que la complémentaire obligatoire ne soit pas assurée par une compagnie d’assurance mais par une mutuelle dépendant du code de la sécurité sociale et qu’elle s’engage à conserver l’emploi des 50 salariés qui travaillent actuellement à la mutuelle Renault. • Que l’accord assure à tous (de l’ouvrier au cadre) une couverture santé selon leurs besoins (et non de leurs moyens) et ceux de leurs familles, sans option ! • Que le niveau de la cotisation soit le plus faible avec une participation de l’entreprise la plus élevée. • Que l’accord entérine un contrat solidaire intergénérationnel prenant en compte les anciens salariés, retraités. • Que les familles puissent adhérer ou pas si le conjoint(e) dispose déjà d’une couverture obligatoire. L’accord répond-il à l’ensemble des revendications CGT ? Non, pas en totalité ! Mais la majorité des syndicats CGT ont considéré avoir obtenu une part importante d’effets positifs pour les salariés. • Il y a certes une option que nous ne voulions pas, mais en dehors de celle-ci, tous les salariés et leur famille seront assurés à l’identique (pour les adhérents du nouveau contrat Renault) et quelle que soit leur catégorie professionnelle. • Globalement, l’accord permettra à une majorité de salariés et leur famille d’être mieux couvert tout en payant moins cher. Quasiment la moitié des salariés Renault est déjà adhérente de la mutuelle Renault et pour l’essentiel, leur famille l’est également. C’est aussi vrai pour d’autres salariés couverts par une autre mutuelle (obligatoire ou non). • Pour avoir intégré la totalité des dispenses dans l’accord, le salarié Renault a le choix entre le contrat de Renault ou celui du conjoint(e) qui a aussi une mutuelle obligatoire familiale dans son entreprise. Ce n’est pas le cas dans d’autres entreprises. • La mutuelle obligatoire familiale permet l’égalité de traitement de tous et une participation de l’entreprise (certes trop faible encore). Seule la cotisation du pa nier de soins de base est déductible des impôts. Néanmoins, il y a assurément des situations où des salariés ne s’y retrouveront pas au vu de la diversité à laquelle nous sommes confrontés. Et par nature, aucun accord collectif ne pourrait répondre à chaque cas individuel. D’autre part, il y a lieu d’être prudents sur les comparaisons : • D’abord, parce que les mutuelles avec lesquelles des salariés se comparent sont elles aussi sous le champ de la loi et d’ici 2016, les entreprises concernées vont revisiter le contenu des contrats. • Depuis le 1er janvier 2014, la participation de l’employeur est imposable et les cotisations mutuelle familiale ne sont pas déductibles des impôts si elles ne sont pas obligatoires. La nouvelle loi 2014 sur la sécurité sociale modifie le niveau des remboursements par exemple de la lunetterie (une paire tous les 2 ans au lieu de tous les ans) qui s’applique à toutes les mutuelles et modifie les conditions de remboursement initiales. Réflexions qui méritent d’être dites ! Ces dernières années, le démantèlement de la sécurité sociale a contraint environ 96% de la population à opter pour une mutuelle. Ce qui est à peu près la proportion chez Renault. Il faut le répéter, si les salariés ne se mobilisent pas plus pour reconquérir leur système de protection sociale comme ils en ont eu l’occasion le 16 octobre dernier à l’appel de la CGT, ils seront amenés à payer de plus en plus chères leurs cotisations mutuelles (pour ceux qui le pourront) : • Parce que la sécurité sociale remboursera de moins en moins (en moyenne, la sécurité sociale ne prend déjà plus en charge que la moitié des dépenses de soins courant hors maternité) • Parce que les mutuelles sont confrontées à un renforcement de la pression fiscale (1,75% en 2005 à 13,27% en 2012 pour les contrats « responsables ») au profit des assurances et des banques. Depuis la réforme du code de la mutualité en 1985 et la loi Evin, la complémentaire santé est dans une logique de concurrence à la sécu et c’est un marché que se disputent les assureurs privés et les banques. Dans ce domaine, la disparition des mutuelles et à terme la sécu, sont un de leurs objectifs. Dans la presse des banquiers (Les Echos du 25/09), leurs spécialistes n’hésitent pas à affirmer qu’ils « se dirigent vers le gigantisme », et « qu’il ne devrait plus rester à terme que quatre ou cinq grands opérateurs et une vingtaine d’acteurs de taille moyenne ». Pour le plus grand bien des dividendes, les salariés seront contraints de passer à la caisse. Alors comme certains le laissent penser, ne pas savoir faire la différence entre une mutuelle et un assureur ou une banque, relève franchement de la malhonnêteté, sinon de la bêtise ! Inégalités et individualisme Aujourd’hui et pour ne prendre que la mutuelle Renault, on dénombre 113 cotisations différentes. On peut alors mesurer l’aspect inégalitaire des complémentaires Santé, où chacun ne fait pas selon ses besoins, mais selon ses moyens ! Le contraire du principe de solidarité de la sécurité sociale ! Cette situation conduit des salariés et d’autres à ne regarder que leur seule situation du moment, sans voir celle des autres et au bout du compte, l’intérêt commun de tous à moyen et long terme. C’est l’individualisme exacerbé par les logiques patronales qui ne servent que le seul capital ! L’accord Mutuelle complémentaire que nous avons signé est loin d’être parfait, mais il a le mérite (en dehors de l’option que nous ne voulions pas) de couvrir de la même manière l’ensemble des familles pour toutes les catégories professionnelles et de mutualiser les risques. C’est par nature le rôle d’un accord collectif et la raison d’être du syndicalisme ! Et c’est justement lorsque les salariés se retrouvent dans l’intérêt commun, qu’ils se mobilisent collectivement et sont alors capables d’imposer par exemple, une plus grande participation de l’employeur à la cotisation famille et d’éviter dans l’avenir, des augmentations inconsidérées ! Comment certains peuvent-ils laisser croire au nom de la liberté, qu’individuellement, les salariés pourraient faire prévaloir leurs intérêts en démarchant auprès des banques et assureurs de tous poils, sinon à vanter les mérites de l’économie de marché prônée par les tenants du capital ! Les salariés doivent avoir leurs mots à dire La coordination des syndicats CGT revendique depuis longtemps cette exigence. Ce n’est pas le cas d’autres organisations, qui pour certaines, ont une vision à géométrie variable de la question. Mais pour que les salariés puissent se forger leur propre avis, encore faut-il que les syndicats puissent donner à chaque salarié tous les éléments du débat, qu’ils puissent avoir le temps d’en débattre collectivement entres eux et avec les organisations syndicales tout au long des négociations en cours. C’est en tous cas une question que soulève la coordination des syndicats CGT et qui plus est, dans le cadre des négociations qui vont s’ouvrir sur le droit syndical. Comme la CGT l’a déjà écrit, droit syndical et droits d’expression des salariés sont indissociables ! Pour reconquérir notre protection sociale, il faut de la cohérence ! Notre système de protection sociale est financé par le salaire socialisé des salariés, prélevé sur le salaire brut sous forme de cotisations salariales ou patronales. Cette part alimente un pot commun à tous les salariés et est reversée à chacun selon ses besoins (maladie, retraite…). C’est aussi un principe d’universalité. Chaque salarié a droit à la sécurité sociale et est bénéficiaire à ce titre des prestations qu’il reçoit en fonction de ses besoins. En échange, chaque salarié contribue selon ses moyens (cotisations sur le salaire) au financement de la sécu. Se mobiliser pour développer l’emploi, augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail, faire cesser l’exonération des cotisations patronales (20 milliards par an selon la Cour des comptes) et les fraudes patronales (20 milliards par an) sont indissociables pour reconquérir la sécurité sociale et diminuer le poids des complémentaires Santé. Le trou de la sécu est estimé à environ 13 milliards. Enfin, il faut revenir à une démocratie sociale de 1945-1960 avec une gestion de toutes les caisses, sans aucun patron, par des administrateurs élus qui élisent les directions.