entre l`ombre et la lumière, y`a le temps qui passe
Transcription
entre l`ombre et la lumière, y`a le temps qui passe
j’aime bien regarder le temps passer le temps, si on le voit passer, c’est qu’il le veut bien ! en fait, je l’apprivoise. il me nargue ! c’est quand même sauvage, mais pas dangereux, enfin j’veux dire, ça tue, mais une fois. j’ai au fond de moi un dinosaure un dinosaure qui a refusé de disparaître il vit… là quelque part, caché. il réchauffe mes grottes. des fois, il s’agite non, il est pas méchant, c’est le comprendre qui est compliqué. j’ai toujours peur qu’il disparaisse pour de bon. je trouve ça important d’avoir un dinosaure chez soi. moi j’fais attention, j’laisse jamais rien traîner… sinon, on court après son ombre ! et moi, je préfère courir après ma lumière… si je peux être l’ombre de moi-même, je peux être la lumière de moi-même des fois, j’suis là et des fois, j’suis pas là. c’est à l’intérieur que ça se passe mon corps fait des trucs que je lui demande pas c’est énervant alors je m’énerve je me prends par la main , je me mets des coups de pied au… mais bon, ça marche pas forcément alors j’m’énerve encore plus j’ai le souffle qu’est bloqué par mes cordes vocales le poids des ans… comme si on pouvait peser le temps, déjà le mesurer, c’est pas simple ! créature de chair et de temps prends ton temps ! « prends ton temps » y’a un temps pour moi quelque part ? j’vais pas lui courir après il me rattrapera bien quand l’eau est calme, je me vois dedans. y’a un poisson qui me cherche ! il s ‘éloigne dès qu’il s’approche de moi qu’est ce qu’une fourmi peut faire toute seule ? à mon avis, elle cherche… qu’est-ce qu’une absence peut être présente ! mes rêves et moi, on est inséparable. on est comme des siamois, reliés par la tête avec un cœur pour deux. alors je les entretiens, les nourris. j’essaie de bien les élever. et un jour, ils se réalisent… pas tous bien sûr. c’est difficile à prévoir mais quand ça arrive, c’est chouette ! ils prennent corps, ils battent de leur propre cœur. on a presque du mal à s’en séparer. c’est trop grand, un cœur, pour soi tout seul. moi, je fais attention, j’ai pas envie que mon cœur devienne tout racorni… quand je serai grande, je serai… la montagne me regarde. je me demande ce que j’ai fait pour qu’elle me regarde comme ça. peut-être qu’elle a envie de bouger elle aussi peut-être que si j’essaie, j’arriverai à la déplacer mais pour la mettre où ? toute la place est prise « le bon vieux temps » c’est un ami, je sais toujours où le trouver, comme si il m’attendait, comme si il était là juste pour moi « je suis toujours à la même place, à l’ombre » faut pas qu’il aille à la lumière, ça pourrait être trop rude pour lui « je suis fragile » il faut s’en occuper sinon, il fane. on peut voir un poisson mort dans l’eau, mais on verra jamais un oiseau mort en l’air… on voit des oiseaux boire de l’eau, mais est-ce qu’on voit des poissons respirer l’air ? on voit même des oiseaux les pieds dans l’eau, mais est-ce qu’on voit des poissons la queue en l’air ? les poissons respirent l’air de l’eau, pourquoi les oiseaux ne boivent-ils pas l’eau de l’air ? on peut voir un poisson mort dans l’eau, mais on verra jamais un oiseau mort en l’air… j’ai la terre qui tourne ! j’ai le cœur au bord des lèvres, j’ai des renvois de mots… les temps qui courent moi, j’me méfie des temps qui courent, c’est difficile à regarder passer, les temps qui courent puis comme on les voit pas bien, on est obligé de se fier à ce qu’on en dit, ça porte à confusion, les temps qui courent aiment la confusion ; ça laisse le temps à certains de gagner de l’argent en prenant le temps…des autres ! c’est pas rassurant les temps qui courent ; comme ça passe vite, on peut vite se faire écraser par ceux qui lui courent après ce ne sont pas les temps qui courent qui sont dangereux, c’est la meute de ses courtisans qui ne supporte pas d’avoir du temps devant eux ils courent, et ils ne voient pas par où le temps est passé … il faut laisser du temps au temps, sinon, qu’est ce qu’il lui reste ? des fois, je suis assise au bord du temps, les pieds dans le vide du moment, la tête qui fait le yo-yo entre le derrière et le devant… j’aime bien partager mon temps quand j’ai plus assez de lumière, j’allume mes souvenirs… j’ai un embouteillage de souvenirs qui me klaxonnent dans la tête un oiseau ,ça sait planer vite, ça sait utiliser l’air, moi, quand je plane, je plane…c’est dans la tête que j’ai de l’air ! la terre m’attire…j’y peux rien ! il paraît qu’on est des poussières d’étoiles…mais la poussière, ça vole ! on nous raconte des salades, et moi, j’aime pas la salade ! ça croque et c’est insipide ; « mange du vert » c’est un truc de citadins, ça , parce qu’à la campagne, du vert, on en prend par tous les pores, on va pas en manger en plus ! quand je serai grande, j’interdirai la soupe pour qu’on arrête de me demander si j’en ai beaucoup mangé… un papillon passe en battant des ailes. je sais pas si il se rend compte de tout ce qu’il provoque à l’autre bout du monde. La nuit porte conseil… c’est pas la nuit qui porte conseil, ce sont les rêves qui tiennent conseil ! je laisse toujours une porte ouverte et un couvert mis pour la part de rêve… un oiseau tombe. heureusement, il sait voler ! il y a une falaise de cris devant moi, ça résonne, ça fait écho… le temps se couvre, ce doit être pour se protéger … le temps est de plus en plus chaud. c’est normal, y’a tellement de trucs qui coincent, ça fait des frottements !