PostFinance: confiance, mais prudence

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PostFinance: confiance, mais prudence
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PostFinance:
confiance, mais prudence
La banque postale suisse va bien, merci.
Surfant sur son nouveau statut de société
anonyme, PostFinance baisse ses taux
et augmente ses tarifs.
compliqué!» nous ont demandé
plu­sieurs lecteurs en découvrant
le courrier envoyé récemment par
PostFinance. Pour les titulaires
d’un bon vieux compte postal
en effet, rien n’est plus comme
avant.
Le 26 juin 2013, la filiale de La
Poste Suisse deviendra une société anonyme de droit privé dotée
d’une licence bancaire, avec effet
rétroactif au 1er janvier. Elle dépend, à ce titre, de l’Autorité de
surveillance des marchés financiers (Finma). Et ses clients n’ont
pas d’autres choix que d’avaler la
pilule… ou de chercher un autre
abri pour leur pécule.
Couper le cordon
Pas de panique: les actions de
la nouvelle société restent dans les
mains de La Poste, et donc, par
ricochet, de la Confédération.
­
Pendant cinq ans encore, c’est du
reste cette dernière qui va assurer
les arrières de PostFinance en cas
de coup dur. L’institution a dû
­aligner les fonds propres nécessaires (4,6 milliards de francs)
pour se débrouiller ensuite toute
seule, même si elle restera toujours propriété de la Confédération.
En revanche, Berne interdit
toujours à l’établissement d’octroyer des crédits hypothécaires
ou de prêter de l’argent à des entreprises. PostFinance a toutefois
déjà contourné cet obstacle en
s’associant à la Banque Valiant et
à la Münchener Hypothekenbank
pour tout de même offrir ces prestations.
2,9 millions de clients et moi
A en croire les comptes publiés
le 1er mars dernier, PostFinance
voit la vie en rose. Son bénéfice
avant impôts a grimpé de 591 millions de francs, en 2011, à 631 millions en 2012. Elle gère désormais
104 milliards de francs.
Quant aux 2,9 millions de
clients du géant jaune, ils ont été
automatiquement transférés vers
la nouvelle société anonyme, à
moins d’en avoir décidé autrement dans les 30 jours après avoir
été informés du changement.
Si la palette de produits proposés demeure, les conditions générales réglant les relations d’affaires
entre l’institution et ses clients
ont, elles, été modifiées. Ces changements n’ont toutefois pas de répercussions notables pour les titulaires.
Faire jouer la concurrence
Cependant, l’établissement a
précisément profité de son nouveau statut pour revoir ses factures à la hausse. La première
chose à faire est donc de consulter
les tarifs appliqués. Le prix de la
gestion des comptes privés affichant moins de 7500 fr. a ainsi
passé de 36 fr. à 60 fr., ce qui place
la banque postale en queue de
peloton des institutions financières pour ce genre de prestations. Quant aux taux rémunérateurs, ils ont baissé de 0,125% à
0,050% pour un compte privé et
de 1,250% à 1,150% pour l’épargne
jeunesse. Dans ce domaine, PostFinance se situe également dans la
fourchette inférieure.
Pour les petits revenus, il vaut
donc la peine de comparer la note
finale aux tarifs pratiqués par les
autres institutions de la place. Et,
pour tous ceux qui craignent de
voir le géant jaune céder davantage encore aux sirènes du libéralisme, de signer, ci-contre, l’initiative populaire «En faveur d’un
service public».
Claire Houriet Rime
Martine Dutruit
accepter ces nouvelles
«Faut-il
conditions? C’est tellement
PostFinance a profité de sa mue pour revoir ses tarifs à la hausse.
éclairage
Carte jaune pour montrer patte blanche
PostFinance devient une banque
comme les autres et quitte le giron de
La Poste. Pourra-t-on dès lors utiliser
indifféremment au guichet la Postcard
ou la carte Maestro d’un autre établissement? «Seules les agences postales
installées dans un commerce (pharmacie, épicerie ou office du tourisme)
laissent le libre choix, tout paiement
comptant y étant proscrit pour des
raisons de sécurité», explique Mario
Masserini, porte-parole de La Poste.
Idem dans les PostShop situés dans
les grands bureaux.
En revanche, seule la Postcard reste
autorisée au guichet postal. D’une part,
cela permet de remplir les prescriptions
en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. D’autre part, c’est une
manière de limiter les frais de transactions qu’entraînerait l’usage d’autres
cartes.