Dormois Jean-François, Jojo

Jojo
L’officier s’approcha du lit où reposait l’enfant. Il s’assit sur le
rebord de ce lit poussé dans un des coins de la pièce qui servait tout
à la fois de cuisine pour la famille et de chambre pour l’enfant. Il
interrogea l’enfant.
Tu es malade ?
Oui. J’ai de la fièvre et j’ai mal dans le ventre.
Et ça te fait mal ?
Pas trop, mais je peux pas aller jouer dehors.
Et ce petit chat, il est à toi ?
Oui.
Et tu l’appelles comment ?
Jojo.
C’est joli, Jojo, comme nom.
Oui. Moi j’aime bien. C’est rigolo, Jojo.
Il a quel âge, ton Jojo ?
Je sais pas bien. Maman m’a dit deux mois.
Il est mignon, ton Jojo.
Oui. Et il est tout chaud contre moi.
Et tu l’aimes bien ?
Oui. . Beaucoup. Il est gentil. Il aime bien dormir avec moi. Et
comme je peux pas sortir, il me tient compagnie.
Tu me le prêtes un peu ?
L’officier prend l’animal qui miaule et se débat un peu. Il le pose
sur son avant-bras gauche et le caresse de sa main droite gantée de
cuir noir. L’animal se met à ronronner.
Dis donc, sa tête n’est vraiment pas grosse. Regarde, elle tient dans
ma main.
Il aime pas quand on lui fait ça.
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Surtout si j’appuie un peu.
Tu vas lui faire mal. Rends-le-moi.
Il n’aime vraiment pas quand je lui serre la tête.
Arrête. Tu vas l’écraser.
Bien sûr, tu ne veux pas que je lui écrase la tête ?
Non. Je l’aime trop, mon Jojo.
Et tu veux le garder ?
Oui.
Alors, si tu veux le garder, tu vas être gentil ?
Oui.
Et tu vas être gentil, très gentil avec moi. Tu vas répondre à une
question. A une question toute simple. Même un petit garçon
comme toi peut y répondre. D’accord ?
Oui.
Alors, il est caché où ton papa ?
Je sais pas.
Tu es sûr ?
Oui.
Tu ne sais vraiment pas où est ton papa ?
Non.
Tu vois, je presse un peu plus fort la tête de ton Jojo dans ma
main. Il n’a pas l’air d’aimer ça.
Je sais pas où il est mon papa.
Réfléchis un peu. Tu vas trouver.
Je l’ai pas vu depuis hier soir. Je le jure.
Tu le jures ?
Oui, je le jure. Je sais pas.
Alors, tu vois, je serre encore un peu plus fort. Tu entends ? On
dirait que le crâne de ton Jojo craque un tout petit peu. Alors, tu ne
sais vraiment pas où il est ton papa ?
Si. Je sais où.
Alors, il est où ?
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L’enfant indiqua le dessous du lit. L’officier fit un geste aux
hommes en armes. L’un d’eux s’accroupit et regarda sous le lit. Il ne
vit rien. L’officier fit un autre geste. Deux hommes bousculèrent le
lit avec l’enfant dedans. Ils découvrirent une espèce de trappe, et
sous cette trappe, d’abord une échelle, puis une cave et dans celle-ci,
celui qu’ils recherchaient.
Avant de sortir de la pièce, l’officier serra son poing un peu plus
fort. L’enfant entendit comme un bruit de branche morte qui craque
sous le poids d’un pas botté.
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