Interview Hernandez - CAP

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Interview Hernandez - CAP
Interview de Mme Hernandez, par V. Moncada - sept 2011
- Depuis quand habitez-vous l’appartement ? - Depuis le 3 janvier 2011.
- Où habitiez-vous avant ? - A l’institution Plein-Soleil.
- Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir prendre un appartement ?
Pour faire ma petite vie.
- Etes-vous propriétaire ou locataire ? - Locataire.
- Quelles démarches avez-vous entreprises pour chercher un appartement ?
Quelles sources avez-vous utilisées (gérance, Internet… ?)
J’ai fait appel aux ressources éducatives de l’institution Plein-Soleil pour trouver
un appartement. On a vu une annonce de Pro Infirmis et on leur a demandé qu’ils
nous envoient une liste de tous les appartements protégés et spécialisés pour
personnes handicapées. Il y avait l’adresse de cet appartement. On l’a vu, on a
téléphoné et on a envoyé tout le dossier pour voir si j’arrivais à en avoir un. Ils
m’ont donné celui-là.
- Combien de temps avez-vous cherché ? - Environ deux ans.
- Quels étaient les principaux critères de choix (lieu, nombre de pièces… ?)
Avoir un ascenseur dans lequel je puisse entrer avec ma chaise roulante et avoir
suiffisamment d’espace pour pouvoir passer facilement depuis la porte d’entrée
jusqu’à l’ascenseur.
- Ce que vous avez trouvé correspond-il bien à vos critères ?
Oui. Cet appartement est confortable pour moi.
- Pensez-vous que le prix du loyer est un obstacle important pour la prise en
charge du logement ?
Pour le moment, ça va, je me débrouille avec ce que j’ai. Je trouve que ce n’est
pas tellement cher comparé à ce que j’ai vu, parce que normalement les
appartements protégés sont très chers. Celui-là, je l’ai trouvé assez correct.
- Avez-vous le sentiment que certains propriétaires ou gérances vous ont
refusé un appartement parce que vous êtes handicapée ?
Oui, une gérance m’a dit qu’elle ne pouvait pas me le donner parce que j’étais au
social, parce que j’étais à l’AI.
- Pensez-vous que vous auriez obtenu un appartement plus vite si vous
n’aviez pas été handicapée ?
Tout à fait.
- Durant vos recherches vous êtes-vous tout de suite déclarée comme
handicapée ou avez-vous attendu de signer le bail ?
Chaque fois, je cherchais un appartement dans mes critères de sécurité, j’allais le
voir. Il fallait que ça aille pour la chaise roulante, car je ne pouvais pas laisser la
chaise roulante dehors. Quand cela me convenait, je m’inscrivais. Je n’ai jamais
caché mon handicap. Je disais que j’étais en chaise ou avec mon bâton à pied.
Mais je ne disais jamais non plus que j’étais handicapée, car c’était tout de suite la
négative, je voyais que cela leur posait tout de suite problème.
- Le bail est-il à votre non ? - Oui.
- Avez-vous trouvé dans un immeuble en construction ?
Non, il était déjà terminé.
- Avez-vous demandé des adaptations ?
Malheureusement, quand je suis venue, il y avait plein de défauts. Par exemple,
j’ai une petite terrasse où je ne peux pas aller avec ma chaise, parce qu’il y a un
seuil au bord. La porte de l’immeuble posait problème aussi : je n’arrivais pas à
sortir. Il a fallu mettre des rampes, mais cela n’aide pas tellement. Je n’arrive pas
à sortir. Il faut que je me tourne, car je n’ai pas assez de force pour passer la
rampe.
- Alors quelles améliorations avez-vous faites ?
Seulement une rampe à la porte d’entrée. Pour le balcon, ils n’ont pas pu faire
quoi que ce soit, car ma chaise ne passe pas. J’ai une petite terrasse dont je ne
peux pas profiter car ma chaise ne passe pas. Si je veux y aller, je dois aller à
pied. Mais à pied pour moi, c’est dangereux, car il faut que je sorte. Une fois, je
suis tombée au bord. Ma jambe n’était pas assez forte, elle m’a lâchée et je suis
tombée. J’ai essayé de me tenir pour ne pas taper trop fort, mais j’étais par terre.
- Avez-vous renoncé à certaines adaptations ?
Non, je n’ai pas renoncé, c’est l’AI qui a renoncé avant moi.
- Quelle est la contribution de l’AI par rapport aux modifications demandées ?
L’AI traîne, je pense qu’ils n’ont pas envie de payer tout cela. Jusqu’à présent, ils
n’ont rien financé, parce qu’on avait demandé une porte électrique, mais
jusque-là, ils n’ont pas voulu répondre.
- Cela fait combien de temps que vous avez fait les démarches ?
Il y a déjà trois ou quatre mois que j’ai fait la demande. J’ai fait aussi des
demandes pour des lumières, car j’ai besoin de beaucoup de lumière pour ma
vue, mais ils ont refusé. Cela veut dire que l’AI refuse pas mal aujourd’hui.
- Cela fait donc quatre mois que vous attendez ? - Oui, l’AI traîne.
- Comment vous débrouillez-vous dans l’attente de la décision AI ?
Comme je peux. De toute façon, on ne peut pas aller contre le mur. Quand on a
eu cet accident, j’étais déjà contre le mur, on ne peut pas aller plus loin. Et le mur
n’a pas lâché, alors ma foi…Je vais rester collée au mur…
- Comment faites-vous pour organiser votre vie quotidienne ?
Je m’organise. Je me lève à l’heure où j’ai envie de déjeuner. Normalement à
8h00 du matin, j’ai faim et je me lève. Je prépare mon petit-déjeuner avec mon
café au lait, mes toasts et après je regarde les nouvelles à la télévision. Je fais ma
toilette. Je m’habille. Je sors un petit moment et après, je fais mon lit et je
commence à nettoyer la maison.
- Et le CMS vient le mercredi ? - Seulement pour les médicaments.
- Et le vendredi pour le ménage ? - Oui, le vendredi matin pour le ménage.
- Et pour les courses, comment faites-vous ? - Je fais appel à qui je peux. Si
une personne est disponible et si elle a la volonté de me faire cela, elle le fait. Au
début, je faisais appel à ma sœur, mais je pense qu’elle devient fatiguée.
- Quels sont pour vous les avantages et les inconvénients d’une vie à
domicile par rapport au foyer ?
La liberté, ça c’est un avantage. Je suis libre. J’ai une petite vie à moi. Je trouve
ma dignité.
- Et les inconvénients ? - Les inconvénients… c’est que je suis toute seule.
- Quels sont vos rapports avec vos voisins ?
Très bons. J’adore ces petites mamies qui habitent autour de moi, elles sont
adorables.
- Est-ce que votre logement vous convient tel qu’il est ?
J’aimerais bien certaines choses, par exemple la lumière, la porte d’entrée et le
balcon. Surtout le balcon. Je n’ai pas voulu chercher plus loin, parce que l’AI
quand il faut rendre des comptes… Je ne veux pas juger les gens, car personne
ne peut se mettre dans votre peau. Moi, je ne peux pas me mettre dans la peau
de quelqu’un d’autre non plus. Mais je vois assez facilement que les gens disent :
« L’AI ne va pas payer ça », alors on laisse tomber. De toute façon, si cela ne va
pas, cela ne va pas. Ce n’est pas si grave. Si on n’a pas sa petite terrasse, ce
n’est pas si important que ça.
- Qu’est-ce qui pourrait améliorer le confort de votre appartement ?
Que l’AI accepte de payer la lumière.
- Comment envisagez-vous l’avenir ?
Je dis que je veux continuer de vivre ici le plus longtemps possible jusqu’à ce que
le Bon Dieu m’emmène avec lui. Mais pour le moment, j’imagine plutôt faire ma
vie ici. Parce qu’ici, je suis bien. Vous savez, il n’y a pas un jour où je ne regarde
pas au ciel et où je ne dis pas merci à Dieu pour cet appartement, pour cette vie.
Le plus important, il me l’a pris. J’avais une maison, mes enfants. Il m’a pris cette
vie, mais il m’en a donné une autre et celle-là n’est pas si mauvaise que cela. Je
sais qu’il la fait la plus belle possible chaque jour.