Manuel numerique VERSUS Manuel papier. Par Laure
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Manuel numerique VERSUS Manuel papier. Par Laure
MANUEL NUMERIQUE VERSUS MANUEL PAPIER Entre 2009 et 2014, l’expérimentation nationale appelée "Manuels numériques via l'ENT" a permis à plus de 15 000 élèves et 1 500 enseignants de 69 collèges d'avoir un accès direct à leurs manuels à partir de leur Espace Numérique de Travail (ENT), en particulier en français et en histoire-géographie. Les objectifs de cette expérimentation étaient tout d’abord d’alléger les cartables, de proposer des usages pédagogiques innovants et de mettre à disposition de nouvelles ressources pour les classes. Un bilan a été effectué en 2014, concluant que les équipes pédagogiques, même si elles étaient de plus en plus nombreuses à utiliser le manuel numérique, le faisaient encore rarement. Quelles sont les raisons pour lesquelles le manuel numérique n’a pas encore su trouver sa place dans le système scolaire français, réservant ainsi encore de beaux jours au traditionnel manuel papier ? Laure du Mesnildot Terminale S3 LE MANUEL NUMERIQUE Pré-requis : Disposer d’un ordinateur connecté à internet Il en existe 3 types d’usage : L’utilisation collective en classe, à partir du manuel de l’enseignant, en version locale ou en ligne. Il est projeté au tableau via un vidéoprojecteur ou un Tableau Numérique Interactif (T.N.I), ce qui permet au professeur de proposer de nouvelles organisations pédagogiques à ses élèves (alternance de cours magistral et de séquences en petits groupes) ainsi que de nouvelles configurations de salle (tables en U, en V, en épi…) L’utilisation individuelle en cours, l’élève accédant à son manuel via son E.N.T. en salle multimédia, au CDI, lors des permanences… L’utilisation hors de la classe, permettant aux élèves de travailler à leur domicile à partir de leur E.N.T ou aux enseignants de préparer leurs cours. Ses avantages : Pour les enseignants : - Accès à de multiples ressources numériques (vidéo, images, audios…) qui leur permettent de choisir le support le plus approprié à chaque cours. - Grande étendue des ressources disponibles et cohérence de leur organisation par rapport aux programmes scolaires. - Gain de temps pour la correction des exercices en classe. - Assurance de disposer d’un droit d’usage, contrairement aux ressources trouvées sur internet qui ne sont pas toutes utilisables librement. - Usages transversaux et pluridisciplinaires permettant aux enseignants d’avoir accès aux manuels numériques d’autres matières que la leur (afin de pouvoir constituer des socles de compétences, des enseignements d’exploration…) - Coût réduit des dégradations et des pertes pour leur établissement et disponibilité du manuel jusqu’à la fin de l’année scolaire. Pour les élèves : - Utilisation possible de leur manuel numérique en cours, dans une autre salle de l’établissement (CDI, salle multimédia…), depuis leur domicile ou tout autre lieu équipé d’un ordinateur relié à une connexion internet. - Accès à leur manuel numérique possible à proximité de tout Espace Numérique Public, pour faire leurs devoirs, terminer une activité commencée en cours… et à tout moment (le week-end, pendant les vacances…) - Augmentation de leur motivation car ils peuvent utiliser dans un cadre scolaire les outils numériques qui leur sont familiers (valorisation de l’élève, reprise de confiance en soi). - Aspect ludique de l’activité (utilisation de stylets numériques, fonctionnalités du T.N.I et du manuel…) - Plus grande autonomie ou facilité d’usage pour certains élèves handicapés, particulièrement pour les malvoyants. Pour les parents d’élèves : - Réduction importante du poids du cartable de leur enfant. - Mise en place des apprentissages du numérique pour s’approprier le manuel et ouverture sur la société contemporaine. - Disponibilité permanente et en tout lieu du manuel, avec un minimum d’équipement individuel (un ordinateur familial et une seule connexion internet). Ses inconvénients : Pour les enseignants : - Perte de temps liée à la prise en main du manuel, surtout dans un contexte de nouveaux programmes. Certains trouvent plus simple de faire leurs recherches sur internet. - Problème pour visualiser le manuel numérique en classe entière et nécessité d’adapter l’aménagement des salles. - Manque de matériel individuel des élèves leur permettant une visualisation individuelle du manuel. - Lacunes observées dans les ressources et l’interactivité de certains manuels. Pour les élèves : - Difficulté à apprendre à utiliser le manuel et à s’en approprier les contenus. - Manque de matériel individuel, que ce soit à l’école ou à leur domicile. - Diminution de l’autonomie des élèves porteurs de certains handicaps, en particulier dans le cas de difficulté de lecture (quantité d’informations trop importante liée à l’affichage de double page, en général). Pour les parents d’élèves : - Attachement aux valeurs véhiculées par le manuel scolaire papier. - Inquiétude par rapport au temps de travail passé sur écran de leur enfant. - Difficulté à gérer le partage de l’ordinateur entre tous les membres de la famille. LE MANUEL PAPIER Au sens étymologique, le mot « manuel » vient du terme latin manus : la main. Il se définit à l’origine comme un ouvrage de format réduit présentant l’essentiel des connaissances relatives à un domaine donné. Depuis la fin du 19ème siècle, il désigne exclusivement les ouvrages qui exposent les connaissances requises par les programmes scolaires. En effet, ce concept, établi à l’époque de Jules Ferry, établissait un cahier des charges sous l’autorité de l’inspection générale mais réalisé par des éditeurs privés. Il développe les connaissances à acquérir dans une discipline d’enseignement pour un niveau donné et propose un cours complété par des documents produits spécifiquement ou reproduits (photos, schémas, cartes…). Les acquis des élèves peuvent être évalués par des exercices. Ses avantages : Pour tous les utilisateurs : - Matérialisation et fiabilité de l’objet. - Richesse du contenu documentaire. - Nombreuses possibilités de choix didactiques (tant au niveau des contenus disciplinaires que de leurs processus d’apprentissage). - Un véritable livre, donc un moyen d’accès à la culture. L’élève prend plaisir à le posséder et à le lire. - Excellent rapport qualité/prix (le prix d’un ouvrage se situe aux alentours d’une vingtaine d’euros, et sa longévité est en moyenne de cinq ans). - La TVA est à 5,5 %. - Mise en œuvre simple et rapide, à condition de maîtriser les outils de navigation que sont le sommaire, les index et les repères de structure de l’ouvrage. - Un outil universel et pratique qui s’adapte indifféremment à un travail collectif (en classe) ou individuel (à la maison). Pour les enseignants : - Constitue un véritable auxiliaire pédagogique. - Accompagne l’action du professeur en cours et la prolonge également en dehors de la classe en créant une liaison entre le travail fait au collège et celui effectué à la maison par l’élève. - Constitue une aide pour la préparation des cours et l’organisation de la classe. Pour les élèves : - Leur permet d’accéder seuls au savoir, s’ils ont été bien initiés à son utilisation. - Rassemble les connaissances et les méthodes à acquérir par l’ensemble des élèves. - Leur permet, en dehors de la classe, de reprendre les éléments fondamentaux du cours, de corriger et compléter les notes prises en classe, de consolider et d’approfondir leurs connaissances. - Leur donne la possibilité de s’entraîner grâce aux exercices proposés. - Leur fournit des repères : en leur faisant faire des retours en arrière, il leur permet de situer ce qu’ils viennent d’apprendre par rapport à ce qu’ils connaissaient déjà, en facilitant l’assimilation des nouvelles notions. - Peut être prêté pendant les vacances, ce qui peut permettre aux élèves en difficulté d’aborder plus facilement le programme de l’année scolaire suivante. Ses inconvénients : - Sa matière première est le papier, ce qui contribue largement à la déforestation dans le monde. - Les coûts d’impression et de création éditoriale sont élevés. - Faible pouvoir d’attractivité sur les élèves. - Poids élevé dans le cartable, occasionnant des plaintes des parents d'élèves. EN CONCLUSION Loin de se subsister au manuel papier, le manuel numérique le complète plutôt, en apportant de nouveaux supports de cours ou des services à valeur ajoutée. Cependant l’introduction du manuel numérique dans les établissements scolaires entraîne un surcoût, parfois partagé avec les familles, qui peut être expliqué par différents facteurs comme : - La recherche de nouveaux médias (ex : vidéos). - L’acquisition de droits de reproduction iconographique ou de citations de textes. - Les coûts de développement liés aux technologies d’animation des cartes, schémas, etc… - La transformation nécessaire des fichiers ainsi que leurs coûts d’hébergement et de sécurisation. - Une TVA à 19,6 %. Il est sans doute nécessaire de prendre en compte ce surcoût au niveau national sous peine de laisser se creuser des écarts d’équipement importants sur l’ensemble du territoire français. Faute d’une politique réellement volontariste, le démarrage des usages du manuel numérique est très lent, ce qui compromet grandement son essor et freine également ses possibilités d’évolutions technologiques. De plus, les connexions internet ne sont pas toutes « haut débit » et les crédits d’équipement et de maintenance, loin d’être suffisants, sont inégalement répartis dans le pays. Des pistes de solution s’ouvrent comme, par exemple : - Augmenter le taux d’équipement dans tous les établissements scolaires. - Obtenir des budgets spécifiques pour acheter les supports numériques. - Sortir de la logique d’expérimentation et de recherche où s’inscrit encore actuellement l’utilisation des solutions numériques dans les classes. - Et surtout, développer l’envie des enseignants d’utiliser ces pratiques innovantes et toujours plus pédagogiquement pertinentes.