Evangile de la femme adultère. « J`ai moi

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Evangile de la femme adultère. « J`ai moi
Homélie du 17 mars 2013 Election du souverain pontife le Pape François dans la semaine précédente.
Evangile de la femme adultère.
« J’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus».
A cette parole de l’Apôtre comment ne pas penser à notre nouveau Pape François !
Sa sainteté le Pape émérite Benoit XVI disait qu’un Pape n’a pas de vie privée. D’une façon plus
abrupte saint Paul dans la deuxième lecture exprime la même idée: « A cause du Christ, j’ai tout
perdu».
Mgr Jorge Mario Bergoglio, le futur Pape François, devient archevêque de Buenos-Aires en
Argentine, le 28 février 1998. A ce moment-là il ne voulut pas habiter le palais épiscopal mais logeât
dans un appartement en ville, seul, où il faisait lui-même sa propre cuisine. Il n’avait pas de voiture et
faisait ses déplacements en bus et métro… De petits détails qui en disent long sur un choix évident de
simplicité et de pauvreté.
A cause du Christ il a tout perdu, il a tout donné ! Le Pape ne peut rien avoir en propre car tout ce qui,
en lui, ne serait pas du Christ serait un désavantage, une balayure, au détriment de toute l’Eglise.
Nul doute que c’est en saint François d’Assise qu’il nous faudra aller chercher une des clefs de sa
spiritualité et de son gouvernement. Sur le choix de ce nom de François voici ce que dit le Pape luimême : "Nombreux sont ceux qui, ignorant pourquoi je me suis appelé François, ont pensé à
François-Xavier, à François de Sales et à François d'Assise. Voici les faits : dans la Sixtine j'avais à côté
de moi le Cardinal Caludio Hummes, un grand ami, vraiment un grand ami ! Lorsque les choses sont
devenues dangereuses pour moi, il m'a rassuré et encouragé. Et lorsqu'on est arrivé aux deux tiers
des votes, et que les cardinaux ont applaudi le Pape élu, cet ami m'a dit en m'embrassant : N'oublie
jamais les pauvres ! Ceci s'est imprimé dans mon esprit et j'ai immédiatement pensé au Poverello.
J'ai pensé aux guerres, alors que le scrutin reprenait jusqu'à un vote unanime, j'ai pensé à François,
l'homme de la paix, l'homme qui aimait et protégeait la nature, alors que l'humanité a un rapport
tellement médiocre avec la création ! Il est l'homme diffusant l'esprit de la paix, l'homme pauvre.
Combien je désire une Eglise pauvre pour les pauvres ! »
Dans sa première homélie, le jeudi 14 mars, devant les cardinaux, le Pape François avait cette phrase
choc : « si nous ne confessons pas Jésus-Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG
humanitaire, mais non l’Église, Épouse du Seigneur». Puis citant Léon Bloy il disait « Celui qui ne
prie pas le Seigneur, prie le diable ». Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la
mondanité du diable, la mondanité du démon.
Sous ces mots on sent frémir l’ardeur d’un cœur Amoureux. Une même ardeur embrasait Saint
François quand il parcourait la campagne en pleurant et s’écriant :
« L’Amour n’est pas aimé, l’Amour n’est pas aimé !.. »
Il est éloquent aussi qu’au soir même de son élection, dans ses tout premiers mots et par deux fois,
notre Pape parla de vie fraternelle. Aucune vie fraternelle n’est possible sans une profonde unité
d’amour et de foi. Si la première mission du Pape est d’être principe et fondement de l’unité de
l’Eglise nous dit le Catéchisme, la seule et unique source de cette Unité ne peut-être que le Christ
Jésus lui-même. Ainsi la mission du Pape est pour l’Eglise une mission d’ajustement au Christ. Cet
ajustement fera de nous des justes aux yeux de Notre Père.
Tous nous avons besoin d’un ajustement car en Adam et Eve, la très sainte Vierge Marie mise à part,
nous sommes tous tombés dans l’injustice du péché.
L’évangile d’aujourd’hui illumine cette injustice du péché qui divise.
Jésus, le Juste qui justifie, rassemble les foules qui viennent écouter sa Parole. Autour de Lui, sous
l’effet de sa Parole, les hommes s’assemblent, s’ajustent et s’unifient. Autour de Jésus s’ébauche cette
future Maison qui deviendra l’Eglise. C’est alors qu’interviennent les scribes et les pharisiens, ils
viennent accuser, ils viennent diviser. S’ils accusent la femme, en fait, c’est Jésus lui-même qu’ils
visent. Leur vrai but c’est de parvenir à l’accuser Lui, parvenir à Le condamner et enfin parvenir à Le
supprimer.
Mais on ne peut s’approcher du feu sans en être réchauffé, on ne peut s’approche de Jésus sans
ressentir sa puissance de vérité et de justice. Par sa Parole, tout autant que par son silence, Jésus va
ajuster à la vérité chacun des accusateurs ! Et le retournement sera complet ! Celle que les scribes et
les pharisiens avaient trainée comme une moins que rien est devenue leur ambassadrice auprès de
Jésus. En elle nous sommes tous là, avec elle laissons-nous ajuster à la Vérité. Sous le Regard de
Jésus le péché reconnu n’est plus un obstacle à l’amour, à l’union ! Alors nous entendrons cette
Parole qui retourne nos vies : « Moi non plus Je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche
plus. »
Seulement pour pouvoir entendre cette parole de Vie il me faut passer par cet ajustement crucifiant
qu’est la reconnaissance de mon péché personnel. Tel est bien le sens de la Croix ! Citons encore
notre Pape François : « Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et
quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur : nous
sommes mondains, nous sommes des Évêques, des Prêtres, des Cardinaux, des Papes, mais pas des
disciples du Seigneur ».
C’est l’Amour qui a mené le Seigneur Jésus sur la Croix : sa Mort me donne la Vie à moi que le
péché avait tué. Aussi longtemps que je ne reconnais pas que Jésus meurt sur la Croix à cause de
mon péché à moi aussi longtemps je ne pourrai rencontrer Jésus et l’entendre me dire : « Je ne te
condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Cette surdité, cet aveuglement qui occulte la Croix est l’obstacle majeur à notre justification.
La redoutable mission du Pape et, uni à lui, celle de toute l’Eglise, est donc de témoigner que tout
homme qui s’est coupé de Dieu est pécheur, il vit dans l’injustice, et que seul un ajustement qui passe
par la Croix du Christ peut lui redonner le Bonheur de la Vie.
Telle fut la Mission du Christ que le refus du monde a conduit sur la Croix.
Telle est la mission de l’Eglise et telle est en premier lieu la mission du successeur de Pierre.
Par le don des stigmates c’est jusqu’au plus intime de sa chair que Saint François se laisse ajuster à
son Bien Aimé crucifié. Ce choix du nom de François est-il simple coïncidence ou chemin de l’Eglise
pour la vie du monde ?
Dans l’Esprit Saint, unis au successeur de Pierre, offrons à Dieu notre Père des cœurs de petits et de
pauvres, des cœurs dociles, qui se laissent ajuster, afin que se réalise, en notre temps aussi, cette
Parole de Dieu annoncée dans la première lecture:
« Ce peuple que j’ai formé pour Moi redira ma louange ». Amen.

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