serge prokofiev

Transcription

serge prokofiev
le joueur
serge
prokofiev
orchestre et chœurs
de l’opéra de lyon
direction musicale
kazushi ono
mise en scène
Grzegorz jarzyna
*atelier pour enfants
nouvelle
production
le joueur
serge
prokofiev
Igrok
Opéra en 4 actes et six scènes, 1929
Livret du compositeur d’après le roman
de Dostoïevski
En russe
Direction musicale
Kazushi Ono
Mise en scène
Grzegorz Jarzyna
Décors et costumes
Magda Maciejewska
Lumières
Jacqueline Sobiszewski
Chef des Chœurs
Alan Woodbridge
nouvelle
production
Alexeï
Misha Didyk
Pauline
Kristine Opolais
Le Général
Alexander Teliga
le Prince Nilski
Vasili Efimov
Orchestre et Chœurs
de l’Opéra de Lyon
Durée : 2h30 environ
Grand-mère
Marianna Tarasova
Tarifs : de 5 à 88e
Blanche
Maria Gortsevskaja
Enregistré par France Musique
Le Marquis
Eberhard Francesco Lorenz
Astley
Andrew Schroeder
La ritournelle du jeu
Œuvre de jeunesse de Serge Prokofiev, après une demi-douzaine d’essais, composée pendant la Première Guerre
mondiale - sa création était prévue pour 1917, à Saint-Pétersbourg, perspective contrariée par la révolution d’Octobre -, le
Joueur a finalement connu les feux de la rampe l’année suivante, à Bruxelles, en français, avant de disparaître pendant plus
d’un quart de siècle. Puisée chez Dostoïevski, l’action de l’opéra se déroule dans une ville d’eau avec pour personnage
central un général russe à la retraite incapable d’échapper à sa passion pour le jeu. Cet opéra est né pendant la période
fauve de Prokofiev ; un Prokofiev magicien coloriste du son, rythmicien sémillant et félidé. “L’orchestration des «étreintes»
du quatrième acte m’a donné bien des soucis, confie Prokofiev à son journal. Après quoi j’ai fait une petite fin légère
et rapide et, le 22 janvier, l’orchestration du Joueur était terminée. Cette orchestration a traîné en longueur, [mais] le
quatrième acte sera intéressant et avec des sonorités nouvelles.“
Prokofiev a commencé le Joueur en 1915, sur les recommandations du chef d’orchestre Albert Coates alors chef d’orchestre
au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, peu après le retour du compositeur de son premier voyage à l’étranger
dans les bagages de Diaghilev, Stravinsky et des Ballets Russes. Le style formaliste radical de l’opéra, qui revient sur
l’expérience de Moussorgski avec la musique dramatique d’après le Mariage de Nicolas Gogol créée en 1908, était
assurément inspirée de Moussorgski, mais aussi composé en réaction contre l’esthétique anti-opéra du cercle de Diaghilev,
notamment exprimée par Alexandre Benoist dans ses Souvenirs sur les Ballets Russes. Dans ses interviews publiées dans
la presse, Prokofiev établit le rapport avec son acceptation de représentations par le Théâtre Mariinsky pendant la saison
1916-1917. Agé de vingt-cinq ans, le compositeur s’y moque des conventions de l’opéra, de l’utilisation du vers rythmé des
livrets jusqu’aux déploiements irréalistes du chœur, de la distribution des rôles dans les ensembles au lieu de la succession
des dialogues, et le découpage de l’action en numéros. En confinant son écriture vocale dans un registre qu’il désigne
comme “style déclamatoire“, associant le récitatif mélodique à un réseau de leitmotivs, Prokofiev espérait atteindre une
“flexibilité scénique“ apte à sauver l’opéra de l’impasse supposée et le montrerait comme “le plus vivant et puissant de
tous les arts de la scène“.
Devant les difficultés de distribution, la mauvaise volonté des musiciens de l’orchestre, l’incapacité du chef Nicolaï
Bogolyubov et, nec plus ultra, l’ébullition politique de la révolution de 1917, la production du Mariinsky dans laquelle le
ténor Ivan Yershov devait chanter le rôle d’Alexeï, n’a pu être réalisée.
Par la suite, Vsevolod Meyerhold a escompté mettre en scène le Joueur à Moscou à la fin des années 1920, après les
premiers grands succès des tournées soviétiques de Prokofiev. A cette fin, il collabora avec le compositeur, qui vivait alors
à Paris, dans l’espoir d’obtenir de lui une révision de l’opéra, révision achevée en 1928.
C’est cette seconde version, plus lyrique que la précédente, qui a été publiée, d’abord par Serge Koussevitzky en 1930
puis en 1967 en Union soviétique. Malheureusement pour Prokofiev, la mise en place de la production échoua à son
tour, cette fois à cause de l’opposition de l’anti-moderniste Association des Musiciens Prolétaires. La version liminaire, la
plus radicale, reste à l’état de manuscrit, conservée en l’état au Théâtre Mariinski. Le travail de Prokofiev avec Meyerhold
sur Le Joueur fut étroit et marqué de respect mutuel, ce qui ne laisse cependant pas entrevoir une quelconque influence
artistique de Meyerhold sur Prokofiev.
A la suite de la première bruxelloise, donnée en français sous la direction de Corneil de Thoran, Le Joueur ne sera pas
repris avant la mort de Prokofiev. Des représentations seront alors données à Naples (1953), Paris (en concert dirigé par
Charles Bruck, en 1956), Darmstadt (1957), Plzen (1958) et Belgrade (1962), tandis que l’Union Soviétique a dû attendre
1963, avec un concert de la Radio de Leningrad dirigée par Guennadi Rojdestvenski. Ce n’est qu’en 1974 que l’ouvrage
entre au répertoire du Théâtre Bolchoï de Moscou, sous la direction de Boris Pokrovsky.
L’action du Joueur suit l’intrigue principale du roman de Dostoïevski, défaite des trois premiers chapitres, largement évoqués
néanmoins par le biais de descriptions, et des deux derniers, qui forment épilogue, tandis que le livret conserve une
bonne part du dialogue originel. Le lieu de l’action est une ville d’eau imaginaire d’Allemagne, Roulettenburg, qui pourrait
être Wiesbaden. Un général à la retraite y attend une grande nouvelle supposée venir d’une riche parente, sa tante
Baboulenka censée lui léguer sa fortune. Il est accompagné de ses enfants et de leur tuteur Alexeï, et de sa belle-fille
Pauline. Le général a emprunté des sommes importantes au riche marquis français de Grieux, et est tombé amoureux
d’une demi-mondaine, Blanche, tandis qu’Alexeï aime Pauline, qui entretint autrefois une liaison avec le marquis. Amoureux
de Pauline, il se voit dans l’obligation de prouver sa dévotion en insultant indûment une baronne. Ce qui lui vaut d’être
violemment invectivé par le général, en dette avec le marquis. Au lieu de la mort de Baboulenka qui pourrait le sauver,
celle-ci lui fait honte, à la consternation générale. La vieille femme passe en effet à la table de la roulette, où elle perd
toute sa fortune, avant de décider de son retour en Russie. Ruiné, le général est abandonné par Blanche. De son côté,
le marquis abandonne Pauline à son tour dans des conditions humiliantes, réclamant notamment un remboursement sous
forme de transferts bancaires des dettes de son beau-père. Alexeï se jette vers la table de jeu pour la venger. Il gagne
en pariant sur le rouge, et rejoint Pauline doté d’une véritable fortune. Mais se pensant une seconde fois grugée, cette
dernière le rejette violemment, le jugeant comme un joueur invétéré.
En 1931, comme beaucoup de ses confrères compositeurs du XXe siècle (pensons à Berg avec Wozzeck et Lulu et à
Hindemith avec Mathis le Peintre), Prokofiev a tiré de son opéra une suite pour orchestre qu’il a intitulée “Quatre Portraits et
Dénouement pour le Joueur“. Cette partition réunit les pages respectivement consacrées à Alexeï, Baboulenka, le général
et Pauline. Le “Dénouement“ est un condensé de la scène de la roulette du quatrième acte. La conjugaison de l’action de
la roulette et de la boule y servent de ritournelle.
Bruno Serrou
dans
la colonie
Pénitentiaire
quintette à cordes
musiciens de l’orchestre
de l’opéra de Lyon
mise en scène
Richard brunel
du 23 janvier
au 4 février 2009
le
vin herbé
du 24 au 30 Janvier 2009
musiciens de l’orchestre
de l’opéra et du cnsmd de Lyon
direction musicale
friedemann layer
mise en scène
willy decker
kazushi ono
direction musicale
Antonio Pappano allait rejoindre Covent Garden à Londres. La Monnaie de Bruxelles se
demandait qui allait pouvoir le remplacer. Un soir, un jeune chef japonais est venu diriger
le gala du Studio des jeunes chanteurs. Le lendemain, les délégués de l’Orchestre faisaient
savoir combien les musiciens avaient apprécié le travail et la personnalité de Kazushi
Ono…
En septembre 2002, le chef japonais ouvrait sa première saison à la Monnaie avec Elektra.
Au-delà d’un métier accompli, qui lui vaut le respect des musiciens, Kazushi Ono s’impose
également comme un homme de culture, aimant à travailler avec les metteurs en scène les
plus différents : Willy Decker (Peter Grimes et Falstaff), David McVicar (Don Giovanni),
Klaus Michael Grüber (Boris Godounov), Jan Fabre (Tannhäuser), Bob Wilson (Aïda), Richard Jones (L’Ange de feu), Robert
Lepage (The Rake’s Progress, une coproduction avec Lyon)... Dans le domaine contemporain, il signe avec Trisha Brown une
mémorable version de Luci mie traditrici de Sciarrino, puis assume trois importantes créations mondiales : Ballata de Francesconi, Hanjo d’Hosokawa et Julie de Boesmans.
Sa carrière internationale a pris un essor vertigineux : on le retrouve à Berlin (Tannhäuser au Deutsche Oper et Salomé au Staatsoper), au Metropolitan de New York (Aïda avant le Vaisseau fantôme dans un an et demi), à la Scala (Lady Macbeth de
Mtsensk et, en avril 2008, Macbeth). À Paris, il vient de diriger avec grand succès la reprise de Cardillac à l’Opéra-Bastille.
Mais ce qui est peut-être son plus bel exploit de musicien, c’est au Châtelet qu’il le réalisa, quand il sauva les représentations
des Bassarides de Henze, menacées par la grève, en réalisant en quelques jours une adaptation de la partition d’orchestre
pour un ensemble de 18 musiciens.
Kazushi Ono est aussi fêté dans le répertoire symphonique ; il est l’invité des plus grands orchestres, de Boston à Londres, de
Leipzig à Rome.
En septembre 2008, il devient chef permanent de l’Opéra de Lyon. Par son mélange de précision analytique et de fougue
maîtrisée, par l’éclectisme de son répertoire et aussi par son ouverture d’esprit, Kazushi Ono s’affirme comme le prototype du
chef du XXIe siècle.
Serge Martin
Grzegorz Jarzyna
mise en scène
À quarante ans, Grzegorz Jarzyna est – comme Warlikowski – un des grands créateurs
de la scène théâtrale polonaise. On a pu voir son travail notamment à Paris, à Lyon –
Dingueries tropicales de Witkiewicz aux Célestins en 2004 – au Festival d’Avignon :
Yvonne, princesse de Bourgogne de Gombrowicz, Le Prince Mychkine d’après L’Idiot de
Dostoïevski. Avec Le Joueur, il retrouve l’univers du grand romancier russe. Jarzyna sait
pénétrer “dans les textes et en faire luire jusqu’aux plus subtils scintillements, sans fioritures,
mais avec une intelligence prodigieuse du plateau qui porte à l’incandescence la tension
dramatique. “
Ses mises en scène d’opéras sont rares – un Cosi fan tutte notamment à l’Opéra de Poznan
– mais il y apporte toute son inventivité, mais aussi sa rigueur et son exigence : “Je suis
toujours aussi intéressé de savoir jusqu’où les chanteurs peuvent aller dans la narration.”