Enfance Le développement de l`identité à l`adolescence

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Enfance Le développement de l`identité à l`adolescence
Enfance
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Le développement de l’identité à l’adolescence :
quels apports des domaines vocationnels et
professionnels ?
Lyda Lannegrand-Willems
Enfance / Volume 2012 / Issue 03 / September 2012, pp 313 - 327
DOI: 10.4074/S0013754512003060, Published online: 08 October 2012
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Lyda Lannegrand-Willems (2012). Le développement de l’identité à l’adolescence :
quels apports des domaines vocationnels et professionnels ?. Enfance, 2012, pp
313-327 doi:10.4074/S0013754512003060
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Le développement de l’identité à l’adolescence :
quels apports des domaines vocationnels et
professionnels ?
Lyda LANNEGRAND-WILLEMS*
RÉSUMÉ
La construction des choix professionnels fait partie du développement de
l’identité à l’adolescence dont une voie principale de recherche s’inscrit dans
l’approche théorique d’Erikson (1972). Partant de ce cadre de référence, cet article
vise à présenter deux nouvelles propositions théoriques du développement de
l’identité chez l’adolescent et le jeune adulte, ainsi que les résultats récents obtenus
dans l’étude des trajectoires développementales de l’identité. Le premier modèle
propose un double cycle de formation de l’identité, le premier cycle basé sur
une exploration de surface de l’engagement, le second cycle évaluant l’identité
par une exploration en profondeur de l’identification aux engagements. Le
second modèle repose sur un processus d’interaction continu entre l’engagement,
la reconsidération des engagements et l’exploration en profondeur. À partir
de ces deux modèles, un nouvel instrument d’évaluation du positionnement
identitaire vocationnel (VISA) a été élaboré, que nous traduisons actuellement
en Français. L’évaluation permet la mise en évidence de différentes trajectoires
développementales plus ou moins adaptatives et conduit à ajuster l’aide et le
conseil en orientation à la situation propre à chaque adolescent et jeune adulte.
MOTS-CLÉS : DÉVELOPPEMENT DE L’IDENTITÉ, ADOLESCENCE, VOCATION
*Laboratoire de Psychologie, Santé et Qualité de vie EA 4139, Université Bordeaux Segalen, 3
ter place de la Victoire 33076 Bordeaux cedex. Email: [email protected]
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Lyda LANNEGRAND-WILLEMS
ABSTRACT
Identity Development in adolescence: Which advances in research for
vocational guidance?
The development of professional choices is part of identity building during
adolescence. One of the main directions of research is Erikson’s Ego Identity
approach. This article aims at presenting two neo-Eriksonian models of
adolescent and emerging adulthood identity building. Additionally, recent
advances stemming from the study of developmental trajectories of identity
are summarized. One model is based on the description of a two-cycle
building composed of a first cycle of identity building concerned with surface
exploration-engagement, and a second cycle dealing with identity evaluation
(in-depth exploration and identification to engagements). A second model
relies on a continuous interaction process between engagement, revisit of
engagement and in-depth. Those models inspired a new tool: the vocational
identity assessment (VISA) currently translated in French. VISA allows improved
orientation and adjustment to each adolescent and young adult’s situation.
KEY-WORDS: EGO IDENTITY DEVELOPMENT, ADOLESCENCE, VOCATIONAL IDENTITY
Développement de l’identité à l’adolescence
La construction de l’identité ou du soi à l’adolescence a été étudiée selon
deux voies principales dans les recherches (Bosma & Gerlsma, 2003) : le
développement du concept de soi (Bariaud, 1997) et l’approche théorique
d’Erikson (1972) qui demeure une des références majeures dans le champ
du développement de l’identité à l’adolescence dans différents domaines de
vie, particulièrement dans le domaine vocationnel et professionnel. Dans une
conception développementale et psychosociale, Erikson considère l’identité
comme une synthèse réalisée à partir des éléments du passé (histoire personnelle),
des caractéristiques du présent (besoins, traits de personnalité, etc.) et des
attentes du futur. Ce travail de synthèse est synonyme de « crise », au sens
de moment crucial dans le développement adolescent. Pour que les choix pris
ultérieurement soient personnels, l’adolescent doit expérimenter différents rôles
sociaux au cours d’un moratoire psychosocial ou période de délai accordée par
la société. Résultant d’un processus de questionnement et d’intégration dans des
domaines de vie fondamentaux, l’identité « réalisée » correspond à un engagement
flexible mais durable dans ces domaines qui garantit à un niveau psychosocial
l’intégration de l’individu dans la société et à un niveau individuel un sentiment
de bien-être et de confiance. Les recherches menées depuis corroborent cette
affirmation d’Erikson : elles ont mis en évidence des relations réciproques
entre développement de l’identité et santé mentale à l’adolescence, et amènent
à concevoir l’identité comme un « atout développemental » contribuant à
un développement positif chez le jeune adulte (Luyckx, Schwartz, Goossens,
Soenens, & Beyers, 2008b). Elle a été rendue opératoire grâce à la précision, par
Marcia (1966), des deux processus à l’œuvre dans la construction de l’identité
personnelle : l’exploration et l’engagement. L’exploration fait référence à un
processus de recherche des différentes alternatives pour soi dans un domaine de
vie (par exemple la profession, la religion, la politique), l’engagement correspond
à l’adhésion à un ensemble de valeurs, buts et croyances. En somme, le
sentiment d’identité résulte des engagements individuels dans des domaines
de vie, engagements possibles après une période d’exploration. En combinant
ces deux dimensions, Marcia (1966 ; Marcia, Waterman, Matteson, Archer, &
Orlofsky, 1993) a défini quatre statuts d’identité, c’est-à-dire des styles individuels
d’ajustement à la tâche psychosociale de formation de l’identité (Marcia, 1966) :
la réalisation identitaire (forte exploration et fort engagement), la forclusion
identitaire (faible exploration et fort engagement), le moratoire identitaire
(forte exploration et faible engagement) et la diffusion identitaire (absence
d’engagement). Globalement, les adolescents en réalisation identitaire présentent
le meilleur profil d’ajustement psychosocial, ceux en diffusion identitaire le moins
bon, les adolescents en moratoire et en forclusion identitaire ayant un profil
intermédiaire (Côté & Schwartz, 2002).
Bien que la quête d’identité ait été associée à l’adolescence par Erikson, les
changements socio-structurels de nombreux pays, en particulier l’allongement
de la scolarité, ont conduit à étendre cette tâche développementale à la
période des « adultes en émergence » poursuivant des études supérieures
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(Arnett, 2004). L’université, en tant que contexte ouvert aux différents possibles,
peut représenter une opportunité pour les jeunes de continuer le travail de
questionnement identitaire (Luyckx et al., 2008b ; Luyckx, Schwartz, Soenens,
Vansteenkiste, & Goossens, 2010 ; Montgomery & Côté, 2003 ; Waterman, 1993).
Partant de ce cadre de référence majeur, le présent article vise à présenter
l’évolution récente des modèles théoriques du développement de l’identité
chez l’adolescent et le jeune adulte et à souligner leurs apports dans le
domaine de l’orientation scolaire et professionnelle. En effet, dans les pays
industrialisés, construire une identité vocationnelle et professionnelle est au cœur
du développement identitaire de l’adolescent et du jeune adulte (Porfeli, Lee,
Vondracek, & Weigold, 2011).
L’IDENTITÉ DANS LE DOMAINE VOCATIONNEL ET
PROFESSIONNEL
Théoriquement et empiriquement, la construction des choix professionnels
fait partie du développement de l’identité à l’adolescence. Une des approches
théoriques majeures de l’identité vocationnelle et professionnelle relève de la
théorie d’Erikson (Skorikov & Vondracek, 2011), qui considérait l’engagement
dans le domaine professionnel comme un des aspects essentiels de l’identité
(1972), tout comme ensuite Marcia. L’exploration et l’engagement sont
considérés comme les deux processus centraux dans l’élaboration d’une identité
vocationnelle : l’exploration de soi et du monde professionnel peut permettre
de s’engager, c’est-à-dire de spécifier des choix professionnels ainsi que des
valeurs et intérêts personnels. Ainsi, les statuts identitaires sont définis dans ce
domaine de la façon suivante (Skorikov & Vondracek, 2011). La réalisation de
l’identité vocationnelle et professionnelle correspond à un engagement personnel
important dans des valeurs et buts professionnels suite à l’exploration de soi et
du monde du travail ; la forclusion identitaire se caractérise par des engagements
professionnels effectués sans véritable processus exploratoire de soi et du monde
professionnel ; le moratoire se définit par une exploration intense ne débouchant
pas encore sur des choix précis ; la diffusion identitaire, enfin, correspond
à une incapacité à faire des choix, que la personne ait traversé ou non une
période d’exploration. Les recherches empiriques ont également souligné les
relations étroites entre la construction des choix, l’indécision vocationnelle et les
statuts d’identité (Blustein, Devenis, & Kidney, 1989 ; Vondracek, Schulenberg,
Skorikov, Gillespie, & Wahlheim, 1995) et mis en évidence des caractéristiques
du développement de l’identité identiques dans différents domaines de vie,
dont le domaine vocationnel (Skorikov & Vondracek, 1998). Or, dans la
dernière décennie, de nouvelles propositions théoriques du développement de
l’identité chez l’adolescent et le jeune adulte, ainsi que l’étude des trajectoires
développementales de l’identité ont permis d’ouvrir à de nouvelles perspectives
de recherches et d’applications, qui constituent des apports de connaissances
pour le domaine de la construction de choix de carrière.
Développement de l’identité à l’adolescence
Des critiques du paradigme de Marcia aux nouvelles propositions
théoriques du développement de l’identité
Grâce à ses caractéristiques opératoires, le modèle des statuts d’identité de Marcia
est resté dominant dans les recherches durant plus de 30 ans, donnant lieu à
plus de 500 publications (Sneed, Schwartz, & Cross, 2006) essentiellement en
langue anglaise (sur la base de données PsycInfo, seulement cinq publications
faisant référence au modèle de Marcia sont en langue française : Barbot, 2008 ;
Bosma, 1994 ; Cohen-Scali & Guichard, 2008 ; Kunnen & Bosma, 2006 ;
Lannegrand-Willems, 2008). Mais il a aussi fait l’objet de critiques (cf. Van Hoof,
1999 pour une revue de l’ensemble des points critiques) et de débats (un des
débats les plus récents – 2003 – est repris dans Cohen-Scali & Guichard, 2008).
Trois critiques majeures portent sur l’approche catégorielle en quatre statuts
d’identité, le manque d’étude des processus de construction de l’identité, et
l’existence d’un continuum développemental. L’hétérogénéité de statuts comme
la forclusion (par exemple la distinction entre une forclusion ferme perdurant
dans le temps et une forclusion développementale - Kroger, 1995) ou la diffusion
identitaire (Archer & Waterman, 1990 ; Lannegrand-Willems & Bosma, 2006 ;
Marcia, 1989) a été mise en évidence dans les travaux. L’approche catégorielle
en statuts d’identité est apparue essentiellement descriptive et trop statique :
les statuts font état des résultats ou issues de l’exploration et de l’engagement.
Une approche dimensionnelle de l’identité a donc été proposée en vue d’étudier
les processus à l’œuvre dans la construction identitaire et de mieux saisir leur
dynamique à travers les changements développementaux (Bosma, 1985, 1994).
Elle a consisté à envisager l’exploration et l’engagement, non pas en termes
d’évaluation dichotomique de type présence vs absence, mais comme des variables
continues en termes de quantité d’explorations et de force de l’engagement dans
un domaine de vie, mesurées par des questionnaires. Ces critiques sur la non
prise en compte des processus ont ainsi permis l’essor de nouvelles propositions
et perspectives. Enfin, la troisième critique majeure porte sur l’existence d’une
séquence développementale de l’identité à la base du modèle de Marcia. Les
recherches empiriques longitudinales sur la progression des individus d’un statut
d’identité à un autre n’ont pas mis en évidence de trajectoire développementale
normative (Van Hoof, 1999). Néanmoins, la réalisation identitaire est conçue
comme le statut le plus avancé et la diffusion identitaire comme le moins avancé
en termes de construction identitaire, et un accomplissement général de l’identité
au cours de l’adolescence se dégage des recherches empiriques transversales
(Lannegrand-Willems, 2008 ; Meeus, 1996).
L’évolution récente des modèles théoriques est centrée sur une analyse plus
approfondie des processus dimensionnels à l’œuvre dans le développement de
l’identité. Deux nouveaux modèles néo-eriksonniens ont ainsi vu le jour en
Europe dans les années 2000.
S’appuyant sur des réflexions précédentes relatives à différents aspects de
l’engagement (Bosma, 1985) et de l’exploration (Grotevant, 1987 ; Meeus, 1996 ;
Meeus, Iedema, & Maassen, 2002), Luyckx, Goossens, Soenens et Beyers (2006b)
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proposent un modèle théorique développemental reposant sur la précision des
processus d’exploration et d’engagement par une différenciation de chacun
d’eux. L’exploration peut ainsi être « de surface », c’est-à-dire une exploration
des différentes alternatives possibles pour soi avant l’élaboration de choix,
comme le concevait Marcia. Mais elle peut être aussi une exploration « en
profondeur », consistant en une analyse active des engagements déjà pris. Outre
l’engagement au sens de Marcia, les auteurs distinguent également un processus
d’« identification aux engagements » correspondant à une intégration personnelle
plus forte des choix. L’élaboration de l’identité reposerait sur une mise en œuvre
successive de ces quatre processus. Une exploration « de surface » dans un
domaine peut conduire à un engagement (au sens de Marcia). L’individu peut
continuer à l’évaluer par un processus d’« exploration en profondeur », qui peut
le conduire à s’identifier au choix qu’il aura fait. Luyckx, Goossens & Soenens
(2006a) proposent ainsi un modèle de construction de l’identité en double cycle
(dual cycle model) d’exploration et d’engagement : un premier cycle de formation de
l’identité (exploration de surface-engagement) et un second cycle d’évaluation de
l’identité (exploration en profondeur-identification aux engagements).
La distinction en quatre processus de construction de l’identité a permis
d’étendre le paradigme proposé par Marcia, notamment en spécifiant l’existence
de cinq statuts identitaires, dont deux de diffusion identitaire qui différent
à la fois en termes de définition et d’ajustement psychosocial (Luyckx,
Goossens, Soenens, Beyers, & Vansteenkiste, 2005) : les adolescents en diffusion
« insouciante » de l’identité (représentant 20 % de l’échantillon total de l’étude
constitué de jeunes de 18 ans en moyenne, et environ 40 % des adolescents inclus
dans le statut de diffusion identitaire), comparés aux adolescents en diffusion
« diffuse » de l’identité, se caractérisent par de plus faibles niveaux d’exploration
de surface et en profondeur, mais des niveaux plus élevés d’engagement et
d’identification aux engagements (niveaux qui restent nettement plus faibles,
bien évidemment, que ceux relevés chez les adolescents en réalisation ou
forclusion identitaire), et par un meilleur ajustement psychosocial (ici meilleur
ajustement aux attentes scolaires, meilleure adaptation sociale, estime de soi plus
élevée, symptômes dépressifs plus faibles). Selon les auteurs de cette étude, les
adolescents en diffusion insouciante de l’identité peuvent être considérés, non pas
comme un groupe apathique associé à un mauvais ajustement développemental,
mais plutôt comme des adolescents insouciants qui s’adaptent relativement bien
à leur manque actuel d’engagements.
Un second modèle de l’identité en double cycle repose sur un processus
d’interaction continu entre l’engagement, la reconsidération des engagements
et l’exploration en profondeur (Crocetti, Rubini, & Meeus, 2008b). Ce
modèle postule l’existence d’engagements au moins minimaux dès le début de
l’adolescence, liés aux identifications de l’enfance. Dans une première étape
de formation de l’identité, l’adolescent questionne ses engagements en les
reconsidérant. La reconsidération désigne le processus de comparaison entre
ses engagements et d’autres alternatives possibles. Dans une seconde étape
Développement de l’identité à l’adolescence
de maintien de l’identité, l’adolescent explore en profondeur ses engagements,
ce qui lui permet de les consolider. Une recherche récemment menée sur une
période de neuf mois auprès de jeunes adolescents (Klimstra, Luyckx, Hale,
Frijns, van Lier, & Meeus, 2010b) pourrait corroborer l’hypothèse d’Erikson
relative à la phase initiale de la formation identitaire selon laquelle les adolescents
commencent par reconsidérer et réfuter les identifications de l’enfance : les
engagements des jeunes adolescents s’affaiblissent au cours de la période, ces
changements étant induits par un accroissement de la reconsidération des
engagements.
Ce modèle tri-dimensionnel a permis également de mettre au jour des statuts
d’identité (Crocetti, Rubini, Luyckx, & Meeus, 2008a). Quatre de ces statuts sont
proches de ceux définis par Marcia. Un cinquième statut, le moratoire « de remise
en question » se caractérise par de forts engagements mais aussi par un niveau
élevé d’exploration en profondeur et de reconsidération des engagements. Ce
statut caractériserait, selon les auteurs, des individus qui ne sont plus satisfaits par
les choix qu’ils ont faits jusqu’alors et qui les questionnent.
Sur la base des deux nouvelles propositions théoriques relatives à l’exploration
et l’engagement, un instrument visant à évaluer le positionnement identitaire
vocationnel des adolescents et des jeunes adultes vient d’être élaboré (Vocational
Identity Status Assessment (VISA) – Porfeli et al., 2011). Ce questionnaire
permet de mesurer l’exploration de choix professionnels (de surface et en
profondeur), l’engagement (engagement et identification aux engagements) et
la reconsidération des choix professionnels (comprenant selon les auteurs deux
aspects : le doute vis-à-vis des choix et la flexibilité des choix). Plus précisément,
l’exploration de surface suppose une recherche d’informations sur le monde
professionnel et sur différentes professions qui pourraient intéresser l’individu
(exemple d’items : « actuellement, je m’informe sur différentes professions qui
pourraient me plaire »). L’exploration en profondeur se caractérise par une
recherche d’informations sur soi et le monde professionnel dans le but d’articuler
connaissances des métiers et connaissances de différents aspects de soi tels que
les compétences, les intérêts, les valeurs (par exemple : « actuellement, lorsque je
m’informe sur une profession, j’en examine tous les aspects les plus importants
pour moi »). Si l’engagement correspond au fait d’avoir une idée précise de la
profession que l’on veut exercer (par exemple : « je sais depuis longtemps quelle
profession me conviendrait le mieux »), l’identification aux engagements suppose
que l’individu ait le sentiment que son choix est en phase avec ses buts et ses
valeurs personnelles (par exemple : « mon futur métier me permettra de satisfaire
des objectifs bien personnels »). En ce qui concerne la reconsidération des choix
professionnels, le « doute vis-à-vis des choix » rend compte de l’incertitude, des
craintes de l’individu vis-à-vis de son choix professionnel et de son sentiment que
d’autres partagent ces mêmes doutes (exemple : « les gens qui me connaissent bien
ont des doutes sur mes choix d’orientation professionnelle »), et la « flexibilité
des choix » correspond au degré d’ouverture de l’individu à des changements
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de perspectives relatives à soi (intérêts, buts. . .) et au choix professionnel dans
l’avenir (exemple : « je modifierai probablement mes choix d’orientation »).
Les premiers résultats utilisant le VISA sur une population de lycéens et
étudiants Américains ont permis de retrouver les quatre statuts identitaires définis
par Marcia et le statut de moratoire de remise en question tel que mis en évidence
par Crocetti et al. (2008a). Ils montrent aussi que les individus en réalisation
identitaire et forclusion identitaire ont une perception plus positive de leur vie
future au travail que les individus en diffusion identitaire, et que les individus en
réalisation identitaire rapportent un plus haut niveau de bien-être que ceux en
diffusion et en moratoire de remise en question.
Développement de l’identité et ajustement psychosocial : l’apport
des études longitudinales
Décrire le développement de l’identité au cours de l’adolescence est et reste un
objectif majeur. Jusqu’en l’an 2000, les études longitudinales ont été réalisées
sur la base d’évaluations catégorielles des statuts d’identité. Sur cette base,
la méta-analyse de Kroger, Martinussen et Marcia (2010) met au jour une
progression de l’identité, mais aussi une forte stabilité des statuts d’identité.
Dans la dernière décennie, les études longitudinales se sont accrues. Comparées
aux études menées jusqu’alors, elles comprennent davantage de temps de
mesure, certaines ont été réalisées à partir de mesures dimensionnelles de
l’identité (c’est-à-dire des mesures de quantité d’explorations et de force des
engagements), certaines enfin ont évalué différents processus d’exploration
et d’engagement sur la base des deux nouveaux modèles théoriques de
l’identité présentés précédemment. Elles constituent en ce sens un apport
de connaissances considérable par rapport aux études antérieures. La revue
de ces études longitudinales menée par Meeus (2011) met en évidence une
certaine stabilité des statuts d’identité : les changements de statuts représentent
certainement des moments décisifs dans le développement. Ainsi, le processus
de développement de l’identité apparaît moins dynamique qu’on ne le supposait,
les individus ne changeant pas beaucoup d’un statut à l’autre. La stabilité
observée de l’identité met en question l’existence d’une « crise » identitaire.
Cependant, la revue de ces études longitudinales montre également que l’identité
progresse au cours de l’adolescence : on observe davantage de progressions
que de régressions entre statuts identitaires. Elle permet de dégager l’existence
d’un continuum développemental de l’identité selon l’ordre suivant : diffusion
- moratoire - forclusion - réalisation. Elle conduit ainsi à modifier le regard
porté sur la forclusion : alors que la forclusion était envisagée comme un statut
identitaire présent essentiellement en début d’adolescence et non adaptatif dans le
développement, il s’avère que ce statut identitaire est d’une grande stabilité dans
le temps, se situe également en fin du processus développemental de l’identité
et s’accompagne d’un bon ajustement psychosocial (ici bien-être et estime de soi
élevés, symptômes dépressifs faibles).
Développement de l’identité à l’adolescence
Les études longitudinales semblent aller dans le sens d’un modèle développemental en double cycle. Dans la première partie de l’adolescence, la dynamique
engagement-reconsidération des engagements est forte mais décroît dans le
temps, ce qui est un indicateur du processus de formation des engagements ;
à partir de la mi-adolescence (ce qui correspond aux âges du lycée), l’exploration
en profondeur s’accroît, indicateur ici du processus d’évaluation des engagements
(Crocetti, Klimstra, Keijsers, Hale, & Meeus, 2009 ; Klimstra, Hale, Raaijmakers,
Branje, & Meeus, 2010a). Stabilité et progression de l’identité sont compatibles, si
on conçoit que la construction de l’identité à l’adolescence se caractérise non pas
par des changements dans les engagements mêmes, mais par une progression
dans la réflexion et la certitude à l’égard des engagements (Klimstra et al.,
2010a). L’engagement apparaît déterminant dans la résolution de la formation
de l’identité et de forts engagements vont de pair avec un meilleur ajustement
(moins de dépression et d’anxiété et davantage de bien-être) et avec des relations
parentales perçues comme positives (Meeus, 2011). Chez les jeunes adultes,
ceux dont les trajectoires identitaires se caractérisent par une identification forte
aux engagements ont un meilleur ajustement psychosocial. En revanche, la
trajectoire développementale caractérisée par un processus continu d’exploration
(en moratoire) est plus fréquemment associée à un faible ajustement psychosocial
et à une détresse psychologique (Luyckx et al., 2008b). Et selon Meeus (2011),
l’exploration de surface n’apparaît pas toujours être un processus adaptatif, il n’est
d’ailleurs pas prouvé que l’exploration de surface précède les engagements, ce qui
pourrait conduire à l’abandon du « mythe » d’un ordre développemental entre
exploration de surface et engagement. Le modèle tridimensionnel qu’il propose
avec ses collaborateurs (cf. supra) va bien dans ce sens.
Des progrès récents en psychologie du développement de l’identité
aux applications dans le domaine de l’orientation scolaire et
professionnelle
Une première réflexion porte sur la distinction de différentes formes
d’exploration dans la construction des choix. Les travaux relatifs au développement des choix professionnels mettent en avant l’importance de distinguer
l’exploration de surface et l’exploration en profondeur comme des étapes
successives dans le processus de prise de décision (Gati & Asher, 2001). Or,
l’exploration de surface est liée à des symptômes dépressifs parce qu’elle va de
pair avec l’incertitude inhérente à ce processus (Luyckx et al., 2006b). L’évolution
récente des modèles de recherche questionne même la pertinence d’un processus
d’exploration précédant l’engagement (Meeus, 2011). De plus, une trajectoire
développementale caractérisée par un processus continu d’exploration chez le
jeune adulte est plus fréquemment associée à la détresse psychologique (Luyckx
et al., 2008b).
La construction des choix est devenue particulièrement difficile dans notre
contexte socioculturel : il y a à la fois la large palette des choix possibles dans les
mondes démocratiques, mais aussi l’injonction à choisir (forte dès le secondaire).
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Les potentialités de choix apparaissent larges pour un adolescent, ce qui peut
susciter un processus d’exploration, mais rend la prise de décision complexe,
la formation identitaire difficile à réaliser (Baumeister & Muraven, 1996 ; Côté,
2002 ; Côté & Levine, 2002). La « tyrannie de la liberté » (Schwartz, 2000) favorise
l’indécision. L’indécision peut faire partie d’une phase de développement vers la
prise de décision, mais elle peut aussi être chronique et empêcher la formation de
choix. C’est ce que Crocetti et al. (2009) appellent la « face noire » du moratoire
parce que ce type de moratoire, ne débouchant pas sur des engagements,
s’accompagne de forts risques de problèmes internalisés. Luyckx et ses
collaborateurs (Luyckx, Schwartz, Berzonski, Soenens, Vansteenkiste, Smits &
Goossens, 2008a) ont quant à eux récemment évoqué l’existence d’une troisième
forme d’exploration, l’exploration ruminative, caractérisée par l’hésitation et
l’indécision. Ici les individus semblent bloqués dans le processus d’exploration,
continuant à penser sans cesse aux différentes alternatives sans parvenir à dégager
des choix propres (Luyckx, Soenens, Goossens, Beckx, & Wouters, 2008c).
Cette exploration est maladaptative (Luyckx et al., 2008a). C’est dans ce cas
qu’un accompagnement centré sur la prise de décision apparaît approprié : aider
ces adolescents et jeunes adultes à clarifier des engagements possibles pourrait
permettre de rompre un cycle de détresse (Luyckx et al., 2008a, 2008b).
Comme évoqué précédemment, de forts engagements sont liés à un bon
ajustement psychosocial. La forclusion identitaire peut être présente de façon
stable tout au long du développement de certains adolescents et jeunes adultes, et
apparaît adaptative. Sur la base de ces constats, des actions visant à l’affirmation
des engagements devraient être conduites, comme par exemple : susciter un
examen critique des choix, confronter ses choix aux valeurs personnelles, aux
engagements dans d’autres domaines de vie, à d’autres points de vue. Elles
permettraient d’accroître le sentiment d’« agentivité » des adolescents et des
jeunes adultes.
Cependant, un manque d’engagement n’est pas nécessairement source de
mal-être. Les adolescents en diffusion identitaire insouciante ont un ajustement
psychosocial et académique similaire aux adolescents en réalisation ou forclusion
identitaire (c’est-à-dire des adolescents ayant affirmé leur positionnement de
soi). Selon Luyckx et al. (2005), ce résultat signifie que ces adolescents ne
constituent pas une cible privilégiée d’intervention et d’accompagnement de
développement psychosocial dans la mesure où ils ne sont pas nécessairement en
demande à ce niveau-là. La façon dont les adolescents perçoivent et ressentent
leur manque d’engagements devrait être un des déterminants importants dans
la mise en œuvre d’un accompagnement. Tout en visant l’objectif d’intégration
psychosociale dans la vie adulte, le système scolaire devrait pouvoir s’adapter à
des rythmes et des besoins différenciés.
Les attentes et demandes du système éducatif peuvent jouer un rôle
dans les transitions identitaires, en exerçant notamment une influence sur
les perceptions des adolescents de leur besoin d’élaborer des choix propres.
Appréhender la construction des choix professionnels supposerait d’ailleurs de
Développement de l’identité à l’adolescence
s’inscrire dans un « contextualisme développemental » en se centrant sur la
personne-en-contexte comme unité d’analyse (Vondracek & Porfeli, 2004). Des
modèles dynamiques de compréhension des processus de développement de
l’identité reposent sur les transactions entre individu et contexte : le changement
est provoqué par le manque d’adéquation entre la personne et le contexte,
c’est-à-dire par l’émergence de conflit (Kunnen & Bosma, 2006). La réussite
vs échec académique peut être source de conflit dans la dynamique identitaire.
Ainsi, selon Luyckx et al. (2006a), l’échec universitaire s’accompagne d’une
reconsidération des engagements, ce qui amène les individus à entrer dans un
cycle de formation de l’identité. Une recherche relative à la plasticité des choix
dans l’orientation universitaire avait mis en évidence une relation circulaire où
les choix d’orientation induisaient la réussite autant que la réussite académique
entraînait la construction des choix (Dumora & Lannegrand-Willems, 1999).
À la lumière des récentes propositions théoriques sur le développement de
l’identité, elle pourrait avoir mis au jour des processus de reconsidération ou
de consolidation des choix dans les situations de réussite universitaire, et des
processus de reconsidération dans les situations d’échec. Le système scolaire
donne aussi des occasions de mesurer des écarts entre les exigences sociales (de
formations, de professions) et sa propre situation scolaire, débouchant souvent
sur des conflits éventuels, qui peuvent être sources de changements, dans le
comportement scolaire (par exemple motivation, efforts) ou dans les choix.
Mais lors du cycle de formation de l’identité, l’exploration ne peut être
active que dans des domaines ouverts, c’est-à-dire des domaines où différentes
alternatives sont possibles et dans lesquels les adolescents peuvent librement
explorer ; or, le domaine scolaire est un domaine fermé dans lequel l’adolescent
a peu d’influence sur le positionnement qu’il pourrait avoir (Meeus, Iedema,
Helsen & Vollebergh, 1999). Chez les jeunes adolescents, le questionnement
des engagements dans le domaine scolaire est moins dynamique et actif que
dans le domaine interpersonnel (Klimstra et al., 2010b). L’exploration des choix
vocationnels est plus forte au lycée (Lannegrand-Willems, 2008), on pourrait se
demander d’ailleurs quel sens a l’injonction d’en faire en classe de troisième. Le
domaine scolaire apparaît plus fermé pour les adolescents au collège, et il semble
qu’un décalage existe entre le temps social des demandes de formulation de choix
d’orientation et le temps psychosocial de construction de l’identité.
Les considérations théoriques récentes ont engendré un nouvel essor des
recherches et de nouveaux apports de connaissances pour le domaine de
l’orientation scolaire et professionnelle.
En somme, la précision théorique et empirique des différents processus
d’exploration et d’engagement et leur rôle respectif dans la formation de l’identité
amènent à une meilleure compréhension du fonctionnement psychologique
individuel. Elle permet, du point de vue pratique, l’évaluation des types de
processus à l’œuvre chez un individu et des formes d’indécision (transitoire
ou chronique lorsqu’elle est présente) dans un souci diagnostique de façon à
proposer la réponse la plus adaptée possible à la situation. Le questionnaire VISA
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peut être utilisé en ce sens, son adaptation en français est d’ailleurs en cours (ce
qui permettra l’identification des formes et des trajectoires développementales de
l’identité vocationnelle en France).
Plus largement, les analyses de la formation de l’identité dans le contexte social
des pays industrialisés mettent bien en évidence la difficulté de construire des
choix sans base claire pour choisir (Baumeister & Muraven, 1996). La complexité
du contexte sociétal actuel a rendu cette tâche particulièrement ardue. Plus
qu’un accompagnement centré sur la diffusion d’informations sur l’orientation
indispensable mais insuffisante, il s’agit de promouvoir un accompagnement
basé, d’une part, sur l’intégration de l’information dans le but d’aider les
adolescents et les jeunes adultes à la formulation et à la clarification des choix,
d’autre part sur une analyse critique approfondie des engagements dans le but de
favoriser l’affirmation des choix.
Mais le contexte sociétal actuel, caractérisé par son imprévisibilité, amène
à l’émergence de nouvelles formes d’adaptation identitaire, comme les cas de
diffusion identitaire insouciante. Pour ces jeunes, une aide pourra être effective
dès lors que l’individu percevra un conflit entre lui et l’environnement, comme
le proposent les modèles dynamiques de développement de l’identité en contexte
évoqués précédemment (Bosma & Kunnen, 2001 ; Kunnen & Bosma, 2006).
Sans prise de conscience du conflit, il n’y a pas de progression identitaire
possible. La réflexion avec le professionnel doit donc porter sur la relation
soi-environnement social.
Au-delà de la pluralité des formes de processus à l’œuvre dans le développement de l’identité, c’est une diversité des trajectoires développementales plus ou
moins adaptatives qui ont été mises en évidence dans différents pays industrialisés
européens et nord-américains, et qui conduisent dans la pratique, à adapter l’aide
et le conseil à la situation propre à chaque adolescent et jeune adulte.
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