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ÉDITIONS DE LA DIFFÉRENCE
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DÎNER AU MINISTÈRE
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(à dire à voix haute)
Brise-lame
Bris de lames
Sésame
Brise
C’est là
À la casse un casse
Au débris
Que je trouve un i
Tout seul surgi
Du bris de lame bruit de l’âme
Le vent viole tout secret
Amer de l’onde impure
(scream this)
La politique
Bouche unique à langues éparses
(reprendre normalement)
Dîner au ministère
Mes commensaux babélisent blaballadent
Avoinent pour certains
Appartiennent !
Soumis fa mi !
Le brise-lame
Fend les flots
Librement
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Sa route lui est inconnue
Le brise-lame reste à quai
Il pourrait un jour filer
À l’allure d’un requin
Élégant
Patineur aguerri
Le brise-lame rend mes cheveux
Horizontaux
Et le monde en est changé
Radicalement
La nuit
Le brise-lame
Murmure 1
Mot seul
Il faut en vivre
Autour de lui
Vide en mer
Le mot abandonné
Seul
La lampe seule
Fait frelon
D’autres luminaires la font taire
Il se propose des lucioles à profusion
Mais le mot veut sa solitude
La lampe
Seule
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Le brise-lame est à quai
Mais qui sait s’il ne partira pas
Pour jamais
Pour juste avant ma mort
Et ensuite – Après vous, lui dirai-je
– Après vous, sourira-t-il
Narquois
Car avant je partirai, c’est sûr
Ainsi
Le souci d’intelligence avec l’ennemi
C’est que
L’ennemi
N’a pas
D’intelligence
Au ministère
Un moulin aux yeux revolver
Parlicote à Wall speech
Il achète et revend ses phrases
Ses yeux errent sans repos
Tiens ils cherchent appui sur la barrière
Les sourcils de mon ami
Font une crique
Le moulin à paroles
Insulte à l’intelligence
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Peut-être fallait-il la laisser insulter
Tout se brise d’indécision
(shout it)
On piétine le sens on le crève on l’aplatit on l’assigne
à résidence
Alors je dois me raccrocher à ce bras de plastique gris.
Sur mes genoux
Repose
Mon innocence en demi-lune étalée de fourrure abondante
et noire mon innocence
Ai-je perdu un ami ?
Je suis assise à la droite du Ministre
Le Ministre est éreinté
En face de moi un ministère mystère fait son marché
Moi
Je suis maladroite
Très à gauche
Mal à gauche maladroite
Je crie presque
Que je suis à gauche
Je ne sais pas ce qui me prend
En face de moi un homme Avoine
À voix robinet
À ma droite la voix sur laquelle j’ai compté se dérobe
Je reste criante
Première ligne rire de salon
Chair à canon
J’aurais dû moi aussi dire
Brisons là Brise-lame !
J’aurais dû
J’aurais pu
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Si j’avais su
Que n’ai-je ?
Mais je
Si…
Mais je suis une écriture ailleurs
Ma voix n’écrira pas ce banquet
L’auteur est mort
Elle est gentille Fadela elle a ses petits cheveux de l’école
et elle est décidée à parler
Mauvignier tu m’as manqué, ton œil rouge
Et la broche que tu avais préparée pour elle depuis tant
d’années
« Beaucoup trop chère pour nous »
Dieu que tu m’as manqué
Ai-je perdu un ami ?
C’est la seule chose qui ne passe pas ma gorge
Qui
Arête
Moi
Le requin Brise-Lame bien parti
De sept à sept heures
Où sept personnes attendent /
À sept heures juste
Entre sept et sept
J’habite
Juste avant le bon moment
Et juste après
Car c’est dans le mauvais moment que je vis
Au vent mauvais qui m’emporte
Mais moins morte que la feuille morte
Au milieu je ne suis pas sûre de pouvoir rester
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DU MÊME AUTEUR
Douce violence, Ramsay, 1982.
Sous la coupole, Ultramarine, 1985.
Ils préféraient la lune, Balland, 1987.
Un mensonge, Balland, 1990.
Patio, opéra intime, Stock, 1995.
Beaucoup autour de rien, Calmann-Lévy, 1999.
Le Livre des 14 semaines, Éditions de la Différence, 2004.
Guerre, words y plato, Éditions de la Différence, 2009.
© SNELA La Différence, 30 rue Ramponeau, 75020 Paris, 2011.
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