Les résultats de l`enquête SAFE

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Les résultats de l`enquête SAFE
Les résultats de l'enquête SAFE (Survey on the Access to Finance of small and
medium-sized Enterprises in the euro area)
(Encadré publié en novembre 2013 et initialement intégré au commentaire de l’observatoire du crédit
aux sociétés non financières)
Dans le cadre de son enquête SAFE semestrielle, la BCE interroge les chefs
d'entreprise - essentiellement des PME - entre autres sur les changements survenus aux niveaux de
leurs besoins de financement et de la disponibilité de diverses sources de financement1. Le présent
encadré s'intéresse surtout aux résultats des PME belges, et plus particulièrement à leurs besoins de
crédits bancaires et à leur accès à ces crédits; l'enquête fournit toutefois également des informations
quant aux découverts bancaires, aux crédits commerciaux, aux actions et aux titres de créance.
Selon l'enquête SAFE, les besoins de financement des PME belges sont encore demeurés
relativement stables durant la période sous revue (d'avril à septembre 2013). En termes nets, les
PME belges ont été un peu plus nombreuses à voir diminuer leurs besoins de financement, alors que,
pendant la période précédente (d'octobre 2012 à mars 2013), elles avaient été légèrement plus
nombreuses, en termes nets, à les voir augmenter. Les pourcentages nets enregistrés pour ces deux
périodes sont néanmoins très faibles (respectivement -1 et 3 % pour les prêts bancaires).
Confrontées à cette demande quasi constante
de financement externe, les PME belges ont fait
état d'une nouvelle dégradation de la
disponibilité des sources de financement
externe, principalement des prêts bancaires.
Tandis que 45 % des PME indiquent que la
disponibilité des prêts bancaires est demeurée
inchangée, 36 % estiment qu'elle s'est
détériorée et à peine 14 % qu'elle s'est
améliorée2. De l'avis des PME, cette nouvelle
dégradation de l'accès au financement tient
avant tout aux perspectives - économiques et
propres aux entreprises - et à la propension des
banques à accorder des prêts, tandis que les
évolutions positives en matière de fonds propres
et de solvabilité (« credit history ») font quelque
peu contrepoids. La dégradation des conditions
de crédit est surtout imputable à un
durcissement des exigences en matière de
garanties et à une hausse des coûts hors
1
La dernière enquête en date a eu lieu entre le 28 août et le 4 octobre 2013; elle concernait les changements
observés entre avril et septembre 2013.
2
Parmi les PME, 5 % ont répondu que la question ne s'appliquait pas à elles ou qu'elles n'en connaissaient pas
la réponse.
intérêts. Les résultats pour la zone euro dans son ensemble sont similaires, même si la détérioration
de la disponibilité des prêts bancaires y est perçue de manière moins prononcée (-11 %, contre -22 %
en Belgique).
Ces chiffres sont toutefois à nuancer par les résultats concernant les demandes effectives de crédit.
Seules un quart des PME belges ont introduit une demande de prêt bancaire entre avril et
septembre 2013. Les autres PME ne l'ont pas fait, soit parce qu'elles disposaient de fonds propres en
suffisance (52 %), soit parce qu'elles pensaient que le crédit leur serait refusé (6 %), soit encore pour
d'autres raisons (17 %). Parmi les 25 % qui ont introduit une demande, 71 % ont reçu la totalité de la
somme et 7 % plus des trois quarts de celle-ci. Par contre, 8 % des demandes ont été refusées par les
banques et 2 % par les PME elles-mêmes, parce qu'elles jugeaient le coût trop élevé. Enfin, dans 7 %
des cas, les banques n'ont octroyé qu'un montant équivalant à moins de 75 % du crédit demandé3.
Cela signifie que, comme lors de l'enquête précédente, environ 4 % des PME belges n'ont pas trouvé
les crédits nécessaires, ou n'en ont obtenu que moins de 75 %. Si l'on prend également en compte les
PME qui n'ont pas demandé de crédit bancaire parce qu'elles pensaient que celui-ci leur serait
refusé - les PME dites découragées -, on constate que 10 % des PME belges ont rencontré des
difficultés pour obtenir un prêt bancaire, ce qui représente une légère augmentation par rapport aux
9 % enregistrés lors de l'enquête précédente. Pour la zone euro dans son ensemble, ce pourcentage
a été légèrement supérieur puisqu'il s'est établi à 12 %.
Pour se faire une idée plus précise de la part des
PME qui n'ont pas pu trouver suffisamment de
financement externe, la BCE calcule la variation
au niveau de l'écart de financement externe. Cet
indicateur mesure la différence entre la variation
du besoin de financement externe et celle de sa
disponibilité. Ce calcul est effectué au niveau de
l'entreprise, et ce pour chacune des sources de
financement externe séparément; ces résultats
sont ensuite agrégés pour former un indicateur
global de la variation au niveau de l'écart de
financement externe4. Cet écart n'a cessé de se
creuser depuis 2010, bien que dans des mesures
diverses. Entre avril et septembre 2013, l'écart
des PME belges a certes continué de s'aggraver,
mais de manière nettement moins considérable
que pendant le semestre précédent ou que dans
la zone euro.
L'image globale qui se dégage de l'enquête SAFE est donc celle d'une nouvelle détérioration de la
disponibilité de financement externe pour les PME, ce qui semble être en contradiction avec les
résultats de l'enquête sur la distribution du crédit bancaire, puisque les banques y affirment avoir
3
Parmi les PME qui avaient introduit une demande, 4 % ne savaient pas encore quelle en serait l'issue.
Pour de plus amples informations à propos du calcul de l'écart de financement externe, cf. BCE (2013),
« L'indicateur de l'écart de financement externe perçu par les petites et moyennes entreprises de la zone
euro », Bulletin mensuel, août, 21-26.
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2
assoupli les conditions de crédit qu'elles ont appliquées aux PME durant le deuxième trimestre de
cette année. Il est possible que ce contraste découle du fait que les conditions de crédit varient
fortement en fonction du degré de risque associé à la PME qui sollicite le prêt. L'assouplissement
auquel ont procédé les banques a ainsi été motivé par l'accroissement de la pression concurrentielle
(en ce qui concerne les crédits standard), de même que par l'amélioration de la position de liquidité
et de l'accès au financement de marché. Dans le même temps, les banques ont indiqué que la
perception accrue des risques continuait de peser sur les conditions de crédit (pour les crédits plus
risqués). Ceci explique également pourquoi les banques ont surtout resserré leurs marges sur les
crédits standard, tandis qu'elles ont moins réduit celles sur les crédits risqués. Il ressort en outre de
l'enquête SAFE que la part des PME ayant reçu la totalité de la somme demandée a augmenté
(passant de 66 %, durant la période d'octobre 2012 à mars 2013, à 71 % durant la période d'avril à
septembre 2013). Par ailleurs, le pourcentage de prêts bancaires refusés a légèrement diminué
(revenant de 9 à 8 %), mais le nombre de PME ayant elles-mêmes décidé de ne pas s'adresser à une
banque parce qu'elles pensaient ne pas obtenir de prêt a légèrement augmenté. Tout cela suggère
que, même si les conditions applicables aux crédits moins risqués ont été assouplies, les PME dont
les projets ou les positions étaient plus risqués - par exemple parce qu'elles disposaient de peu de
fonds propres - se sont heurtées à plus d'écueils dans leur quête de financement externe.
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