Concile Vatican II Réflexion - La Conférence Episcopale

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Concile Vatican II Réflexion - La Conférence Episcopale
CONFERENCE EPISCOPALE CENTRAFRICAINE
COMMISSION EPISCOPALE POUR LA CULTURE
Pour le Cinquantenaire de
l’Ouverture du Concile Vatican II
(Octobre 1962 – Octobre 2012)
- Pistes de réflexions -
Abbé Serge – Hubert BANGUI
Mot de son Excellence Monseigneur Edouard MATHOS,
Evêque de Bambari et Président de la CECA
Le Concile Vatican II a été un évènement extraordinaire pour le monde, déjà très relayé à
l’époque par des medias.
« Le Concile Vatican II est sans doute l’évènement le plus important de l’histoire du XX°
siècle », s’exclamait le général de Gaulle.
Pour l’Eglise, ce fut une période d’effervescence inouïe, de grande espérance et de renouveau.
2400 évêques du monde entier, réunis de 1962 à 1965 au cours des quatre sessions, ont travaillé
de concert et donné un ensemble de textes qui, aujourd’hui, n’ont en rien perdu de leur actualité.
La mise en œuvre d’un concile a toujours nécessité, au cours de l’histoire de l’Eglise, un certain
temps. Si ces dernières décennies, l’influence du Concile s’est déjà faite fortement sentir, n’en
concluons pas trop vite que maintenant elle serait obsolète. Nous n’avons certainement pas fini
de récolter les fruits de ce concile. Le Pape Jean Paul II affirmait : « Le Concile est une
boussole qui permet de s’orienter dans le vaste océan du troisième millénaire ». Quant au
pape Benoît XVI, dans un célèbre discours à la curie en décembre 2005, il n’hésitait pas à
remarquer : « Aujourd’hui nous pouvons tourner notre regard avec gratitude vers le Concile Vatican II ; si nous
le lisons et que nous l’accueillions par une juste interprétation, il peut être et devenir toujours plus une grande force
pour le renouveau toujours nécessaire de l’Eglise ».
Depuis près de cinquante ans, une tâche considérable a déjà été accomplie pour recevoir
l’enseignement de Vatican II. Cependant, beaucoup de fidèles n’ont pas connu la période qui a
précédé le Concile, tout simplement car ils n’étaient pas encore nés. En outre, des changements
immenses ont eu lieu dans la société civile depuis la fin du Concile aussi bien au plan politique,
social, économique que culturel. Il est donc indispensable de se plonger dans les textes afin de les
connaître et de les appliquer aujourd’hui dans l’esprit de renouveau évangélique qui a animé les
Pères conciliaires.
L’Eglise, c’est-à-dire, autant chaque baptisé-confirmé que nos communautés et nos mouvements,
est appelée sans cesse à être cette épouse du Christ rayonnante de sa sainteté. Plus que jamais, la
nouvelle évangélisation suppose d’aimer nos contemporains pour dialoguer avec chacun, sans
perdre notre saveur évangélique en étant capable de rendre compte de notre foi avec une douce
bienveillance et la force de la vérité.
Avec insistance, j’invite toutes nos communautés à se mettre au travail afin de s’approprier le
contenu de ces pages. Dans la docilité à l’Esprit Saint, notre Eglise doit trouver nourriture et
encouragement dans cet enseignement. Il nous permettra de mieux témoigner de notre joie de
croire et d’annoncer explicitement par la parole et par les actes la Bonne Nouvelle du Ressuscité.
Nous exprimons toute notre gratitude à l’Abbé Serge-Hubert BANGUI, secrétaire de la
commission épiscopale pour la culture de nous avoir proposés ce précieux outil de travail.
Bonne lecture et heureuses réflexions aussi bien à titre personnel que communautaire, dans l’élan
donné par nos aînés, les Pères du Concile.
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Pour éclairer votre lecture
Les 16 documents conciliaires
En quatre sessions réparties sur quatre ans,
le concile Vatican II a produit seize documents :
- Quatre Constitutions, (une constitution est un document dogmatique ayant valeur doctrinale
ferme et permanente.) :
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La Révélation divine – Dei Verbum (DV)
La Sainte Liturgie – Sacrosanctum Concilium (SC)
L’Eglise – Lumen Gentium (LG)
L’Eglise dans le monde de ce temps – Gaudium et Spes (GS)
- Neuf décrets, (un décret est un ensemble de décisions ayant une portée pratique, pastorale et
disciplinaire, pour notre temps) :
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L’activité missionnaire de l’Eglise – Ad Gentes (AG)
La charge pastorale des évêques – Christus Dominus (CD)
Le ministère et la vie des prêtres – Presbyterorum Ordinis (PO)
La formation des prêtres – Optatam Totius (OT)
L’apostolat des laïcs – Apostolicam Actuositatem (AA)
Le renouveau de la vie religieuse – Perfectae Caritatis (PC)
L’Œcuménisme – Unitatis Redintegratio (UR)
Les Eglises Orientales Catholiques – Orientalium Ecclesiarum (OE)
Les moyens de communication sociale – Inter Mirifica (IM)
- Trois Déclarations, (une déclaration se hasarde dans un chemin plus neuf et donne des
orientations, c’est-à-dire des pistes de réflexion et de comportement dans l’état actuel du monde
et de la recherche).
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L’éducation chrétienne – Gravissimum educationis momentum (GE)
Les relations avec les religions non chrétiennes – Nostra Aetate (NA)
La liberté religieuse – Dignitatis humanae (DH)
Ces seize documents de Vatican II ont été esquissés, discutés, amendés et finalement
votés à la quasi-unanimité par près de 2400 Pères conciliaires.
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Première Partie :
Le Contexte Global du Concile Vatican II
- Vatican II, le Concile du Renouveau I - Pourquoi ce Concile ?
Le 27 janvier 1959, en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens, en la fête de la
conversion de saint Paul, le journal du Saint-Siège « l’Osservatore Romano » publie une allocution
du pape Jean XXIII prononcée en l’Eglise Saint Paul-Hors-les-Murs. En quelques lignes, le pape
annonce trois évènements d’importance : un synode diocésain pour Rome, la mise à jour
du droit de l’Eglise et la réunion d’un concile œcuménique pour l’Eglise Universelle. Par
un décret daté du 3 février 1962, le pape convoque le concile pour le 11 octobre de la
même année.
Dans son discours d’ouverture, le pape dégage les lignes de force du futur concile : - présenter à
tous les hommes la doctrine catholique dans son intégralité et dans un langage qui réponde aux
exigences de l’époque ;
- faire grandir l’unité de la famille chrétienne et humaine ;
- lutter contre « l’attrait excessif – déjà ! – pour les biens matériels.
Dans une période historique marquée par de fortes turbulences, le Concile, par la voix du Pape,
entend répondre aux défis posés par la société contemporaine, défis auxquels le Concile Vatican
I, interrompu brutalement par la guerre de 1870, n’avait pu répondre.
A – Des Changements considérables
Depuis le XIX° siècle, le monde connaît des changements considérables. Dans toutes les couches
sociales, nombreux sont ceux qui croient en la marche continue du progrès. Paradoxalement, les
deux guerres mondiales ont permis à la civilisation occidentale d’asseoir son emprise sur le
monde. Ce n’est pas sans risques car la division du monde en deux blocs antagonistes, ceux de
l’Est et de l’Ouest, fait courir à la planète un risque nucléaire.
Peu à peu, l’essor fulgurant des transports et des moyens de communication réduit les distances.
Un extraordinaire brassage d’hommes, d’idées et de modes parcourt la planète ; et avec lui l’idée
de liberté, comme le rappellent les nombreux peuples qui gagnent leur indépendance avec la
décolonisation. Un monde et un esprit nouveau émergent.
Comment l’Eglise pourrait-elle échapper à ce bouleversement planétaire ? L’invitation à un
concile œcuménique, c’est-à-dire universel, avec des évêques venant en nombre du monde entier,
constitue un signe fort : l’Eglise n’est pas sourde aux appels du monde. Elle entend aussi
prendre la parole dans ce monde, car elle a un message pacifique à lui délivrer. Qu’un tiers des
évêques présents à Rome vienne du Tiers-Monde constitue un signe fort de changement.
B – Eglise et Société, le temps des fractures
L’époque des Lumières au XVIII° siècle et la Révolution de 1789 avaient marqué l’avènement de
temps nouveaux : l’émergence de la liberté individuelle et de la liberté de conscience comme
acteurs majeurs. Des changements fondamentaux se préparaient, comme la séparation de l’Eglise
et de l’Etat, la Déclaration des Droits de l’Homme, la liberté de conscience et le libre exercice du
culte. Le pouvoir monarchique n’était plus au service de l’Eglise Catholique. En Europe, peuples
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et nations entendent grandir hors de toute allégeance religieuse. Dans le monde, le succès des
missions chrétiennes ne parvient pas à camoufler l’ignorance du Christ partagée par de nombreux
peuples et cultures. Le christianisme cesse de se confondre avec la civilisation occidentale et bien
des chrétiens, étonnés, découvrent que l’on peut ne pas croire et avoir cependant une morale.
En quelques décennies, la société change plus profondément que durant des siècles. Dans le
même temps, l’Eglise Catholique en reste pour l’essentiel au programme élaboré durant la
Contre-Réforme (seconde moitié du XVI° siècle). C’est là qu’il faut chercher l’origine première de
l’appel au Concile Vatican II : le fossé qui se creuse entre l’Eglise et le monde environnant
est tel que le dialogue entre les deux devient difficile.
D’un côté, une Eglise Catholique héritière d’une civilisation de nature traditionnelle, paroissiale et
rurale. De l’autre, une société industrielle et scientifique, désireuse d’expliquer rationnellement le
monde. « Dieu est mort ! » Clame le philosophe Nietzsche. « Nous avons éteint dans le ciel des
lumières qu’on ne rallumera plus », lance René Viviani, futur Président du Conseil de la Troisième
République française, au moment des querelles liées à la séparation des Eglises et de l’Etat (1905).
Tandis que l’histoire s’accélère, l’Eglise continue de véhiculer une tradition de moins en moins en
phase avec la vie du monde. Elle arrive parfois avec succès à résister à ce mouvement de fond : la
naissance du scoutisme, l’apparition du christianisme social, la fondation des mouvements de laïcs
comme l’Action catholique de la jeunesse française e, 1886, sont autant de signes de l’empreinte
vivante du christianisme. Mais ces résistances n’entravent pas le mouvement de fond : la
civilisation rurale, vivier traditionnel du catholicisme, s’épuise.
C – L’émergence d’un mouvement d’émancipation.
Il est intéressant de constater que ce mouvement d’émancipation appelé « modernité » prend
naissance dans un monde majoritairement chrétien, mais que les autorités ecclésiastiques ont du
mal à comprendre la légitimité de telles aspirations. Tandis qu’une Eglise hiérarchisée,
dogmatique, se resserre autour du pape, on constate les prémices d’un renouveau à la fois
pastoral, biblique (Ecole de Jérusalem) et liturgique. Après la seconde Guerre Mondiale, alors que
l’Occident entame une croissance cette tension devient insupportable.
Le pape Jean XXIII tire le constat de cette fracture en convoquant les évêques du monde entier.
Signe des temps, alors que le précédent concile, celui de Vatican I en 1870 n’avait réuni que 700
évêques pratiquement tous européens, Jean XXIII rassemble quelques 2400 évêques, parmi ceuxci, les Européens n’ont plus la majorité.
Le discours d’ouverture prononcé par le pape est significatif d’une Eglise et d’un monde certes
anxieux et divisés, mais également mus par un optimisme foncier. « Le Concile qui vient de
s’ouvrir, déclare le ‘’ bon pape Jean ’’, est comme une aurore resplendissante qui se lève sur
l’Eglise, et déjà les premiers rayons du soleil levant emplissent nos cœurs de douceur. »
Au fond, la convocation du concile entend faire œuvre d’évangélisation en adaptant l’Eglise aux
réalités de son époque.
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II – Aux Sources des Prémices
La réforme conciliaire a ses précurseurs, le plus souvent des hommes et des femmes tourmentés
par l’écart croissant qui se creuse entre l’Eglise et la société. Comment faire pour retrouver le
chemin du dialogue entre deux mondes que pratiquement tout oppose ?
Dès le début du XX° siècle, nombreux sont celles et ceux qui travaillent, le plus souvent dans
l’ombre, à la ‘’ mise à jour ‘’ de la foi de l’Eglise. Dans quels domaines œuvrer afin que la foi de
l’Eglise devienne à nouveau intelligible ? Est en cause ici, non la foi de l’Eglise, mais la
façon de l’annoncer. Les étapes du processus de renouveau se manifestent dans un certain
nombre de domaines.
A – La naissance de l’exégèse biblique catholique
L’exégèse catholique est en panne, à mille lieues de la protestante, enseignée en Allemagne dans
l’enseignement supérieur d’Etat. Nombreux sont les évêques et théologiens à s’émouvoir du
retard pris par les sciences religieuses catholiques. Dès la fin du XIX° siècle, des prêtres
réagissent, comme le père Lagrange, qui fonde en 1890 l’Ecole Biblique de Jérusalem. Grâce
aux sciences sacrées et profanes, il s’agit pour ces pionniers de préciser la figure du Christ. MarieJoseph Lagrange sera suivi par une pléiade de savants catholiques, soucieux de fonder
historiquement la foi chrétienne. Au milieu du siècle, l’Eglise est gagnée par un bouillonnement
intellectuel qui se propage jusqu’aux plus hautes sphères. En 1943 avec l’encyclique ‘’ Divino
Afflancte Spiritu ‘’, le pape Pie XII reconnaît la légitimité de la méthode dite historico-critique
permettant d’analyser les textes bibliques de la même manière que les textes profanes. Nombreux
seront les experts au Concile à avoir bu le lait de ces nouvelles méthodes d’exégèse.
B – Le Renouveau Ecclésiologique.
A partir des années 1950, autour des théologiens comme le français Yves Congar ou l’allemand
Karl Rahner, naît l’idée que le pape a pris dans l’Eglise une place démesurée ; et que le collège
des évêques et le principe de collégialité ne sont pas suffisamment mis en lumière. Quelles
doivent être la place du pape au sein du collège des évêques et celle des évêques par
rapport au premier d’entre eux ?
Peu à peu, le rôle des évêques en tant que successeurs des Apôtres est réévaluée, à la fois comme
membres du collège et comme chef d’une Eglise particulière.
Le laïcat est lui-même reconsidéré, tant il devient difficile de promouvoir l’Evangile avec une
telle coupure entre Eglise enseignante et église enseignée. Si une première Action Catholique
naît avant la Première Guerre Mondiale, les années 1920 voient la création de mouvements
d’évangélisation par milieux : la jeunesse ouvrière chrétienne est fondée en 1924, les Jeunesses
Agricole et Etudiante Chrétiennes en 1929. Après la Seconde Guerre Mondiale, il devient de
plus en plus difficile de considérer les laïcs comme des sujets passifs, d’autant que certains
d’entre eux, comme Claudel, Mauriac ou Bernanos, sont auréolés d’une renommée mondiale.
Ainsi, l’Eglise ne peut plus être envisagée comme une société parfaite et uniquement
hiérarchique. Elle se perçoit comme communion, rassemblement des fidèles du Christ,
baptisés dans la foi catholique, professant une fois trinitaire sous le gouvernement du
pape et des évêques, successeurs des Apôtres.
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C – Le mouvement liturgique
Durant des siècles avait prévalu une multiplicité de rites liturgiques. Le pape Pie X (1903-1914)
demande « la participation active des fidèles aux mystères sacro-saints et à la prière
publique et solennelle de l’Eglise ». La liturgie doit être l’action commune de tous les
fidèles, non du seul prêtre. Le missel de saint Pie V (1570) était le missel d’une messe sans
peuple. Le prêtre pouvait ainsi célébrer seul même s’il y avait une assemblée. Sous l’impulsion de
théologiens et d’évêques toujours plus nombreux, de profonds changements sont envisagés :
célébration face à l’assemblée à l’instar des célébrations des premières communautés,
réévaluations de la Parole de Dieu, participation plus active des fidèles …
D – Pour un œcuménisme catholique
S’estimant détentrice d’une unique vérité, l’Eglise met longtemps à s’intéresser à
l’œcuménisme. Encore le fait-elle au début de façon étroite. Pour le pape Pie XI (encyclique
Mortalium Animos, 1928), l’œcuménisme est considéré à sens unique : il s’agit de réintégrer les
brebis égarées dans le giron romain. Dans la vie quotidienne, toute rencontre d’un
catholique avec des protestants et des orthodoxes est difficile, voire interdite.
Ce genre d’attitude est jugé méprisant, non seulement de la part des Eglises protestantes mais
aussi des Orthodoxes, mais aussi de certains observateurs catholiques. Que faire pour
raccommoder la « tunique sans couture » du Christ ? Sous l’impulsion de l’abbé Couturier,
la semaine de prière pour l’unité des chrétiens devient la première manifestation concrète
de cette prise de conscience (1933). En Allemagne, en Belgique des prélats et des théologiens
prennent la mesure du drame de la séparation et ces initiatives individuelles sont les premiers
germes d’un mouvement plus large. Ce qui aura pour conséquence que des responsables
protestants et orthodoxes seront présents au Concile Vatican II en tant qu’observateurs.
III – Son impact dans l’histoire
L’impact d’un tel évènement aussi rare que spectaculaire est nécessairement grand. A l’extérieur
beaucoup sont surpris par la capacité d’introspection de la plus vielle institution du monde. Dans
l’Eglise, cette grande aération suscite l’enthousiasme du plus grand nombre. Sont en revanche
inquiets les membres de la minorité, opposés dès le début à toute réforme.
« Fasse Dieu que vos travaux et vos efforts, vers lesquels convergent non seulement les
regards des peuples, mais l’espoir du monde entier, répondent pleinement à ce que l’on
en attend », déclare Jean XXIII à la fin de son discours d’ouverture. Autrement dit, si le Concile
s’adresse à l’Eglise universelle, ses répercussions iront bien au-delà et nombreux seront les
gouvernements et responsables à être attentifs à ses conclusions.
La manière dont l’Eglise Catholique se réformait attirait nécessairement l’intérêt, voire la
sympathie. Bien sûr, nombre de contraintes externes l’y poussaient, mais l’essentiel de l’impulsion
provenait de l’intérieur. C’était extraordinairement novateur.
Comment la plus vielle institution au monde arriverait-elle à se réformer sans toucher à ses
principes constitutifs vitaux, sa foi et ses dogmes ? Voilà un défi qui ne pouvait laisser indifférent.
Nous sommes loin des conciles précédents, circonscrits à une aire géographique limitée et
s’adressant à des populations connaissant une unité de foi. De plus, Vatican II ne s’intéresse
pas seulement à l’Eglise, à ses institutions et à son développement, mais à l’ensemble du
monde.
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Demeure donc, pour l’Histoire le fait capital qu’une institution universelle parvient à se réformer
sans trop de dommages (excepté le schisme de Mgr Lefebvre dont il est hasardeux d’exagérer
l’importance) et à renouer le dialogue avec le monde qui l’entoure. Il est vrai que, pour y parvenir,
l’Eglise use d’un ton positif qui, jusqu’à présent, faisait complètement défaut aux précédents
conciles : plus d’anathèmes1, mais un regard positif et bienveillant sur le monde. A elle seule,
l’absence de condamnations préfigure un nouvel état d’esprit : l’instauration d’un dialogue
fraternel entre l’Eglise et le monde. En ouvrant sans y être contrainte un chemin de dialogue avec
des univers lointains (Islam, Judaïsme, monde de l’incroyance), tout en ne cédant rien sur son
message, l’Eglise parvenait à cette performance : dialoguer sans se renier.
IV – Bref aperçu de la situation de notre pays de la fondation de Bangui à 1962.
Les premiers missionnaires sont arrivés sur les bords de l’Oubangui en 1894 (équipe de Mgr.
Prospère Augouard). Ils ont fondé la mission Saint Paul des Rapides le 18 février 1894 ; ensuite
ce sera le tour de Ndjoukou le 28 février 1895 qui sera baptisée au nom de la Sainte Famille.
En 1962, l’année de l’ouverture du Concile Vatican II, notre Eglise était vielle de 78 ans avec
deux diocèses : Bangui et Berberati et une préfecture apostolique, Bangassou.
A – Sur le plan politique
Jusqu’aux dernières années du XIX° siècle, le reste du monde ignorait complètement cette partie
de la grande forêt et ses habitants. Cependant du XVI°-XVII° siècle, la Traite occidentale touche
le territoire centrafricain plus tardivement que les pays côtiers ; malgré tout, dans la seconde
partie du XVIII° siècle, l’épanouissement de « bois d’ébène » près des côtes pousse les
Occidentaux à multiplier les conflits entre les royaumes africains et encourage les razzias de leurs
alliés esclavagistes. C’est à travers le haut Congo et l’Oubangui que sont acheminés des milliers de
Centrafricains. Au total, la Traite aurait fait tomber le chiffre de la population estimée à 5-6
millions d’habitants au XVI° siècle, à moins de 700 000 au début du XX° ; la Traite orientale a
contribué aussi à cette diminution.
Le 26 juin 1889 Dolisie et Usac fondent Bangui au confluent de la M’poko.
Le pays est passé successivement de l’esclavage, au portage, aux exploitations des grandes sociétés
concessionnaires, à la colonisation, à l’indépendance.
A cette époque, quand les hommes n’étaient pas astreints à récolter, loin de leur village, une
quantité excessive de caoutchouc, ils étaient réquisitionnés pour la construction des voies ferrées.
Ce fut une véritable hécatombe. Ceux qui s’y refusaient ou ne pouvaient remplir les objectifs
d’exploitation étaient battus, parfois à mort, ou mutilés, ou incarcérés. Par exemple, Chef
coutumier, le père de Bokassa, Ngboundoulou Mindogon en 1927, a tenté de libérer certains
des prisonniers du travail forcé. Pour ce crime impardonnable, il est exécuté sous les yeux de sa
femme et de leur fils de 6 ans, Jean. La veuve meurt de chagrin une semaine plus tard. La tante de
Jean, Sirilié, périt peu après sous les coups de fouet des sbires de la compagnie forestière SangaOubangui (CFSO) qui avait le monopole du caoutchouc dans la région. Sirilié (ou Siribé) était la
mère de B. Boganda, le futur grand leader oubanguien.
1
- anathème : désigne une sentence, une réprobation à l’égard d’une idée ou d’une personne, spécialement dans
le cadre d’une hérésie.
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B – Les actions de B. Boganda
A l’instigation de Mgr. Grandin et sur l’amicale pression de ses amis, l’abbé Boganda se décidait à
se présenter au parlement. Il fut élu le 10 novembre 1946. Alors commence une nouvelle étape de
sa vie. Il devient le symbole de la lutte anticoloniale et dénonce quotidiennement les exactions des
Français. Il sera abandonné par les missionnaires et l’administration coloniale.
La lutte pour l’égalité des droits allait regrouper autour de Boganda, tous ceux qui se sentaient
humiliés par la colonisation.
A Bangui, les employés refusaient d’êtres tutoyés, les boys d’être giflés, les manœuvres d’être
chicotés. Raciste dans sa majorité, la minorité européenne y vit le signe d’une révolution. Elle ne
se trompait pas. Boganda se rendait partout où une injustice lui était signalée.
Le jour de Pâques, 29 mars 1959, l’avion régulier Nord-Atlas de l’UAT qui assurait la liaison
Berberati-Bangui et dans lequel Boganda avait pris place s’écrasait dans le district de Boda, sur la
rive gauche de la Lobaye.
L’émotion dans le pays fut immense. La RCA n’était pas encore indépendante et déjà la quittait le
seul homme politique capable de la guider dans cette passe difficile. Ce peuple oubanguien avait
du mal à réaliser cette mort tragique le jour même de la résurrection du Seigneur.
Trois ans après cette disparition tragique, 1962, c’est un peuple encore sous le choc, traumatisé
qui va apprendre l’ouverture du Concile Vatican II même s’il n’y comprenait pas grand’ chose.
C – Au plan diplomatique
Notre Eglise a commencé à faire partie de la Délégation Apostolique de Dakar le 22 septembre
1948. Le 24 septembre 1960 elle était comprise dans la Délégation Apostolique de l’Afrique
Centre-Occidentale (Lagos) et, en 1963, dans celle des Etats de l’Afrique Centrale (Yaoundé). Le
4 novembre 1967, après le Concile, des rapports diplomatiques étaient établis entre la RCA et le
Vatican. Donc, en 1962 notre Eglise dépendait encore de la Délégation Apostolique de l’AfriqueOccidentale (Lagos).
V – Quelques informations
Les informations de l’année 1962 n’étant pas disponibles, nous proposons d’en avoir une idée à
partir de celles de l’année 1960.
A – En général
En 1960, il y avait donc pour tout le pays:
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125820 catholiques
41158 : catéchumènes
114 prêtres étrangers
01 frère centrafricain
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33 frères étrangers
03 sœurs africaines
121 sœurs étrangères
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B - Les prêtres autochtones
En 1962 il y avait six (06) prêtres oubanguiens-centrafricains (Boganda inclus)
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Boganda : 1938
Lingo : 1950
Dobozendi : 1955
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Ngoui : 1956
N’dayen : 1961
Nzolenga : 1962
C - Les diocèses et paroisses
1 - Archidiocèse de Bangui (Bangui, M’baïki, Kaga-Bandoro, Bambari)
Cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Bangui (1929), Saint Paul des Rapides
(1894), Notre Dame d’Afrique (1954), Saints Martyrs de l’Ouganda (1962), Notre Dame de
Fatima (1950), Saint Pierre de Boali (1960), Saint François de Sales de Bossembélé (1947), Sainte
Jeann d’Arc de M’baïki (1925), Saint Michel de Boda (1938), Sacré-Cœur de Safa Loko (1960),
Sainte Famille de Sibut (1943), Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Kaga-Bandoro (1946), Sainte
Marie de Ndélé (1949), Sainte Anne de Dékoa (1955), Sainte Famille de Ndjoukou (1895), Saint
Joseph de Bambari (1920), Notre - Dame des Victoires de Bambari (1953), Notre-Dame
d’Agoudou-Manga (1947), Notre-Dame de Liesse de Grimari (1947), Saint Nicolas de Kouango
(1955), Notre-Dame de la Ouaka de Bakala (1959), Saint François-Xavier d’Ippy (1935), Saint
Louis de Bria (1955).
2 – Diocèse de Berberati (Berberati, Bossangoa, Bouar)
Cathédrale Sainte Anne de Berberati (1923), Sacré-Cœur de Berberati (1958), Notre-Dame de
Fatima de Gamboula (1959), Notre-Dame de la Membéré de Carnot (1945), Saint François
d’Assise de Nola (1939), Saint Antoine de Padoue de Bossangoa (1943), Notre Dame de l’Ouham
de Bossangoa (1957), Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Nana-Bakassa (1960), Saint Yves de
Kouki (1950), Saint François d’Assise de Bouca (1955), Immaculée Conception de Batangafo
(1954), Sainte Famille de Pahoua (1946), Saint Joseph de Bouar (1945), Notre-Dame de Fatima
de Bouar (1960), Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Baboua (1959), Saint Miche de Bozoum
(1931), Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Bossemptélé (1962), Notre-Dame de la Garde de
Bocaranga (1954).
3 – Préfecture Apostolique de Bangassou (Bangassou, Alindao)
Cathédrale Saint Pierre Claver de Bangassou (1929), Saint Georges de Ouango (1951), Saint
Bernard de Gambo (1953), Saints Martyrs de l’Ouganda d’Obo (1958), Saint Joseph de Mobaye
(1954), Sacré-Cœur d’Alindao (1936), Sainte Thérèse de Poudjio (1958), Cœur Immaculé de
Marie de Kembé (1957).
En 1962, il y avait en tout, 49 paroisses en Centrafrique.
4 – Les Séminaires
Il n’y avait que deux petits séminaires en 1962 :
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Sibut : 1948
Berberati : 1961
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D - les Œuvres
En 1962, l’Eglise de Centrafrique était déjà engagée dans plusieurs œuvres tant spirituelles,
éducatives, sociales, sanitaires que culturelles:
Catéchèse (centre catéchétique), animation rurale, ciné-club, bibliothèque, centre ménager, soins
et rééducation des handicapés, maternité, pédiatrie, jardin d’enfants, écoles primaires, animation
urbaine, travail social, éducation sanitaire, centre nutritionnel, formation artisanale, léproserie,
animation vocationnelle, dispensaire privé, œuvre de développement et d’intégration des
pygmées, centre de formation agricole, centre d’apprentissage en menuiserie et formation
ménagère, visite aux malades, animation de la jeunesse, accueil et formation des filles en
recherche de la vie religieuse, formation ménagère et couture, assistance technique dans le
domaine agricole, animation des femmes et jeunes filles, accompagnement des équipes des
fonctionnaires, coopératives agricoles, alphabétisation, couture et hygiène, pharmacie, centre
technique féminin, centre de promotion féminine, briqueterie, garage, imprimerie, élevage et
culture attelée….
E – Nos Pères Conciliaires
Les évêques de Centrafrique qui ont pris part au Concile Vatican II :
1.
2.
3.
4.
Mgr. Léon – Toussaint-Jean CHAMBON
Mgr. Alfonse Célestin Basile BAUD
Mgr. Joseph Cucherousset
Mgr. Antoine Marie MAANICUS
Deuxième Partie : En parcourant les documents
I – Lumen Gentium – Constitution dogmatique sur l’Eglise
Nous pouvons souligner ces quelques lignes :
•
Le passage d’une Eglise pyramidale (pape-évêques-prêtres-laïcs), à une Eglise Peuple de
Dieu, Corps du Christ, Temple de l’Esprit (LG N°2), ce qui renverse complètement la
perspective envisagée jusque-là : « il y a une Eglise enseignante et une Eglise enseignée », disait le
pape Pie X au début du XX° siècle. Au concile, c’est l’ensemble des chrétiens qui
devient premier et reçoit mission d’être « sacrement c’est-à-dire signe et moyen de
l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain » (L.G. N°2).
•
Le passage d’une Eglise qui voulait s’imposer à l’ensemble de la société, à une Eglise qui
accepte d’être minoritaire dans le monde et donc d’entrer en dialogue avec ce monde.
•
Le passage d’une Eglise qui pensait détenir à elle seule la vérité, à une Eglise qui entre en
dialogue avec les autres religions chrétiennes (œcuménisme) et les autres religions
(dialogues interreligieux) ; et qui accepte d’être changée par ce dialogue.
•
Le passage d’une Eglise qui se concevait comme une société juridiquement structurée
(« une société parfaite »), à une société qui reconnaît des « germes du verbe » ailleurs qu’en ellemême (LG 15 et 16) et le travail de l’Esprit en dehors d’elle-même.
11
•
Le passage d’une Eglise où la hiérarchie était première et où les laïcs étaient subordonnés
aux évêques et aux prêtres, à une Eglise qui reconnaît d’abord l’égale dignité de tous les
chrétiens de par leur baptême qui les fait « prophètes, prêtres et rois » (IP 2, 20)
II- Dei Verbum – Constitution sur la Révélation Divine
C’est l’une des quatre grandes constitutions du Concile Vatican II. Elle affirme que la Révélation
n’est pas un catalogue de vérités, mais une Bonne Nouvelle : Dieu invite à partager sa vie.
Mais comment se transmet-elle ? Avec Dei Verbum, la Parole de Dieu reprend toute sa place
dans l’Eglise. Les chrétiens vont se réapproprier l’écriture.
Ce texte majeur du Concile nous place au cœur du mystère de l’Eglise, qui se fonde sur la Parole
de Dieu, et il donne un élan nouveau à l’œcuménisme, puisque toutes les Eglises partagent cette
même Parole. L’Eglise trouve sa source et sa raison d’être dans le service de la Parole de Dieu.
L’originalité de ce beau texte est qu’il présente cette communication de Dieu aux hommes
comme une conversation entre amis : « Dieu invisible s’adresse aux hommes en son
immense amour ainsi qu’à des amis ; il s’entretient avec eux pour les inviter et les
admettre à partager sa propre vie » (DV n°2).
III – Sacrosanctum Concilium – Constitution sur la Sainte Liturgie
-
La liturgie, source et sommet de la vie de l’Eglise –
Pour la majorité des gens, la réforme liturgique est ce qui est le plus visible du Concile Vatican II ;
pour certains même, c’est la seule chose qu’ils en connaissent. En même temps on entend ou on
lit certaines critiques accusant le Concile d’avoir rompu avec la Tradition et innové
complètement. Il n’est donc pas indifférent de replacer la démarche conciliaire dans le
mouvement qui l’a préparée, mouvement approuvé et soutenu par divers papes qui se sont
succédé.
Cela avait commencé par le travail des historiens : ils firent apparaître qu’au cours des siècles, la
célébration s’était chargée de rites secondaires et surtout, s’était de plus en plus éloignée de la
participation de l’assemblée. Ce travail des historiens avait trouvé un écho dans les décisions
papales : Pie X avait recommandé la communion fréquente, la communion des enfants et avait
insisté sur la nécessaire participation active du peuple chrétien à la célébration, Pie XII, de son
côté, avait présenté la liturgie comme le culte intégral du corps mystique du Christ (Mediator Dei)
avant de réformer la liturgie de la vigile pascale et de la Semaine Sainte (pour la première fois on
proclamait la Parole directement en Français) ; Jean XXIII avait, quant à lui, entrepris une
réforme générale des rubriques2. Et tout cela avait trouvé vie dans le peuple chrétien grâce au
« mouvement liturgique », marqué, entre autres, par la parution de missels latin-français pour les
fidèles, par les messes dialoguées. Cela s’accompagna de la création de nouveaux cantiques
d’inspiration biblique et liturgique (Gelineau, Deiss, Didier Rimaud…).
Ce mouvement liturgique avait sensibilisé l’ensemble des évêques et c’est à la quasi-unanimité
qu’ils votèrent le texte de la constitution.
2
- Règles à observer dans les divers offices du culte, ainsi appelées parce qu’elles sont écrites en lettres rouges
dans les livres liturgiques.
12
Tel qu’il se présente, le texte de la Constitution nous apparaît comme une sorte de loi-cadre dans
laquelle s’exprime la signification théologique profonde de l’action liturgique et les enjeux d’une
réforme qui s’avère alors nécessaire. Pour cela, le Pape Paul VI créera, dès janvier 1964, un
Concilium (conseil) pour la mise en application de la constitution et publiera en septembre de la
même année l’instruction Inter Oecumenici, qui sera suivie d’une série d’ordonnances d’application,
dont la plus visible à nos yeux fut la publication du nouveau lectionnaire et du nouveau missel
romain.
Suivirent ensuite les éditions renouvelées de l’office divin (bréviaire) et des divers sacrements. Et
le 4 décembre 1988, le pape Jean-Paul II, dans sa « lettre apostolique pour le vingt-cinquième
anniversaire de la constitution Sacrosanctum Concilium sur la liturgie, en redisait », en les
prenant à son compte, les intuitions principales, y ajoutant un chapitre sur la nécessaire
adaptation de la liturgie aux différentes cultures.
IV – Gaudium et Spes – Constitution sur l’Eglise dans le monde de ce temps
« Entrer en dialogue amical avec le monde », voilà ce qu’a voulu faire le Concile Vatican II
durant les quatre sessions de travail entre 1962 et 1965 et plus particulièrement dans la Constition
Gaudium et Spes.
Paul VI disait dans son encyclique Ecclesiam Suam, en 1964 : « l’Eglise doit entrer en dialogue
avec le monde dans lequel il vit. L’Eglise se fait parole ; l’Eglise se fait message ; l’Eglise
se fait conversion ». C’est pour cela que cette Constitution se nomme très justement : « l’Eglise
dans le monde de ce temps ».
Le plan de cette Constitution est intéressant à regarder : elle s’ouvre par un préambule (n° 1-10)
décrivant sociologiquement la condition humaine d’alors, ses grandes mutations, les aspirations et
les interrogations des hommes de ce temps.
Dans la première partie, (n° 11-45), le concile développe sa pensée sur le rôle de l’homme dans le
monde, affirmant la dignité de la personne humaine et passant en revue tout ce qui caractérise
son humanité, parlant aussi de la responsabilité de l’homme et des chrétiens dans l’avènement
d’un monde meilleur (spécialement le n° 22).
Dans la deuxième partie, (n°46-90), les pères conciliaires passent en revue quelques problèmes
plus urgents, comme le mariage et la famille, la culture, la vie économique et sociale, la sauvegarde
de la paix, etc.
La conclusion (n°91-93) revient sur le mot important de cette constitution : dialogue.
V – Presbyterorum Ordinis – Décret sur le ministère et la vie des prêtres
Voté en toute fin du concile, à la veille de la clôture, le décret Prebyterorum Ordinis a bénéficié
de l’apport de toutes les réflexions et de tous les textes précédents. Constitué d’abord de simples
propositions, il a pris ensuite la forme d’un projet de décret pratique avant de devenir le
document que nous connaissons, qui apporte de nombreuses clarifications : ainsi il distingue les
fonctions des états de vie, et les ministères (ou services) des charismes.
Les conséquences concrètes sur la vie des prêtres marquent des tournants décisifs car ceux-ci
sont présentés :
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•
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•
•
•
•
D’abord comme ministres de la Parole
Puis comme ministres de l’eucharistie et des sacrements
Puis éducateurs et pasteurs (participant à la charge pastorale de l’évêque),
Comme membres du monde,
Membres de l’Eglise comme tous les baptisés,
Enfin comme collaborateurs de l’évêque dans le presbyterium,
Pour être signes de salut
VI – Apostolicam Actuositatem – Décret sur l’Apostolat des Laïcs
Le fait qu’il y ait, dans les Actes du Concile, un décret sur le laïcat représente déjà un
évènement. Lors des conciles précédents et jusqu’à Vatican I, les laïcs étaient considérés
comme l’objet de l’apostolat, en somme le public, la matière, à évangéliser. Avec Vatican II, ils
deviennent une part de la structure théologique de l’Eglise. Dès 1960, dans la phase de
préparation au concile, le pape Jean XXIII avait tenu à ce qu’une commission, comprenant des
laïcs, soit créée pour faire le bilan de ce qui existait depuis 50 ans concernant la place des laïcs
dans la vie de l’Eglise.
Ce décret se situe dans la droite ligne de la Constitution Lumen Gentium dont tout un chapitre
(le chapitre IV) est consacré aux laïcs. Après avoir rappelé la dignité des laïcs, ce chapitre montre
comment, par leur baptême, ils participent à la triple fonction sacerdotale, prophétique et
royale du Christ (n°34, 35, 36). Remarquons ce qui est dit à ce sujet : l’apostolat des laïcs
réalise la présence de l’Eglise dans le monde, ils sont considérés comme le levain dans la
pâte.
En lisant ce décret, on se rend compte qu’aujourd’hui on ne parle plus de l’apostolat des laïcs de
la même manière. Pour mesurer l’évolution, il est nécessaire de prolonger ce qui est dit dans ce
décret par la lecture de documents plus récents. Nous le ferons brièvement avec l’exhortation
apostolique de Paul VI « Annoncer l’Evangile » (1975) et avec celle de Jean-Paul II, « Les
Laïcs, fidèles du Christ », suite au synode sur la « Vocation et Mission des laïcs dans
l’Eglise et dans le monde », qui s’est tenue à Rome en octobre 1987, plus de vingt ans après la
fin du concile.
Même si le mot « ministère » est assez peu employé dans ce décret, la question des ministères à
faire advenir est tout de même posée. Dès le chapitre I, une phrase est à souligner : « Il y a dans
l’Eglise diversité du ministère, mais unité de mission » (AA 2, b). La mission de l’Eglise dans ce décret est
ainsi définie : « l’Eglise est faite pour étendre le règne du Christ à toute la terre, pour la
Gloire de Dieu le Père » (AA 2, a). La dimension universelle est donc bien soulignée. C’est par
tous ses membres que l’Eglise exerce sa mission apostolique qui est de sauver toute la création en
l’incorporant au Christ. Chaque baptisé reçoit de l’Esprit Saint « des dons particuliers (les charismes), en
vue de l’édification du Corps tout entier dans la charité » (AA 3, d).
VII – Ad Gentes – Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise –
L’activité missionnaire est si essentielle à l’Eglise que, dès la Constitution Lumen Gentium,
l’accent est mis sur « l’urgence accrue » d’ « illuminer tous les hommes de la lumière du
Christ » (LG 1). Le décret Ad gentes, souligne cette nécessité inhérente à la nature même de
l’Eglise : la Parole de Dieu doit être offerte à toutes les nations (d’où son titre : ad gentes) et
tous les chrétiens sont appelés à annoncer à tous les peuples et à toutes les cultures,
l’amour de Dieu.
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VIII – Une Eglise en Dialogue
Introduction aux :
•
•
•
•
Déclarations sur le Liberté religieuse
L’Eglise et les religions-non chrétiennes
Décret sur l’Œcuménisme
Une démarche d’ouverture
Ces trois documents témoignent tout particulièrement de la démarche d’ouverture des Pères
conciliaires vers ceux qui vivent à des distances différentes de l’Eglise catholique romaine.
En effet le Concile Vatican II a marqué un tournant considérable en prenant acte du passage d’un
modèle de société à un autre : de l’état de chrétienté, dans lequel la société toute entière devrait
être autant que possible catholique, les non-catholiques y étant plus ou moins bien admis selon
les lieux et les époques, on est passé à la société mondialisée et sécularisée actuelle, où les
croyants-pratiquants sont minoritaires.
Parce qu’ils ne reposent pas sur le principe de chrétienté, ces trois documents, ainsi que le Décret
sur la charge des évêques qui introduit la collégialité, sont ceux sur lesquels Mgr Lefebvre a
fondé son opposition au Concile lui-même. Sa contestation de la liturgie, plus immédiatement
sensible chez ses fidèles, était alors bien moindre, puisque, même s’il avait émis des réserves, il
avait voté la constitution sur la Liturgie.
Ces trois documents sont dénommés déclarations et décret. Ils sont des mises en œuvre sur les
points particulièrement importants des textes fondamentaux appelés Constitutions. On devra
donc ne pas isoler ces trois textes de l’ensemble du Concile.
•
L’Eglise dans le monde
Ces documents, dans la continuité des grandes Constitutions du Concile, reprennent à frais
nouveaux la réflexion antérieure sur le rapport de l’Eglise au monde.
Rappelons-nous qu’au milieu du XIX° siècle, le rapport au monde contemporain avait été
formulé dans les condamnations publiques de l’encyclique Quanta Cura et de son annexe, le
Syllabus, catalogue des principales erreurs de notre temps ; datées de 1864, elles marquaient une
opposition frontale entre l’Eglise et la société. Le pape Léon XIII avait à la fin du siècle infléchi
ces positions.
Comme pour les autres textes conciliaires, l’aggiornamento, c’est-à-dire la mise à jour de l’Eglise
sur la liberté de religion, sur l’œcuménisme et sur les religions non-chrétiennes, se fonde sur des
racines beaucoup plus profondes qu’elle va chercher bien en deçà du XIX° siècle, dans l’Ecriture
et dans la longue Tradition. Il s’appuie aussi sur des pratiques de terrain, dans des paroisses et
dans les mouvements qui ont anticipé ce qui devait être mis en œuvre par le Concile.
Près de 50 ans après, on ne se rend plus assez compte de la situation du milieu du XX° siècle, ce
qui entraîne une difficulté d’appréciation entre générations. Loin d’être la cause de
l’affaiblissement actuel de l’Eglise, qui avait commencé bien avant, le Concile est au contraire une
15
réaction dynamique des papes Jean XXIII et Paul VI et des évêques. En relisant ces textes,
remarquons qu’il s’agit toujours de vivifier le message de l’Eglise et la foi de chacun.
•
Trois types de dialogue bien distincts
Les trois documents ouvrent de vrais dialogues fondés sur le respect de l’autre, une des
composantes indispensables de l’amour du prochain, mais il s’agit de trois dialogues très
différents par leur raison d’être et leurs modalités.
Le dialogue avec les incroyances et une bonne partie de la culture de notre temps a pour but
de permettre une présence au monde et à nos contemporains, qui puisse être porteuse de l’amour
de Dieu pour tous les hommes.
Le dialogue interreligieux avec les autres religions a pour but de contribuer à une juste
compréhension de ceux qui composent l’humanité et ainsi de contribuer à la paix. Le dialogue
avec le judaïsme, en raison du lien spécifique entre chrétiens et juifs, y a une place toute
particulière.
Le dialogue œcuménique avec les autres chrétiens a pour but de recomposer une unité des
chrétiens. Il repose non sur des négociations, mais sur un approfondissement de notre foi
chrétienne, donc sur une certaine conversion des Eglises et de leurs membres. Depuis Jean
XXIII, les papes en ont fait l’une des tâches essentielles de l’Eglise.
IX – Poursuivre et Amplifier Vatican II
« Le Concile est comme la boussole qui permet de s’orienter dans le vaste océan du
troisième millénaire » (Jean-Paul II)
On l’entend dans ce paragraphe concluant la constitution Gaudium et Spes, les Pères
conciliaires ont conscience que ce Concile doit « passer dans les mœurs ». Il faut du temps
pour qu’un concile soit reçu en Eglise et la réception de Vatican II est toujours en cours.
Bien de choses sont déjà passés dans les mœurs de l’Eglise.
Mais il reste encore à faire ! D’autre part, cette réception diffère d’un continent à l’autre, même de
pays à pays, et de génération à génération.
A - Vatican II … et après !
Il aura fallu attendre presque 20 ans pour le nouveau Code de Droit Canonique (1983) traduise
dans le droit, les changements apparus sur le terrain. Ces 20 ans furent une période extrêmement
riche en analyses, enquêtes, recherches, réflexions, forums, débats, dans les Conférences
épiscopales comme dans les diocèses et les paroisses.
Depuis les années 80, la réception du Concile laisse une impression contrastée. L’Eglise évolue,
trop vite pour certains et pas assez pour d’autres ; elle s’est beaucoup ouverte au monde, mais
son message n’y est pas toujours bien reçu ; elle prêche la miséricorde ; mais elle est accusée de ne
16
pas toujours la pratiquer ; elle œuvre en faveur de l’œcuménisme, mais les autres confessions
chrétiennes ressentent qu’elle veut maintenir sa suprématie.
Comment expliquer cela ? Une explication possible est que, juste après le Concile, une foule de
décrets d’application sont venus se surajouter aux textes conciliaires, au point parfois de se
substituer à eux. Ce qui explique qu’ils furent parfois mis au second plan, au profit des décrets
d’application plus concrets. Certains ont pu croire que le Concile avait achevé le changement,
parce qu’on avait changé la manière de célébrer la messe. Mais Vatican II a apporté beaucoup
plus que cela ! C’est donc l’esprit du Concile qu’il convient de retrouver et pour cela, il est bon de
regarder ce qui est réellement passé dans nos pratiques, ce qui a fait difficulté, les chantiers encore
en cours, et enfin, l’état d’esprit que nous devons garder de ce Concile.
B – Les Bienfaits mis en œuvre
Malgré les lenteurs observées sur le terrain, on peut dire que les communautés ecclésiales sont
bien entrées dans l’ecclésiologie de communion de Vatican II. Depuis bientôt 50 ans les
mentalités ont assimilé cette idée d’une commune responsabilité des baptisés, tous ensemble
solidaires de la mission, selon la diversité des charismes et la variété des ministères.
L’appel universel à la sainteté sonne le glas de la distinction millénaire entre états de vie. Selon
les évangiles et dans l’esprit du Concile, toute vie chrétienne est appelée à la sainteté. Cette
sainteté invite à promouvoir plus d’humanité dans les conditions terrestres d’existence, autrement
dit, « plus de sainteté signifie plus d’humanité » et ce message est aussi largement passé : la
preuve en est le nombre de chrétiens engagés à travers le monde dans toutes les instances de
solidarité, de partage et de lutte en faveur de la justice.
Désormais l’Eglise propose une multitude de styles de vie chrétienne dans la société, une
multitude d’itinéraires qui se croisent parfois dans une même communauté paroissiale.
Aujourd’hui, des hommes et des femmes, habités par la passion de l’Evangile, prennent des
responsabilités en son nom et osent annoncer leur foi. Le nombre croissant de catéchumènes
représente une vraie source d’espérance et une force de conviction qui aide à inventer sans cesse
des nouvelles manières de vivre en Eglise.
De même, le dialogue avec nos frères séparés ou avec les croyants d’autres religions, revivifié par
Vatican II, est devenu aujourd’hui un fait irréversible.
C - Le Concile Vatican II, un véritable séisme !
En fait, on pourrait comparer le Concile à un séisme !
Un séisme qui aurait déplacé le centre de gravité de l’Eglise de Rome vers le Christ ; déplacé le
gouvernement monarchique pontifical vers la responsabilité collégiale de l’Episcopat universel,
vers les conférences épiscopales et les Eglises locales ; déplacé la hiérarchie ecclésiale des clercs
vers le peuple de Dieu et déplacé tous ses baptisés vers le service du monde ;
déplacé l’Eglise catholique vers les autres Eglises chrétiennes, et vers les non-croyants et vers les
non-chrétiens ;
et enfin, un séisme qui a déplacé le sacré sur l’humanité tout entière, avec ses richesses, ses
souffrances et ses interrogations.
En somme, un séisme qui a fait de l’Eglise catholique une Eglise totalement incarnée.
17
Malgré ce que certains de ses détracteurs veulent laisser penser, le Concile Vatican II n’est pas à
l’origine de la crise actuelle, bien au contraire : il l’a anticipée et il constitue pour nous
aujourd’hui un formidable élan pour traverser les épreuves, en nous donnant des repères
suffisants pour avancer confiants vers cette nouvelle figure d’Eglise voulue par JésusChrist.
18
Quelques questions pour aller plus loin
Contexte global :
•
Pour vous, quels sont les changements majeurs qui ont marqué l’histoire au XX° siècle ?
•
Si vous avez connu l’Eglise d’avant le Concile, quels sont les changements les plus
frappants que vous observez, tant au « sommet » (papauté) qu’à la « base » (paroisses,
mouvements…) ?
•
Autour de vous, dans votre entourage, le Concile vous semble-t-il connu ? Vous-même,
qu’en connaissez-vous ? Vous êtes-vous déjà demandé ce que serait aujourd’hui l’Eglise
s’il n’y avait pas eu Vatican II ?
Lumen Gentium (l’Eglise)
•
Il y a eu des changements dans la vie de l’Eglise. Parmi ces changements, lequel vous
paraît le plus important et vous semble marquer davantage la vie de l’Eglise aujourd’hui ?
Quelles conséquences, positives et/ou négatives, ont eu ces changements ? Pourquoi ?
•
LG n° 1 : Qui est la lumière des nations ? Quelles conséquences en tire le Concile ? Et
nous-mêmes ?
•
« L’Eglise étant, dans le Christ, en quelque sorte le Sacrement, c’est-à-dire à la fois
le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain… »
Comment entendez-vous le mot sacrement ? Qu’est-ce que ce texte nous dit de la mission
de l’Eglise ?
•
LG n° 12 : « le peuple saint de Dieu participe aussi à la fonction prophétique du
Christ » :
Que signifie pour nous cette phrase ?
•
« La collectivité des fidèles (…) ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier
qu’elle possède se manifeste par le moyen du sens surnaturel de foi qui est celui
du peuple tout entier »
Cette conception du peuple de Dieu reflète-t-elle la conception que vous avez
de
l’Eglise ? Pensez-vous que c’est ce qui se passe concrètement dans l’Eglise ? Donnez des
exemples en positif et/ou en négatif …
•
Le mot communion est l’un des aspects de la mission de l’Eglise pour signifier et réaliser,
même pauvrement et modestement, le royaume annoncé par le Christ.
Quels signes de communion pouvons-nous relever ? Que faisons-nous chacun pour vivre
et développer cette communion ?
•
LG n° 32 : la dignité des laïcs membres du Peuple de Dieu.
Qu’est-ce qui fonde cette « égale dignité » de tous les membres de ce peuple ? Echangez
sur ce point. Tous « sont appelés à la sainteté ». Quelle conscience avons-nous en
commun de cette vocation ? Comment, entre membres différents, nous y aidons-nous ?
19
Dei Verbum (la révélation divine)
•
Qu’est-ce qui est au centre de notre catéchèse, de notre prédication, de notre spiritualité,
de notre prière ? Sur quoi mettons-nous l’accent ? Notre langage, pour dire la foi, est-il
« bonne nouvelle » pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui ?
•
Quelle est la place du Livre des Ecritures dans notre foi et notre vie en Eglise ? Quelles
différences voyez-vous dans l’utilisation que nous faisons de la Bible et celle que les
musulmans font du Coran ?
•
Dans les différents lieux où nous lisons l’Ecriture, qu’allons-nous chercher ? Qu’y
trouvons-nous ? Quelles sont nos difficultés pour faire parler ces textes issus d’une autre
époque et d’une autre culture que la nôtre ? Quelles résistances éprouvons-nous ?
•
DV n° 9 : le rapport entre la tradition et l’Ecriture.
A quoi vous fait penser le mot ‘tradition’ ? D’après ce texte, quels sont les rapports entre
Ecriture et Tradition ? Comment se complète leur action dans la vie de l’Eglise ?
•
DV n° 25 : En quoi l’image des deux tables, évoquant l’Eucharistie, nous aide-t-elle à
comprendre la Parole de Dieu comme nourriture ? Pensez à tous les lieux et occasions
où vous lisez ou entendez la Parole de Dieu : qu’est-ce qui vous nourrit le mieux ?
Comment permettre cette expérience à d’autres ?
•
Quelles expériences de partage de la Parole avez-vous faites ?
•
Que faire dans votre paroisse pour faire partager la Parole ?
Sacrosanctum Concilium (la sainte liturgie)
•
Que signifie pour nous le « mystère pascal » ?
•
SC n° 102 : Parcourez ensemble le déroulement de l’année liturgique et voyez
comment chaque temps, chaque fête, à sa manière, célèbre le mystère pascal.
•
SC 106 : Chaque dimanche célèbre le mystère pascal. Avons-nous conscience ? En
quoi est-ce primordial pour notre vie et celle de L’Eglise ?
•
SC n° 7 : quand nous allons à la messe, avons-nous conscience que nous allons « à
l’assemblée » pour réaliser le Corps du Christ avec nos frères ?
•
Quand vous allez faire la lecture, avez-vous conscience de prêter votre voix au Christ
pour qu’il s’adresse aujourd’hui aux chrétiens rassemblés ?
•
SC n° 14 : Assister à la messe ou participer : quand vous êtes à la messe, lequel de ces
deux verbes vous paraît le plus vrai pour vous ? Quels moyens avez-vous de
participer aux divers moments de la célébration ?
20
•
SC n° 24 : Etes-vous conscient de l’importance du lien Parole-Eucharistie ? Vous
arrive-t-il de lire des textes du jour avant de participer à la messe ? Et si vous devez
proclamer la Parole, la préparez-vous avant d’aller à l’ambon ?
Gaudium et Spes (l’Eglise dans le monde de ce temps)
•
GS n° 3 : Que signifie concrètement pour vous : « dialoguer avec la famille humaine » ;
« éclairer les problèmes à la lumière de l’Evangile » ; « mettre à la disposition du genre
humain la puissance salvatrice du fondateur de l’Eglise » ?
•
GS n° 45 : Et vous, que soulignez-vous de bon dans le monde ? Quelles sont les « bonnes
choses » que le monde apporte à l’Eglise ? Et en quoi l’Eglise apporte-t-elle un plus au
monde ?
•
GS n°12 : Dans ce texte, quel regard l’Eglise porte-elle sur l’homme ? Qu’en pensezvous ? Et vous-mêmes, quel regard portez-vous sur l’homme ?
Presbyterorum Ordinis (le ministère et la vie des prêtres)
•
Qu’est-ce que le mot prêtre évoque en vous ? Si vous aviez à faire le portrait d’un prêtre,
comment le présenteriez-vous ? D’après votre expérience de croyant, comment
définiriez-vous le ministère des prêtres ?
•
PO n° 2 : Les prêtres sont solidaires de leur évêque et solidaire entre eux. Dans les
célébrations, comment voyez-vous cette relation proche entre évêque et prêtres ? Et dans
l’activité pastorale ?
•
PO n°3 : Nous retrouvons ici la préoccupation des prêtres au moment du Concile : celle
de leur mission dans le monde. Quelle est-elle ? A qui sont-ils comparés ?
•
PO n° 2 : Comment comprenez-vous l’expression : « Au nom du Christ Tête en
personne » ? Qu’est-ce qui les rend capables d’agir ainsi ?
•
PO n° 4 : Concrètement, comment les prêtres sont-ils ministres de la Parole ?
•
PO n° 5 : Comment comprenez-vous que les sacrements qui font l’unité du Corps du
Christ soient présidés par des prêtres, mais célébrés par tous ?
•
PO n° 6 : Comment comprenez-vous le mot « pouvoir » cité pour la, première fois ? A
qui est-il référé ? Au service de quoi, de qui, ce pouvoir est-il mis ?
•
PO n° 9 : Le Concile emploie ici trois mots pour parler des prêtres : frères, pères,
docteurs. Comment comprenez-vous ces mots ? A quelles images bibliques renvoient-ils ?
Cherchez des citations : Lc 2, 41 ss ; cf. Mt 5, 2 … Et vous, quels mots utilisez-vous ?
Quelles différences cela implique-t-il ?
•
PO n° 9 : Sur ce point, quelles évolutions avez-vous remarquées dans la manière dont les
prêtres exercent leur ministère aujourd’hui ? On a souvent présenté les prêtres comme
21
des « veilleurs » et « éveilleurs ». A partir de ce paragraphe, ces images vous paraissentelles judicieuses ?
•
PO n° 9 : L’expression « bons pasteurs » renvoie à l’image biblique du Christ Bon Pasteur
(Jn 10, 1-18). Comment cette image éclaire-t-elle la vie et le ministère des prêtres ? Quelle
expérience avez-vous du souci mutuel qu’ont prêtres et laïcs ?
•
Qu’est-ce que le mot « prêtre » évoque pour vous ? Après ce parcours fait avec le décret
sur le ministère et la vie des Prêtres, remarquez-vous une évolution dans vos réponses ?
Avez-vous changé de regard sur les prêtres ?
Apostolicam Actuositatem (l’apostolat des laïcs)
•
AA n° 3 : Que pensez-vous de cette de définir l’apostolat ? Le mot « apôtre » signifie
« envoyé » : vers qui sommes – nous envoyés en priorité ?
•
AA n° 5 : on oppose souvent le temporel et le spirituel, le profane et le religieux. Cette
distinction vous paraît-elle fondée ? Comment lier ces deux aspects dans notre vie ?
•
Dans votre vie professionnelle ou familiale, portez-vous également ce souci de parfaire
par l’esprit évangélique l’ordre temporel ? Comment cela se traduit-il dans vos vies
actuelles ?
•
AA n° 10 : Pensez-vous que la voix des laïcs soit suffisamment entendue ? Si non,
comment mieux tenir compte de ce que disent les laïcs ?
•
En fonction des besoins actuels de l’humanité et de l’Eglise, quels ministères faudrait-il
créer selon vous ?
•
Dans vos communautés, cherchez-vous à tenir compte des charismes propres à chacun
avant de lui confier une mission ? Qui porte le souci d’appeler ? Et celui de signaler les
besoins qui existent ?
Ad Gentes (l’activité missionnaire de l’Eglise)
•
Quelles sont les figures, actuelles ou passées, qui ont marqué votre propre chemin de
foi ?
•
Avez-vous l’occasion de discuter avec des « frères séparés » ?
Comprenez-vous leurs positions ?
Pensez-vous qu’une « unité parfaite » soit un jour possible ?
•
Quels chantiers d’évangélisation repérez-vous aujourd’hui dans le monde ? Vous
sentez-vous vous-mêmes missionnaires ?
Dignitatis Humanae (la liberté religieuse)
•
•
Pour vous, qu’est-ce la liberté a à avoir avec la vie chrétienne ?
Donnez des exemples où vous voyez que la liberté est au service de la vérité.
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En quels pays la liberté religieuse est-elle menacée ou refusée ? Quel lien voyez-vous
entre la liberté religieuse et la paix ?
Nostra Aetate (les religions non-chrétiennes)
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NAE n° 2 §2 : Dans ce texte, relevez ce qui définit le dialogue interreligieux. Comment le
dialogue interreligieux devient-il un témoignage de foi chrétienne ?
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Cherchez à mieux comprendre les proximités et les distances entre le christianisme et
l’islam.
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NAE n°4 §4 : Selon ce texte, les juifs ont encore aujourd’hui leur place dans le plan de
Dieu. Comment le comprenez-vous ?
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Nous connaissons le judaïsme du temps du Christ, mais que connaissons-nous du
judaïsme vivant d’aujourd’hui dans le monde ?
Unitatis Redintegratio (l’œcuménisme)
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UR n° 1 §5 : Est-ce que, là où nous sommes, nous cherchons à connaître des « secours,
orientations et moyens » que l’Eglise nous propose ?
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UR 2 §1 : Dans ce texte, quels fondements de la démarche vers l’unité relevez-vous ?
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UR n° 3 : Qu’y a – t – il de commun entre tous les chrétiens par ailleurs séparés ?
Qu’aurions-nous en plus par rapport aux orthodoxes et aux protestants ?
Et, d’après les catholiques, que manque-t-il aux autres chrétiens ?
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UR n°4 : De quelle (s) manière(s), vivez-vous vous-même l’œcuménisme ?
Apprenons-nous des autres chrétiens des éléments qui nourrissent notre foi ?
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Où et comment connaître les autres confessions chrétiennes dans leur diversité ?
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Comment penser une unité entre les différentes confessions chrétiennes sans que cela
devienne une uniformisation ?
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