La situation économique et financière de l`Iran

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La situation économique et financière de l`Iran
La situation économique et financière de
l’Iran
Alors que 2014/2015 avait été marquée par une reprise assez nette de l’activité (le PIB avait alors crû de 3% en
volume) après 2 années de récession, l’exercice 2015/2016 devrait s’achever sur une croissance nulle ou très
faiblement positive. Cette tendance s’explique principalement par l’attentisme des agents économiques dans
l’attente d’une levée éventuelle des sanctions. Ce ralentissement de l’activité, couplé à la baisse des ventes
d’hydrocarbures en valeur sous le double effet de la baisse du prix du baril et du plafonnement des ventes lié aux
sanctions internationales, n’est évidemment pas sans conséquences sur les équilibres interne (creusement du
déficit budgétaire) et externe (contraction de l’excédent du compte courant). Pour autant, alors que l’Accord de
Vienne du 14 juillet dernier a ouvert la voie à une possible levée des sanctions au cours du premier semestre 2016,
les perspectives s’annoncent nettement plus favorables pour l’exercice 2016/2017. Le FMI anticipe en effet un taux
de croissance du PIB de 4,3%.
Croissance : une activité atone en 2015/2016, mais une reprise marquée
attendue en 2016/2017 en cas de levée des sanctions
Alors qu’il avait renoué avec une croissance positive en 2014/2015 (+3%) après avoir enregistré une
contraction cumulée de son PIB réel de 8,5% sur les deux exercices précédents, l’Iran devrait connaître en
2015/2016 une croissance nulle (0% d’après les dernières prévisions du FMI) ou, au mieux, faiblement
positive. Cette situation de quasi-stagnation serait essentiellement le fait de l’attentisme des agents
économiques qui reportent leurs décisions dans la perspective d’une éventuelle levée prochaine des
sanctions. Il en résulte une atonie de la consommation et de l’investissement qui devrait se traduire, conjuguée
aux capacités très contraintes de la dépense publique, par un recul du PIB hors hydrocarbures sur l’exercice
2015/2016 (-0,1% d’après les dernières prévisions du FMI) que la faible progression attendue du PIB
hydrocarbures (+0,5% d’après le FMI) ne compensera que très partiellement.
En revanche, la levée éventuelle des sanctions dans le courant du premier semestre 2016, rendue possible
par l’Accord de Vienne du 14 juillet dernier, ouvre des perspectives nettement plus favorables pour l’exercice
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2016/2017. Elle permettrait en effet : (i) d’orienter favorablement les anticipations des agents et, partant, de
relancer la consommation et l’investissement ; (ii) une hausse de la production et des exportations de pétrole
(à tout le moins en volume) ; (iii) le rapatriement d’avoirs gelés ou bloqués que l’Iran détient à l’étranger dont
une partie pourrait être réinjectée dans l’économie domestique ; (iv) la reprise des flux d’IDE vers l’Iran. Dans
ces conditions, la croissance du PIB réel au terme de l’année 2015/2016 pourrait être comprise entre 4 et 5%
(4,3% d’après les dernières prévisions du FMI).
Inflation : poursuite du mouvement de reflux amorcé à l’été 2013
Le très net recul de l’inflation, amorcé dès l’été 2013, se poursuit. Calculée en glissement annuel, la
progression de l’indice des prix à la consommation a été ramenée à 11,7% à fin septembre 2015, contre 14,4%
un an auparavant. D’après les prévisions du FMI, elle devrait s’établir à 15,1% en année pleine au terme de
l’exercice 2015/2016, contre 15,5% sur l’exercice précédent. Ces bons résultats, qui tiennent pour l’essentiel
au resserrement du crédit et à une plus grande maîtrise de la dépense publique, pourraient ouvrir la voie à
une politique monétaire plus accommodante, notamment via une baisse des taux d’intérêt du secteur bancaire.
A noter toutefois que le rial, dont la parité avec le dollar était demeurée relativement stable depuis l’intronisation
du Président Rohani, semble de nouveau sujet à quelques turbulences (cette dernière s’est en effet érodée
de près de 9 % sur le marché officieux depuis la conclusion de l’accord de Vienne).
Comptes extérieurs : un solde courant en net repli mais qui demeure
excédentaire
Tandis que les importations iraniennes en valeur devraient s’afficher en baisse sensible (-9% à 59,2 Mds USD
d’après les dernières prévisions du FMI) au terme de l’exercice 2015/2016, le recul encore plus prononcé des
exportations (-22,3% à 67,2 Mds USD) devrait se traduire par une contraction de l’excédent du compte courant
(-71,4% à 4,5 Mds USD, soit l’équivalent de 1,3% du PIB).
On notera que ce reflux des exportations est totalement imputable à la contraction des ventes d’hydrocarbures
(-36,1% à 35,3 Mds USD) qui est elle-même le produit exclusif de la baisse du prix du baril (d’après les
dernières prévisions disponibles, le prix moyen du baril exporté serait ramené de 79 USD en 2014/2015 à un
peu moins de 50 USD au terme de l’exercice en cours), cette dernière n’ayant été que très marginalement
compensée par la légère progression des quantités exportées, plafonnées par les sanctions internationales.
Pour autant, alors même que la dette externe demeure contenue dans des proportions raisonnables (2,5% du
PIB au terme de l’exercice en cours d’après les projections du FMI) et que les avoirs extérieurs de la Banque
centrale seront théoriquement équivalents à 18 mois d’importations en fin d’exercice, la position externe du
pays n’apparait pas menacée. Qui plus est, la levée des sanctions permettrait une hausse des quantités
d’hydrocarbures exportées ce qui se traduirait mécaniquement par une amélioration des comptes externes à
prix du baril constant. Le FMI estime en effet que l’excédent du compte courant devrait se redresser à 2,1%
du PIB dès le terme de l’exercice 2016/2017.
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Finances publiques : creusement du déficit budgétaire qui reste
contenu dans des proportions raisonnables
La chute des recettes pétrolières qui devrait être observée d’ici au terme de l’exercice en cours (-26,3% à 463 095
Mds IRR, d’après les dernières prévisions du FMI) va mécaniquement occasionner un creusement du déficit
budgétaire dans un contexte de baisse concomitante des revenus non pétroliers (-0,1% à 1 754 231 Mds IRR).
Celui-ci devrait en effet s’établir à 2,5% du PIB à fin 2015/216, contre 1,2% au terme de l’année 2014/2015.
Il devrait toutefois demeurer largement gérable en raison de la relative faiblesse de la dette publique d’une part
(15,8% du PIB à fin mars 2015) et des leviers de régulation budgétaire actionnables par le gouvernement d’autre
part (sous consommation des crédits alloués aux dépenses d’investissement, ponctions éventuellement
opérables sur une partie des fonds gérés par le Fonds National de Développement et/ou moindre dotation de ce
dernier).
En outre, les comptes internes seront également affectés positivement par la hausse attendue des exportations
d’hydrocarbures sur l’année 2016/2017 (+37,6% à 48,6 Mds USD d’après les prévisions du Fonds). Toujours
selon le FMI, le déficit public devrait en effet se contracter de 1,2 pt et être ainsi ramené à 1,3% du PIB en
2016/2017.
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