La prévention des péri-implantites
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La prévention des péri-implantites
L’Information Dentaire est indexée dans la base internationale ICMJE www.information-dentaire.fr Tiré à part La prévention des péri-implantites Michael Betito, Daniel Hattab, Jean-Louis Giovannoli L’hebdo de la médecine bucco-dentaire n° 42 Vol. 98 - 7 décembre 2016 Prévention des péri-implantites La prévention des péri-implantites Michael Betito, Daniel Hattab, Jean-Louis Giovannoli L’avènement de l’ostéointégration et la multiplicité des formations proposées sur le sujet depuis 20 ans, ont abouti à une vulgarisation effective de l’implantologie. Après avoir été la chasse gardée d’un petit nombre de praticiens spécialisés, la mise en place d’implants est devenue une méthode de traitement routinière pour un nombre toujours plus important de praticiens, séduits par les 90 %, ou même plus, de taux de succès revendiqués par les fabricants. D epuis peu, l’analyse des résultats à long terme, montre qu’une perte osseuse progressant en direction apicale autour des implants en fonction est malheureusement fréquente et que la prévalence de ce qu’on appelle aujourd’hui les péri-implantites est très élevée. Rappel sur les péri-implantites Les péri-implantites sont des maladies inflammatoires d’origine infectieuse qui se manifestent cliniquement par une inflammation des tissus mous, avec un saignement au sondage et/ou parfois une suppuration, ainsi qu’une perte d’attache et une profondeur de poche au sondage supérieure à 5 mm. Radiographiquement, cet état se manifeste par l’existence d’une perte osseuse, correspondant à une exposition de plusieurs spires de l’implant (fig. 1). Les examens microbiologiques permettent de confirmer l’étiologie infectieuse de ces péri-implantites et de L’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 3 Formation Parodontologie 1. Exemple de péri-implantite qui se manifeste cliniquement par un état inflammatoire des tissus mous péri-implantaires, par l’existence d’un saignement au sondage, et radiographiquement par une image de perte osseuse avec plusieurs spires de l’implant exposées. détecter la présence de bactéries pathogènes telles que Aa, Pi et Pg, qui sont les mêmes que celles que l’on peut rencontrer dans les cas de parodontite les plus sévères. (Charalampakis et Coll 2012) La plupart des études réalisées sur l’étio-pathologie de ces maladies péri-implantaires ont mis en évidence de nombreuses analogies avec les maladies parodontales. Néanmoins, il a été démontré que, pour un même degré d’atteinte, la taille de l’infiltrat inflammatoire autour des lésions péri-implantaires est nettement supérieure à celle de l’infiltrat autour des lésions parodontales, et que la progression des lésions péri-implantaires est plus rapide que celle des lésions parodontales. (Carcuac et Berglundh 2014). Selon les études épidémiologiques dont on dispose aujourd’hui, la prévalence des péri-implantites varie, surtout en fonction des durées d’observation. Pour certains auteurs elle serait de 9 % à 5 ans (Rokn et coll 2016), mais une revue systématique de la littérature réalisée à l’occasion du 11e European Workshop of Periodontology affirme que 22 % des implants en fonction seraient atteints de péri-implantite. (Jepsen S et coll. 2015) Plus la période d’observation est étendue, plus cette prévalence augmente. Pour le traitement de ces péri-implantites, de nombreuses propositions thérapeutiques ont été faites et les rapports de cas présentant des résultats plus ou moins satisfaisants sont nombreux. Les techniques utilisées sont souvent complexes, et les taux de succès aléatoires. À ce jour, on ne dispose pas encore d’études scientifiques présentant un niveau de preuve suffisant pour recommander un protocole de traitement fiable et reproduc4 L’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 tible, applicable dans tous les cas. C’est la raison pour laquelle on peut penser que le meilleur moyen de maîtriser les péri-implantites est encore de les prévenir, en identifiant les facteurs qui expliquent leur apparition et en mettant en place des stratégies de traitement qui limitent au maximum les risques infectieux. Les facteurs de risque Parmi les facteurs de risque qui expliquent l’apparition des péri-implantites, il faut distinguer les facteurs de risques généraux qui influencent la réponse de l’hôte et la susceptibilité des patients à l’infection, et les facteurs de risque locaux qui influencent la charge bactérienne et la pathogénicité de la flore autour des implants. L’état de santé parodontal du patient et l’existence d’une parodontite préexistante doivent être considérés comme des facteurs de risque majeurs car ils concernent la majorité des patients édentés. En effet la principale cause d’extraction chez l’adulte est l’évolution d’une maladie parodontale (Cahen et Coll. 1985), et, en France, les parodontites sévères touchent près de 20 % de la population (Bourgeois et coll. 2005). Avec la progression de l’espérance de vie, cette proportion ne peut qu’augmenter dans les années à venir. Toutes les études disponibles concernant l’influence de l’état de santé parodontale des patients sur l’apparition de maladies péri-imlantaires montrent bien que les patients parodontaux implantés présentent une prédisposition à développer des péri-implantites (fig. 2). Cela s’explique d’abord par le fait que les facteurs de risques généraux associés aux cas de parodontite les plus sévères, sont Prévention des péri-implantites 2. Exemple d’un cas de péri-implantite généralisée chez une patiente où les implants ont été posés il y a dix ans à la suite d’extraction consécutive à l’existence d’une parodontite agressive. Malgré une hygiène orale assez satisfaisante, on peut constater que la parodontite progresse au niveau des dents naturelles résiduelles, et que l’avenir des implants ostéointégrés est largement compromis. les mêmes que ceux qui affectent la réponse de l’hôte à l’infection autour des implants. La plupart de ces facteurs, dont le diabète et la consommation de tabac ont été le plus documentés, sont d’ailleurs présentés comme des contre-indications à l’implantologie, car ils peuvent aussi contrarier l’ostéointégration, et expliquer l’apparition d’infections péri-implantaires précoces. Pour les péri-implantites qui concernent des implants en fonction depuis plus d’un an, il a été démontré que, chez les patients partiellement édentés, l’existence de sites parodontaux mal contrôlés au niveau des dents naturelles résiduelles, avec des profondeurs de poche supérieures à 5 mm, peut expliquer l’apparition de péri-implantites au niveau des implants, les dents naturelles pouvant servir de « réservoir à bactérie » venant contaminer, par translocation bactérienne, les sites péri-implantaires. Les analyses bactériennes réalisées sur ces patients montrent bien qu’à un même niveau de profondeur de poche, on retrouve exactement la même flore pathogène autour des dents naturelles et autour des implants. À partir de ces observations, on a longtemps considéré que le risque infectieux était moins important chez l’édenté total que chez l’édenté partiel. Dans une étude récente, Van Winkelhoff et Wolf (2000) ont montré que la per- sistance, même provisoire, de dents atteintes de maladies parodontales lors d’un traitement implantaire a une influence sur le pronostic des implants. L’extraction systématique des naturelles atteintes de parodontite n’est toutefois pas la solution car les bactéries pathogènes contenues dans des poches profondes peuvent pénétrer le conjonctif parodontal et y persister après les extractions. On pourrait penser qu’une antibiothérapie prescrite au moment des extractions peut réduire le risque, mais cela n’a jamais été démontré. Dans une étude clinique longitudinale concernant des patients édentés totalement et porteurs de prothèses supra-muqueuses, Meijer et coll. (2014) ont observé, à 10 ans, 57 % de mucosite et 29,7 % de péri-implantite, soit autant que chez les patients édentés partiellement. Pour tous les patients atteints de maladie parodontale, il est donc recommandé, de traiter la parodontite, avant même les extractions. En se fixant comme objectif, d’abord de contrôler l’étiologie infectieuse de la maladie par une méthode de décontamination efficace, et ensuite de rétablir des conditions locales dentaires et parodontales compatibles avec la maintenance, on va mettre en œuvre un traitement parodontal actif pouvant nécessiter, dans les cas les plus sévères, une approche chirurgiL’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 5 Formation Parodontologie 3. Exemple de mucosite se manifestant cliniquement par un état inflammatoire des tissus mous péri-implantaire et l’existence d’un saignement au sondage. On peut constater que la radiographie ne montre aucune image de perte osseuse. cale. Dans tous les cas, un programme de maintenance, adapté au profil biologique du patient, devra faire suite à cette phase active de traitement et devra être rigoureusement respecté par le patient. Cette démarche présente le triple avantage d’abaisser la charge bactérienne dans la cavité buccale, de permettre d’évaluer la réponse des tissus au traitement, et de tester la coopération du patient, la qualité de l’hygiène orale étant déterminante. Les mucosites On a pris l’habitude de considérer qu’il y a un continuum entre la mucosite et la péri-implantite, comme entre la gingivite et la parodontite, et que la mucosite serait le stade initial de la péri-implantite. Pour prévenir l’apparition des péri-implantites, il est donc nécessaire de savoir diagnostiquer ces mucosites le plus précocement possible afin de les traiter avant qu’elles n’évoluent en péri-implantite. Les mucosites sont principalement dues à une élimination incomplète de la plaque dentaire. Elles se définissent comme une inflammation réversible des tissus mous péri-implantaire, sans perte osseuse associée (fig. 3). Cliniquement, elles se manifestent par la présence d’un saignement au sondage. Selon les études et les durées d’observation, leur prévalence varie de 40 à 60 %. Dans une étude clinique longitudinale, Costa et coll. (2012) ont cherché à déterminer quels sont les patients chez qui une mucosite peut évoluer en péri-implantite. Pour ce faire ils ont suivi, sur une période de 7 ans des patients implantés présentant une mucosite, et les ont classés 2 groupes : ceux chez qui une maintenance était assurée, et ceux chez qui aucune maintenance n’était assurée. 6 L’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 Les résultats de cette étude sont éloquents. D’abord, elle nous confirme que la mucosite est bien le stade initial de la péri-implantite. Elle nous montre que tous les cas de mucosite n’évoluent pas forcément en péri-implantite, mais que c’est l’indice de plaque qui est le plus déterminant pour expliquer cette progression. Pour le groupe où une maintenance est assurée, 18 % des mucosites évoluent en péri-implantite, alors que dans le groupe sans maintenance près de 44 % des mucosites évoluent vers une péri-implantite. C’est donc, avant tout, le respect des règles de maintenance qui détermine le succès des implants à long terme. C’est, la qualité de l’HBD et du contrôle de plaque qui influence le plus l’apparition des mucosites et leur évolution en péri-implantite. Pour prévenir les maladies périimplantaires, il faut donc avoir un indice de plaque le plus bas possible, avant la mise en place des implants, pendant la phase d’ostéointégration et après la mise en fonction. Maintenance personnelle Pour que l’HBD soit optimum, il faut d’abord que les conditions morphologiques locales le permettent. Il faut que les implants soient placés de telle façon que soit respectée une distance minimale entre un implant et une dent, ou entre 2 implants proximaux afin de permettre le passage systématique des instruments d’hygiène interproximaux. Le « design » des suprastructures prothétiques doit être conçu de manière à ne pas être une source de rétention de plaque, les formes de contour de la prothèse sur implants devant être les mêmes que celles de la prothèse dite parodontale (fig. 4). Prévention des péri-implantites 4. Exemple d’un cas de réhabilitation esthétique et fonctionnelle sur implant avec un état inflammatoire des tissus mous et l’existence dune péri-implantite généralisée diagnostiquée radiographiquement. La dépose de la prothèse maxillaire montre bien qu’il est impossible pour le patient d’accéder autour de chaque implant pour éliminer la plaque dentaire, compte tenu du dessin prothétique. Pour tous les patients, il faut préférer les suprastructures prothétiques transvissées aux suprastructures scellées, une dépose possible de la prothèse permettant de mieux gérer les complications. De même, au cours des séances de maintenance, il est important de pouvoir réaliser un sondage périphérique autour de l’implant afin de dépister un éventuel saignement au sondage (Jepsen et coll. 2015), et cet examen sera facilité si la prothèse peut être déposée. L’influence de la nature des tissus mous péri-implantaires sur l’apparition des péri-implantites fait toujours l’objet d’un débat, car la présence d’une hauteur minimum de muqueuse kératinisée n’est pas forcément indispensable pour contrôler l’inflammation. Néanmoins, on sait que l’existence de défauts muqueux tels que des inser- tions frénales, des brides cicatricielles, des vestibules peu profonds ou des manques des stabilités des limites marginales de muqueuse, peuvent créer des conditions qui favorisent la rétention de plaque (fig. 5). Le fait de disposer d’une bonne hauteur de muqueuse kératinisée « attachée » améliore le confort du patient et lui permet de mieux respecter les recommandations d’HBD. Pour que nos patients soient capables de maintenir un indice de plaque compatible avec la santé des tissus péri-implantaires, il faut qu’ils maîtrisent les techniques d’HBD qui leur ont été enseignées. Dès la première consultation, il faut qu’ils soient informés du risque de complication infectieuse autour des implants et de la nécessiter de suivre, à long terme, un protocole de maintenance efficace, ce que les Anglo-Saxons appellent L’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 7 Formation Parodontologie 5. Exemple clinique d’un cas de péri-implantite compliqué de condition muqueuse défavorables avec une absence totale de muqueuse kératinisée, un manque de profondeur du vestibule, des tractions freinales et une mobilité des limites marginales de muqueuse à la traction. La péri-implantite se manifeste ici par l’existence de déhiscences osseuses qui progressent apicalement. « supportive care » que l’on traduit par traitement de soutien pour bien signifier qu’un traitement implantaire ne se termine pas le jour de la pose de la prothèse. Pour bien comprendre le rôle du brossage, il faut que les patients sachent que la plaque dentaire est un biofilm qui n’est pas composé d’un simple amas de bactéries, mais que leur organisation complexe les rend plus tolérantes au système immunitaire, aux antiseptiques et aux antibiotiques. C’est la raison pour laquelle ce sont principalement les actions mécaniques réalisées à intervalle de temps régulier, qui permettent une désorganisation efficace de la plaque dentaire. Le praticien doit expliquer à son patient quel type de matériel est nécessaire et comment l’utiliser (fig. 6). Pour désorganiser la plaque, il faut, avant tout, la visualiser. C’est la raison pour laquelle on peut recommander l’usage régulier, avant le brossage, d’un révélateur de plaque, qui met en évidence les zones de rétention, et qui permet de vérifier, après le brossage l’efficacité de la méthode. Le praticien doit conseiller une brosse à dents et une technique de brossage. Depuis une bonne vingtaine d’années les patients ont le choix entre une brosse à dents manuelle ou électrique. Chacune d’elles a des avantages et des inconvénients, et aucune d’elle ne s’est révélée supérieure à l’autre. Depuis 8 L’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 peu, on dispose d’une brosse à dents dite « hybride » qui semble combiner les avantages des brosses manuelles et électriques. Les patients traités en implantologie sont souvent âgés, et présentent des problèmes de dextérité qui compliquent la situation. Pour ces patients l’usage de ces brosses hybrides peut être d’un grand secours. Beaucoup de méthodes de brossage ont été décrites mais chaque praticien doit savoir enseigner celle qui est le plus adaptée à la situation clinique, autant à la morphologie de la bouche qu’à la personnalité du patient. Une bonne méthode doit être simple à comprendre et à exécuter et doit obéir à une chronologie en suivant un chemin. Elle doit être efficace sans pour autant être nocive pour la gencive ou pour la dent en particulier dans les zones cervicales. Cette nocivité peut s’exprimer quand la fréquence de brossage est excessive, quand la durée du brossage est trop importante, quand il est trop vigoureux, que la brosse à des poils trop durs ou quand un dentifrice abrasif est utilisé. Selon les recommandations de l’UFSBD, ce brossage doit être effectué 2 fois par jour durant 2 minutes avec une brosse à poils souples, manuelle ou hybride, en effectuant un mouvement vertical en rouleau selon la technique dite de « Bass modifiée ». Quelle que soit la brosse à dents et la technique utilisées, Prévention des péri-implantites 6. Kits complets d’instruments d’hygiène orale mis à la disposition des patients porteurs d’implants. Ils comprennent un révélateur de plaque, une brosse manuelle, une brosse mono-touffe, une brosse hybride, des brossettes interproximales, du fil de soie dentaire, un gratte-langue, un dentifrice et une solution de rinçage. les faces proximales ne peuvent pas être atteintes, or c’est dans ces zones que la rétention de plaque est optimum. C’est pourquoi, il est indispensable de savoir enseigner aux patients l’utilisation de brossettes interproximales pour le brossage interdentaire. Idéalement le patient doit passer dans chaque espace interproximal une brossette dont la taille doit être adaptée à la largeur de l’espace. On conseille d’effectuer au moins 3 allers-retours dans chaque espace pour une efficacité optimale. En implantologie, aucun compromis ne peut être accepté, quel que soit le “design” de la prothèse (fig. 7). Même en présence de fausse gencive, l’accessibilité doit être possible et le patient doit passer ses brossettes autour de chaque implant. Quand l’espace est trop grand, que la brossette flotte et qu’il n’y ait pas assez de friction pour assurer le nettoyage, on peut recommander l’usage d’une brosse monotouffe. À l’inverse, 7. Exemple d’aménagement simple du dessin de la prothèse qui peut être réalisé à l’occasion d’une visite de maintenance afin d’augmenter les embrasures et d’aider ainsi le patient à utiliser systématiquement des brossettes interproximales autour de chaque implant. L’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 9 Formation Parodontologie quand l’espace est tellement restreint, que la plus fine des brossettes n’accède pas, on recommande l’usage du fil dentaire. Le dentifrice ne joue pas un rôle important dans l’élimination de la plaque mais c’est un complément intéressant. On conseillera un dentifrice et une solution de rinçage qui doivent avoir une grande mouillabilité et qui contiennent un agent antimicrobien efficace contre les bactéries pathogènes. Aujourd’hui, l’antiseptique de référence est la Chlorhexidine, mais son usage au long cours provoque des colorations des dents et de la langue, ou une agueusie. On prescrira donc des bains de bouche à la Chlorhexidine à 0,12 % pendant la phase active de traitement, mais pour la maintenance, après la pose des implants on recommandera l’usage de dentifrices et de solutions de rinçage à base de produit naturels. Pour le patient, il n’est pas toujours facile d’assimiler toutes ces informations. Il faut souvent prévoir plusieurs séances d’éducation thérapeutique pour faire évoluer les comportements jusqu’à obtenir les résultats escomptés. Dans l’organisation des cabinets dentaires, il est regrettable que les praticiens français ne puissent pas se faire aider par un personnel auxiliaire formé à la prophylaxie et à l’enseignement des techniques d’HBD. Quand on est convaincu soi-même, on arrive néanmoins à faire partager aux patients cette conviction. Maintenance professionnelle Pour chaque patient, il faut établir un programme de maintenance adapté à ses besoins. L’organisation de ce programme, et la fréquence des séances doivent donc tenir compte des facteurs de risque et du profil de chacun. À chaque séance, il faut rechercher le moindre signe d’inflammation en réalisant un sondage systématique autour des dents et des implants. L’absence de saignement au sondage, autour des implants, comme autour des dents naturelles, est un marqueur de stabilité et de bonne santé tissulaire (Lang NP et Joss A. 1986). À l’inverse, l’existence d’un saignement au sondage définit l’existence d’une maladie péri-implantaire. En cas de récidive, il est bien sûr nécessaire de « reprendre la situation en main » en appliquant les modalités de traitement nécessaires. Idéalement, il faudrait revoir les patients aussi souvent que possible. La principale difficulté consiste à faire qu’ils soient consistants dans le temps, et qu’après la 10 L’INFORMATION DENTAIRE n° 42 - 7 décembre 2016 phase active de traitement ils continuent à suivre les recommandations. Il faut admettre que la pérennité de nos traitements est entre leurs mains. Il ne suffit pas de multiplier les séances de maintenance pour qu’ils restent performants. Leur motivation subit l’épreuve du temps, c’est la raison pour laquelle ils doivent devenir « observants », l’observance thérapeutique étant la capacité à suivre à la lettre les recommandations du praticien dans le temps. On sait malheureusement au travers de la littérature que la motivation des patients baisse systématiquement avec le temps. D’après Ojima et coll. (2005), malgré une motivation maximale au début du traitement, à 5 ans, seulement 1 patient sur 2 continue à consulter. D’après Wilson et coll. (1984), après 8 ans de suivi, seuls 16 % des patients adhérent encore parfaitement. On ne peut pas se satisfaire de ces résultats, car il a été démontré que l’adhésion aux règles de maintenance influence directement les résultats implantaires et l’apparition des péri-implantites. D’après Rocuzzo et coll. (2010), le manque d’adhésion aux règles de maintenance explique 54,5 % des pertes d’implant à 10 ans chez le patient présentant au départ une parodontite modérée, et 85,7 % des pertes d’implants chez les patients présentant une parodontite sévère. Il est donc essentiel de trouver un moyen de maintenir intacte la motivation initiale du patient dans le temps, avec un haut niveau d’observance thérapeutique. C’est-àdire que le patient doit continuer à parfaitement exécuter ce qu’il a complètement assimilé. C’est là, où les solutions numériques dont on dispose aujourd’hui vont nous aider. En effet, la mise à disposition permanente, sur une plateforme web, de vidéos pédagogiques, reprenant étape par étape le bon usage de tout ce matériel d’HBD, permet au patient de reproduire les gestes recommandés par son chirurgien-dentiste. Par ailleurs, le fait : - de proposer des programmes, contenant tous les éléments indispensables à une HBD complète, et adaptés à la situation particulière du patient ; - que ceux-ci soient prévus pour des durées de 3 mois renouvelables, (cette durée correspond au rythme de renouvellement recommandé de la tête de brosse à dents) ; - que ces programmes soient livrés au domicile du patient, accompagnés d’une correspondance personnalisée permet de rappeler aux patients l’importance d’une bonne maintenance personnelle, et concourt à entretenir la motivation du patient à un bon niveau d’observance thérapeutique.. Prévention des péri-implantites bibliographie 1. Bourgeois D, Bouchard P, Mattout C. Epidemiology of periodontal Conclusions Enfin, dès la première consultation, les patients candidats aux implants doivent être informés des modalités de traitement à respecter pour limiter les risques infectieux et assurer le succès des implants. Le consentement éclairé qui leur est présenté, doit mentionner le fait que le risque de péri-implantite est majoré si une maintenance personnelle et professionnelle n’est pas assurée. Cette démarche qui limite l’ampleur des procédures judiciaires éventuelle en cas d’échec, participe largement à la motivation et l’observance du patient. Auprès de tous les patients mais surtout auprès de ceux qui ont des antécédents de parodontite, il est très important d’insister sur le fait que le traitement ne se termine pas le jour de la pose de la prothèse, que la maintenance personnelle et professionnelle fait partie intégrante du traitement et que le souhait d’avoir un résultat positif à long terme nécessite un effort soutenu dans le temps. 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