Présentation: DDR et Jeunes à Risques - CAPEC

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Présentation: DDR et Jeunes à Risques - CAPEC
Cellule d’Analyse de Politiques Economiques du CIRES
SEMINAIRE DE DISSEMINATION DES RESULTATS DE
LA RECHERCHE
Thème :
DDR ET JEUNES A RISQUES: « BILAN » ET PERSPECTIVES
PROF. BALLO ZIÉ
Hôtel Pullman, Salle ABISSA, le 06 octobre 2011
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Plan de l’exposé
I/ Motivations
II/ Historique du Processus de DDR en Côte d’Ivoire
III/ Activités du DDR
IV/ Difficultés rencontrées par le Processus de DDR
V/ Recommandations
1. Motivations
Le Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) des excombattants occupe une place importante dans les opérations de
maintien de la paix depuis 1989.
En Afrique, plusieurs programmes de DDR ont été réalisés dans les
pays affectés par les conflits armés comme le Mozambique, la Namibie,
l’Ethiopie, l’Ouganda, l’Angola, le Liberia, la Sierra Leone, le Burundi...
D’autres programmes sont en cours dans les pays comme la
République Démocratique du Congo et la Côte d’Ivoire.
Le processus de DDR est perçu comme un outil favorable pour
garantir la continuité entre la cessation des hostilités, le maintien, la
consolidation de la paix et le développement durable des Etats.
1. Motivations
Cette vision est partagée par le Secrétaire Général des Nations
Unies dans son rapport au Conseil de Sécurité sur le rôle des
efforts de DDR en 2000.
Ce rapport conclut que « le processus de désarmement,
démobilisation et réinsertion s’est montré incontestablement vitale
pour la stabilité en situation post-conflit » (United Nations 2000)
Cependant, malgré la confiance des décideurs politiques dans
l’impact des programmes de DDR, plusieurs études soulignent que
ces programmes peuvent être source d’insécurité.
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1. Motivation
Deux types d’insécurité sont distingués:
la micro-insécurité définie comme la crainte pour l’individu d’être
victime de crime.
la macro-insécurité est la crainte que le gouvernement soit
renversé par une insurrection.
•
Des solutions pour favoriser le succès des programmes de DDR
ont alors été proposées par plusieurs études.
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1. Motivations
Au nombre de ces solutions figurent,
la cessation des hostilités et une volonté politique de la part de toutes les
parties au conflit;
la nécessité d’inclure la démobilisation dans un processus plus large de
réconciliation nationale;
un cadre institutionnel consensuel pour la mise en œuvre des
programmes de DDR;
un désarmement minutieux des combattants à démobiliser;
la coordination des activités de DDR;
la prise en compte d’un certain nombre de questions en relation avec le
social, les normes culturelles et l’impact psychologique du conflit;
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1. Motivations
La prise en compte des caractéristiques individuelles des ex-combattants.
l’aide à la réinsertion des ex-combattants;
Cinq questions doivent être abordées en élaborant tout projet
d’aide financière à la réinsertion :
la mobilisation des fonds nécessaires, premier obstacle à surmonter
dans tout processus de DDR
le critère de différentiation des montants payés aux différents
groupes, doit être établi de façon transparente
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1. Motivations
le montant de l’allocation, doit largement correspondre au niveau du
revenu moyen par ménage de la population totale pour ne pas
susciter d’amertume au sein de la communauté dans laquelle l’excombattant s’installe
La formation; les paiements doivent donc être combinés avec la
fourniture de séances d’enseignement en finance comme une partie
intégrante de l’aide à la réinsertion
Un système d’identification incorruptible doit être établit pendant la
démobilisation.
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1. Motivations
Le présent article vise à
faire une analyse du processus de désarmement, démobilisation et
de réinsertion des ex-combattants en Côte d’Ivoire et
tirer quelques leçons, sur la base de la littérature existante, pour
faciliter la réussite du DDR en Côte d’Ivoire.
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1I. Historique du processus du DDR
Le processus de DDR en Côte d’Ivoire trouve sa source dans
l’Accord de Linas Marcoussis du 24 janvier 2003 dont le chapitre 7
prévoit « le Regroupement, le Désarmement et la Démobilisation des
ex-combattants ainsi que la reconstruction des forces de défense et de
sécurité ».
Son application s’est traduite par la création du Programme
National de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et
Réhabilitation Communautaire (PNDDR/RC) le 20 Août 2003.
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1I. Historique du processus du DDR
Cependant, le démarrage du processus a été retardé par les
intérêts divergents des groupes en opposition.
Il a pu être relancé après le sommet de Pretoria organisé par le
Président Thabo Mbéki en Avril 2005.
Toutefois, le processus du DDR sera véritablement relancé suite à
la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO) le 04
mars 2007
A la suite de cet accord, le PNDDR/RC sera remplacé par le
Centre de Commandement Intégré (CCI) et le Programme
National de Réinsertion et de Réhabilitation Communautaire
(PNRRC)
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1I. Historique du processus du DDR
Pour faciliter la réussite du volet réinsertion, d’autres structures
ont été créées
le Programme de Service Civique National (PSCN), créé le 31 mars
2008 et visant à offrir une formation Civique et professionnelle à
environ 40.000 jeunes ex-combattants, ex-groupes d’auto défense
et jeunes s’étant familiarisé avec le maniement des armes
le Comité National de Coordination des Activités de Réinsertion
des ex-combattants et de Réhabilitation Communautaire (CNCA
RE-RC). Crée en juillet 2009, il est l’organe de coordination et
l’instrument technique de concertation entre les parties prenantes
à la réinsertion des ex-combattants et à la réhabilitation
communautaire
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1I. Historique du processus du DDR
Le Secrétariat National à la Reconstruction et à la Réinsertion
(SNRR). Crée le 25 Mars 2010 en substitution au Ministère de la
Reconstruction et de la Réinsertion, il est chargé de la définition et
la coordination de la politique nationale de reconstruction et de
réinsertion
Un Ministère chargé des Ex-combattants et des Victimes de guerre
a été crée le 01/06/2011.
Les différentes structures créées dans le cadre du processus de
DDR sont appuyées dans leurs missions par
des ONG (Care International...)
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1I. Historique du processus du DDR
-
des structures publiques (la GTZ, la Coopération française...) et
privées
des organisations internationales telles que
l’ONU avec la Division DDR de l’ONUCI
le PNUD avec l’Unité Post-Crise du PNUD
la Banque Mondiale avec le Programme d’Assistance Post-conflit
(PAPC)
la Banque Africaine de Développement avec le Projet d'Appui
Institutionnel et Multisectoriel à la sortie de crise (PAIMSC)
etc
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1II. activités de DDR réalisées
•
Pour retracer les activités réalisées nous allons recourir aux étapes
du processus de DDR et distinguer deux périodes: avant et après la
crise postélectorale
-
Avant la crise postélectorale
Profilage de tous les éléments des FAFN et des GAD. La
répartition des profilés se présente comme suit:
32777 ex-combattants FAFN dont
5000 Eléments de l’Armée Nouvelle
4000 Agents de Sécurité
Et 23777 à démobiliser
38033 ex-membres des Groupes d’Auto Défense
•
-
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1II. activités de DDR réalisées
•
Avant la crise postélectorale
Regroupement des forces des parties au conflit achevé.
Le regroupement des FDS a débuté le 22 décembre 2007 et a pris
fin le 24 janvier 2008. Au total 12000 soldats de l’armée régulière
se sont retirés des théâtres d’opérations pour regagner leurs
casernes (Konadje, 2008).
Coté FAFN, le regroupement des ex-combattants a commencé le
15 mars 2008. Cependant, il a fallu attendre le 15 juin 2010 pour
que le regroupement démarre effectivement pour prendre fin le 27
Août 2010. Les 5000 Volontaires de l’Armée Nouvelle (VAN) ont
été tous encasernés
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1II. activités de DDR réalisées
•
Désarmement et Démobilisation ou Démantèlement
Chez les FAFN: 18222 ex-combattants ont été désarmés et
démobilisés et que les 5555 restant n’ont pu être retrouvé soit un
taux de démobilisés de 76,64%
Chez les GAD: 17889 ont été démantelés et 20144 ont
refusé d’être démantelés; soit un taux de démantèlement de 47%
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1II. activités de DDR réalisées
Réinsertion
Un effectif total de 9020 ex-combattants et ex-membres des
GAD ont été réinsérés dont 6031 ex-FAFN et 2989 ex-GAD.
Le PSCN a formé, grâce au soutien financier de la Banque
Mondiale (PAPC), de l’Union Européenne et du PNUD, 10459 excombattants et jeunes à risques sur la période 2008-2010
•
La réinsertion ne concerne pas uniquement les ex-combattants, elle
prend en compte la restauration de la cohésion sociale des
différentes communautés vivant en Côte d’Ivoire.
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1II. activités de DDR réalisées
Réinsertion
Ainsi, le PNRRC et plusieurs structures et organisations
internationales ont entrepris plusieurs actions de réhabilitation
communautaire
Elles comprennent : la réhabilitation des infrastructures
communautaires ; le redémarrage des activités génératrices de
revenus ; et la restauration de la cohésion sociale
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1II. activités de DDR réalisées
•
•
•
•
Après la crise postélectorale
Avec la crise postélectorale une nouvelle cible est apparue: les
jeunes associés aux FRCI.
Une première vague de ces jeunes (19925) a été profilée et le
profilage de 14000 jeunes signalés par l’Etat-Major est en cours.
2000 de ces jeunes sont à ajouter aux FRCI et les autres doivent
intégrer le processus de démobilisation.
Réinsertion
30 ex-membres des GAD ont été réinsérés au sein de la Brigade
de Salubrité Urbaine de l’Agence Nationale de Salubrité Urbaine le
20 juin 2011.
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1II. activités de DDR réalisées
Réinsertion
le PAPC et l’Agence nationale de gestion des routes ont signé une
convention en vue de l’entretien de la voirie dans le district
d’Abidjan, créant ainsi 5000 emplois pour des ex-combattants, des
individus associés aux conflits et des jeunes à risque sur une
période d’un an
Remise de kits de réinsertion à 44 ex-combattants à Bouaké le 16
sept 2011 et à 43 ex-combattants à Ferké
Les actions de réhabilitation communautaire se poursuivent.
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1V. Difficultés rencontrées
•
Des difficultés financières
le Coordonateur du PNRRC relevait en septembre 2010 que le
financement reçu de l’Etat était insuffisant. Selon lui, sur une
prévision de 5 milliards, le budget accordé au PNRRC s’élèvait à 3
milliards en 2010.
Il a été aussi relevé que les procédures de décaissement des fonds
sont lourdes et que les délais entre les promesses faites par les
bailleurs de fonds et la réalisation de celles-ci sont longs
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1V. Difficultés rencontrées
Des problèmes de coordination
Il est souligné que
Le CNCA RE-RC n’est pas opérationnel
La pléthore de structures qui contribuent à la réinsertion ne
travaille pas souvent en synergie.
•
Certaines structures ne respectent pas le mode opératoire de la
réinsertion adopté par toutes les structures concernées.
En particulier, il arrive souvent que les structures intéressés par la
réinsertion négocient d’abord avec les bailleurs de fonds pour des
projets de réinsertion pré-definis. Une fois les financements
obtenus ces projets sont ensuite proposés aux ex-combattants qui
n’en veulent pas souvent. Ces projets sont alors déversés sur les
jeunes à risques.
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1V. Difficultés rencontrées
D’autres, préfèrent éviter ce mode opératoire en investissant
directement dans les jeunes à risques ;
Conséquence: la priorité accordée au DDR aussi bien par
l’Union Africaine que par la matrice d’action du
gouvernement semble remise en cause.
La durée de formation de 6 à 9 mois proposée par le
PSCN semble inapproprié pour certains ex-combattants.
A ces difficultés s’ajoutent inhérentes aux programmes qui
interviennent dans le processus de DDR.
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V. Recommandations
Le problème de la mobilisation des ressources nécessaires
au processus de DDR
Les expériences de certains pays révèlent que le déficit de
financement nécessite des mesures d’adaptation au niveau interne.
Et sur ce point, la décision prise par le gouvernement ivoirien
d’échelonner le paiement de la prime sur plusieurs mois est à louer
car elle a permis de relancer l’opération d’encasernement et de
démobilisation des ex-combattants des FAFN.
Toutefois, les mensualités devraient diminuer au fil du temps pour
réduire la dépendance des ex-combattants de l’aide et confirmer
que celle-ci est limitée dans le temps.
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V. Recommandations
la procédure de décaissement des fonds alloués au DDR doit être
simplifiée et les ressources affectées au DDR doivent être accrues
Pour assurer une meilleure affectation des ressources destinés au
DDR, il convient de résoudre les difficultés de coordination
des activités de réinsertion relevées. Pour ce faire il faut
Rendre opérationnel le CNCA RE-RC
Examiner le mode opératoire de réinsertion et corriger si possible
les insuffisances qui font qu’il est souvent contourné
Veiller ensuite au respect de ce mode
Etablir un tableau de projection d'éléments par secteur d'activité
pour permettre aux structurent qui traitent directement avec les
démobilisés ou démantelés de proposer des projets de réinsertion
conformes à leurs aspirations.
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V. Recommandations
Il peut être envisagé aussi d’exclure de la réinsertion les projets
destinés aux jeunes à risques et de les inclure plutôt dans les
emplois jeunes afin d’éviter que les financements destinés au DDR
ne soient déviés vers les jeunes à risques
Un désarmement minutieux est aussi une condition préalable
importante de la réussite du processus de DDR . Il importe donc
de mener à terme le profilage et le désarmement, démobilisation
des jeunes associés aux FRCI à démobiliser.
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V. Recommandations
Il prendre en compte ces caractéristiques dans l’octroi des aides et
projets de réinsertion certaines caractéristiques individuelles des
ex-combattants telles que la participation à une faction militaire qui
a commis des abus, un niveau élevé d’éducation et le sexe féminin
(Humphreys et Weinstein (2007))
Il importe d’adapter la durée de la formation à la situation familiale
des ex-combattants.
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MERCI POUR VOTRE
ATTENTION
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