Réalisation du travail de recherche - e

Transcription

Réalisation du travail de recherche - e
Ph. Pélissier / Rédaction mémoire - 1
Réalisation du travail de recherche
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément »
Boileau
Pour la validation du D.U., il vous est demandé d’effectuer un travail de recherche
anatomique et de la présenter sous la forme d’un diaporama, tel que vous le feriez pour
un congrès.
Pour ceux d’entre-vous qui n’auraient pas l’habitude de cet exercice, voici quelques
conseils. Ce document s’inspire de plusieurs références destinées à la rédaction d’articles
ou de thèses. Nous avons conservé les points qui se rapportent plus directement avec la
présentation demandée pour le DU. Ce document ne vous apportera pas une formation
complète quant à la rédaction médicale, mais devrait vous permettre d’éviter les erreurs
les plus courantes.
Définition du sujet
Nous avons déjà insisté sur ce point dans le règlement intérieur du Diplôme. N’hésitez
pas à prendre du temps pour définir votre sujet. C’est pour cela que nous tenons
absolument à ce que ce travail soit encadré par une personne plus expérimentée avec qui
vous en définirez le sujet. Dans la mesure du possible, définissez un sujet qui vous plaît,
ou au moins dont le thème ne vous est pas totalement inconnu ou sans rapport avec
votre pratique.
Concernant la rédaction ou la présentation, le plan est toujours le même :
- Introduction
- Matériel et Méthodes
- Résultats
- Discussion
- Conclusion(s)
Trois qualités sont attendues de votre mémoire :
- Intérêt scientifique : c’est dire encore une fois l’importance du soin apporté à choisir
un sujet. L’idéal est de définir une piste de recherche nouvelle. Ce n’est toutefois pas
une obligation. Vous pouvez très bien reprendre un travail précédent et le compléter
(en augmentant ainsi le nombre de dissections, ce qui permet de fiabiliser les
données) ou le faire évoluer (en utilisant d’autres techniques de dissection ou
d’injection).
- Qualité de la rédaction : ce sera le but de ce document que de vous y aider.
- Bon usage de la langue : on attend de vous un exposé mêlant rigueur, clarté et
concision. Il s’agira de la rigueur du plan mais aussi de l’honnêteté des résultats
présentés, de leur analyse et de leur discussion. La clarté est impérative pour
faciliter la lecture. On évitera les phrases trop longues pour s’en tenir à un classique
« sujet-verbe-complément » (voir le chapitre consacré au style). Utilisez un langage
clair et des mots simples. Evitez les détails inutiles qui diluent votre message et
détournent du but principal. Enfin, on ne redira jamais assez la nécessité de faire
relire votre travail par quelqu’un d’autre. Le souci de concision vous amènera à
condenser votre propos en vous en tenant strictement à votre sujet, en réfléchissant
à ce qui intéresse vraiment les personnes qui vous écoutent.
Ph. Pélissier / Rédaction mémoire - 2
Le titre
Le titre doit être clair le plus informatif possible. Il est en général rédigé en dernier
lieu. On a alors l’intégralité du travail en tête et c’est à ce moment que l’on est le plus à
même d’en faire la synthèse en quelques mots, autour du message essentiel.
Il est préférable de retenir un titre court sans dépasser quinze mots. Si ce n'est pas
possible, utiliser un sous titre.
Il est parfois utile de donner dans le titre une idée du matériel et des méthodes
utilisés. Ceci peut se faire dans le sous-titre (« Etude anatomique de … », « Etude
expérimentale chez le lapin …. »). Cela permet à l’auditeur de comprendre
immédiatement l’orientation de votre travail.
Introduction
L'introduction est difficile à écrire. On la rédige en dernier, en même temps que les
conclusions et le titre.
L'introduction a deux objets. Le premier consiste à informer sur le contexte ou le
domaine de votre travail. Le second est d’exposer le but du travail (autrement dit la
question à laquelle on souhaite répondre).
L'introduction doit rester courte ne citant qu'un nombre limité de références utiles à
situer le contexte de votre étude.
Concernant la présentation orale, il faut éviter les longs rappels historiques ou techniques
dont on ne retient rien. Commencez d’ailleurs par vous demander si un tel exposé
retiendrait votre attention …
Classiquement, ce chapitre a une structure en « entonnoir ». C'est-à-dire que vous
partirez des rappels les plus généraux pour vous focaliser, en quelques paragraphes, sur
le point qui justifie votre étude. L’introduction cherche simplement à aider le lecteur peu
spécialisé. Elle ne consiste pas pour autant à recopier ce que tout le monde peut trouver
dans les manuels élémentaires, les polycopiés, les revues générales.
L’introduction se termine par une phrase clé : « le but de cette étude était de verbe à
l’infinitif ….. »
Matériel et méthodes
Matériel
Le matériel d'études (patients, animaux, prélèvements, clichés, etc.) doit être défini
très exactement. Il est bien entendu nécessaire de préciser les critères d'exclusion et
d'inclusion, dans une étude cas témoins, les critères de sélection des témoins. Bien
préciser si le travail est prospectif ou rétrospectif.
Si le travail est fondé sur des observations cliniques, on ne donnera pas tous les
détails des observations sauf si elles sont peu nombreuses (moins de cinq ou six). Elles
seront éventuellement regroupées en annexe à la fin.
Il est souvent très utile à ce stade de débuter un tableau comportant les principales
caractéristiques de votre matériel d’étude. Ce tableau peut ensuite être complété avec
les résultats et constituer une synthèse de votre travail rapidement compréhensible.
Ph. Pélissier / Rédaction mémoire - 3
Méthodes
Une méthodologie classique peut être citée sans commentaire. En revanche, toute
modification apportée à une technique habituelle, toute nouvelle méthode, doit être
décrite de façon complète. S'il s'agit d'une méthodologie originale, il convient de discuter
soigneusement sa spécificité et reproductibilité au chapitre discussion.
Le chapitre des méthodes se termine ordinairement par l'exposé des techniques
d'analyse statistique qui ont été employées pour exprimer les résultats. Ce point est très
important. Si vous envisagez une analyse statistique de votre travail, il est préférable,
dès le début, de prendre contact avec un(e) méthodologiste, qui vous guidera dans le
choix des critères à retenir et dans l’interprétation des résultats. L’erreur fréquente
consiste à consulter le méthodologiste à la fin de l’étude, pour réaliser les statistiques …
pour réaliser alors que l’étude est inexploitable.
Le temps de rédaction est en général au passé.
Résultats
"Les résultats, tous les résultats et rien que les résultats".
Ce chapitre a autant de modes d'expression que de protocoles mais, dans tous les cas,
il se caractérise par sa précision, sa concision, sa modestie : il peut se limiter à quelques
tableaux. Il doit être descriptif. Il n'est jamais explicatif. Il ne comporte aucun élément
de discussion.
Les résultats sont exprimés tels qu’ils ont été observés. Le temps de rédaction est en
général au passé.
Le tableau de résultats peut être intégré au tableau du « matériel » de l’étude, si la série
est courte et s’il est important de pouvoir disposer d’un lien entre ces données. Cela évite
au lecteur de naviguer entre plusieurs tableaux ou lui permet de disposer de vos
« données sources » pour réaliser une étude similaire.
Discussion (ou Commentaires)
C'est le coeur de la thèse.
La discussion a trois objectifs : préciser si le but du travail a été atteint, juger de la
validité des résultats et les comparer à ceux obtenus par d'autres auteurs.
Aucune règle ne peut être imposée ici dans la mesure ou ces objectifs sont atteints, mais
on voit bien que ce chapitre nécessite d'avoir très bien assimilé la bibliographie sur le
sujet.
Concernant son élaboration, une technique simple consiste à reprendre tous les points de
votre travail, depuis l’introduction jusqu’aux résultats, et de les discuter l’un après
l’autre. Ceci permet de ne rien oublier, quitte à supprimer certains points au final.
Le temps de rédaction est en général au passé.
Les conclusions
Les conclusions doivent apporter les réponses (même partielles ou négatives) à la
question posée en introduction.
Ph. Pélissier / Rédaction mémoire - 4
Elles doivent être déductibles des résultats, de leur discussion et de leur confrontation
avec les données de la littérature. Il convient d'éviter à tout prix les conclusions sans
rapport avec le sujet (exemple : Traiter par la radiothérapie une affection pour laquelle
n'a été étudié que le traitement médical).
Les conclusions ne consistent ni à reprendre toute la thèse page par page ni à la
résumer. Une fois donnée la réponse à la question, il est possible d’évoquer des
perspectives futures ou des prolongements à ce travail … à la condition qu’ils soient
réalistes.
Le résumé
C’est en général le chapitre le plus lu. Il doit donc comporter le maximum d’informations
pertinentes sur votre travail en un minimum de place.
Le résumé est un texte concis (aussi, nécessite t-il souvent plusieurs rédactions...) qui
reflète point par point le travail effectué. La règle est de consacrer une phrase à chacune
de ses parties : introduction, matériel, méthodes, résultats, discussion, conclusions.
Le résumé est souvent mal fait car il est souvent compris comme une "conclusion-bis".
Il s'agit de deux choses différentes. Schématiquement, la conclusion montre l'intérêt du
travail effectué et donne quelques éléments de perspective d'avenir concernant même le
sujet.
Le résumé au contraire, reprend les points essentiels de la thèse : nombre de patients
étudiés et les principaux résultats obtenus si possible chiffrés. S'il s'agit d'un ou de
quelques cas cliniques particuliers, les éléments particuliers de ces observations doivent
être résumés en quatre ou cinq lignes. Puis, la discussion doit également être résumée
en quelques lignes avec, éventuellement quelques chiffres, les plus importants, extraits
de la discussion.
Le style
On attend de vous un exposé mêlant rigueur, clarté et concision.
- Il s’agira de la rigueur du plan mais aussi de l’honnêteté des résultats présentés, de
leur analyse et de leur discussion. Un texte agréable à lire, précis et clair demande
toujours plusieurs corrections. Elles améliorent le texte initial en supprimant les
adverbes, les mots inutiles ou imprécis (ex : « … un peu plus important que … »
n’apporte aucune information. Une chose est plus grande ou plus petite qu’une autre
et en général cela se mesure.) et en remplaçant les expressions compliquées par des
termes simples. Un bon repère est celui-ci : un paragraphe correspond à une idée et
à son développement.
- La clarté est impérative pour faciliter la lecture. On évitera les phrases trop longues
pour s’en tenir à un classique « sujet-verbe-complément ». Eviter les adjectifs et les
adverbes. Utilisez un langage clair et des mots simples. Evitez les détails inutiles qui
diluent votre message et détournent du but principal. Enfin, on ne redira jamais assez
la nécessité de faire relire votre travail par quelqu’un d’autre.
- Le souci de concision vous amènera à condenser votre propos en vous en tenant
strictement à votre sujet, en réfléchissant à ce qui intéresse vraiment les personnes
qui vous lisent ou qui vous écoutent.
Évitez le jargon pseudo scientifique qui émaille certaines observations. Un malade ne
"présente" pas une hyperthermie ou une fracture. Il a de la fièvre ou une fracture. "Au
niveau" (du foie), "sur le plan" (des examens), "du point de vue" (du colon) sont des
expressions à bannir. De même, les termes pseudo affectifs « mon malade », « on
déplore … » sont à proscrire.
Ph. Pélissier / Rédaction mémoire - 5
Références
Le terme « bibliographie » doit être abandonné au profit du terme « références ». Cellesci doivent être à la fois complètes, c'est-à-dire n'omettre aucun article important, et
sélectives, c'est-à-dire éliminer celui n'ayant pas de rapport direct avec le sujet.
Sauf exception, les références à consulter sont celles des dix ou quinze dernières années.
On mentionne surtout les articles originaux. On ne cite pas les revues didactiques telles
que revue du praticien, concours médical, gazette, etc., excellentes revues par ailleurs,
mais qui n'ont pas leur place dans une étude spécialisée.
On évitera d'indiquer lettres, éditoriaux, articles sans référence bibliographique,
monographies publicitaires, petites revues locales difficiles à trouver dans les
bibliothèques. D’une manière générale, si vous avez eu du mal à vous procurer un
article, d’autres que vous auront le même problème.
Enfin, vous ne devez citer que les articles que vous avez réellement lus. Votre travail
n’est pas jugé au nombre des références. Il ne sert à rien de référencer plusieurs
dizaines d’articles si vous n’en avez lu qu’une dizaine. Plusieurs journaux vous
demanderont par exemple de fournir la première page de chaque article cité. Ceci afin
d’éviter les citations sur simple lecture du résumé qui est une source d’erreurs de
compréhension d’un travail.
Recherche des références
II existe de nombreuses bases de données bibliographiques informatisées. La plus
importante dans le domaine médical et biomédical est "Medline" (version informatique de
"l'lndex Medicus") produite par la National Library of Medicine (NLM) à Washington. Cette
base recense la littérature depuis 1966. Plus de trois mille huit cent périodiques sont
indexés dont seulement quatre vingt six revues éditées en France.
Plusieurs accès gratuits sont proposés, comme par exemple Pubmed :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi .
Références de ce document
SALMI Louis-Rachid, "Lecture critique et rédaction médicale scientifique" 3e édition.
Paris - Elsevier, 1998. 287 p.
DUPRAT Fabrice : http://www.ipmc.cnrs.fr/~duprat/techcom/oral.htm
HERVE Yannick :
http://wwwensps.ustrasbg.fr/projets1A2000/conseil_pour_la_presentation_ora.htm

Documents pareils