Molière (1622-1673). Oeuvres complètes de Jean

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Molière (1622-1673). Oeuvres complètes de Jean
Molière (1622-1673). Oeuvres complètes de Jean-Baptiste Poquelin de Molière [avec la Vie de Molière, par Voltaire]. 1851.
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GEORGE
DANDIN,
OC LE MARI CONFONDU,
COMÉDIEEN TROIS ACTES.
PERSONNAGES.
GEORGEDANDIN,riche paysan, mari CLITANDRE,
amant d'Angélique.
d'Angéliquesuivante d'Angélique.
CLAUDINE,
ANGÉLIQUE,femmede George Dandin, LUBIN,paysan servant Clilandre.
fille de M. de Sotenville
valetde GeorgeDandin.
COLIN,
DE
M- SOTENVILLE,gentilhommecamLa scène est devant la maison do
pagnard,père d'Angélique.
DE SOTENVILLE.
MADAME
George Dandin, à la campagne.
ACTE Ier.
SCÈNE I. — GEORGE
DANDIN.
Ah ! qu'une femme demoiselle est une étrange affaire! et que mon mariage
est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus
de leur condition, et s'allier, Commej'ai fait, à la maison d'un gentilhomme ! La
noblesse de soi est bonne, c'est une chose considérable assurément: mais elle
est accompagnée de tant de mauvaises circonstances, qu'il est très bon de ne
s'y point frotter. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens, et connais le
style des nobles lorsqu'il nous font, nous autres, entrer dans leur famille. L'alliance qu'ils font est petite avec nos personnes, c'est notre bien seul qu'ils épousent; et j'aurais bien mieux fait, tout riche queje suis, de m'allier en bonne et
franche paysannerie, que de prendre une femme qui se tient au-dessus de moi,
s'offense de porter mon nom, et pense qu'avec tout mon bien je n'ai pas assez
acheté la qualité de son mari. George Dandin ! George Dandin ! vous avez fait
une sottise la plus grande du monde. Ma maison m'est effroyable maintenant
et je n'y rentre point sans y trouver quelque chagrin.
SCÈNE IL — GEORGE
DANDIN,LUEIN.
GÈORGE
à part, voyant sortir Lubin de chez lui. — Que diantre ce
DANDIN,
drôle-là vient-il faire chez moi ?
LUEIN,à part, apercevant George Dandin. — Voilà un homme qui me regarde !
GEORGE
DANDIN,à part. — Il ne me connaît pas.
LUBIN,àpart. — Il se doute de quelque chose.
GEORGE
—Ouais! il a grand'peine à saluer.
DANDIN,
àpart.
LUBIN,àpart. — J'ai peur qu'il n'aille dire qu'il m'a vu sortir delà-dedans.
GEORGE
DANDIN.— Ron jour.
LUBIN.— Serviteur.
GEORGE
DANDIN.—Vous n'êtes pas d'ici, que je crois!
LUBIN.— Non ; je n'y suis venu que pour voir la fête de demain.
— Hé! dites-moi un peu, s'il vous plaît, vous venez de làCEORGE
DANDIN.
dedans?
LUBIN.— Chut!
— Comment?
GEORGE
DANDIN.
LUBIN,— Paix
GEORGE
DANDIN. Quoi donc?
LUBIN.—Motus ! il ne faut pas dire que vous m'ayez vu sortir delà.
GEORGE
DANDIN.
—Pourquoi?
—
LUBIN. Mon Dieu! parce...
DANDIN.—Maisencore?
GEORGE
LUBIN.— Doucement! j'ai peur qu'on ne nous écoute.
DANDIN.
GEORGE
—Point, point.
—
LuniN. C'est queje viens de parler à la maîtresse du logis, de la part d'un
3-J
MOLIÈRE.
GEORGEDANDIN.
v
458
certain monsieur gui lui faitles doux yeux; et ne faUtpasqu;on sache cela, entendez-vous?
'
—Oui.
GEORGE
DANDIN.
— Voilàla raison. On m'a chargé de prendre garde que personne ne.
LUBIN.
me vit; et jevousprieau/moinsdene pasdire que vous m'ayez vu.
-- ---—.-J..=~GEORGE
DANDIN.—Jen'ai
g
arde.
T LUBIN
'-^ Je suis bien aisedéfaire les choses secrètement "commeon m a recommandé.
— C'est bien fait.
GEORGE
DANDIN.
... ne veut
-.,
un
—
est
pas qu on
qui
jaloux
LUBIN. Le mari, à ce qu'ils disent,
si cela venait a sesoreiLfassel'amour à sa femme, et il feraitle diable à quatre
'-'- - .' -::
les. Vous comprenezbien?. .
— Fort bien.
DANDIN.
GEORGE
'"','.
LUBIN.—Ilne faut pas qu'il sacherien de tout ceci.
— Sansdoute.
. GEORGE
DANDIN.
— On le veuttromper tout doucement. Vous entendez-bien?
LUBIN.
— Le mieux du monde.
GEORGE
DANDIN.
LUBIN.— Si vous alliezdire que vous m'avez vu sortir de chez lui, vous gâteriez toute l'affaire.Vous'comprenez bien?.
— Assurément. Hé1 commentnommez-vouscelui qui vous
GEORGE
DANDIN.
.-".>--•
a envoyé là-dedans?
— C'est le seigneur de notre pays, monsieurle vicomte de... chose...
v LUBIN.
Foin! je ne me souviens jamais comment"diantreils baragouinent ce nom-là;
^monsieurCli... Clitandre.
DANDIN.-^-Est-ce
ce jeune courtisan qui demeure... ?
: GEORGE
LUBIN.--r:
Oui, auprès de ces arbres.
à part._— C'est pour cela que dépuispeu ce damoiseaupoli
: GEORGE
DANDIN,
s'est venu loger contre moi; j'avais bon nez, sansdoute, etson voisinage déjà
m'avait donné quelque soupçon.
•—Tétigué! c'est le plus honnête hommeque vous ayez jamais vu. R
, LUBIN.
m'a donné trois piècesd'or pour allerdire seulement à la femmequ'il est amoureux d'elle, et qu'il souhaitefort l'honneur de pouvoir lui parler. Voyez s'il y
a là une grande fatiguepour me payer si bien ; et ce qu'est, au prix de cela,
une journée de travail où je ne gagne que dix sous.
' .
— Hé bien! avez-vous fait votre message?
GEORGE
DANDIN.
— Oui: j'ai trouvé là-dedansune certaineClaudine qui, tout du preLUBIN.
mier coup, a comprisce que je voulais, et qui m'a fait parler à sa maîtresse.
GEORGE
de servante!
DANDIN,
àpart.—Ah!
coquine
LUBIN.— Morguienne! cette Claudine-làest tout-à-fait jolie; elle a gagné
mon amitié, et il ne tiendra qu'à elle que nous soyons mariésensemble.
— Maisquelle réponse a faite la maîtresseà ce monsieur le
GEORGE
DANDDX.
courtisan?
— Elle m'a dit de lui dire... attendez, je ne sais si je me souviendrai
LUBIN.
bien de tout cela: qu'elle lui est tout-à fait obligée de l'affectionqu'il a pour
rien faire paelle; et qu'à cause de son mari, qui est fantasque, il ga'rde~.d"èn
raître; et qu'il faudra songer à chercher quelque invention pour se pouvoir
entretenir tous deux.
'"'.'
à port.— Ah!pendarde de femme!
GEORGE
DANDIN,
LUBIN.^-Tétiguienne! cela sera drôle, car le mari ne se doutera point delà
manigancé, voilàce qui est de bon; et il aura un pied de nez avec sa jalousie,
est-ce pas?
— Cela est vrai.
GEORGE
DANDIN.
LUBIN.
—Adieu. Rouche cousue, au moins. Gardezbien le secret, afin que
ïe mari ne le sachepas.
GEORGE
DANDIN.
—Oui, OUÏ.
—
LUBIN. Pour moi, je vais faire semblant de rien. Je suis un fin matois, et
1on ne dirait pas quej'y touche.
SCÈNEIII. — GEORGE
seul.
DANDIN,
Hé bien! GeorgeDandin, vous voyez de quel air votre femme vous traite!
Vola ce que c est d avoir voulu épouser une demoiselle!L'on vous accom-

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