Ovations pour cinq lauréats

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Ovations pour cinq lauréats
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KULTUR
Luxemburger Wort
Freitag, den 26. April 2013
Au CAPe
Lieux de mémoire
au Luxembourg 2
JEUX D’ÉCHELLES
Erinnerungsorte
in Luxemburg 2
PERSPEKTIVENWECHSEL
Edité par / Herausgegeben von
Sonja KMEC & Pit PÉPORTÉ
Le 2e volume des
« Lieux de mémoire au
Luxembourg » recèle
40 articles rédigés
par des historiens
renommés.
De saint Willibrord
aux frontaliers,
en passant par le
Kirchberg, Cattenom
et même le Congo
belge (!), ce livre
prestigieux, richement
illustré, remonte à la
source des images
que chaque Lieu de
mémoire suscite
auprès des citoyens.
280 pages,
24 × 31 cm, relié
ISBN 978-2-87963-830-0
37 €
(+ 3 € frais de port/virement)
En librairie.
Livraison à domicile
contre virement au compte de
Saint-Paul Luxembourg
auprès de la BCEE
LU61 0019 1300 6666 4000,
avec la mention du titre.
Egalement disponible sur
www.editions.lu
Ovations pour cinq lauréats
Magnifique concert de promotion «diplôme supérieur» par l’OPL
PAR LOLL WEBER
Franc succès, ce mercredi, pour le
concert de l’OPL annoncé comme
«Gala des Lauréats» des conservatoires de musique du Luxembourg. L‘heureuse initiative nous
a valu des prestations de toute
beauté soulignant autant la qualité
de notre enseignement musical
au niveau supérieur que la routine
professionnelle de notre «orchestre
national».
Première surprise: l’apparition de
Lynn Mohr (classe de Carlo Jans,
Conservatoire de Luxembourg) au
pupitre de direction pour offrir
une lecture soignée, consciencieuse et sensible de l‘Ouverture
Fantaisie «Roméo et Juliette» de
Tchaikovski. Le geste précis et
respirant, Lynn Mohr a constamment cherché et trouvé le contact
visuel avec les différents pupitres.
Les musiciens de l’OPL semblent
impressionnés par l’autorité et le
charme de la baguette de Lynn
Mohr. Une introduction au
concert fort réussie!
Autre révélation poignante avec
Jérôme Kauffmann au violoncelle
(classe de Jean Halsdorf, Conservatoire d’Esch-sur-Alzette) dans le
redoutable Concerto no 1 opus 107
de Chostakovitch, hélas – du point
de vue musical – amputé du mouvement initial. Parfaitement à
l’aise (sans partition!) et sans la
moindre nervosité visible, le jeune
soliste maîtrise les difficultés tant
Lynn Mohr au pupitre de direction a offert une lecture soignée, consciencieuse et sensible de l‘Ouverture Fantaisie
«Roméo et Juliette» de Tchaikovski.
(PHOTO: ARMAND WAGNER)
techniques que musicales de la
partition. A part une très légère
hésitation dans la transition vers le
mouvement final, voilà une interprétation intense, différenciée,
convaincante.
Lumineuse prestation
Après l‘entracte, place à un répertoire plus chambriste et moins
prétentieux avec le charmant Concerto pour mandoline en sol de
J.N. Hummel. C’est l’occasion
pour Stéphanie Houillon (classe
de Carlos Munoz, Conservatoire
d’Esch-sur-Alzette)
de
faire
preuve d’une agilité instrumentale
en parfaite concordance avec le
caractère disons inoffensif de la
partition.
L’interprète d’une lumineuse et
sereine prestation de la Ballade
pour saxophone et orchestre de
Frank Martin s’appelle Kevin
Massinon (classe de Guy Goethals, Conservatoire de Luxembourg).
Voilà un musicien concentré,
calme et émouvant qui affiche une
présence instrumentale et musicale de la meilleure veine. Le timbre est soigné, cultivé, le phrasé
bien ajusté et l’articulation adéquatement animée.
Dernière révélation du côté
solistes: Jeff Mack à la trompette
(classe de Blaise Stélande, Conservatoire du Nord) dans le Concerto
pour trompette, piano et cordes
d’André Jolivet. Précision de l’in-
tonation, culture de la sonorité
(avec ou sans sourdine), netteté
des attaques, tout y est. Une interprétation parfaitement mise en
place, vivante et enrichie d’une
variabilité sonore de belle facture.
Un Jolivet impeccable!
Dernière surprise: la présence
de David Reiland au pupitre de
l’OPL (oeuvres concertantes). Le
geste leste, clair et communicatif,
comme nous le connaissons, il a
assuré un commentaire orchestral
sans le moindre heurt tout en apportant aux solistes inexpérimentés un appui musical et psychologique constant.
En résumé, une fière soirée
symphonique animée en premier
lieu par des lauréats très doués.
Clarinettes en fête
Triplé musical en compagnie du clarinettiste James Campbell
INTERVIEW: ISABELLE TRÜB
Les projecteurs seront fixés sur
James Campbell et sa clarinette à
partir de dimanche prochain: le
célèbre instrumentiste canadien interprète le Concerto d’Aaron Copland avec l’Orchestre de chambre
du Luxembourg, le 28 avril à 17
heures à la Philharmonie, puis se
joint aux festivités organisées par
le Conservatoire de Luxembourg à
l’occasion des 25 ans de l’Ensemble
de clarinettes (le 30 avril à 20 h au
Cercle Cité). En marge de ces
concerts festifs, James Campbell,
qui enseigne depuis des années à la
Indiana University, donne un cours
de maître public au Conservatoire,
les 29 et 30 avril.
Le Concerto d’Aaron Copland
compte-t-il parmi vos pièces de
prédilection?
Toutes les pièces que je joue occupent une place égale dans mon
cœur. Ce concerto m’est proche
car je l’ai interprété plusieurs fois
sous la direction de Copland en
personne; il devait avoir 80 ans. Il
était très heureux de notre collaboration et lorsqu’il est venu, un
jour, nous rendre visite à la maison, il a beaucoup parlé de ses
séjours en France, de sa rencontre
avec Nadia Boulanger et Camille
Saint-Saëns… Bien que Copland ait
écrit ce concerto pour Benny
maître comme un exercice public
qui doit s’adresser à tout le
monde, mais personnellement, je
préfère me concentrer sur les besoins de l’élève, en espérant que
les auditeurs y trouveront également quelques idées qui pourront
leur être utiles.
Goodman, il se trouvait à Rio de
Janeiro à ce moment-là et il me
semble qu’il s’agit d’une composition inspirée par la musique et les
rythmes brésiliens plutôt que par
le jazz. En mai dernier, au Brésil,
j’ai pu entendre les fameux «choros». Je crois que, depuis, mon
interprétation a encore progressé.
Que répondre aux étudiants qui
vous demandent des conseils pour
leur carrière professionnelle?
Votre seconde prestation au
Luxembourg fera partie du concert
pour les 25 ans de l’ensemble de
clarinettes du Conservatoire.
L’idée d’un ensemble de clarinettes, comme celui qui a été
fondé par Marcel Lallemang au
Conservatoire de Luxembourg, est
excellente. Il réunit toute la famille des clarinettes: la petite en
mi bémol, celle en si bémol, la
clarinette alto, les clarinettes
basse et contre-alto et même la
clarinette contre-basse! Des instrumentistes de tous niveaux
peuvent y participer. Il existe très
peu de pièces originales pour ce
genre de formation. Celle que je
joue possède une genèse inhabituelle, puisque Mendelssohn a
composé ce «Konzertstück» pour
deux clarinettistes, père et fils, de
la famille Baermann, en échange
de savoureux repas concoctés par
les dédicataires... Je me réjouis de
partager la partie soliste avec l’un
de mes anciens élèves, Sébastien
Duguet.
Quels sont les éléments sur lesquels vous insistez lorsque vous
donnez un «masterclass»?
Comme la plupart de mes collègues, je leur raconte mon expérience personnelle. J’ai préféré explorer le domaine du jazz plutôt
que d’intégrer un orchestre, et mes
nombreux engagements ultérieurs
en tant que concertiste ont justifié
ce choix. Il est vrai qu’au cours de
mes études, à Toronto, j’ai eu l’occasion de jouer dans un orchestre
professionnel pendant trois ans,
mais le répertoire que je connais le
mieux est assurément celui pour
clarinette soliste ou comme partenaire de musique de chambre.
Lorsque je parle à de futurs professionnels, j’attire leur attention sur
le fait qu’il existe d’innombrables
possibilités et qu’il est important
de savoir se montrer souple.
Cela varie énormément d’un
élève à l’autre. Je commence par
écouter l’étudiant, tente de cerner
ses qualités et ses faiblesses.
Beaucoup traitent le cours de
«Les inattendus», le dimanche 28 avril à 17 heures
à la Philharmonie. Tickets au prix de 15 et 30
euros. Réservation par tél. 47 08 95-1 ou sur
www.luxembourgticket.lu. Plus d'infos sur
www.ocl.lu.
James Campbell
(PHOTO: B. SCHECKER)
Le fait de jouer accompagné par
des clarinettistes pose-t-il un problème d’équilibre?
Pas du tout, il s’agit de musique de
chambre, tout simplement. Si chacun reste à l’écoute des autres,
tout se passe le mieux du monde.