La renverse d`Olivier Adam - Sailly
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La renverse d`Olivier Adam - Sailly
Auteur : Olivier Adam Titre : La renverse Editeur : flammarion Genre : roman Nb de pages : 267 Date de parution : janvier 2016 Résumé : La mort de Jean-François Laborde provoque un nouveau cataclysme dans la vie d’Antoine. Le passé refait surface chez le jeune homme solitaire qui a trouvé un havre de paix en Bretagne. Antoine revit son passé et analyse les évènements qui ont suivi le scandale Laborde : celui-ci, sénateur- maire est accusé de viol et d’agression sexuelle sur deux jeunes employées de la mairie. La mère d’Antoine est reconnue comme complice. Il éprouve le besoin de revenir sur les lieux de son enfance sans pouvoir renouer avec ses parents. Ses espoirs passent par le désir de s’affranchir d’une culpabilité visà-vis de son frère. La question reste posée : peut-on « détricoter » le passé pour reconstruire l’avenir ? Avis : L’histoire que nous raconte Olivier Adam est saisissante. C’est une sombre affaire qui provoque « la renverse », c'est-à-dire la destruction d’une famille, celle d’Antoine, l’aîné, et de Camille. L’auteur s’inspire de l’affaire George Tron dans laquelle ce secrétaire d’Etat et son adjointe à la culture étaient impliqués dans une histoire semblable. George Tron a bénéficié d’un nonlieu en 2013. Antoine est le narrateur. L’auteur construit, comme dans son précédent roman »Les Lisières », une galerie de portraits qui gravitent autour de lui. L’auteur sait, comme toujours, nous rendre ses personnages attachants et bouleversants. Il brosse un tableau très sombre d’une famille dans laquelle les enfants n’ont pas leur place, ne comptent pas. L’état psychologique d’Antoine reflète l’ambiance sans amour dans laquelle il a évolué : il est secret, ne sait s’impliquer dans une quelconque relation avec autrui. Son plus jeune frère souffre encore plus que lui de tout ce qui est arrivé. La seconde moitié du roman est plus pesante. Le récit du scandale et du procès, de l’ambiance de plus en plus insupportable au sein des familles opère comme un raz-de-marée qui dévaste tout sur son passage. Ceci nous fait comprendre qu’une reconstruction paraît impossible. Antoine n’est confronté qu’à des êtres qui souffrent et c’est la culpabilité qui le rend incapable de vivre. La honte que peut ressentir un enfant à cause d’un de ses parents est palpable à travers Camille et Laetitia (fille de Laborde). Le ton et les analyses deviennent plus caustiques face à des milieux corrompus. L’auteur ne prend pas vraiment parti, mais ce qu’il décrit est la défaite des faibles, des pauvres contre les forts, ici les politiques et les notables. (Laborde est sorti blanchi et a été à nouveau élu dans la ville). Olivier Adam, à travers son narrateur analyse méticuleusement le basculement d’une famille sans histoire jusqu’à l’anéantissement complet. Les parents restent debout mais détruits et sans leurs enfants. Cependant, de l’adolescent presque absent de ce drame à l’adulte qui comprend ce dont il a été témoin, le roman chemine vers une réparation : l’espoir est peut-être permis. Il semble qu’un être seul, sans famille, ne puisse exister. Le thème de l’amour entre les parents et les enfants est important dans l’œuvre de l’auteur. C’est un sujet souvent douloureux. Auteur : voir précédent coup de cœur Les Lisières. Christine Delpierre